Il arrive qu’on aille au concert avec le sentiment pré établi qu’on va passer un bon moment, la Salle Pleyel étant une garantie de spectacle réussi. Et il arrive qu’on ressorte ébloui par un moment exceptionnel, une heure quarante sans temps faible, un spectacle tout en pleins et déliés, des ballades sensibles, du swing virevoltant, des nuances rock, de la chanson française stricto sensu, avec un quintette de musiciens de haut niveau dans tous les registres, une artiste qui chante et qui danse sans une once d’essoufflement ni de baisse de régime, avec une parfaite maîtrise de son art, plus des lumières à la Rouveyrolis et un son parfait, du gros son, mais jamais assourdissant, et dans une perception impeccable de ce que dit l’artiste .. C’est le départ de l’Organic Tour de Zaz, prévu en 2021 et remis pour les raisons que l’on sait. Nous étions deux, ( plus la salle bien remplie) avec des points de vue parfois différents mais qui se rejoignent sur la qualité d’un spectacle, quels que soient nos goûts, et là, on était d’accord, c’est un des plus beaux concerts de ces dernière années. Tant sur le fond que la forme.
Une observation sur un point qui m’avait échappé, il faut une belle préparation physique pour réaliser ce qui est une performance physique et vocale toute en légèreté et sans qu’on sente l’effort, sans artifices discutables, pour l’image, comme ce rocker français qui buvait un whisky chaud pour entrer en scène en sueur … Au cours du spectacle, quelques chansons et commentaires remettent en perspective ce qui est la philosophie de vie de Zaz, sans emphase, sans affectation, des mots simples et précis, car ce qui se conçoit bien s’énonce clairement , et les mots pour le dire arrivent aisément …
Ensuite toujours dans une objectivité factuelle, on peut dire que la voix a évolué, dans une tessiture plus étendue vers les médiums-graves, sans avoir perdu en puissance et clarté.
Enfin, en subjectivité personnelle, je peux dire que j’ai rarement vu un spectacle aussi réussi, comme Véronique Sanson dans ses meilleurs jours, comme Bernard Lavilliers, ou Thiéfaine, certaines chansons m’ont fait penser à Diane Dufresne …
Au final, la foule réclame un rappel, et surprise, ce ne sera pas le tube multi rabâché mais une chanson moins connue, avec un orchestre à cordes, dix instrumentistes qui seront cités un par un, la plupart du temps on donne le nom du groupe, avec bien sûr les musiciens habituels et toute l’équipe, en tout une trentaine de personnes sans mémorandum ni hésitation … C’est assez rare .
Last but not least, comme disait Shakespeare à Pierre Dac (ou Mark Twain?) Zaz sera la vedette d’une comédie musicale sur Edith Piaf, au vu du spectacle d’hier, dans ses diverses nuance, ça me semble très crédible..
Pour finir, une anecdote :
Yves Jamait avait offert à Zaz, à ses débuts, de la prendre en première partie. Entre temps elle a explosé avec un énorme succès « Je veux ». Devenue plus connue que lui, elle a tenu ses engagements et chanté dans ses concerts, et lorsqu’il lui a proposé cette chanson, elle a de suite dit « OK ». En voilà le résultat: un joli duo, à leur image !
https://www.youtube.com/watch?v=zIyxfQvGih0
et pour finir, cette chanson sensible qu’on peut entendre à plusieurs niveaux
Si jamais j’oublie …
https://www.youtube.com/watch?v=5ZDsCJ4rGD4&list=RDEMNv3k4pq5bQVd1RUwmAnvHA&start_radio=1&rv=zIyxfQvGih0
Norbert Gabriel