« Le caillou » : Sigolène Vinson

18 Mar

Chronique du roman Le caillou, de Sigolène Vinson
(par Eric SABA)

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Tout le monde l’aime bien, Sigolène, et je ne déroge pas à la règle : croiser le sourire de Sigolène, c’est sourire soi-même.

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Agenda : «  Salon Lire à Limoges » (1, 2 et 3 avril 2016).

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Sigolène Vinson, ©Sandra Surménian

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Pour autant on ne sera pas étonné : l’auteure ne laisse pas beaucoup de place au bonheur dans ces lignes. Aux journées qui s’écoulent lentement, oui. Innocentes, inoffensives, sous un ciel bienveillant, non. Même la beauté est terrible, les couchers de soleil, comme La Vénus d’Ille, meurtriers. Et pourtant, c’est un livre qui fait du bien.

Lu en une journée, malade comme un chien, à expulser mes sales humeurs, coincé entre les oreillers et la couette, cherchant le meilleur moyen de me sortir – vite – d’une longue période de contrainte. J’avais dit à Sigolène que j’attaquerai l’un de ses deux livres dès que j’aurai conquis la liberté. Je lui ai laissé le soin de le choisir : Courir après les ombres ou Le caillou ?

– Oh, commence par Le caillou !

C’est ce que j’ai fait. J’ai passé la journée avec Le caillou.

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J’ai relu deux fois la première page, non pas pour mieux saisir, mais pour épouser le style de la narratrice ; preuve qu’il y a, là, écriture… Sigolène adopte un style littéraire personnel qui dérobe avec plaisir quelques expressions au quotidien, à l’échange.

Un caillou dans une chaussure comme un nœud au ventre. Ouvrez les fenêtres ! Ça sent le glauque dans c’t’appart ! Mais le glauque est une couleur, Eric… Oui et ça tombe bien, puisque dans ces pages, du début à la fin, ça sent la mer.

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On part de très bas, même si le personnage principal vit à l’étage. Cette jeune personne, qui a déjà vécu et déjà renoncé, rencontre un vieillard, Monsieur Bernard, qui va chambouler son monde. Des carnets, tentatives de portraits, de la terre qu’on façonne, qu’on écrase du poing. L’appartement aurait besoin de travaux d’aération, c’est vrai, alors il s’agira de prendre l’air, d’aller le chercher au loin. De prendre l’avion ou le train, le bateau, je ne sais plus… D’oublier le bar Le Saint-Jean où personne ne m’attend.

Un personnage féminin tout au long du récit qu’on suit et qui va, d’hommes bienveillants en pittoresques mâles accueillants. De l’appartement parisien à la Corse. « L’île de Beauté », dit-on. C’est ce que disent mes ami-e-s, c’est ce qui ressort des descriptions fines de la narratrice. Tellement belle qu’on en meurt, à vrai dire.

La proximité avec la mort est permanente et pourtant un souffle de vie s’élève et l’emporte. Parce qu’on façonne ici, on construit, on touche, on cherche. Inlassablement. On n’oublie pas l’humain. Même en solitaire-s, on est ensemble. Les individus comme des itinéraires, qui se croisent, se soutiennent… Et chacun achève son parcours, comme il peut. Ou là où ça devait finir. Qui sait ?

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Finir ? Ce serait trop simple.
« Bon… et si finalement… tout était différent… hum… on s’offre une relecture… ? »

J’avais un caillou dans ma chaussure et je l’ai gardé, vu ce que je pouvais en faire. Je l’ai ôté. J’avance. Il est dans ma poche. Nous sommes deux. Le lecteur à Sigolène.

Merci Sigolène.

Eric SABA / Hum Toks / E.5131

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« la curiosité » ©Eric SABA, avec Sigolène Vinson

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Une Réponse vers “« Le caillou » : Sigolène Vinson”

  1. Hum Toks mars 18, 2016 à 7 h 52 min #

    A reblogué ceci sur alfée compagnieet a ajouté:
    /// des rencontres… des maisons amies… ///

    J’aime

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