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Henri Valette et compagnie à l’Arthé Café.

24 Nov

Photos Martine Fargeix

Je ne suis ni meilleur ni plus mauvais que vous 
Contre vents et marées, envers et contre tout 
J’ai, chevillé dans le cœur, un rêve de bonheur, 
Un jour nouveau qui se lève chasse mon chagrin… 

 

C’est par cette chanson de François Béranger Tous ces mots terribles, qu’ Henri Valette l’ardéchois,  stéphanois d’origine  commence son tour de chant.  Chanson que nous prenons en route avec Catherine, étant légèrement en retard pour cause humanitaire.

Henri Valette, fine silhouette d’adolescent, visage encadré de longs cheveux blancs en boucles folles, voix qui se fait grave ou douce, qui se module du rire aux larmes, de la tendresse à la colère, s’adaptant au répertoire très riche et varié dont il est le passeur, ou lui-même l’auteur,  des intonations qui font penser  à Leny Escudero et parfois à Henri Tachan. Il est entouré de deux musiciens , François Buffaud à la guitare, et Jean-Marc Boucherie à la guitare basse et percussions,  qu’il présente comme amis, frangins.

L’amitié, l’amour, il en est question, avec L’Amour et l’amitié d’Henri Tachan,  Je t’aime de Michèle Bernard, ou l’amour du Beaujolais avec la vigneronne Marie Zambon, l’amour des femmes qui ne trichent pas, avec Botox de Claude Semal :

Dis moi ce qu’elle a d’esthétique / La chirurgie qui fait des trous / Pour fourrer des seins au plastique / Et changer les filles en blaireaux / Tu ne sais plus quand tu la touche / Si c’est son visage ou son pied… .

Amour érotique et religion selon Philippe Val avec  Les Versets érotiques.  Emmanuel Binet pour la musique :

 S’il y avait un Dieu bon,
Doué de pouvoirs véritables,
Il aurait viré ces cons,
C’est donc nous les vrais coupables.
Si divinité il y a,
C’est la nature c’est le vent,
C’est la terre, c’est toi, c’est moi,
Pas de quoi s’crêper le turban,
Comme le ruisseau dans le bois,
Descendons le fil des jours,
En écartant nos deux bras
Quand surgit une île d’amour.

 

L’amour encore Au café du canal de Pierre Perret, où l’on peut apporter ses baisers.

L’amour jusqu’à La fin du monde :

À l’infini, le long des plages
Roulent d’étranges otaries
Cent mille crabes nécrophages
Hantent l’estran du tsunami
Il pleut des grappes de carouges
Le sol s’ouvre à Fukushima
Il neige des flocons orange
Sur les joues du Fuji-Yama
Et moi, j’attends la fin du monde
La joue contre ton cœur
La bouche contre ta peau blonde
Sans même avoir peur ( Claude Semal).

 

Mais aussi chansons sur l’air du temps et la marche du monde, l’usine qui fout le camp à Singapour ( Frédéric Bobin), Les Oiseaux de passage de Jean Richepin, La chemise de Michel Buhler :

Je n’ faisais pourtant rien de mal

Je présentais ce plan social

Trois mille personnes virées d’accord

Ma femme adore les bagues en or

Et j’ leur donnais ni plus ni moins

(Le chômage c’est pas pour les chiens)

Une occasion de rebondir Parc’ qu’ c’lui qui l’ veut

peut s’en sortir Ils ont déchiré ma chemise.

Ou encore le portrait d’un Chien d’ivrogne :

Le trente du mois, pour éviter
Les comptoirs où y a des ardoises
On fait l’détour des salons d’thé
Renifler l’cul des Pékinoises

Arrière, matous et clébards
De tout poil, et vos pedigrees
Qui nous snobez devant les bars
En nous traitant de chiens d’arrêt

On est des chiens dans la même peau
Du Saint-Bernard au chien d’aveugle
On garde un berger sans troupeau
On est dix pour le prix d’un seul

Ah, quand viendra ma dernière heure
Petit, écris sur la couronne
Ici gît, ce fut son honneur
Et sa passion, un chien d’ivrogne. ( Allain Leprest).

 

Des chansons à dépaver les rues, des chansons de vie, du quotidien, des copains, comme ceux de Pierre Louki :

Ils ont tous des yeux étranges
Les copains qui viennent chez nous
J’oserais dire des yeux d’anges
S’ils n’étaient pas si souvent saouls
Des yeux qui font quand on les croise
L’effet d’un coup à l’estomac
C’est pourquoi je paye leur ardoise
Au bistrot où je ne bois pas
C’est pourquoi je paye leur ardoise
Au bistrot où je ne bois pas

 

Hommage à La Chansonade de Pourchère avec Aubade à La Chansonnade d’Anne Sylvestre :

Caché dans un coin de l’Ardèche

Un village semble en sommeil

A priori rien ne l’empêche

D’étirer son ventre au soleil

Mais quand l’été le déboutonne

A quelques jours de la Saint Jean

Y’a toute une troupe qui fredonne

Viennent toutes sortes de gens

Vagabonds, musiciens, nomades

Gens du bitume ou des moissons…

 

Hommage à un autre ardéchois Jean Ferrat :  Ma France.

Et en rappel 20 ans, de Léo Ferré. Des rappels, il y en aura beaucoup, après la fameuse soupe de Maï et Marc, et le repas qui rassemble les spectateurs et les artistes, nombreux ce dimanche soir.

Nous avons eu le plaisir d’écouter Christian Degiorgi, qui se dit faiseur de chansons, et qui est un excellent artisan en la matière,  aussi poète et raconteur d’histoires . Christian Degiorgi – christian degiorgi a contre courant

https://christiandegiorgi.jimdo.com/

Il nous a régalés de quelques chansons un peu coquines, de son Loup débonnaire qui n’est pas un sanguinaire, comme ses congénères :

 

Il était un jeun’ loup

Débonnaire,

Perdu parmi les loups

Sanguinaires,

Un loup tendre, un loup bon,

Un lou-foque,

Pas friand des moutons

De l’époque,

Oui vraiment un jeun’ loup

Débonnaire,

Pas un de ceux qu’on loue,

Qu’on vénère,

Aux moqu’ries aux lazzis

En pâture,

Véritable hérésie

D’la nature.

 

Photo DR

François Buffaud, qui n’est pas que le guitariste accompagnateur d’Henri Valette, mais aussi auteur, compositeur, interprète, cela fait 25 ans qu’il se produit avec sa guitare sur les scènes du Limousin et d’ailleurs, et il a fini par laisser son métier de kiné pour être chanteur à temps complet, premier vinyle en 1986 : Photos brûlées, et deux albums à son actif, Ça dépend des trains qu’on prend, En 2002, et Les cabines de plages, en 2007, prix de la SACEM de l’album autoproduit. Il nous a chanté une chanson qu’il aime particulièrement : Que serais-je sans toi, Aragon et Ferrat, Les cabines de  plages, entre autres.

Jean-Marc Boucharie, lui, nous a gratifié d’un Gilbert Lafaille : La tête ailleurs :

Je suis dans la lune
Couché sur les dunes
Ou les pieds dans l’eau
Certains jours de fête
Il y a dans ma tête
Un petit vélo
J’ai fait le voyage
Des gens de mon âge
Plus d’un demi-tour
Et j’ai sur la langue
Comme un goût de mangue
Une envie d’amour.

Et La vie ne vaut rien d’ Alain Souchon.

Henri Valette a repris le micro pour une belle interprétation de Je vous aime de Jean Ferrat,  Marc Usclade, multi-instrumentiste, s’est mis à la guitare basse, et au piano,  à la guitare pour accompagner Christian Giorgi, avec qui il sera à la Petite Gaillarde, à Clermont-Ferrand, ainsi qu’avec Philippe Galland à la deuxième guitare pour le spectacle  Du rire aux larmes et vice versa. VENDREDI 08 DECEMBRE A 20H30 « DU RIRE … – La Petite Gaillarde

lapetitegaillarde.fr/vendredi-08-decembre-a-20h30-du-rire-aux-larmes-et-vice-versa .

Et au piano pour accompagner Maï, qui, elle aussi, chante, et bien, d’une voix claire et bien posée, Maria Szusanna de Michèle Bernard, le Lac Saint-Sébastien d’Anne Sylvestre, et une chanson de sa composition sur l’île de beauté, la Corse, à propos, j’aimerais bien avoir les paroles de cette chanson, Maï, tu pourrais peut-être les mettre en commentaire sous l’article ?

Et nous avons continué jusqu’à tard dans la nuit, à chanter encore, notre ami Serge Leroux, qui, lui aussi, a une très belle voix, a été prêter main forte pour Sans la nommer de Moustaki,que tout le monde a repris en choeur, ainsi que la chanson de Pierron /Couté Les mangeux d’terre.

Y avait dans l’temps un bieau grand chemin, 
Cheminot, cheminot, chemine !
A c’t’heure n’est pas pus grand qu’ma main
J’pourrais bien l’élargir, demain !

Une soirée amicale, fraternelle, autour d’un feu de bois, et d’une même passion pour la chanson française, la poésie, celle qui parle de la vie, qui voit le monde à sa fenêtre, avec réalisme, le poing levé, l’autre main sur le cœur, toujours avec l’espoir chevillé au corps, de ce jour nouveau, . Et ce dimanche soir, nous avons été bien servis ! On s’embrasse, et on se dit à bientôt, car on devient vite accroc de ce lieu où il fait bon se retrouver.

Merci à tous les acteurs de cette soirée, à Maï et Marc pour leur accueil chaleureux, à Martine Fargeix pour ses photos, à tous ceux qui nous ont enchantés, à Catherine Reverseau pour son covoiturage.

 

Danièle Sala