Comme les bras armés d’une légion perdue
Ils vont sans espérance et gonflés de mépris
Brûler une chimère qu’ils ne maîtrisent plus,
Et vider la colère qui blesse leur esprit…
Et coulent dans les rues d’autres lunes nouvelles
Au milieu de soldats et des gardiens casqués,
Et j’attends que s’efface une haine éternelle
Et je guette le réveil de la fraternité.
Le poète a raison qui voit plus loin que l’horizon et le futur est son royaume.
Ce préambule à des textes écrits bien avant la fin de 2018 illustre bien tout ce qu’il y a de prophétique dans l’écriture de Serge Utgé-Royo. Tout son chemin de troubadour peut être résumé par ces mots : « Nous avons enregistré ces mots et ces mélodies pendant l’été suffocant de 2018, dans un monde en clameur, fait de de guerres et d’exils, de sourires d’enfants et de rictus de caciques, monarques républicains grossiers et indifférents. Nous les avons – pour certains- presque oubliés pendant ces quelques jours de fraternité et de musique. »
Et c’est probablement ce qui vous arrivera, malgré le brouhaha et la confusion de nos années 2000, oublier, le temps d’une parenthèse de poésie dans cette mémoire collective parfois estompée par le quart d’heure de buzz sans cesse renouvelé. Hier c’étaient des exilés, réfugiés, parqués dans des camps, aujourd’hui, il n’y a même plus de camps, et la mer est le grand tombeau des new boat people migrants.
Un chant s’en vient de la longue mémoire, pousse ma voix dans l’écho du présent…
Je danserai sur vos chemins, amis d’hier et de chaque jour, je poserai tous vos refrains sur la révolte qui dort dans les cours.
Néanmoins,
Les gens de mon pays ont la joie et la peine
Pour faire de la vie un grand hymne au printemps;
Ils cachent bien souvent l’amour et l’amitié
Dans un coffre de peurs avant d’en faire cadeau.
Malgré tout, ils ont l’espoir têtu.
Et j’attends que s’efface une haine éternelle
Et je guette l’éveil de la fraternité.
Vous pouvez trouver tout ça, avec les belles mélodies dans un superbe petit livre de 68 pages, cartonné, fleuri de coquelicots, photos et gravures, pour que la mémoire du vent retienne ces chansons*..
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*Salut à Pierre Barouh.
Norbert Gabriel