Julie Lagarrigue seule en scène : double ration de poésie au théâtre Le Levain de Bègles (33)

14 Nov

 

Vendredi 4 et Samedi 5 octobre, c’est dans l’antre merveilleux d’Attila et Marie-Laure Piroth [ici], qui depuis qu’ils ont ouvert ce lieu de spectacle, dans une ancienne boulangerie de Bègles (33), œuvrent au soutien des artistes, conviant un public curieux de découvertes et amateur de cultures alternatives à venir écouter respirer la musique, assister à des pièces de théâtre ou participer à des ateliers, que Julie Lagarrigue donnait rendez-vous au public girondin pour un récital intimiste des chansons de son album à sortir sous peu:  « Amours sorcières ». C’est toujours dans une ambiance chaleureuse que le Théâtre Le Levain se met en quatre pour faire vivre l’accès à l’art et à la culture, réanimer la vie de quartier, et régaler les amateurs, autant de nourritures émotionnelles et spirituelles que gastronomiques au bar du théâtre. Il est de ces endroits où on se sent heureux d’arriver, confiant de la garantie d’y croiser des retrouvailles, d’y nouer de belle rencontres, et d’en ressortir quelques heures après enrichis moralement, quoi que délesté de quelques larmes et sourires restés hanter les lieux.

Le Levain était donc un lieu tout consacré pour entendre s’emporter, s’enflammer et se transmettre autrement les chansons d’une artiste mue par un gout de la différence, venue interpréter seule sans ses musiciens, mais accompagnée tout de même de quelques instruments, les titres de son album. Julie Lagarrigue nous délecta d’une interprétation dans la sobriété d’un accompagnement mono-instrumental au piano, à l’accordéon où à la guitare -dont une crée par l’artisan luthier Hervé Berardet-, des chansons que nous avions eu le plaisir de découvrir tintantes d’autres chromatismes sonores lors de son concert au Théâtre Artisse à Bordeaux avec Ziad Ben Youssef au oud et Anthony Martin à la guitare [ici]. Le contraste savoure deux accroches de l’oreille différentes, où pourtant s’exprime un même sens de la beauté qui semble instinctif à l’artiste. De la délicatesse en douceur (« Le beau de la forêt »), de l’humour (« Mon mec est un scientifique »), de la gravité aussi pour évoquer le sort dramatique des exilés (« Sombre » extrait du précédent album « Fragile, debout »), et un brin de démence furtivement inquiétante (« Schizofrène ») allaient transpercer et transporter le public du Levain, deux soirées de suite, pour un voyage émouvant à travers les titres d’«Amours Sorcières », mais aussi de quelques extraits des précédents albums (« Léon qui gronde »), et nous dire comme la poésie d’un regard peut se changer sans s’altérer, à épier plusieurs dimensions d’une même réalité en variant les prismes au travers desquels elle nous les dessine, et n’en rester pas moins éloquente et résolue à éveiller nos imaginations, férocement ou tendrement. « La tendresse » allait d’ailleurs résonner d’une reprise bienvenue de la chanson de Noel Roux interprétée par Bourvil qui trouva intuitivement et légitimement sa place au creux du récital pour se laisser fredonner par le public, tant que son écho persistait en tête après le concert.

Julie Lagarrigue qui parallèlement s’attelle à se produire avec le projet « Chanson à 2 accords » porté par son guitariste Anthony Martin et l’artiste Cécile Delacherie [ici] dans le cadre de son association Le Dire Autrement [explication du projet et lien de financement participatif : ici] de chants écrits à l’Hôpital Charles Perrens et chantées par des enfants, des jeunes en situation de handicap, en post cure psychiatrique, des personnes en détention, en insertion, des amateurs, des patients, des soignants, des travailleurs sociaux, et des personnes âgées fragilisées, promènera encore ses chansons au grès de plusieurs dates et annoncera la sortie officielle de l’album « Amours Sorcières » lors d’un concert le 21 février 2020 au Rocher de Palmer à Cenon (Bordeaux).

 

Miren Funke

Photos : Miren

 

Site : http://leveloquipleure.fr/

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