Sarclo a ses règles. Ou comment fabriquer des chansons… Premier jour

11 Sep

Cette série de publications figurait initialement sur FaceBook, c’était très vivant, passionné, passionnant, urticant parfois, voici donc le début, durant les 7 jours à venir, il y aura une publication par jour, dans l’ordre de parution. Merci à tous les contributeurs.
(Le Doigt dans l’Oeil)

LES DIX COMMANDEMENTS DE SARCLO(RET)

Verbatim de nos engueulages sur Facebook. Je remercie les ceusses que ça a amusé et/ou énervés. Des pékins et des artistes. Très fier d’avoir eu ces prises de becs avec Pierre Delorme (à suivre sur « des crapauds et des rossignols »), ces clins d’œil de Gilbert Laffaille, Denis Charolles, Gul Deboa, Félix Lobo, Hervé Hakrich, ces demi piques d’Eric Maurin, ces bonjours d’Alain St Yves, ces ronchonnages de Christophe Pochon etc. etc.

J’ai enlevé les émoticones, ça fait dégueu. En dixième commandement j’ai été grailler sur le site de Pierre Delorme qui a fait un résumé. Je suis pas sur que ce soit très utile, mais pouvoir appeler ça les dix commandements, ça vous a tout de suite un côté modeste qui me semble assez convenable et plaisant…

 

Sarclo a ses règles. Ou comment fabriquer des chansons… Premier jour.

Première règle : Lisez Boris Vian, si on lit bien ses chansons, la règle d’or : UNE IMAGE PAR LIGNE – UNE HISTOIRE PAR STROPHE. Si à la lecture d’une chanson on peut trouver des lignes qui ne donnent rien à voir, si une strophe n’est que la suite naturelle et logique de la précédente, ce n’est pas une chanson, c’est une merde. Lisez Boris Vian.

Contre-ordre : « Le Déserteur », du même Boris Vian, si elle décline bien une foule d’images, raconte une affaire cohérente d’un bout à l’autre et la fin est sinon prévisible (il y a deux versions intéressantes de la fin) du moins conclusive. Et ça fait un chef d’œuvre.

« Il est évident que le poète écrit sous le coup de l’inspiration, mais il y a des gens à qui les coups ne font rien » Boris Vian

(Concernant la chanson et les chanteurs, je dis un peu trop ce que je pense, ce qui me fait traiter de crétin prétentieux. S’il est de notoriété publique que je sois un crétin, je n’ai d’autre prétention que de faire mon job convenablement, et c’est la raison pour laquelle je propose ma grille de lecture pour différencier ce que je considère comme une chanson de ce que je déconsidère comme une merde.
Bien entendu il y a plusieurs écoles, et si je faisais bien mon boulot ça se saurait.
Mon acharnement à faire comme je veux m’a probablement aidé à être épargné par le succès. Ne faites pas comme moi : ça ne marche pas. Mais en ce qui me concerne ça me donne le sentiment d’être fidèle à quelque chose. 
Et, bien entendu, chaque règle ne demandant qu’à être contournée, elles seront suivies chacune de leur antidote, mais cet antidote ne dispense pas de comprendre l’esprit de la règle. Alors voilà.)

Thierry Girardeau Comme une nouvelle comme tout ce qui est écrit et ce même en écriture dite automatique

Gul Deboa Trop épargné par le succès. Ouvre un compte d’épargne.

Sarclo Ret:  Elle est à toi celle-ci, je suis un blaireau je t’ai pas cité , je te cite quand je la dis mais sur FB,  je voulais faire court. Pardon

Gul Deboa Aucun mot n’appartient jamais. Alors c’est même pas cadeau.

Joël Burkhard  Seul ce que j’ai perdu m’appartient à jamais citation reprise par Miossec d’une écrivaine je crois, bref l’important c’est de colporter des jolies phrases comme la vôtre effectivement;-)

Félix Lobo Vian me fait chier comme auteur. A part la nouvelle du lycanthrope, je me fais chier avec Vian. C’est comme si un type intelligent avait des choses à sortir mais le fait mal. Il m’émeut pas. Me fait pas rire. Me fait pas vibrer. Bon. Il est mort alors maintenant je peux le dire.

Jean-Claude Bramly Je pense à peu près le contraire de ce que vous écrivez mon cher Félix, mais, comme me disait une vache de mes amies : tous les goûts sont dans la pâture !

Félix Lobo Et tant mieux ! Sinon on s’embêterait et tout le monde aurait la même tourniquette pour faire la même vinaigrette

Claude Préchac Comme je dis toujours, quand t’es mort t’as tort…

Manuel Pratt Vian mais à tjs emmerdé ce côté bobo parisien…  Il me gave .. Je peux le dire en plus il était Poisson ascendant Verseau comme Moi… ahahahaah. .

Félix Lobo  Ah si. « Arthur où qu’t’as mis le corps » et « la java des bombes atomiques » c’est très excellent. Le reste, on peut passer.

Sarclo Ret Monsieur préfère peut-être Bobby Lapointe ?

Thomas Herrmann Faut être un peu peu coincé du bulbe et des couilles pour pas aimer Vian, non?

Félix Lobo Je déteste Bobby Lapointe ! (Enfin non. Je n’aime PAS.) Pareil. Il me fait mal à la tête parce que je cherche tous ses calembours.
Et sans détour et avec la même brutalité de décoffrage je trouve beaucoup plus mon compte dans l’écriture d’un Fersen, d’un Sarclo d’un Souchon d’un Renaud d’un Brassens.
Question de dosage, d’humanité, de vibration. J’aime quand les gens jouent avec la langue et me font passer des émotions des questions des rires m’attrapent par l’épaule me narrent me piègent me caressent me font réfléchir. 
Vian et Lapointe ne me font pas cela. Je les trouve trop tournés vers leurs nombrils.
Mais ça n’est que moi. Juste pour dire ce que je pense moi… Donc, une goutte dans l’océan.

Félix Lobo Thomas je ne crois pas que je sois coincé des couilles elles sont même trop ouvertes pour certaines de mes chansons très vulgaires. Vian, en revanche est clairement coincé du cul. Dans toutes les discollections (euh ? Discothèques ? ) des gens que je connais et qui n’aiment pas la chanson française, j’ai vu du Vian, Bourvil, Rita Mitsouko, Gainsbourg, Louise Attaque,  M et Étienne Daho.
Allez j’exagère un peu. Mais c’est une famille qui n’est pas vraiment la mienne. (Avec quelques talentueux dans la bande hein… ) mais c’est marrant j’ai vraiment souvent vu ces disques-là.

Thomas Herrmann Félix Lobo Je comprends …. T’es pas sur le même bateau… quoi…!!!!

Félix Lobo Oui !!! Mais au fond, on fait du pédalo en se souriant et se saluant et c’est tant mieuuuux.

Gaspard Glaus  Je voudrais pas crever par Reggiani ?

Thomas Herrmann Félix Lobo exactement!! bravo….

Thomas Herrmann Quand j’aurais du vent  dans mon crane

Félix Lobo Reggiani sublime beaucoup de ce qu’il chante. Quel artiste !

Eglantine Phi R Voilà qui donne envie de bifurquer sur YouTube. Mais ça fait un peu peur!

Gillian Duda « Il a dévalé la colline »

Annik Davister J’aime beaucoup ce que tu dis !

Alain St-Yves As-tu besoin d’un kotex?

Adriana Gonzalez Merci, joli récit, non seulement car j’adore Vian notamment Le déserteur, construite d’une manière presque mathématique qui me permet de travailler et faire comprendre presque tous les temps verbaux à mes élèves, mais aussi parce tous tes propos me vont très bien…ahhh et je préfère, la première version! 😊 et malgré tout, les règles sont pour les casser!! 😊

Leïla Ouerghi Tu es dur parfois Sarclo … Je chante « Le petit commerce » de Boris Vian. C’est bien ou c’est mal pour toi ?

Annik Davister J’ai compris qu’il aimait bien Boris Vian .. C’est pas çà?

Sarclo Ret Bien sur, Vian c’est parfait. Ecriture au cordeau, associations d’idées à la chaîne, constructions pataphysiques, tout est nickel.

Leïla Ouerghi À part pataphysique, je vois. 😉

Sarclo Ret Pataphysique, c’est invisible. Ta position est parfaite. La poésie, c’est le sens imaginaire.

Vivian Deux Aujourd’hui j’ai réécouté une chanson de Mayol chantée par Barbara dans ma voiture qui parle d’une dame qui vendait des petits gâteaux et d’un client qui n’aimait pas les gâteaux secs. Je me suis dit qu’en effet on parlait de choses fouillées (mouillées, osées comme vous le voulez) à cette époque où je n’étais pas né.

« Elle était pâtissière,
Dans la rue du Croissant,
Ses gentilles manières,
Attiraient les passants,
On aimait à l’extrême,
Ses yeux de puits d’amour,
Sa peau douce comme la crème,
Et sa bouche, un petit four,
Et du soir au matin,
Dans son petit magasin

Refrain
Elle vendait des petits gâteaux,
Qu’elle pliait bien comme i’ faut,
Dans un joli papier blanc,
Entouré d’un petit ruban,
En servant tous les clients,
Elle se trémoussait gentiment,
Fallait voir comme elle vendait,
Ses petites brioches au lait.

Un jour dans sa boutique,
Un vieux monsieur entra,
D’un p’tit coup œil oblique,
Vite, il la remarqua,
Pour parler à la belle,
Il choisit des bonbons,
« Donnez-moi, Mademoiselle,
Un cornet de marrons »,
Et d’un air très malin,
Il en mit deux dans sa main

Refrain
Elle vendait des p’tits gâteaux,
Qu’elle pliait bien comme il faut,
Dans un joli papier blanc,
Entouré d’un petit ruban,
« Voulez-vous, mon p’tit coco »,
« Des marrons et mon cœur chaud ? »,
« Cœur chaud », dit-elle, « vous l’avez,
« Mais les marrons sont glacés »

Il s’assit à une table,
Pour manger un petit choux,
Elle se montra aimable,
Elle offrit un peu de tout,
Puis insista, coquette,
Pour qu’il prit du nougat,
Mais lui, hochant la tête,
Tristement répliqua,
« A mon âge,voyez-vous,
J’prends plus qu’du caramel mou »

Refrain
Elle vendait des p’tits gâteaux,
Qu’elle pliait bien comme il faut,
Dans un joli papier blanc,
Entouré d’un petit ruban,
Le vieux lui faisait les yeux blancs,
Il sauçait en tremblotant,
Dans un verre d’eau et d’orgeat,
Une toute petite langue de chat

Y avait trois heures passées,
qu’il était assis là
Elle pensait, énervé.
Il ne partira pas,
Ne sachant plus que faire
Pour le dévisser du sol,
Elle lui dit, en colère,
« Mangez ces croquignolles »,
Il répond, d’un ton sec,
« Je n’aime pas les gâteaux secs »

Refrain
Elle vendait des petits gâteaux,
Qu’elle pliait bien comme il faut,
Dans un joli papier blanc,
Entouré d’un petit ruban,
Elle lui dit, d’un petit air doux,
« Hé ben, mon cher monsieur, si vous
n’aimez pas les gâteaux secs,
Mangez donc d’la merde avec »… »

Chloé Bieri Mais par exemple On va tous les goler.. Moi j adore

Leïla Ouerghi Ça serait quand même cool de trouver des interprètes qui donneraient du souffle aux chansons de Vian. Je suis souvent déçue en écoutant les chansons de Boris Vian car trop chantées et sans création artiste dans la manière d’interpréter. On ne fait que répéter…

Sarclo Ret Il les chante très bien, et Reggiani aussi

Séb Bert Pas spécialement fan d’Higelin mais sa version des chaussettes à clous est meilleure à mon sens que celle de Vian lui-même, qui n’est allé qu’à reculons chanter ses propres chansons…

Séb Bert J’aime particulièrement Vian dans On n’est pas là pour se faire engueuler ou J’suis snob, qu’il surjoue bien! Et le duo de Vian avec Magali Noël reste d’anthologie, lui qui ne répète avec gourmandise que « Il va lui faire mal, vas-y fais-lui mal, il lui a fait mal »

Sarclo Ret Séb Bert Mes baratins sont là pour raconter des processus de construction de chansons, pas pour parler d’interprétation. Si tu regardes la façon dont les deux chansons que tu « aimes » sont construites, tu verras bien que la règle « une image par ligne, une image par strophe » est totalement visible. Une évidence.

Séb Bert Ok, mais quand pour se défaire d’une image d’intello il a fait des chansons ultra-débiles, notamment pour Maurice Chevalier (Pan pan pan, poireau, pomme de terre), je ne suis pas sûr qu’on ait le compte! 😉

Annik Davister Et n’oublions pas Magali Noel, interprète magnifique

Bernard Cadic T’as pas du entendre le déserteur par Richard Anthony….ha ha

Denis Charolles Boris Vian est un des rares auteurs que je connaisse qui interprète aussi merveilleusement ses chansons. Je suis toujours ravi à l’écoute de ce fabuleux disque et quel merveilleux orchestre en plus (je pense aussi au tromboniste qui a de merveilleux solos !) Quelle chance on a de connaître cela ! merci la vie

Sarclo Ret Denis Charolles J’ai toujours adoré ce disque. Quand j’avais 17 ans j’ai eu un w-e tranquille à la maison, et je l’ai mis en boucle, jusqu’à ce qu’une locataire de mes parents, danoise avec des nichons époustouflants, descende me dire que j’écoutais de la musique de merde… donc ça fait le truc avec les paroles, mais pas pour une danoise non francophone. Le fantasme a perduré, et est resté comme tel, pauvre petit puceau qui chantait ce disque par coeur…

Denis Charolles Vous vous rendez compte du personnage Boris Vian , des idées qu’il a défendues ! C’était un bel anar ! avec Brassens aussi, Paco Ibanez, Colette Magny, Francesca Solleville, Catherine Ribeiro, Léo Ferré et Brigitte Fontaine aussi ! Vive toutes ces belles personnes !

Sarclo Ret Denis Charolles : Moi je suis bordélique, parce qu’il y a pas de fédération bordélique. Je suis pas sur que Ferré était une « belle personne ». Le jour où je l’ai croisé, je l’ai trouvé d’une amertume infecte.

Bernard Cadic Et tu n’ es pas le seul à le dire.

Leïla Ouerghi Il ne m’avait l’air pas sympa d’après les dires… Il aurait dit de Caussimon et en sa présence que ce n’était pas son ami. Celui ci s’est vexé. Est ce vrai, pas vrai, je n’ai pas vérifié l’info….

Sarclo Ret Je demanderai à son fils. Ferré avait une idée assez précise de son importance. Ça devait le faire chier que « Comme à Ostende » soit sa meilleure chanson…

Bernard Cadic C’est également ce qu’on m’ a raconté.

Leïla Ouerghi Ou « Nous deux »… J’aime beaucoup Caussimon, l’artiste et l’homme. De plus il a une façon unique d’interpréter … Ou plutôt, Ferré aurait dit « Je n’ai pas d’amis » toujours en la présence de Roger Caussimon.

Annik Davister De la bouche même de Caussimon, Ferré avait tendance à ne pas rectifier quand on croyait que Comme à Ostende était de lui. J’ai eu la chance de l’accueillir chez moi toute une soirée avec son épouse et son petit chien. Il a dormi dans sa caravane sur le bord de Loire .

Eric Maurin https://www.youtube.com/watch?v=MvC2CZ54pAE

Boris Vian – Barcelone

Boris Vian interprète « Barcelone » (Boris Vian/Alain Goraguer), written in 1955 and…

YOUTUBE.COM

Joël Potter Merci, j’avais oublié !

Eric Maurin De Nada ! Ne pas cantonner Vian au déserteur, ou à la Java des bombes atomiques, comme Vassiliu à Qui c’est celui-là, Bobby Lapointe à Avanie et framboise, etc, etc, les exemples sont innombrables. Plus fada de rock que de chansons françaises, les faces B sont souvent les meilleures. Allez, une petite perle de Bashung méconnue : https://www.youtube.com/watch?v=jgOaSz-npEY

Claude François et Alain Bashung « Belles ! Belles !…

Eric Maurin Bref, totalement d’accord avec Sarclo sur son constat concernant la structure des chansons. Pour la suite, l’oeuvre de Vian étant totalement multiple et foisonnante, disserter sur le reste (j’aime, j’aime pas…) me semble superfétatoire et vain.

Félix Lobo La fête de l’an passé était beaucoup mieux.

Jean Dekkers « Mon acharnement à faire comme je veux m’a probablement aidé à être épargné par le succès. » …. J’aime beaucoup certaines de vos chansons et vous remercie de les avoir écrites, et pour le reste, rien.

Pierre Bureau Sarclo a ses règles ! Je me demandais….

Sammy Jote Quel talent ce sarclo… J’adore ce mec et toute sa structure cérébrale qu’elle soit branlante ou pas, m’étonne quand même à chaque fois.!!.!
(Ne voyez aucune allusion sexuelle, lubrique ou autre dans la branlantitude de la structure cérébrale, je vous assure qu’il n’y en a pas la queue d’une [là par contre…] )

Dominique Barreaux Avec la vieillesse, les règles deviennent douloureuses…

Sarclo Ret Tu veux dire que l’andropause durcit le règlement ?

Dominique Barreaux L’andropause, ça entraîne plutôt le ramollissement…

Laurent Guillaume D’accord, les sarclorègles sont intéressantes. Néanmoins, où est la spontanéité ? Et qu’en est-il de la musique ? Jusqu’ici on parle de texte mais la mélodie est, en ce qui me concerne, ce qui m’accroche en premier. Alors ?

Sarclo Ret J’ai reçu pas mal de courriers de gens qui avaient écrit des chansons et les soumettaient à mon jugement. Ça n’est pas quelque chose que j’ai sollicité, et en même temps ce sont des occasions de réfléchir. Du coup je me suis interrogé sur des critères qui expliqueraient l’échec d’une démarche. Aucun ne peut bien sur expliquer une réussite, ça se saurait… et évidemment personne n’est venu me demander comment faire de la musique, allez savoir pourquoi… et en cherchant à expliciter ces critères, je me donnais une sorte de grille de lecture qui pouvait m’aider à débusquer les faiblesses de mes propres machins. 
En l’occurrence je trouve que Facebook offre une machinerie chic et pas chère pour que la contradiction déferle sur ce bazar. en fin de processus j’essaierai de rassembler les contributions intéressantes et on aura peut-être quelque chose qui ressemblera à un outil de réflexion. Je ne me mets au dessus de personne avec ça, les chansons que j’avais à écrire sont plutôt derrière moi et ça me donne l’impression de pouvoir prendre un peu de hauteur. 
la chose un peu exigeante que je pourrais affirmer : la chanson « raide », celle d’Astier, de Plume, la chanson « poétique », celle de Desjardins, de Bernard Adamus, des débuts d’Annegarn, de Couture, de Thiéfaine, celle Loic Lantoine et de Nicolas Jules, se trouve ailleurs que dans le marigot de la variété, et ailleurs que dans les chapelles des associations chansons. Elle est en danger, elle est rare, elle est exigeante, elle me fait plaisir partout où elle surgit, et c’est aussi pour elle que je me casse le cul à construire un théâtre.

Leïla Ouerghi Laurent, il me semble, que c’est justement son approche à lui du processus de création qui intéresse plus particulièrement si je ne m’abuse. Je trouve ça à la fois intéressant, instructif et généreux de sa part. Il y a matière à réfléchir… Moi qui ne sais rien faire d’autre qu’à peu près interpréter. Ça aurait pu être la musique, j’en sais rien. Mais il a choisi le texte. Et puis, je ne crois pas à la spontanéité dans la chanson… c’est en majorité du boulot ! Brel l’a justement dit.

Yann Buttner La classe! Si je peux aider… Je serai là autant que possible. Oui. Je suis d’accord. La chanson accroche souvent avec la mélodie. La bonne chanson s’explique souvent par le texte. Les règles sarclosiennes nous expliquent plus la construction textuelle (jusque là)… ses musiques, à mon sens, ne sont pas de la merde. Quoi qu’on ne lui on ait rien dit. J’attends la fin des règles pour voir s’il me manque quelque chose… (à part les critiques sur les arrangements moisis et les do sol do fastoches, j’ai pas encore entendu les règles en la matière)

Laurent Guillaume Leïla Ouerghi  Je parle plus de la spontanéité de l’auditeur que de l’auteur, en l’occurrence. Un peu comme avec le vin : j’aime parce que… et ensuite je peux décortiquer mais ce n’est même pas forcément nécessaire. D’autres décortiquent les arts picturaux ou plastiques mais comme, dans ce domaine-là, j’en suis infoutu j’en reste au ressenti basique (que j’appelle spontanéité).

Laurent Guillaume Ce qui n’enlève rien à l’intérêt des sarclorègles, cela dit, mais c’est une dimension qu’il ne faudrait pas évacuer.

Tzvetan Liétard Cela me fait penser à cette chanson de Boris Vian, (je ne sais pas dans quelle mesure Mouloudji est intervenu dans les paroles) : https://m.youtube.com/watch?v=PAG2rQwMRe4

Mouloudji – Conseils à un ami

Mouloudji – Conseils à un ami / texte de Boris Vian

Marie-Hélène Fanton d’Andon Dans le même ordre d’idées la chanson « Pour me rendre à mon boulot » de Jean Boyer chantée par Brassens est pour moi un petit bijou
 
Sarclo Ret Et ben non pas du tout. « Ami si tu veux devenir poète, n’écris pas de chansons trop bêtes... » dit Boris Vian, c’est pas pour décliner quatre moyens de locomotions qu’on sait tous par coeur. ette chanson est sans surprise, l’enchaînement des strophes est automatique, la chute est peu captivante et les images attendues. Faire une chanson ne doit pas se rattacher à la composition de rentrée « qu’avez-vous fait pendant les vacances », qui sert juste à faire chier les pauvres qui sont pas partis. ça n’a strictement rien à voir. Ça n’enlève rien au fait qu’on est content d’entendre Brassens, mais franchement « Saturne » et « Pensée des Morts », ça vous a une autre allure.
 
Pierre Delorme Sarclo Ret d’accord, on voit tout venir de loin, mais cependant, je la trouve réussie dans son genre, j’aime bien la mélodie et les changements de la métrique, ça donne du rythme ! Peut-être qu’à trop attendre des surprises dans les chansons on finit par ne plus les entendre vraiment. Se faire des règles pour fabriquer ses propres chansons, ça peut-être utile, mais ne faut-il pas les oublier quand on écoute celles des autres? ça n’est qu’un avis.
Marie-Hélène Fanton d’Andon C’est vrai, mais pensées des morts c’est de Lamartine une autre façon d’écrire
 
Sarclo Ret Oui Jean Boyer et Lamartine ne font pas dans la même crèmerie en effet… Mes « règles » sont une tentative de dire comment j’essaie de faire, pas de dire comment « il faut faire » évidemment. je traduis Dylan, aussi, parce qu’il y a chez lui une construction de la chanson qui est différente de ce qui se fait en français la plupart du temps. quelque chose qui nous manque un peu.
 
Pierre Delorme Je ne vois pas bien la notion de « construction » chez Bob, peut-être qu’elle m’échappe  A quelles chansons penses-tu?
 
Sarclo Ret « Shelter from the storm », « She belongs to me », « Desolation row » par exemple sont des chansons qu’on comprend globalement, on sait intuitivement où il veut nous emmener, mais les strophes, les lignes même, semblent venir de nulle part et concourir au sens général sans qu’on sache où il est allé les chercher. En France on a Bashung et Thiéfaine qui font à peu près ça, en moins convainquant, à mon avis. Loic Lantoine le réussit à peu près. Le « récit » chanson française ne sait en général pas faire ça, alors qu’un Tom Waits ou un Cohen en sont tout à fait capables.
Pierre Delorme Chez les gens que tu évoques, je perçois de mon côté plus une sorte d’empilement d’images qu’une véritable construction. Desolation row par exemple ( à part ça j’adore cette chanson, le son est extraordinaire). She belong to me, me semble plus classique, c’est un portrait, et « Shelter from the storm » une histoire à laquelle on pige que couic, comme celle de Judas Priest! Les images empilées de cette façon peuvent toujours donner l’impression d’un sens caché, on peut aussi opter pour le foutage de gueule ou la facilité, selon l’humeur ou le tempérament! Bref, je suis partagé depuis longtemps sur ces choses, mais je trouve que Bob a été un chanteur extraordinaire.
Pierre Delorme Les chansons de Thiéfaine me font penser à de mauvaises traductions des paroles sur les pochettes du Dylan des sixties/seventies.  Je trouve ça bidon. Il y a un côté plus sympa et rigolo chez Bashung. Je ne connais pas bien Lantoine, ce que j’ai écouté me gonfle, l’âge sans doute
 
Sarclo Ret Lantoine est totalement crédible sur scène, généreux. après tu mets le disque et tu y crois aussi. Thiéfaine se caricature depuis plus de trente ans. C’est du Ferré traduit en suisse allemand retraduit en français par un type qui croit que c’est du yankee.
 
 

Demain mardi, deuxième jour des règles de Sarclo.

Une Réponse to “Sarclo a ses règles. Ou comment fabriquer des chansons… Premier jour”

  1. leblogdudoigtdansloeil septembre 11, 2017 à 9 h 48 min #

    Leïla Ouerghi : « Il ne m’avait l’air pas sympa d’après les dires… Il aurait dit de Caussimon et en sa présence que ce n’était pas son ami. Celui ci s’est vexé. Est ce vrai, pas vrai, je n’ai pas vérifié l’info…. »

    Sur ce point, j’aurais préféré qu’il n’y ait pas de conditionnel, et l’info soit sourcée et vérifiée, Les dires, anonymes, c’est pas trop le genre dans ce blog collectif. Voilà.

    Norbert Gabriel

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