Rencontres Marc Robine 2017, quatrième jour.

15 Juil

 

Après la chanson de Marc Robine où il est encore question de voyages : Les Aventuriers,

Ils sont partis pour des voyages

Auxquels nous n’étions point conviés

Où sont-ils ? En quels paysages

Ont-ils délacé leurs souliers ?

Ont-ils déposé leurs bagages

A l’orée des grandes forêts ?

Ont-ils découvert les mirages

Pour lesquels ils nous ont quittés ?…

Arrive alors l’ étonnante découverte de ces dernières années, Barbara Weldens, une grande blonde voluptueuse à crête iroquoise, en short et haut noir, escarpins rouges, qu’elle nous montre et qu’elle balance, car elle a envie d’être à l’aise pour bouger. Elle en reprendra un un peu plus tard, pour téléphoner à Alice du pays des merveilles : Allo, allo, Alice tu m’entends ?

Dis donc Alice tu m’entends ? ça capte pas bien dans ton bled, tu dis qui ? Lewis Carroll ? Faut qu’tu rentres à la maison… Merci monsieur Lewis, monsieur Carroll, d’avoir fait d’Alice un sex symbole, une baby doll...

Une des chansons de son album : « Le Grand H de l’Homme » . Un album puissant, bouleversant, déchirant, d’ organiques vibrations, et sur scène, on reçoit ses chansons comme des coups de poing en plein ventre, et parfois, ça fait mal.

Une part de moi est un homme, avec un grand H / (…) Une part de moi est une femme, avec un petit f / Y a pas de grand F pour les femmes / Y a juste les « femme-encore » : / Encore une femme au volant / Encore une qui l’a bien cherché / Encore une féministe ! / Encore une salope / Encore une chienne / Encore ! encore ! encore !

Une voix rauque de chanteuse réaliste et qui monte en puissance jusqu’aux hurlements, qui contraste avec la douceur des mélodies du piano et du violon, c’est tendre et violent, c’est l’ombre et la lumière, le « yin et le yang ». Elle est tout ça, complexe, et entière, elle est l’homme et la femme réunis et contraires, question de majuscules entre H et f, violente, parfois drôle et émouvante et son spectacle tient du cirque, d’où elle vient, du théâtre, un voyage aux entrailles de l’humain. Une histoire d’amour déchirante :

Violence / Violence / M’as-tu quittée ? / Regarde comme sans toi je ressemble aux autres / Regarde l’orpheline dépravée de sagesse / Que tu laisses entre les bras de l’amour.

Un premier album, et déjà une ribambelle de prix, cinq prix au Pic d’or 2016, prix des professionnels et du public du tremplin Découverte Chanson, prix du magazine Francofans, prix de la créativité Charles Cros, premier prix du concours jeunes talents 2016 du festival Jacques Brel, révélation scène de l’académie Charles Cros.

On a déjà tout dit sur cette fille, il y a les fans absolus et les autres, étant encore sous le choc, personnellement, je ne me situe pas encore, en tout cas elle provoque tout sauf l’indifférence ! Mais c’est encore elle qui parle le mieux d’elle:

Mon style, c’est tous les styles, je suis tout le monde, je suis un slam qui palpite, un tango en colère, un rock qui se brise, une valse qui s’épanche, une cantate à bout de souffle… Je suis n’importe qui, un ventre, un poumon, une gorge, un outil de chair abritant nos brutales émotions…

Photo Martine Fargeix

Lili Cros et Thierry Chazelle

 

Photo Martine Fargeix

Besoin de réconfort, de bonheur, de pansements au cœur, d’amour qui va bien après cette première partie un peu trash ? Pas de soucis, on va les avoir avec Lili Cros et Thierry Chazelle, en deuxième partie.

Plateau dépouillé avec seulement deux tapadonfs, appelés aussi stomp box, au sol, un rond, un carré, qui s’allument en dessous comme par magie, judicieusement inventés par Thierry.

Ils se présentent, en toute simplicité, humblement, lui avec son hat, dernier étage de sa coquetterie, elle, en robe jaune à pois noirs et chaussures assorties. Ensuite viennent, la mandoline de Thierry, et les guitares, au gré des chansons. Et d’entrée, ils annoncent deux nouvelles, une bonne et une mauvaise.

La mauvaise, c’est la première chanson de leur dernier, et troisième album en commun Peau neuve: Le vieux chien :

Le vieux chien est mort

On s’y attendait

Mais à force de l’attendre

On n’y croyait plus

On disait souvent

Il va pas passer l’hiver

Pas passer l’été

Pas passer l’printemps

Et pis nan…

Chanson à l’humour délicat qui fait écran à des sujets plus graves, comme sait le faire Thierry :

Dans ma maison de retraite

On me traite bien

Lavé, nourri et blanchi

C’est pas une vie d’chien

Je sais ce que pensent les gens

Y va pas passer…

Pas passer l’hiver

Pas passer l’été

Pas passer l’printemps

Et pis nan.

Puis ils nous racontent Peau neuve, leur 7 ans de vie et travail en commun, leur indépendance qui leur donne une grande liberté de création, de réflexion, de renouvellement. Et quand on a vu leurs spectacles antérieurs, on peut mesurer le travail accompli pour se renouveler ! Le travail corporel, qui va jusqu’à un numéro de claquettes sur les tapadonfs et des chorégraphies sur les chansons impeccablement orchestrées .

Complicité, osmose, conscience des réalités et travers du monde et de la vie, complémentarité entre le fantaisiste plein d’humour et la poétesse à la voix de diva claire et puissante, amour du travail bien fait, amour tout court, font bien les choses.

Se succèdent les chansons de Peau neuve, Le rythme est amour, Les petits ça pousse, Offre-moi, Les petits attributs, L’anneau, Narcos, Ton petit soldat, superbe déclaration d’amour, Mon hit, mon hat, une ode au chapeau de Thierry qui se termine par une pirouette :

Je vais le passer parmi vous

Et pas de chichis entre nous

Donnez c’que vous avez d’argent

Mon côté Aristide Bruant.

Toutes les chansons de Peau neuve, entrecoupées d’incontournables, comme Le Havre sur le port , et Thierry nous raconte, comment ses parents émigrés d’Alsace sont arrivés dans cette ville, Le client d’Erotika, qui se termine par une époustouflante jouissance vocale de Lili, L’homme de sa vie, et Tiki you, scène de jalousie sur des airs hawaïens, celle, très émouvante de l’album Tout va bien : Les bras de rivière, celle qui me fait pleurer à chaque fois, L’Eclaireur

Un couple qui se ressource sans cesse, au charme infini, aussi humble que talentueux. Une énergie positive qui se diffuse dans le public, contagieux bonheur qui fait un bien fou.

Ah oui, au fait, la bonne nouvelle, c’est que Tout va bien ! Et que les gens qui vont à leurs concerts achètent de plus en plus d’albums !

Trois rappels mérités, et pour finir ils viennent chanter à voix nues, avec le public.

Sinon, il y a eu ce 14 juillet le repas républicain en chansons, je n’ai pu y assister, mais Martine a fait des photos, Radio cabaret comme d’habitude avec Radio Arverne, de 5 à 7 et ce vendredi Simon Goldin, Jean-Baptiste Veujoz, le chef de chorale avec Agnès Mollon et les artistes en concert le soir.

Aujourd’hui, à 13 heures,repas goguette, avec Les Goguettes en trio, les chansons de la chorale, les résultats de l’atelier d’écriture, à 18 heures, les Goguettes en trio, et à partir de 20 heures 30, Manu Galure, et Les Escrocs, qui clôtureront ces 13 èmes rencontres, à suivre donc…

Danièle Sala

Et pour quelques images de plus,

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Photos Martine Fargeix

 

 

Le Havre, sur le port, vient de se mettre en clip ; très belle réalisation, qui a très vite atteint un record vues en première  semaine.

3 Réponses to “Rencontres Marc Robine 2017, quatrième jour.”

  1. Danièle Sala juillet 20, 2017 à 14 h 53 min #

    Encore sous le choc, disais-je dans l’article, tellement d’émotions fortes que je ne les avais pas encore assimilées. Mais c’est un tout autre choc qui vient de frapper tous les amoureux de la scène vivante, ce matin, en apprenant la mort de Barbara Weldens, dans la nuit du 19 au 20 juillet, vraisemblablement électrocutée en touchant un fil électrique dénudé de son pied nu, et pour son public auvergnat, 5 jours après l’avoir applaudie sur la scène de la Muscade. Je la revois criant sa rage de vivre, j’entends son chant qui monte, je la revois tout près de nous, si pleine d’énergie. Je pense à sa pianiste Barbara Hammadi, sa violoniste Marion Diaques, si complices toutes les deux avec Barbara, et à ses proches. Salut l’artiste, tous ceux qui t’aurons vue sur scène ne sont pas près de t’oublier.

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  1. Barbara Weldens | leblogdudoigtdansloeil - juillet 20, 2017

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