Que c’est beau la photographie … chantaient les Frères Jacques… Certes, mais c’est comme tout, le pire peut côtoyer le meilleur. Et parfois… Mais l’heure ne sera pas à la morosité mais à une vision plutôt positive…
Quelques livres,
- Pierre Jamet, Fred Mella, Paul Tourenne (Temps de pause)
- Georges Dudognon (St Germain…)
- Robert Doisneau (La vie d’un photographe) plus le CD, « Le braconnier de l’éphémère)
- Jean-Pierre Leloir (Portraits de la chanson française)
Jean-Pierre Leloir, l’homme qui aimait les artistes
C’est sans doute le plus grand photographe de spectacle de notre génération, essentiellement connu pour ses images dans le monde de la musique, la chanson, le jazz, et la célébrissime photo des trois grands, dont voici une autre version avec l’auteur en action:

Quelques photographes contemporains ont largement illustré dans leurs albums leur amour du genre humain, dans toutes ses variations, Boubat, Denise Colomb, Doisneau, Ronis, par ordre alphabétique. Quelques paparazzi ont largement montré que l’ignominie n’a pas de limite dans la recherche de l’image choc, à n’importe quel prix. Ce qui rappelle une anecdote de Robert Doisneau, au cours d’un voyage dans les Alpes lors de la transhumance, il fait un bout de chemin avec un troupeau, et une voiture folle oublie de freiner, percute le troupeau, et voilà une dizaine de brebis tuées… Quand il raconte ça, on lui demande,
- – Tu as fait des photos ?
- – Non, j’ai consolé le berger...
En visitant des expos diverses, dont des expos de photos, il m’arrive souvent, trop souvent, de penser que j’ai envie de consoler l’artiste qui a servi de modèle, en s’exposant sur scène. Avec en fond sonore une petite voix qui chantonne: Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge.
Doit-on considérer que le fait de s’exposer en scène permet à tous les voleurs d’images de se servir sans se gêner, et de disposer de cette image en propriétaire absolu qui peut se dispenser de l’autorisation du modèle ?
Sans oublier que ce libre-service s’accompagne souvent de désagréments pour le public, avec la noria devant la scène de quelques professionnels de la profession, équipés de téléobjectifs maousses; néanmoins, on se met à 2 mètres du sujet, et malgré les sonos qui tonnent, les clics-clacs du réflex se font bien entendre du public, enfin du public qui écoute vraiment, étant donné la tendance lourde des publics brandissant des smartphones ou des tablettes pour voir dans un écran de 50 ou 100 cm2, ce qui se passe sur la scène de 150 m2… Est-ce bien raisonnable ?
Les temps modernes de la photo numérique mettent à la portée d’amateurs à peine avertis des prises de vue qui demandaient une connaissance technique éprouvée au temps de l’argentique, et avec des films de 36 poses (parfois 72) il fallait réfléchir avant de cliquer. Qu’est-ce je veux montrer ? Comment je vais le montrer ? Comment ce sera perçu ? Et privilégier la perfection technique ou l’émotion?
Parfois l’excellence de la définition permet de montrer le moindre bouton sur la peau… C’est de la photo de dissection, et c’est que voulaient éviter les portraitistes des années 40, avec leurs plaques-négatifs en 30×40 parfois (Centimètres) ils mettaient un tulle pour adoucir la crudité du cliché, et garder un peu de magie dans l’image. Mais ceci est une autre histoire de temps révolus.
Une photo d’Allain Leprest, prise quelques temps avant sa mort m’a profondément choqué, ceux qui ne connaissent pas Leprest vont y voir le visage d’une sorte de zombie terrifiant, limite vampire pervers cruel, et cette image ne correspond à aucune des chansons de Leprest, à la rigueur « Je hais les gosses » prise au premier degré… Techniquement la photo est bonne, pour figurer dans un album de freaks, mais pour faire aimer Leprest, c’est le contre emploi total.
Jean-Pierre Leloir, Robert Doisneau, Georges Dudognon, Willy Ronis ont aimé les artistes qu’ils ont photographiés, même avec une photo-vérité, il émanait une tendresse dans leur approche de l’image. Le paparazzi se fiche de ces considérations, seule compte sa chasse à l’image, comme un sniper sans état d’âme, pourvu que l’image soit dans la boîte, il shoote . Et se shoote avec ses images-choc. Et avec les réseaux dits sociaux, les dommages sont plus fréquents que les hommages. C’est sans doute une idée obsolète de respecter le droit à l’image, et les accords amiables d’un(e) artiste qui a demandé « pas de photos » et qui doit le répéter pendant son spectacle aux trublions qui n’ont même pas la discrétion d’être invisibles. C’est juste une question de respect.
Puisque que Leloir est le sujet de départ, quelques images d’artistes qu’il aimait, et comment il les montrait.

Extraits du livre « Portraits de la chanson française » (2012)
Et enfin, un portrait biographique par Fred Hidalgo.
Norbert (Nicéphore) Gabriel
Last but not least, il y a quelques années, Eric Barbara photographe jazz a exposé une superbe série d’images mettant en beauté Elisabeth Caumont et Manu DiBango lors d’une cérémonie Victoires du jazz, il avait écrit en dédicace pour l’exposition: » Elisabeth et Manu, mon seul talent c’est vous. » Quand il m’arrive de montrer une photo de spectacle un peu réussie, j’ai toujours cette dédicace en tête.
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