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Henri Crolla et la chanson…

6 Mar

 

Dans les années d’après guerre Henri Crolla est un des jeunes musiciens qui apportent  un souffle neuf ( voir ICI ) dans le jazz français. Et pourtant, une rencontre l’embarque dans une épopée chanson qui durera plus de 10 ans. Jacques Prévert a dans ses carnets « La chanson des cireurs de souliers » et il a envie de la proposer à Yves Montand…  Montand qui se reconstruit après sa séparation d’avec Edith Piaf. C’est à la fois un entourage et un répertoire qu’il doit revoir. Bob Castella, une pointure du piano jazz est son premier compagnon de route, il le sera toute sa vie, d’une fidélité sans faille. Mais à ce moment, il est simplement le chef d’orchestre pressenti. Prévert demande à Crolla de faire la musique pour «  La chanson des cireurs de souliers » un de ses textes particulièrement difficile, c’est un petit film, avec plusieurs scènes et Crolla mettra 8 mois à finaliser la musique. Les voici chez Montand, Castella au piano, Montand essaie et est enthousiasmé par le résultat, la chanson est adoptée. Mais … mais quand il demande leur avis à Prévert et Crolla, Crolla dit: « c’est bien, mais vous n’êtes pas toujours en mesure, et parfois pas très juste… » Quand on découvre cette chanson la première fois, la plupart des chanteurs risquent bien d’avoir les mêmes problèmes, c’est acrobatique ! La réflexion jette un froid, on se quitte là-dessus, mais Montand est intrigué par ce petit italien qui n’a pas la langue courtisane et il le rappelle le lendemain. C’est le début d’une amitié presqu’amoureuse entre ces deux ritals nés dans des familles pauvres, qui ne sont pas allés à l’école très longtemps, et Montand avec son complexe de prolo sans grande culture, trouve en Crolla le passeur qui l’emmène chez les « intellos » comme Prévert et sa bande, car pour Rico/Riton, ces gens sont une autre famille, il n’a pas de complexe particulier, il sait d’où il vient, il sait qui ils sont, mais ils se sont adoptés. Et ils s’aiment. Sans réserve et pour la vie.

 

Montand venait de passer ses deux premières années de jeune vedette avec  des orchestres  importants.  Changement de style, on peut noter la sobriété et la délicatesse du duo piano guitare dans plus de la moitié de la chanson, ce qui marque un total changement avec les précédents accompagnements des big-bands , là c’est de la dentelle finement travaillée, et c’est avec ce groupe resserré de 5 musiciens que Montand réinvente le music-hall, la formule quintette piano-guitare-accordéon-batterie-contrebasse va devenir un standard dans les tournées. Il faut noter aussi que Montand a proposé à Prévert de modifier la fin, en éludant les 8 derniers vers* qui terminaient sur une note triste. C’est la version Montand qui est devenue la chanson déposée à la Sacem, et de ce fait, on ne sait pas comment Crolla avait terminé la musique … Comme dans « Les feuilles mortes » Montand a souvent proposé aux auteurs des modifications, pas du texte, mais l’ordre des strophes, ou mettre en intro des vers situés plus loin dans le texte. Et il avait le plus souvent raison.

Photo DR.

Henri Crolla a composé 15 chansons du répertoire Montand, en 10 ans de compagnonnage musical, dont Sanguine, autre exercice de style délicat, que Montand a toujours gardé dans ses tours de chant.

Ensuite, au gré des rencontres avec d’autres auteurs une vingtaine de chansons, pour Mouloudji, Marcel Amont, Isabelle Aubret, et Edith Piaf, avec Cri du cœur, enregistré dans des conditions difficiles. En 1960, Piaf est malade, à l’hôpital, quelques jours avant Simone Signoret l’a appelée et elle lui signale Cri du cœur dont Crolla a fait la musique. Piaf ne voulait plus chanter Prévert, car « ses chansons sont plus fortes que la chanteuse. » Néanmoins, Simone est de bon conseil, Crolla est un copain, un vrai copain, elle a souvent passé des soirées au restaurant ou chez elle, avec Colette et Henri, uniquement eux, et on convient d’une date pour enregistrer. Chacun sait que la vie est courte et dans leur cas, l’échéance est proche, 6 mois pour Crolla. Le 20 Mai 1960 Edith arrive au studio place de Clichy en ambulance, elle commence avec ses musiciens, ça ne va pas, et c’est en voix-guitare, celle de Crolla qu’elle enregistre, un cas unique dans son histoire musicale ..

 

Dans son rapport à la chanson, Henri Crolla avait tenté  un essai avec Mouloudji pendant la guerre,  dans les cabarets en duo, mais le temps ne se prêtait pas à la délicatesse de « Papillon de Norvège »,  il y a eu aussi le duo improvisé avec Yves Robert, la première interprétation radio des « Enfants qui s’aiment »; le film vient de sortir, et pour une émission de radio en direct on attend Fabien Loris (qui chante dans le film) mais il est introuvable, et Yves Robert embarque Crolla et  sa guitare, pour cette interprétation en direct… C’était en 1946.

1954, Montand fait une pause cinéma, Crolla retourne au jazz, enregistre, et dans le couloir du studio voisin, il entend une jeune chanteuse qui grave son premier album, il s’arrête, écoute, et propose de faire la deuxième guitare… Nicole Louvier aura donc sur ses premières chansons la guitare du « prince des accompagnateurs » (selon Philippe Meyer).  Comme un ange qui passe dira-t-elle …

Il y a d’autres histoires, terminons sur une note tendre, en 1958, Crolla a mis en musique un texte de Simonin Monsieur P’tit Louis, pour Edith Piaf, et comme chaque fois qu’il compose, il fait écouter à tout son entourage pour vérifier que ce n’est une sorte de plagiat involontaire… Et Colette Chevrot** lui fait remarquer: « votre musique ressemble à celle de Georges Moustaki » lequel n’est pas très connu à l’époque, il vit dans un modeste hôtel et en rentrant d’une petite tournée, l’hôtelier qui fait office de secrétaire téléphonique lui signale qu’un certain Crolla a appelé plusieurs fois, et justement, le téléphone sonne, c’est Crolla, « je viens vous voir c’est important » Il arrive, explique, on compare les musiques, il y a bien quelques notes mais pas de quoi crier au plagiat, dit Moustaki. Crolla insiste pour partager les droits. Moustaki était un admirateur de Crolla et sa guitare depuis les années 51/52, depuis Actualités, l’après midi tire à sa fin, ils sont bien, et pour prolonger, Crolla invite Moustaki à le suivre chez une amie chanteuse, Edith Piaf, pour remettre la fameuse chanson… La suite, vous devez savoir.

Dernier détail assez drôle, Moustaki m’avait demandé d’où venait ma passion Crolla, c’était par Actualités et le son de cette guitare, qui pendant des années m’a fasciné, au point d’effacer mentalement la voix de Montand pour n’écouter que la guitare.. Et là, Jo me dit: « Je faisais la même chose à Alexandrie.. » Un petit truc qui crée un lien particulier, presque secret ..

 

En 1959, il croise un jeune comédien, l’incite à s’orienter vers la chanson, et lui donne quelques cours de guitare. Grâce auxquels quelques années plus tard, Moustaki l’entend et  » mais tu joues comme Crolla »  et Higelin devint le guitariste de Moustaki en 62/63.

Henri Crolla a toujours été un passeur, un homme de rencontres, de partages, et 60 ans après sa mort la magie Crolla agit encore.

 

* La fin de la chanson des cireurs de souliers,
Mais la chanson du Noir

L’homme blanc n’y entend rien
Et tout ce qu’il entend
C’est le bruit dans sa main
La misérable bruit d’une pièce de monnaie
Qui saute sans rien dire
Qui saute sans briller
Tristement sur un pied

 

** Colette Chevrot, une chanteuse de caractère de la famille Canetti, le caractère , c’est pour les chansons, et aussi pour la guitare qu’elle a fracassée sur la tête d’un lourdaud qui avait dépassé les limites de l’acceptable dans ses réflexions dipsomanes…

 

 

 

Norbert Gabriel

 

Les précédents chapitres :

Henri Crolla 26 Février 1920
L’enfance de l’art de Crolla
Henri Crolla, et l’air du temps
Henri Crolla, l’enfant de Caruso et de Django

Cris Carol Musiques et paroles … avec Dimey et Mouloudji

2 Mai

En 1973,  il y eut un album de Mouloudji, Faut vivre qui reste au sommet de ma panthéonesque liste de préférences. Dix chansons en forme de bilan, le blues du temps qui passe .

On y découvrait le nom de Cris Carol aux compositions musicales de 6 de ces chansons, dont « Faut vivre « .

Cris Carol a eu un parcours un peu atypique que vous pouvez découvrir ICI et après le yéyé imposé par la maison de disques, elle a vite repris les commandes de sa vie d’artiste pour créer et composer dans un répertoire de chanson plus riche textuellement, avec Mouloudji, Dimey, Reggiani, Philippe Clay, Mick Micheyl…

Aujourd’hui, voici un album tout neuf,  » Si tu me payes un verre » onze chansons parmi celles dont elle est compositrice avec Faut vivre en point d’orgue… album où on retrouve un compagnon de route musicale, Jean Musy, aux orchestrations et accompagnement piano.

Huit textes de Mouloudji et trois de Dimey dans un best off de ses créations musicales. Une redécouverte aussi de chansons avec quelques menues variations textuelles pour être raccord avec l’époque et l’interprète qui prend la chanson à son compte. (Tout fout l’camp)

Le livret impeccablement réalisé, montre que dans ces variations, il peut y avoir quelques surprises, parfois le texte chanté révèle que le texte écrit a subi des éclipses, parfois c’est la transcription qui faute, il est écrit « au nerf du temps » alors que Cris Carol dit la bonne version « au mur du temps (Faut vivre) et dans « Tout fout l’camp » elle glisse judicieusement des échos des années 2000, les smartphones par exemple … C’est de la chanson vivante. Parfois la liberté de l’interprète apporte quelques variations notables dans le texte, ainsi « Dans madame la môme » ce qui est chanté n’est pas tout-à-fait ce qui est écrit dans le livret . En comparant avec la version originale de Mouloudji, qui correspond à celle du livret, on constate qu’on est dans la ligne de ce que Boris Vian a répondu à Mouloudji, au sujet du Déserteur « Mais Moulou, tu fais comme tu veux, c’est toi qui chantes… » Toutefois dans ce cas précis, « Madame la môme » la version originale mérite d’être redécouverte. C’est un bon exemple de chansons qui prennent des couleurs différentes au féminin et au masculin.

Et c’est aussi un rappel de grandes qualités d’auteur de Mouloudji, que son statut choisi de baladin des petits chemins a préservé du starsystem.

En écoutant ces chansons nouvellement orchestrées et arrangées, c’est le meilleur du répertoire de la chanson qui revit,

 

 Avec Philippe Noireaut, piano claviers percussion, Simon Proulx guitare,  Christian Pamerleau batterie, Daniel Lessard basse, Denis Plante bandonéon, Nadine Turbide accordéon, Sven Meier alto et violon, Nicolas Cousineau violoncelle, Fréderic Salter, clavier.

Album chez EPM. 2019

Pages 10 et 11 du livret.

 

Norbert Gabriel

Histoire d’une chanson « Le déserteur »

31 Jan
Nos chers résocios facebouquiens font circuler parfois des balivernes insultantes pour l’intelligence, ou des approximations du même métal.  Ainsi, je viens de voir revenir quelques mots sur Le déserteur que  Mouloudji aurait « édulcoré  » pour éviter la censure. D’où le retour de l’histoire de cette chanson, publiée il y a quelques années.

Commençons donc par la version créée par Mouloudji.

 

 

Récemment encore, à la radio, un animateur a été plus qu’approximatif avec cette chanson, comme en Juin 2009, dans Vivement Dimanche avec Juliette Gréco à l’honneur, Michel Drucker fait une petite digression sur Boris Vian et « Le déserteur » et dans une approximation assez désinvolte, il explique que Boris Vian a réécrit quelques lignes de la chanson pour qu’elle puisse passer en radio…

Suggérons à Drucker de mieux choisir les collaborateurs qui le documentent, car si sa mémoire a des éclipses, il est notoirement connu que cette chanson est l’archétype de la chanson interdite de diffusion radio, et de vente (l’éditeur Salabert a dû retirer les petits formats des magasins) et ce, de 1954 à 1962. Sans faire un développement exhaustif, préciser que c’est Mouloudji qui l’a créée n’aurait pas été superflu.

Cette chanson donne toujours lieu à des commentaires d’autant plus animés que 54 ans après sa création, la légende s’enrichit, ou se déforme selon les témoignages et les interprétations qui en sont faites. En particulier sur les variations et modifications du texte initial, donc revoyons les faits

– Février 1954: Boris Vian écrit la base du texte qui deviendra « Le déserteur » sur une nappe de restaurant. Dans les variantes* qu’il a ébauchées, une première version émerge, «Monsieur le Président…. qui se termine par «… que j’aurai une arme et que je sais tirer » qu’il propose à tous les chanteurs du moment, ou presque. Refus de la chanson, pour des raisons diverses, certains ont déjà des chansons antimilitaristes dans leur répertoire, d’autres refusent l’idée de la désertion, d’autres ont d’autres raisons. Seul Mouloudji accepte, mais il en discute certains points avec Boris Vian, ils sont très copains; d’une part, Mouloudji est résolument pacifiste, il n’a jamais tenu un fusil de sa vie, et la fin le met en porte à faux avec ce qu’il est, d’autre part, dans le contexte de la guerre froide USA-URSS, il lui semble opportun d’élargir le débat. Réponse de Vian: « mais c’est toi qui chantes Moulou, tu fais comme tu veux » et en accord avec Mouloudji, il réécrit le début et la fin, (et une partie de la deuxième strophe) dans une version qu’il enregistrera en version mixte : « Monsieur le Président,» et avec la fin « que je n’aurai pas d’armes»

– Mouloudji interprète en scène « Le déserteur » le jour de la défaite de Dien Bien Phu,  (7 Mai 1954) pur hasard, il apprendra la nouvelle le lendemain.

(Pour mémoire : tous les experts de toutes les armées du monde étaient d’accord sur un point, Dien Bien Phu (Muong Tanh) est un camp inexpugnable, car inaccessible aux véhicules blindés, chars, canons et autres fourbis militaires. Personne n’avait pensé à la possibilité de démonter tout l’armement, de l’acheminer sur des vélos, dans des sentiers de brousse invisibles du ciel, et d’installer sur les collines une ceinture de pièces de tir. Seuls les aviateurs avaient fait une réserve sur la position en cuvette, mais comme elle était en principe inexpugnable, on les a renvoyés à leurs machines volantes.

C’est donc un camouflet pour toutes les armées, surtout l’armée française ( uniquement des soldats de métier), que cette journée du 7 Mai 1954, la guerre du Tonkin prend fin, et celle du Viet-Nam commence…

De plus, avec la fin de la guerre d’Indochine, on voit arriver quelques mois plus tard le début de celle d’Algérie. Avec la mobilisation du contingent qui va sensibiliser les français, les p’tits gars d’chez nous expédiés dans un département français pour cause « d’évènements », ça passe mal. Et c’est un chanteur nommé Marcel Mouloudji qui envoie Le déserteur dans les bacs à disques !

Le scandale est de taille, censure immédiate sur les radios, disque interdit à la vente. Pourtant en quelques mois, cette chanson est connue de tous les français. Parce que le tissu associatif, syndical, est très actif, et s’il n’y a pas de Zénith ou d’Olympia pour inviter Moulou, et pas de Youtube, il y a les Maisons du Peuple, les salles genre Mutualité, qui relaient efficacement ce qu’on n’entend pas à la radio, TSF pas tout-à-fait transistor.

Toute la jeunesse française va chanter « Le déserteur » dans la « version Mouloudji », que Vian enregistrera d’ailleurs, ce qui tend à démontrer qu’il avait avalisé cette version. Et puis, je ne suis pas certain que Vian ait tenu absolument à imposer la version agressive, lisez le texte, on a un mec qui va prêcher la paix sur les routes de France, inciter les gens à refuser la violence, et il aurait un fusil pour tirer sur les gendarmes … ? C’est troublant, il y a un hiatus, provocation diront certains… Peut-être. Mais c’est une sorte d’option terroriste qui semble ne pas coller avec le personnage de la chanson. Cela dit, vu des années 2000, la glose est facile, en 1954, on est à dix ans de la fin de la guerre, de la résistance, avec certains policiers collabos, on peut imaginer qu’un fusil était un argument utile dans les discussions.

Mais le fusil ce n’était pas l’option de Mouloudji. Et quand dix ans plus tard en 1965-66, un chanteur reprend « Le déserteur » version avec fusil, c’est un peu facile de reprocher à « un certain » d’avoir trahi Vian. Reggiani réïtérera ce propos en 1998 ou 1999, Vian et Mouloudji n’étant plus là pour préciser les choses, et le contexte de la première version.

Et c’était en 1954 qu’il fallait y aller en front de scène, pas en 1964.

Parmi les nombreux interprètes qui ont choisi de mettre « le déserteur » à leur répertoire, bravo à Peter Paul and Mary (les premiers aux USA), à Joan Baez et à ces américains qui la chantaient pendant la guerre au Viet Nam, ils chantaient aux USA, pas sur les Champs Elysées**, où c’est plus facile de crier Paix au Viet Nam qu’à Washington.

Pour ce qui est des choix à faire dans ce genre de situation, on peut réfléchir à ce que disait  un des derniers poilus de 14-18: « Devant moi il y avait les allemands, derrière moi il y avait ma famille, qu’est-ce que je pouvais faire d’autre?»

Avec cette chanson, (Le déserteur) on a un parfait exemple du rôle décisif de la scène dans l’expression libre. Une chanson peut être censurée par la production, quand elle est enregistrée, elle peut être censurée par les diffuseurs, ou les distributeurs (comme Allah, de Véronique Sanson) ou interdite à la vente, mais personne ne peut empêcher un artiste de s’exprimer en scène. Malgré le consensuel ambiant qui gomme les aspérités (pas de crime économique en diffusant un opéra à 20h30, ou une chanson qui segmente, ou qui provoque, tiens comme ce titre de Tachan, « fais une pipe à pépé » peu de chances qu’une grande chaîne invite Henri Tachan, toutefois, on a pu entendre Agnès Bihl chez Drucker… (invitée par Ségolène Royal, faut pas rêver…)

Norbert Gabriel

*Variantes: dans une des variantes, l’humour iconoclaste de Boris Vian lui inspire  « ma mère est dans la tombe et se moque des vers » ... Il l’interprète lui-même dans un album qu’il a enregistré, mais il est pratiquement le seul à avoir osé ce jeu de mots, car de qui se moque-t-on? Des poètes ou des animaux pluricellulaires sans mains ni pieds… ? Sacré Boris !

** « Pauvre Boris » de Jean Ferrat, pour une mise au point. C’était en 1966.

Tu vois rien n’a vraiment changé
Depuis que tu nous a quittés
Les cons n’arrêtent pas de voler
Les autres de les regarder
Si l’autre jour on a bien ri
Il paraît que  » Le déserteur « 
Est un des grands succès de l’heure
Quand c’est chanté par Anthony
Pauvre Boris

10 Novembre 2019, une version féminine vient de faire son apparition grâce à Annie Nobel..

Faut vivre …

2 Jan

 

S’il y a une chanson qui me semble toujours d’actualité, c’est bien celle-là, envers et contre tout… On peut essayer… avec l’intro parlée qu’on ne trouve pas sur youtube….

Il y a peut être 150 millions de galaxies
contenant chacune 120, 150 millions d’étoiles…
A des centaines de milliers d’années lumières…
Il y a des centaines d’autres galaxies
contenant encore des milliards d’étoiles…
Poussière dans un Sahara d’étoiles…

 

Rien à ajouter.plume-et-encrier

(Sauf peut-être quelques détails sur les variantes de cette chanson, c’est ici, clic sur la plume,

Norbert Gabriel

Mouloudji Coeur libre

13 Déc

coffret-cd

Un des artistes les plus intéressants de sa génération, pluridisciplinaire en dilettante doué, activiste sans esbrouffe, militant sans jamais se renier, ni renoncer, écrivain, chanteur, comédien, éditeur, producteur en artisan créatif et inventif, tout lui est arrivé presque contre son gré, c’était un modeste comme disait Brassens, mais il a su avancer dans la lumière, sans être ébloui, sans se prendre au sérieux, et pourtant… Dans l’émission produite et réalisée par Leïla Djitli pour France Culture, il y a tout ce qu’il faut pour comprendre, entre autres, pourquoi nous sommes un certain nombre à aimer cette chanson qui raconte, grâce à ces images cinématographiques qu’on voit entre les mots, grâce à un sens de l’écriture exceptionnel, une vision de  poète qui voit plus loin que l’horizon, par exemple, avec « Un jour tu verras.. » une idée comme on en voit peu… Raconter au futur une histoire qui va finir…

micro-fcPour écouter, clic sur le micro ————>

On peut ajouter à ce documentaire, que ses premiers pas sur scène en chanson c’était au début de années 40, avec son ami de rue et d’adolescence , Henri Crolla, Enrico, dont il emprunte le prénom pour son premier roman. Sur une invitation de Cocteau pour Le Boeuf sur le toit ils proposent « Papillon de Norvège » une chanson de Lou Bonin*, en duo voix guitare, qui aura bien du mal à se faire entendre… C’était pourtant joli… Mais dans les ambiances très swing et colorées façon, Jacques Hélian ou Ray Ventura, le public attendait autre chose.

Papillon de la Norvège

Papillon aux blanches couleurs

Quelle que soit ton ambition

Tu ne seras jamais qu’un papillon

D’exportation…

coffret-moulouLe coffret édité par Mercury fin 2014 est une intégrale de 13 CD, 300 chansons de 1951 à 1987, avec 5 inédits et 10 versions alternatives.. Et 147 de ces chansons n’avaient jamais été éditées en CD. Avec un livret qui contient toutes les pochettes des albums… Des heures d’écoute, et de belles surprises. Si on connait assez bien ses albums Prévert, Boris Vian, Dimey et ses grands tubes, on découvre qu’il a chanté aussi Trenet, Barbara, Brassens.. C’est un panorama de la chanson dans tous ses états entre 1951 et 1980, Il y a des héritiers, mais on ne peut pas dire qu’ils soient très exposés dans les médias. Comme si la chanson de paroles était représentée uniquement par le Rap, qui tchatche beaucoup, au détriment de « parole&musique » qui savaient faire chanter les passants dans la rue… mais ceci est une autre histoire, néanmoins, quelqu’un a dit que  la musique est le lien le plus court entre une émotion émise et celui qui la reçoit… La musique…

Et sur un plan plus général,  Ceux qui se battent peuvent perdre, ceux qui ne se battent pas ont déjà perdu. (Brecht) Et Mouloudji a toujours été un battant, dilettante, mais persévérant.

Norbert Gabriel

*Lou Bonin « Tchimoukov »  homme de théâtre, metteur en scène du Groupe Octobre. 

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