Tag Archives: Nilda Fernandez

Nilda Fernández et Lorca

19 Mai
C’était il y a un peu plus de  deux ans , au Cirque Romanès…

.

Je suis un souvenir qui marche

Et j’ai l’âme tatouée d’un chemin destiné à n’arriver jamais.

Ces vers tirés d’un poème de Federico Garcia Lorca illustrent bien ce qui anime Nilda Fernández, un voyage sans fin dans les mondes humains et dans leurs histoires intimes, celles qui ne sont pas en vitrine, mais plutôt à l’intérieur quand on a poussé la porte d’entrée.

Aujourd’hui c’est plus la peine /De garder les yeux grands ouverts
Il vaut mieux que tu apprennes
A regarder sous tes paupières
..*

Sous la paix des étoiles
La terre n’est à personne
Je retourne au silence
Je reprends le chemin
Pour dire la ressemblance
De tous les êtres humains.*

Au cours de cette soirée dans le cirque Romanès, la première partie nous a emmenés avec ses propres chansons vers l’univers de Lorca, dont on va voir qu’il est présent en filigrane sans doute depuis Madrid Madrid..

La seconde partie est entièrement Lorca, dans une mise en scène qui fait revivre les ombres et les lumières du poète foudroyé, assassiné et entré dans l’éternité des baladins aux soleils flamboyants.

C’est l’Andalousie un peu sauvage de Séville et l’Andalousie sensuelle et mystérieuse de Grenade, un tableau bigarré de l’Espagne multiple, la Castillane sévère, l’Andalouse extravertie, ou la tolérante tolédane d’avant Isabelle la Catholique… Chacun peut y réinventer son Espagne, même si on ne comprend pas les mots, on en perçoit le sens … Grâce aux musiques composées par Nilda Fernández…  Et Federico Garcia Lorca renait comme un phénix dans toute sa splendeur.

Un spectacle de Nilda Fernández, c’est toujours une fête une folie joueuse et joyeuse, un chant majeur qui défie les fusils… Quelque chose comme

Un chant éternel venu du fond des âges,
Des baladins nomades  des tziganes
Des métèques flamboyants de soleils égyptiens
Des oiseaux de passage au regard étoilé
C’est la vie qui danse et renaît chaque matin. **

Photos N Gabriel 2018

Je suis de ces oiseaux migrateurs
Jongleurs musiciens saltimbanques
Qui inventent des musiques métissées de toutes les douleurs
Des chants de cœur battant
De cicatrices ouvertes
De ritournelles dansantes  bulles légères de champagne
Eclats de rêves et de vie   étincelles de bonheur
d’instants éparpillés gaiement le long du parcours… **

Il y avait les enfants de Délia et Alexandre Romanès, les musiciens, le guitariste andalou Dani Barba Moreno et l’argentin Andrés Izurieta (guitare, charango) et même un chat de passage…

En conclusion, et en salut, quelques mots en harmonie avec l’art de Nilda Fernández,

Une chanson, c’est populaire. Il faut toucher l’émotion pure et on ne l’atteint jamais par la force ni la démonstration, mais par l’abandon de soi, la confiance, l’approfondissement, en se laissant envahir, en cherchant à l’intérieur. (Jacques Higelin)

Norbert Gabriel

* Extraits Innu nikamu, et On t’a appris
**  Extraits Chanson métèque  Gilles Julian

La boutique de Nilda, c’est là –>

 

Et pour quelques images de plus,

 

Nilda hommages à Bobino

24 Juin

Photo©NGabriel2010

Pour mémoire, compilation d’une  partie des hommages collectés par divers « amis de Nilda Fernandez »  dans le groupe FB du  même nom le samedi 15 Juin à Bobino.  Merci aux différents contributeurs

Rien n’est plus vivant qu’un souvenir (Lorca) … C’est peut-être vrai, certains souvenirs sont des cicatrices qui ne se ferment jamais. Elles saignent toujours un peu, rouge flamenco, rouge cerise, rouge coquelicot … C’est la vie qui continue envers et contre tout, même contre la mort qui ne peut rien contre la flamme fragile et tenace de nos sentiments mélangés.

 

Hommages des absents   et  Nikos Aliagas  ‘(Ces deux vidéos ne sont plus accessibles)

 

https://www.facebook.com/sandra.natchitz/videos/2591016657607814/

Gracias a la vida Patrizia Poli

https://www.facebook.com/franck.farmer/videos/10219607741852654/

Daniel Barba Moreno

https://www.facebook.com/josette.charaixtraore/videos/10217989361758150/

Nina Morato

https://www.facebook.com/sandra.natchitz/videos/2591015434274603/

William Baldé

https://www.facebook.com/vero.grenouiller/videos/2362028300507366/

Rose Romanès

https://www.facebook.com/josette.charaixtraore/videos/10217982930317368/

chanson finale

https://www.facebook.com/isabelle.genart.10/videos/685514511872825/

Chanson finale  Isabelle Genart

 

Adieu
Je m’effacerai
À la croisée des chemins
Pour prendre celui
De mon âme
Réveillant souvenirs
J’arriverai au petit verger
De ma chanson blanche
Et je me mettrai à trembler comme
L’étoile du matin.

Federico Garcia-Lorca

C’était beau cet hommage à Nilda Fernandez a Bobino, délicat de la part de sa famille d’y inviter son public. Je m’attendais à des reprises de ses chansons. Et non: ce sont ses ami(e)s qui sont venus lui parler, nous parler de lui aussi. C’était profond et léger, comme lui. On connaît encore mieux un être humain une fois qu’on connaît ses amis. merci !  ( Nathalie Lillo )

Les noms des contributeurs sont dans les vidéos, merci à Danièle Sala pour le poème de Lorca.

 

NGabriel

Chanson métèque …

17 Juin

Au lendemain de la merveilleuse soirée de Lili Cros et Thierry Chazelle à l’Olympia, tombe l’annonce: Nilda Fernandez est mort.  C’est comme un oxymore auquel on ne croit pas…
Et cette image à la fin du spectacle m’a semblé un symbole fort de cette journée…

Photo©NGabriel

Cette chanson métèque était inspirée par un  chat d’Alexandrie, depuis il est  parti en voyage, il paraît que les chats ont 7 vies, et en Egypte, le chat est un dieu… Mais peut-être qu’en Andalousie ou à Barcelone, il y a d’autres chats aux  mille vies..  Eternels…  Dans nos coeurs.

Je suis un  souvenir qui marche

Voyageur qui cherche  les pays imaginaires par delà l’horizon

J’ai l’âme tatouée d’un chemin destiné à n’arriver jamais

Je suis de ces oiseaux migrateurs

Jongleurs musiciens saltimbanques

Qui effacent les frontières au gré du vent

Guetteurs d’arc-en-ciel et de chemins d’étoiles

Ils inventent des musiques métissées de toutes les douleurs

Des chants de cœur battant

De cicatrices ouvertes

Et de ritournelles dansantes  bulles légères de champagne

Eclats de rêves et de vie   étincelles de bonheur

d’instants éparpillés gaiement le long du parcours

L’important,  manouche gitan ou bohémien

Touareg ou bédouin, zingaro, romani

Ce n’est pas le bout de la route,

C’est la route

Je suis un souvenir qui marche

porté par l’écho des notes d’une guitare

 

Ce chemin de nuage que le vent effiloche

     Ce violon qui raconte dix mille ans de voyage

               Cette guitare blues fragile au bord du grand fleuve

                                      Ou rouge flamenco dans les rues de Séville

 

                                      Ce chant éternel venu du fond des âges

                                                  Des baladins nomades  des tziganes

                                                              Des métèques flamboyants de soleils égyptiens

                                                                         Des oiseaux de passage au regard étoilé

 

C’est la vie qui danse et renaît chaque matin

 

Et pourtant dans le monde, d’autres voix nous répondent...
Salut les amis.

Photos©NGabriel

Norbert Gabriel

 Patchwork de traces  multiples, Garcia-Lorca, Elan Noir, Django Reinhardt, Nina Simone, Nazim Hikmet, Jean Ferrat, Aragon et Ferré, Moustaki.

 

Adieu
Je m’effacerai
À la croisée des chemins
Pour prendre celui
De mon âme
Réveillant souvenirs
J’arriverai au petit verger
De ma chanson blanche
Et je me mettrai à trembler comme
L’étoile du matin.

Federico Garcia-Lorca
(transmis par Danièle Sala)

Nilda chante Lorca…

28 Fév

 

Et c’est dans le très attachant cirque Romanès qu’on aura le bonheur de découvrir ce spectacle le 7 Avril.

Sur scène :  le son flamenco de  deux jeunes guitaristes virtuoses, des échanges avec les spectateurs autour de citations distribuées avant le concert.
Quinze poèmes  merveilleusement mis en musique par Nilda Fernández.

Quand il y a des bonnes nouvelles il ne faut se priver de les partager le plus largement possible…  Nilda Fernández a rejoint l’équipe d’activistes chanson Tacet, et  on peut réserver dans les bons guichets habituels, et n’attendez pas trop, ce sera vite plein..

Ici par exemple,  clic sur la roulotte–>

 

 

 

Norbert Gabriel

Lettre ouverte à un chanteur égaré

12 Oct

Cette lettre d’actualité publiée le  9 octobre 2017 par Nilda Fernandez pose aussi la question de l’engagement en chanson, à vous de voir…

 

Cher Lluis Llach, ex-collègue et actuel chasseur de vautours,

Je réagis à ton tweet qui qualifie de « vautours » ceux qui ont défilé dimanche à Barcelone pour dire leur attachement à l’Espagne. Il étaient près d’un million de gens normaux, beaucoup moins aisés que toi, moins « éduqués » peut-être, mais qui s’exprimaient pour la première fois. Parmi eux, bien sûr, des nostalgiques du vieux régime fasciste que ta famille a ardemment soutenu, mais pas seulement. Quoi qu’il en soit, Lluis, les artistes populaires que nous sommes ne peuvent pas être si dédaigneux envers leurs semblables. Même quand ceux-ci ne font partie de leur « clientèle ». Et je sais de quelle manière tu soignes la tienne. Je me souviens que tu n’as pas voulu chanter en français quand nous avions mêlé nos répertoires au festival des Francofolies. Tu m’as dit : Je ne pourrai pas. Ceux qui me suivent ne le comprendraient pas. Je chanterai mes chansons, je traduirai un refrain ou une strophe des tiennes en catalan, mais pas plus.  J’avais trouvé ça grotesque, même grossier, puisque j’allais chanter avec toi … et en catalan. Sans parler de cette façon si stupide de défendre une langue.

Le concert fut un triomphe. Les gens applaudissaient, trépignaient, pleuraient d’émotion face à deux artistes se partageant la scène. À la fin, dans un mouvement d’enthousiasme et de reconnaissance, je t’ai saisi le bras et nous avons chanté une « Vie en Rose » d’Edith Piaf improvisée. Cela ne t’a pas plu. Dans les coulisses,  quand le directeur de l’Olympia est venu me dire: C’est l’un des plus beaux concerts de ma vie. L’Olympia est pour vous quand vous le voudrez ,  tu es resté enfermé dans ta loge, amer, sombre, dépourvu de générosité.

Lluis, nous sommes deux artistes populaires, admiratifs l’un de l’autre, tous deux nés en Catalogne, mais de lignées très différentes, presque opposées. Moi, petit-fils de prolétaires andalous émigrés à Barcelone, fils d’émigrants, espagnols et protestants, vers la France. Toi, fils et petit-fils d’une petite bourgeoisie rurale de tradition réactionnaire. Moi, enfant, donnant des coups au directeur d’école, tandis qu’on chantait le Cara al Sol phalangiste. Toi, adolescent, affilié aux groupes de la «catholicité» franquiste. Moi, artiste d’une «Chanson française» tétée depuis l’enfance. Toi, enveloppé dans «La Nova Canço» catalane, que soutenait la maffia bancaire, corrompue et opusdéiste.

Aujourd’hui je t’écris depuis Sants, le quartier ouvrier de mon enfance. Tu es devenu millionnaire et député. Moi, entre Barcelone Paris et Moscou, je continue d’être d’où je suis. Je sors dans la rue, dans les manifestations, bavardant avec tous, lisant la presse de tous bords, découvrant les ruses de ceux qui, de Barcelone à Madrid – en passant par n’importe quelle partie du monde – n’aiment pas leur pays ni ses gens, mais les entraînent derrière leur propre ambition et leurs intérêts déguisés en partis politiques.

Tu nommes « vautours » ceux qui s’abritent sous un autre drapeau que le tien. Malheureusement, Lluis, tous les drapeaux sont sales et personne ne nous protège. Alors, dis ce qu’il en est, s’il te plaît. Va dans la rue. Persuade nos concitoyens de ne pas former des troupeaux menés par des loups. A défaut de le faire, tu seras anéanti par la misanthropie, le mensonge et le ressentiment.

Nilda Fernandez

Le 24 Octobre

Nilda Fernandez persiste et signe

Deux mafias règlent leurs comptes

Quelle triste peine de constater qu’en ce début de XXIe siècle si mal engagé mais si bien informé, il se trouve encore des personnes pour ne pas accepter de voir que la situation désastreuse en Espagne est le fait de deux bandes rivales, deux féodalités attardées : l’une incarnée par Mariano Rajoy, parrain d’un parti corrompu basé à Madrid, et l’autre par Carles Puigdemont, politicard basé à Barcelone ! Grâce au thème de l’indépendance, voulue ou combattue, d’un territoire catalan habité à 60% par des « non-autochtones » (c’est-à-dire les descendants de l’émigration intérieure andalouse, galicienne, castillane…), les turpitudes, les magouilles, des uns et des autres sont reléguées au dernier banc.
Pourquoi donc s’aveugler, s’habiller de naïveté, au point de vouloir s’interposer entre un govern catalan héritier d’un Jordi Pujol corrompu qui a soutenu (contre rémunération, bien sûr) tous les représentants successifs de l’Etat espagnol (Suarez, Gonzalez, Aznar, Zapatero…) et un gobierno espagnol tout autant corrompu, héritier d’un franquisme new look, qui s’est largement servi de la Catalogne pour maintenir la cohésion du pays ?
Sous peine d’en être les complices et les dindons,  de corrompre notre jugement, qu’on les laisse donc continuer la farce et régler leurs comptes, mais qu’on ne blanchisse pas l’un au détriment de l’autre. Tous deux sentent mauvais, tous deux ne servent que leurs intérêts contre leurs peuples auxquels ils doivent tout. Ils sont à combattre également.
Je n’aime pas les nations, fruits de nos guerres et nos xénophobies. J’aime les langues et les habitudes, la culture de ceux qui les parlent. Mais celles-ci n’ont jamais dessiné des frontières qui ont toujours servi à asseoir les pouvoirs, les dominations, et à nous diviser.

Nilda Fernandez

Nilda Fernandez, Contes de mes 1001 vies…

21 Fév

Mexico, Miami, Bogota, Santiago, Buenos-contes-couvAires, Tel-Aviv, Venise, New-York, La Havane, le Québec… Ceci n’est pas un catalogue de destinations touristiques, juste quelques balises qui jalonnent les 1001 vies de Nilda Fernandez .  Du désert glacé d’Achkhabad au Turkménistan, à l’été étouffant de Barcelone au mois d’Août, d’une base ultra-secrète de sous-marins en Russie, à un spectacle de cirque à Cuba, une tournée en France en roulotte,  l’enfer au cœur de Bogota, on peut se retrouver du quartier latin à Paris, à Bastia, d’une page à l’autre, juste avant les raideurs granitiques du Cap Corse  … Une barque, un marin, une fille, le décor est planté, et la journée se termine avec Gaïa, une nuit de nouvelle lune, où l’on peut voir dit-elle l’âme des nouveaux-nés qui viennent à notre monde .

Qu’importe le lieu où il atterrit, un abri de fortune, un appartement vétuste, ou un hôtel de luxe, dès qu’il y a des amis retrouvés, des musiciens et des lieux pour chanter, un verre de vin ou de vodka, et des filles pour embellir ses nuits du bout du monde, c’est la fête !

C’est un plaisir toujours renouvelé de suivre ce chanteur nomade, libre, sans frontières, mais il ne fait pas que passer, ce ne sont pas voyages pour faire une carrière internationale, mais pour une impérieuse envie de découvrir,  prendre le temps de vivre, de comprendre, de connaître, il prend racines partout où il passe, restant parfois jusqu’à cinq ans , en Russie et dans les ex républiques soviétiques par exemple, où il est devenu une star, après son duo avec Boris Moiseev, rompant pour cela un contrat avec un label international !

Sans contraintes, il n’en fait qu’à sa tête, il n’en fait qu’à son cœur . Envie de prendre le large ? Le voilà parti, seul, vivant en ermite, pêchant sa nourriture, dormant à la belle étoile, pour atteindre Le Havre Saint-Pierre, longer La Baie des Sept îles … Au Québec. Toujours à la recherche de nouvelles aventures humaines, où il puise son inspiration .

En filigrane de  ce télescopage de mondes où l’on fait de multiples rencontres, Nilda nous confie ses souvenirs d’enfance, de jeunesse, il nous dit qui il est et d’où il vient, avec pudeur, sincérité , bien loin des artifices de la vie d’artiste, il  nous présente ses parents Emilia et José, Le mariage de nos parents, les photos en témoignent, était d’une grande tristesse, lugubre pour tout dire, puisque Emilia l’avait décidé contre l’avis de ses tuteurs et que ceux ci la punissait en n’y assistant pas au-delà de la cérémonie dans la petite chapelle protestante de l’avenue Paralelo .

On suit la famille au 109 de la rue Juegos-Florales, où la vie est dure, et le petit Daniel  veut aider son père à l’atelier de sculpture où il travaille 12 heures par jour . Une fois couché, comme tous les enfants du monde, j’essaie de retenir ma mère par des questions sans importance où j’espère trouver la force de réclamer notre père pour un ultime baiser .

Ce père qui les quitte pour aller tenter sa chance à Lyon, et préparer la venue de la famille, puis les retrouvailles , l’installation à Villeurbanne, dans La Barraca, quatre murs et deux pièces sans eau courante, un WC en planches dans la cour , ces quatre murs ont cependant  des allures de palais aux yeux d’Emilia et José, privés d’un toit à eux depuis toujours .

On retrouve Daniel à l’école, amoureux d’une maîtresse Blonde, toute blonde, comme dans les rêves… Pour elle, je pourrais me transformer en chevalier, avec la même adoration que m’inspire le visage de Véronique Lake …

Quelques chapitres plus loin , quand la Telefunken entre dans la maison, on assiste à un événement d’importance : Ce soir, notre père s’est mis en tête de suivre les adieux à la scène d’un chanteur français … Le dernier concert de monsieur Jacques Brel à l’Olympia . . . Pour dire l’accouchement, la langue espagnole parle de dar a luz «  donner la lumière » . Et le passage auquel je viens d’assister me trouble comme un retour à ma propre naissance. J’en ai des frissons et j’émets le vœu secret de connaître ça un jour .

Il revient souvent à ce père obligé de mendier des hausses de salaire à un patron qui faisait la sourde oreille . Une humiliation qui le mettait de mauvaise humeur et provoquait des querelles avec sa femme qui n’arrivait pas à joindre les deux bouts . D’où un nouveau travail, un déménagement pour le Sud Ouest , suivi de nouvelles désillusions .

Nilda est très attaché à ses parents, qui ont fui l’Espagne de Franco, ont travaillé dur, sont restés solidaires dans toutes les épreuves, unis pour élever leurs enfants de leur mieux . Quand il s’en va avec sa sœur pour une année de vagabondag , il  écrit tous les jours à sa mère malade, convaincu que ses lettres la maintiendraient en vie .

Et le chapitre Glacé est sans doute le plus poignant de ces contes, quand Nilda reste auprès de son père mourant, jusqu’à la fin, l’entourant de mille soins dérisoires : Chers enfants de moi, chers enfants de mes deux sœurs et de mon frère . Depuis quelques heures s’est arrêté de battre le cœur d’un homme juste qui ne laisse pour héritage aucun bien matériel, aucune maison, aucun magot enfermé dans le coffre d’aucune banque. Le seul trésor qu’il nous lègue, je l’ai murmuré à son oreille en lui rappelant mes huit ans, lorsque, tenu en éveil par des angoisses, j’allais frapper à la porte de sa chambre et qu’il se réveillait sans se plaindre, après dix heures d’établi, pour me conduire vers la cuisine, m’asseoir sur ses genoux et me consoler .

J’ai lu ce livre d’un trait, passionnément, car aussi vrai que Nilda Fernandez est chanteur, Nilda Fernandez est écrivain, et on en redemande ! Mais Non finito : Rien n’est plus vivant qu’un souvenir  dit Federico Garcia Lorca … J’ai écrit ce livre et j’en écrirai d’autres …

A suivre donc  .

PS : En conclusion, cette phrase ,  qui résume bien Nilda  Fernandez, à travers ses contes des 1001 vies , en réponse à

« JustMusic.fr : Quelles sont les choses dont tu es le plus fier dans ton parcours ?

Nilda Fernández : Je crois que c’est d’avoir suivi mon intuition, qui n’a pas été de faire une carrière construite mais d’avoir la connaissance des choses. Je me suis beaucoup posé la question de savoir ce qu’était de vivre. Je crois l’avoir résolu il y a déjà quelques temps, et vivre c’est connaître. Se connaître et connaître l’autre, l’être humain. »

 

Danièle Sala

Pour suivre les routes de Nilda, c’est là: ze-store

Nilda en Auvergne

6 Fév

photos-nilda-fernandez-riom

Le Rexy est plein à craquer, complet, les riomois sont venus au rendez-vous, un public de connaisseurs qui n’est pas venu par hasard. Quand les lumières s’éteignent, le silence se fait, on entend des pas feutrés sur la scène, et il apparaît sous les applaudissements . Svelte, cheveux longs qui ont blanchi avec le temps, tout de noir vêtu, écharpe rouge , il a troqué le sempiternel pantalon pattes d’éléphant contre un jean fendu au genou droit, il a la dégaine d’un éternel adolescent !

Et c’est un bonsoir en toute simplicité, suivi d’un long préambule qui fait suite à l’annonce d’unesoirée cinéma Esto es to que hay, en présence de la réalisatrice Léa Rinaldi . Il explique comment le groupe Los Aldeanos , groupe contestataire de Cuba s’est fait récupérer par les anti-castristes, alors qu’ils ne veulent pas nourrir la polémique. Il s’excuse d’être long sur le sujet : Ne vous inquiétez pas, je vais chanter !

photos-nilda-fernandez-riomnbEt il attaque seul, en guitare voix, avec On t’a appris :

On t’a appris à te taire

Au milieu d’une forêt de gens

Qui portent des muselières

Que portaient leurs parents .

Après plusieurs chansons d’un registre intimiste, romantique à la poésie mélancolique, il est rejoint par sa nouvelle équipe de jeunes musiciens, Ze Gang, et les guitares s’allument, la batterie s’affole, l’accordéon s’époumone, entre vague à l’âme et rock’n’roll . En effet, ses nouvelles chansons sont plutôt folk-rock, ou carrément rock, et il enchaîne, mêlant les chansons plus anciennes aux nouvelles, faisant naître les clameurs du public quand il entonne Madrid Madrid ou Nos Fiançailles .

Quelques messages engagés se glissent dans ses chansons, sans être moralistes, la pollution, les manipulations, la condition féminine. Tendre troubadour ou écorché vif, il est toujours authentique, généreux. Chanteur voyageur qui a pris racine et inspiration partout où il est passé, du Québec à New-York, de l’Afrique en Russie, de la Havane à Santiago, Entre Lyon et Barcelone, ou à Venise où il nous invite:

Faut que je t’invite à Venise avant que l’eau l’ait noyée

Tu peux laisser tes valises, on fera tout dans la journée

Je voudrais pas qu’un long séjour nous épuise

Faut que je t’invite à Venise avant que l’eau l’ait noyée

Avant que l’eau des banquises vienne couvrir le monde entier

On ira sur les jetées qui s’enlisent …

 

Il balaye les frontières, toujours ouvert à de nouvelles aventures musicales et humaines. Nilda Fernandez chante en français, en espagnol, sa langue maternelle, ou en anglais, il porte son chant nomade sur tous les chemins, préférant les salles à dimensions humaines aux violents projecteurs .

Après deux heures de chansons, et plusieurs rappels, c’est avec La Gitana , que le public enthousiaste chante avec lui, mucho, mucho, mucho mas , qu’il nous quitte … Nous le retrouverons un moment plus tard, au bar, assailli de bises féminines . Pour conclure, je laisse la parole à Nilda qui a enchanté et réveillé le public auvergnat ce vendredi soir :

L’artiste n’est pas là pour faire rêver mais pour réveiller .

Parce que rêver, c’est dormir.

Et pour quelques images de plus…  Merci à André Hébrard.

montage-hebrard-05-02-2017-08-08-37-3398x5087

Et pour les dates, oeuvres et toutes ces choses,

on va ici  —->ze-store

Danièle Sala

Nilda Fernandez & The Gang

20 Jan
 Photo©NGabriel2010

Photo©NGabriel2010

C’est pas parce que je suis dans mon année Saravah, celle où on a envie de ne rien faire, (et on va le faire!) qu’on oublie ce qui se passe dans le monde… Ordonques… Oyez peuples francophones, dans quelques jours, les « Contes de mes 1001 vies » de Nilda Fernandez seront en vente libre, ce qui vous permettra de faire une mise en préparation pour ses spectacles à venir… Et pour les heureux habitants de l’Île de France, rendez-vous au Divan du Monde en mars..

Les détails ici, et c’est tout pour aujourd’hui.

A l’occasion de la publication des « Contes de mes 1001 vies », Nilda Fernández sera au Divan du Monde avec « Bootlegger » à 20h30.

nilda-affiche

Livre dispo le 1 er février.. (L’Archipel)

Dates et tout tout tout sur Nilda, nilda-fernandez-nb-part-13-04-2010-19-33-31-853x636

c’est là , toca la guitarra… ——— —–>

Norbert Gabriel

Nunca más, Nilda et Patrick…

25 Mai

nunca mas image

La petite chatouille du jour, pour taquiner un peu… Depuis quelques mois, Patrick Bruel a eu droit à une belle avalanche d’épithètes plus ou moins malsonnantes, et plutôt plus que moins…

On a entendu pas mal de vilénies, des avis définitifs de la part des experts de la bonne chanson, dont beaucoup avaient fait leur religion avant d’avoir entendu quoi que ce soit…

On a même entendu un bon mot : « On ne chante pas Barbara avec une voix de déménageur »…

C’est peut-être pour ça que Nilda Fernandez et Patrick Bruel ont repris en 2016 ce duo enregistré en 1999…

Et leurs deux voix vont très bien ensemble… Et puis, on ne peut pas soupçonner Nilda Fernandez de chercher le buzz, à moins que ce ne soit Patrick qui ait cherché un partenaire prestigieux pour le soutenir ?

A vous de voir et d’écouter…

Nunca más, plus jamais…  Si c’était possible…  Je parle autant du thème de la chanson que du sectarisme dans la chanson en général.

 

Norbert Gabriel

%d blogueurs aiment cette page :