Musicalarue, édition 2016 : entretien avec Les Hurlements d’Léo

12 Sep

Musicalarue

 

Le 26 juin 2015, trois membres des Hurlements d’Léo nous avaient accordé un entretien pour parler du double album que le groupe sortait en hommage à Mano Solo, et qu’ils partaient défendre pour plusieurs dates de concert [https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/2015/06/26/entretien-avec-les-hurlements-dleo-autour-de-la-sortie-de-leur-album-hommage-a-mano-solo/].  Retrouver le groupe une année plus tard, à l’occasion d’un de ses derniers concerts de cette tournée spéciale, où il n’interprète pas ses propres compositions, mais celles d’un artiste dont l’œuvre l’a bien sur influencé, mais a touché tellement de cœurs, était pour nous une évidence et un vrai plaisir. Plaisir visiblement partagé par une audience dans laquelle se croisaient deux publics, celui de Mano Solo et celui des Hurlements, pour se joindre l’un à l’autre, l’instant d’un hommage ou, -qui sait- pour se confondre et se retrouver à l’avenir. A l’instar de l’album qui comporte de nombreux duos avec des artistes talentueux, ce concert accueilli sur scène quelques invités (Melissmell, Arno Futur, Fredo des Ogres de Barback avec ses musiciens), tous heureux de venir enrichir la formation musicale et de partager ce moment fort en émotion, intensité et énergie. Quelques temps après la fin, c’est un quatrième membre du groupe, Renaud (dit « Reno », contrebasse) qui n’avait pu être présent lors du premier entretien, qui acceptait de prendre la parole pour répondre à quelques questions.

 

musicalarueimg_0600-2– Bonsoir Renaud et merci de bien vouloir nous accorder un peu de temps. Voilà deux ans que vous tournez pour défendre cet album hommage à Mano Solo pour la sortie duquel Julien, Jojo et Laurent nous avaient accordé un entretien l’an passé. La tournée prévue à l’origine n’était pas sensée durer aussi longtemps. Peux-tu nous en donner ton ressenti et les raisons pour lesquelles beaucoup de dates ont été rajoutées ?

– On a deux ans de tournée effective, et un petit peu plus si on prend en compte le temps de résidence et de réunion pour discuter du projet, gérer les plannings et les envies, et arriver à tout fédérer. On joue encore demain à Sète et après demain à Budapest, et ensuite l’hommage à Mano Solo touchera à sa fin. On aura fait plus de 130 dates, alors que c’était un projet pour lequel on s’était fixé une trentaine de dates. En fait quand on a vu ce qui se passait en concert avec les gens et que le fait de ne pas jouer notre répertoire, mais celui d’un artiste qui nous tenait à cœur, nous a permis de rencontrer un public qui n’était pas forcément le notre, mais aussi le sien, la force de ces moments de partage a changé nos plans. C’était une très belle tournée.

 

hdl-mano– Comment ont été accueillis et perçus votre hommage et vos reprises par le public de Mano Solo justement ?

– Cela a peut-être été mal perçu par certains, mais les gens qui sont venus nous voir étaient sans doute les plus disposés : ceux qui ont mal perçu notre hommage ne sont surement pas venus. Les plus beaux compliments qu’on a eu sont ceux de gens qui sont venus nous dire qu’ils ne nous connaissaient pas et ont vu quelque chose qui n’était pas ce à quoi ils s’attendaient, mais ont passé un superbe moment, à partager avec nous qui aimions le même homme et la même œuvre. C’est beaucoup plus fort que d’entendre « c’est génial ce que vous faites ». Ce sont peut-être des gens qui reviendront nous voir pour écouter nos créations propres et j’espère qu’on ne les décevra pas, parce que ça fait un moment qu’on interprète une plume d’une qualité assez exceptionnelle. Mano est quelqu’un qui écrivait comme plus beaucoup de gens n’écrivent maintenant. Comme des gens comme Perret, Brel, Brassens, Vian… des grandes plumes. Les grandes plumes d’aujourd’hui doivent exister, mais je n’ai pas le recul pour les percevoir.

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– Beaucoup d’artistes ont interprété ses chansons en duo avec vous sur ce double disque d’hommage. Y en a-t-il qui vous ont rejoints lors de concerts ?

– On a sillonné le pays avec cette tournée, et, systématiquement, dès qu’on s’est retrouvés avec la possibilité de faire venir un artiste présent sur le disque à un de nos concerts, s’il n’était pas trop loin, on l’a invité à chaque fois. Alors ce soir, ça a été particulier, car on a eu trois invités. Il faut dire que les invités deviennent rapidement des amis ; Melissmell est venue 4 ou 5 fois, Arno Futur (Les Sales Majestés) aussi et Fred (Les Ogres de Barback) est venu une quinzaine de fois. Ce sont des artistes qui ont aussi leur talent et leur univers. Mais on partage cette chose, et c’est les Hurlements d'Leo chantent Mano Soloassez chouette d’avoir un  dénominateur commun d’une telle qualité, et en musique et en texte. Se retrouver entre nous sur du Mano Solo, ça créé l’émulation. Francesca Solleville est venue sur deux dates. On l’avait croisée avec un autre groupe à l’époque, moi et Laurent, un groupe qui interprétait des chants de la république espagnole, El comunero : forcément dans ce milieu militant on avait croisé Francesca, puis elle était revenue nous voir avec les Hurlements. On avait enregistré sur un de ses albums. Quand on a voulu s’attaquer à Mano Solo, on a chercher des gens avec qui on avait ça à partager, et Francesca nous est naturellement venue à l’esprit. C’est un sacré bout de femme ! En plus la chanson qu’elle a choisie touche à son histoire personnelle avec Allain Leprest ; c’est d’ailleurs une chanson que très souvent Melissmell vient interpréter avec nous quand elle nous rejoint sur scène, pour les mêmes raisons. C’était, je pense, une des grandes puissances de l’œuvre de Mano d’arriver à parler de choses très personnelles, individuelles, et très souvent universelles, soit par la poésie qu’elles engendrent, soit par les thématiques auxquelles elles renvoient. C’est-à-dire qu’on peut sur une image ou un ressenti très personnel arriver à toucher du doigt quelque chose que beaucoup de gens ont vécu. C’est une chose que Mano savait faire, un peu comme Brel. Ce n’est pas quelqu’un qui ratissait large ; c’est quelqu’un qui parlait sincèrement et qui touchait beaucoup de gens. C’est un talent assez admirable.

 

les Hurlements d'Leo chantent Mano Solo-Vous êtes à l’instar d’autres artistes ici, des familiers de Musicalarue. Etes-vous toujours heureux de revenir et pourquoi ?

– Ça va faire douze fois qu’on vient… Au bout d’un moment, si ça ne te plait pas, tu ne reviens pas. Bien sur qu’on reviendra encore. Je ne sais pas si c’est le fait qu’on soit des habitués du festival, le fait qu’on soit du coin ou qu’on devienne vieux, mais à chaque fois qu’on est là, on connait et reconnait de plus en plus de gens, et on est heureux de les croiser ici. Par exemple ce soir Les Sheriffs jouent en ce moment ; on ne pourra pas les voir, mais ça nous fait plaisir de savoir qu’ils sont là.

 

– A ce propos, et c’est peut-être une faille dans l’organisation, beaucoup de gens ont trouvé dommage que les concerts de certains artistes qui partagent grosso modo le même public se chevauchent, comme par exemple le votre avec celui de Fredo et celui des Sheriffs justement. Cela vous a-t-il en quelque façon porté préjudice ?

– C’est dommage, oui, mais c’est comme ça. Et ce n’est pas grave. Tu sais, il y a eu 16 000 personnes par soir. Nous, on vient de jouer et c’était blindé. Je pense que c’était blindé pour tout le monde. On serait sur un festival en manque de fréquentation, je te dirais effectivement que c’est idiot. Mais ce n’est pas le cas. Et puis, vu qu’on revient tous les deux ans, ceux qui nous ont ratés ce soir auront l’occasion de revenir nous voir.  Musicalarue est un superbe festival, avec une bonne mentalité, de chouettes valeurs ; c’est quelque chose d’assez simple, sans sponsor notoire. Les gens font du camping sauvage ; les artistes logent chez les habitants : ça nous ramène à des valeurs assez fondamentales, qui perdurent et perdureront. Comme ce festival, parce que quand les choses se passent aussi bien, elles ont tendance à se reproduire.

 

les Hurlements d'Leo chantent Mano Solo– Parlons du groupe : où en sont vos projets ?

– On travaille sur le prochain album des Hurlements, travail de création qu’on a mené de front avec la tournée. Et puis à force de faire des dates avec Fred des Ogres de Barback, on a fini par avoir l’idée de remettre « Un air de famille » en route. On va repartir sur les routes et ça va être génial ; on va se régaler. Le temps passe pour tout le monde, mais on arrive à garder la même fraicheur et la même envie de faire ce métier, avec le bagage, l’expérience, et la vie telle qu’elle a marqué chacun de nous. Indépendamment des contingences de planning et des besoins de repos qui ne sont plus les mêmes qu’avant, on va repartir là-dessus en janvier, et puis au printemps.

 

 

 

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Liens : http://www.hurlements.com/

 

Miren Funke, Emma Pham Van Cang

Photos : Carolyn C (1), Benjamin Pavone (2, 6) et Christelle Lesparre 3, 4, 5), merci à eux.

Nous remercions Jojo et Renaud des Hurlements d’Léo pour leur accueil et leur disponibilité.

2 Réponses to “Musicalarue, édition 2016 : entretien avec Les Hurlements d’Léo”

  1. leblogdudoigtdansloeil septembre 13, 2016 à 9 h 17 min #

    Nery Catineau

    Bel article ! Petit pincement joyeux au cœur quand je lis « les hurlements d’Léo », phrase extraite de la chanson que j’avais écrite à l’époque des VRP

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  1. Entretien avec Les Hurlements d’Léo pour les vingt-cinq ans du groupe, lors du dernier festival Musicalarue | - Le Blog du Doigt dans l'Oeil - - juillet 27, 2023

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