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Louis Ville et puis demain…

24 Mai

Photo©NGabriel

Puisqu’il semble me poser la question « Qu’est-ce que tu me trouves ? » moi je trouve Louis Ville unique en son genre, celui des chroniqueurs qui ont nourri leurs chansons d’Edgar Allan Poe, Bukowski, James Ellroy et Robert Doisneau ou Willy Ronis selon les époques de son parcours. Aujourd’hui, je pense à ce haïku de Jérôme Rousseaux Ignatus, dédié à celle qui irradie qui réchauffe,

 

L’amour dure
quand il devient
Tendre.

Comme si les heures de la rage se partageaient avec les heures de l’amour , ici et maintenant. La voix de l’imprécateur s’attendrit, comme si le ptit Louis qui courait dans la rue faisait un clin d’oeil en passant. Peut-être pour rassurer celui qui ne souvient plus ?

La voix de Louis Ville ses textes taillés au burin, ses fresques ciselées à l’eau forte, ses ballades bluesy illustrent (en paraphrasant Fallet avec sa veine whisky et sa veine Beaujolais) un courant Gin/Bourbon et un courant Marsala, ce vin italien aux saveurs multiples, parfois doux parfois sec, avec des musiques riches, puissantes, pas besoin d’une déferlante de décibels, ça groove profond et inspiré, violoncelle, guitare, contrebasse, piano, avec en final un instrumental piano dans lequel Louis Ville renvoie les ados des fifties aux belles nuits de radio avec « Pour ceux qui aiment le jazz » ou Jazz en liberté…

« Et puis demain« ...  Six plages magnifiques, et l’envie irrésistible de le retrouver en spectacle mais en attendant, voici deux morceaux d’anthologie des précédents albums,

et pour finir la jolie ballade ..

 

Le site de Louis Ville c’est là, pour écouter, et plus,

©NGabriel

 

Clic sur la guitare —>

 

 

 

 

Norbert Gabriel

 

Louis Ville c’est aussi –> un-bluesman-francais

Le carnaval des pinocchios…

26 Oct
Toute ressemblance avec la scène politique, quelle qu’elle soit, n’est absolument pas fortuite.  C’était le 4 Mars 2017 en première publication, mais comme rien ne change…  
 (ou Le bal des tartuffes…)

pinocchio-et-jiminyDans mes enfances lyonnaises et pierre-bénitaines, l’école publique, le catéchisme, les sains principes de mon grand père Giovanni communiste courant Peppone et anar, (devenu Jean à son arrivée en France), me dessinaient une France aussi belle que la vie dans un film de Disney…

On met du temps à guérir de son enfance, quand on en guérit…

C’était aussi le temps de Guignol et du carnaval avec les grosses têtes. Si vous ne connaissez pas, voilà un aperçu de la chose –>

La grosse tête de carnaval fait un bon tiers de la silhouette. On en avait une à la maison, un Fernandel cowboy avec un Stetson, et pour situer les proportions, quand j’avais 6 ans, elle faisait à peu près ma taille, et une fois dedans j’avais juste les pieds qui dépassaient.

Mais revenons à nos pinocchios. Ceux de 2017. Ayant biberonné mon éducation au son des grands principes  Aimez-vous les uns les autres et Liberté-Egalité Fraternité, je découvre effaré, en 2017, que ce pays qui aurait inventé les Droits de l’Homme, devient une sorte de village rétréci dans un égoïsme rance. Ici, une édile maire d’une ville calaisienne interdit de donner des repas à des réfugiés, là, à Paris, on parsème des blocs de pierre pour empêcher les « campeurs » qui dorment par terre de se tenir chaud les nuits d’hiver… Un type qui a volé du riz et des pâtes, rien d’autre, les moins chers, est condamné à 2 mois ferme… Ailleurs, un SDF qui vole un sandwich est condamné  le jour suivant, mais quelques uns qui ont détourné des centaines de milliers d’euros, crient à l’assassinat quand la justice ose prétendre faire son travail avec diligence… Et diffèrent  leurs convocations judiciaires selon leur bon vouloir. Et là, j’entends clairement un môme de 7 ou 8 ans, 89 rue Voltaire à Pierre-Bénite, dire haut et fort, C’EST PAS JUSTE !

Me voilà donc retombé dans les enfances rêveuses et enthousiastes quand je croyais aux lendemains qui chanteraient des jours meilleurs. Le temps a passé, et j’y crois de moins en moins… Les édiles bafouent allègrement les plus simples principes de solidarité humaine, les candidats, certains candidats, bafouent sans complexe les règles les plus élémentaires de la morale, la simple morale, comme on disait dans nos milieux prolétaires,  ça se fait pas...  par exemple, si tu envisageais de te chicorer avec un camarade parce qu’il a triché aux billes, tu lui demandais de quitter ses lunettes avant de lui mettre un bourre-pif… On a ses valeurs morales… Vous voyez les décalages avec les mœurs actuelles…

Les réfugiés qui fuient les bombes (celle que NOUS vendons à leurs bourreaux) sont rebaptisés migrants, genre: des intrus qui viennent voler la place de nos SDF… ces moins que rien il y a peu, devenus soudain le centre de toutes les pensées de certains nouveaux tartuffes bons samaritains.

Quand la montée des océans va menacer les populations qui vivent juste au dessus du niveau des mers, on va se barricader dans des bastions alpins ? Et si l’Aquitaine est inondée, l’Auvergne va-t-elle se fortifier pour empêcher les invasions de bordelais ?

D’ailleurs, c’est en Mars que ça se passe, à Clermont Ferrand, mais c’est pareil ailleurs, des familles à la rue

...hébergées par le 115 jusqu’à début février et par grand froid, c’est-à-dire à partir de – 5°. Et à la rue depuis le 18 février, avec des enfants, alors que la loi prévoit leur prise en charge par l’Etat.

Pour finir en chanson, j’en ai une, toute nouvelle, et ça peut se passer ici et maintenant, devant chez vous ou devant chez moi, avec enfants ou pas, c’est toujours la même histoire, on regarde ailleurs ? Ou pas ? Et pendant ce temps, le carnaval des pinocchios continue son festival télévisuel, avec des grandes questions existentielles, quel menteur professionnel aura la queue du Mickey? *

Alors quoi ? Y EN A MARRE !

Norbert Gabriel

*La queue du  Mickey, pour les moins de 50 ans qui se seraient égarés par hasard sur ce blog, ça n’a rien d’une cochonceté, c’était dans les manèges de chevaux de bois, un truc pour gagner un tour gratuit, une peluche suspendue au dessus des enfants et celui qui attrapait la queue -détachable- gagnait un tour… Même dans nos innocences enfantines, on voyait assez vite que le Mickey était habilement manipulé par le maître du manège pour que le hasard, ou le talent des chasseurs de queue ne soit pas pas le seul critère… Et  il y eut quand même des gentils forains pour que la petite fille un peu timide et maladroite voie la queue du Mickey tomber opportunément dans ses mains… Voilà pourquoi il me reste une tendresse pour ces compagnons d’enfance, les héros des vogues lyonnaises, et Guignol, Madelon, Gnafron, Toinon, les révoltés de la débine, debout malgré tout.

6 Avril, merci à Sabine Henneton pour ces belles affiches tout-à-fait en situation.

affiches pinocchio

Du gauchisme à la mode…

24 Mar

liberté aléatoire

On dit que la chanson « à texte » c’est un truc pour les vieux qu’ont de l’âge et qui mâchouillent entre leurs dents branlantes que c’était mieux avant, que les radios ne vont pas déprimer les jeunes avec ces litanies de vieux débris qui ne voient pas avancer le monde… C’est vrai qu’il faut avancer, ne pas rester accroché à ses vieilles lunes comme une moule à son bouchot, néanmoins, quand on est devant le gouffre, est-il raisonnable de faire bond en avant ? Je vous laisse réfléchir à ça, et je vous propose une vieillerie de chanson qui pourrait faire écho aux actualités. Le genre de chanson qu’on aurait pu entendre le samedi sur le coup de midi, mais ce temps est révolu.  Mieux vaut chanter le chat de la voisine, ou la danse des canards, c’est plus positif…  Ou danser David Guetta…

Jean-Roger Caussimon est parti dans les étoiles en 1985, et pourtant, ce qu’il chante résonne avec une une pertinence cruelle…

On arrive au printemps des élections, avec tous les discours emphatiques de nos chers élus qui vont chanter Allons enfants de la patrie... et je rêve que le peuple réponde sur un tempo de 49-3…. Et comme la culture ne semble pas intéresser nos postulants, donnons à la voix d’un saltimbanque un espace d’expression, aussi restreint soit-il…

Je fais du gauchisme à la mode
Oui, j’ai lu ça dans un journal
C’est offensant quoique banal
Pourtant quelle à-droite méthode
Si vous chantez la Liberté
La Justice, l’Égalité
On vous traite de « démagogue »
Et dès que l’on vous catalogue
« Auteur dont il faut se méfier »
De vous, l’on écrit, c’est commode
Avec dédain, avec pitié
« Ce monsieur connait son métier
Il fait du gauchisme à la mo-o-de ! »

Je fais du gauchisme à la mode ?
Mais que fait ce pouvoir d’argent
Qui prend souci des pauvres gens
Mais juste en certaines périodes ?
Quand pensionnés et retraités
De quelques francs sont augmentés
Ce sont leurs voix que l’on racole
Ils vont voter dans les écoles
Huit jours plus tard, l’immobilier
Brandissant les foudres du code
Les expulse de leur quartier
« Dressez constat, monsieur l’huissier »
Je fais du gauchisme à la mo-o-de !

Je fais du gauchisme à la mode
Si, quand je pense aux objecteurs
Traités comme des malfaiteurs
Mon cœur point ne s’en accommode
Et que dire des étudiants
Que l’on fait chômeurs et mendiants
Bien avant qu’ils n’aient leurs diplômes
Quand au Prince de ce royaume
À l’intérieur bien intégré
Vais-je lui consacrer une ode
Quand il traque les immigrés ?
« Non, mon Prince, mille regrets
Je fais du gauchisme à la mo-o-de ! »

Je fais du gauchisme à la mode
Et l’on me dit manipulé
Et l’on croit pouvoir révéler
À quel parti je m’inféode
Allons, messieurs, soyons sérieux
Tout simplement j’ouvre les yeux
Je suis témoin de mon époque
Le succès présent, je m’en moque
L’Histoire d’hier à nos jours
Fut écrite par des rhapsodes
Des rimeurs et des troubadours
« Le temps des cerises » est bien court
(C’était du gauchisme à la mo-o-de ?)
C’était du gauchisme à la mo-o-de !

Mais il n’y a pas que les vieux chanteurs du siècle du siècle dernier qui regardent le monde tel qu’il est, tel qu’on peut le déplorer, et pleurer. Marche, camarade, marche …

Norbert Gabriel

Les albums de Jean-Roger Caussimon, c’est là, chez Saravah.

logo-saravah

PS: ce babillage a été publié il y a quelques mois, mais ça va ça vient avec toujours autant de pertinence.  Et en bonus, une autre,  une autre, en rappel,  qui résonne souvent quand vient un écho des palinodies électorales…

Et on peut aussi retrouver, sur le même thème  « Le carnaval des pinocchios » ou « Le bal des tartuffes », ça marche aussi…

Clic sur le nez de Pinocchio… pinocchio-et-jiminy

 

Louis Ville, le blues de l’imprécateur…

6 Nov
©NGabriel Forum Léo Ferré 2015

©NGabriel Forum Léo Ferré 2015

En suite indirecte à Prison’s Blues (hier samedi) quelques lignes et quelques chansons de ce formidable Louis Ville, un des grands guitaristes du genre, quand la guitare sonne comme un tocsin, quand c’est un blues d’aujourd’hui qui vous donne la rage de vivre, et une envie irrésistible de changer un monde qui devient détestable, voyez les actualités, et ce qui se passe dehors, ici et maintenant, et en France… Et on voudrait que je sois heureux et tranquille ?

Dehors

 

Ne te retourne pas

Le monde est ouvert à nos fenêtres, on regarde, on entend.  On regarde sans voir, on entend sans comprendre, ce qu’il faut de chagrin pour un air de guitare… Ces guitares jouent des sérénades qui résonnent comme des chants de colère, d’une révolte qui gronde en sourdine, est-ce que ça va durer longtemps. ? En 1956, Montand chantait ça:

Mais revenons au débat,

Avec  l’étincelle…

C’est une chanson d’amour, mais c’est peut-être d’un étincelle dont on a besoin pour remettre le monde sur la bonne voie… Utopisme ?? Peut-être, c’est un chemin inexploré… Pourquoi pas ?

Norbert Gabriel

PS: Hier samedi, Louis Ville était à l’Annexe, à Ivry, un désagréable contretemps m’en a privé, mais il y a les albums, les youtubes, et ça m’a fait la nuit étoilée. Envers et contre tout.  Suivez Louis, c’est là, toca la guitarra, et go on…  Louis Ville 340 dessin 1 10-04-2012 20-48-00 1850x1678

L’an dernier au Forum Léo Ferré, c’était ça : https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/2015/10/17/louis-ville-un-bluesman-francais/

Chanter la langue de chez nous

18 Août

La chanson est l’expression la plus authentiquement populaire. Le seul art qui soit resté près de ses sources. Un des rares où toutes les valeurs Qulturelles (avec un Q) soit mises échec. »  (…) Piaf et Brassens étaient aussi des parias de l’éducation. Tout comme Gershwin et Django Reinhardt. La pauvreté du bagage scolaire n’a jamais empêché qui que ce soit de chanter. (…)  Un aphone inculte, par sa seule sensibilité, peut émouvoir. Mieux que la voix ou le cerveau les plus cultivés.

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Ces lignes sont de Georges Moustaki,  Questions à la chanson, 1973 . Elles sont d’une pertinence éternelle. Dans le débat qui revient régulièrement à la une des interrogations existentielles sur la chanson à texte, ou la chanson « pas à texte », on ergote sur le fait que la bonne chanson se doit d’être forcément dans la langue de chez nous. Qu’on soit bantou, auvergnat, alsacien, patagon ou brésilien, hors du langage natal, pas de salut. Peut-être. Ou peut-être pas. Il y a parfois des mystères qui nous dépassent. Je connais assez bien quelqu’un qui a été élevé au bel canto, l’opéra à la TSF, ou dans l’atelier de mon grand-père, Luis Mariano ou Caruso dans la cuisine-salon-salle à manger, et qui un jour, vers 13-14 ans a découvert « Fleuve profond » une émission qui racontait le negro-spiritual, un choc émotionnel d’une intensité inouïe, c’était quelque chose que je ressentais comme si c’était en moi depuis toujours. Sans comprendre le sens des mots, je percevais bien le sens de la musique, et la force du propos. Ce n’est pas pour autant que j’ai balancé à la poubelle Bécaud et  mes mains qui dessinent dans le soir la forme d’un espoir qui ressemble à ton corps  ou Brassens, Marie-Josée Neuville, ou Brel, ou Félix Leclerc, eux qui me parlaient avec

cette langue belle à qui sait la défendre.
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu’il faut pour vivre en harmonie. 

 

Il n’était plus question d’ergoter sur le bien-fondé de l’imparfait du subjonctif et des beautés de Ronsard ou Malherbe dans leur écriture, la chanson était devenue un formidable générateur d’émotions, portées par des voix, des voix venues de partout

C’est pas seulement ma voix qui chante
C’est l’autre voix, une foule de voix
Voix d’aujourd’hui ou d’autrefois
Des voix marrantes, ensoleillées
Désespérées, émerveillées
Voix déchirantes et brisées
Voix souriantes et affolées
Folles de douleur et de gaieté…

et qu’elles chantent en slang, en argot, en russe ou en patois javanais, quand il y a une émotion qui passe, pas besoin de sous-titres. C’est pourquoi, avec ma pile en vrac jamais rangée, à côté de la chaîne, avec Ferrat, Jacques Yvart, Elisabeth Wiener, Higelin, Pagani, Pauline Julien et Anne Sylvestre, Pierre Barouh, Leprest, une partie de ceux qui sont là depuis plus de 20 ans, il y a aussi Melody Gardot, Madeleine Peyroux, Alela Diane, Vissotski, qui ne sont pas tout à fait francophones, mais qui me racontent des histoires. Comme Serge Utgé-Royo, dont tout le répertoire est inspiré d’une histoire, celle des exilés. Et de tous les exilés finalement. Utgé-Royo m’a fait comprendre une chose que je n’avais pas vraiment cernée, c’est la qualité de son écriture dans une langue parfaitement maîtrisée qui crée cette addiction à cette forme de chanson qui raconte. Elle est « à texte », bien sûr, mais ce n’est pas toujours suffisant. Il faut le fond et la perfection de la forme pour ne pas casser la magie par une rime hasardeuse, qui me ferait décrocher.

©NGabriel Forum Léo Ferré 2015

©NGabriel Forum Léo Ferré 2015

Il y a des interprètes ou auteurs qui essaient de me raconter des histoires, mais quand j’entends «le soleil-le dans le ciel-le, sur le port-re…» je peux pas. Et il y aussi «un mirador-re» pour achever le tableau. Bien que la voix soit belle, la mélodie réussie, ça ne passe pas… Et je suis beaucoup plus touché par la voix de Léonard Cohen, celle de Billie Holiday, ou celle d’Emily Loizeau récemment, entendue en aveugle à la radio. Sans pré annonce, ni quoi que ce soit. Sans image glamour, la voix, l’expression vocale, quelque chose qui émeut, c’est tout. Le fait que ce soit en français, n’est pas une garantie d’extase textuelle. Sinon les rappeurs seraient en orgasme perpétuel avec leurs rimes appuyées et scandées en mode marteau piqueur. Durant des années, «My gypsy wife» de Léonard Cohen m’a bouleversé sans que j’aie jamais eu envie de chercher la traduction. Une fêlure dans la voix, un écho de violon…

Il est sûr que je suis souvent devant les scènes françaises, celles de Louis Ville, Agnès Debord, Valérie Mischler, Bernard Joyet, Lili&Thierry, (Cros&Chazelle)  Romain Didier, Jérémie Bossone et celles et ceux des Lundis de la chanson, n’empêche que Chappel Hill m’a envoyé dans les nuages un peu comme The Doors ou Johnny Cash. Mais pas Presley … Sorry Elvis, t’as une belle voix mais ça ne me raconte pas grand chose.

Le travers qui se répand chez les néo french rockers babillant en anglais canada dry, est en effet préoccupant, c’est vide, c’est creux, c’est sans intérêt. Mais ça peut faire gigoter en buvant une bière, et en discutant avec les copains.

Aujourd’hui, tout le monde se fait un point d’honneur de reprendre les chansons de Leprest… Pourquoi pas? Il n’y a pas tant de maîtres dans ce domaine, mais combien savent vraiment apporter quelque chose de neuf, de mieux que l’original ? Ce qui vaut aussi pour les adaptations qui émigrent, mais c’est un autre débat.

J’aime assez le parcours de Louis Ville, qui a fait du rock en anglais, et qui s’est mis à écrire en français pour être plus précis et riche dans ce qu’il voulait partager. «Cinémas, cinémas» c’est de la chanson qui raconte, qui a du sens et du son . Une chanson dont Pierre Dac aurait dit : « Pour bien comprendre les gens, le mieux est d’écouter ce qu’ils disent. » Bien sûr qu’on comprend mieux quand c’est la langue de chez nous.

©NGabriel2013

©NGabriel2013

Que ce soit une langue belle et riche, personne ne devrait contester ce fait que la chanson soit un art populaire, c’est aussi une évidence. Mais la musique est aussi un langage universel, sans frontières, qui s’enrichit de métissages heureux, et qui s’appauvrit quand des néo-rockers babillent des insignifiances en anglais, parce que c’est tendance, et que ça se « dance »… Comme La danse des canards, c’est dansant, et français. Mais il ne suffit pas non plus que ce soit en français pour avoir un label de qualité systématique. Genre CFQ* qui ne serait qu’Only French, mais si on y chante plus souvent dans la trace de Jehan Rictus ou Gaston Couté, et leurs descendants que dans celle d’Eric Morena ou de Chantal Goya, ce serait dommage de se priver d’Elisabeth Caumont, cervantesque princesse Micomiconne qui explore avec bonheur les espaces ellingtoniens ou ceux de Chet Baker. Et irait-on se priver aussi de Paco Ibanez , Angélique Ionatos ou Paolo Conte parce qu’ils ne chantent pas qu’en français ?

Peut-être que ça se discute, c’est un point de vue qu’on peut ne pas partager. Peut-être que c’est un crime de lèse majesté de saluer un album qui ne parle pas français.

Mais j’ai du mal à limiter mes enchantements au format hexagonal quand je peux avoir le monde entier à découvrir.

« Le monde ouvert à ma fenêtre… » a toujours des airs balladins à découvrir, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

 Tu me diras que j’ai tort ou raison,
Ça ne me fera pas changer de chanson,
Je te la donne comme elle est,
Tu pourras en faire ce qu’il te plaît.
Et pourtant dans le monde
D’autres voix me répondent
Et pourtant dans le monde…

Bande son: Louis Ville. Pour le langage universel de la chanson, voici l’archétype de la réussite, avec images si on veut, ce serait dommage de se priver d’Elisabeth Masse, mais la première fois, c’était sans autres images que celle générées par la voix de Louis Ville…

 

« The gypsy wife  » avec commentaire de Leonard Cohen ( from the record: Field Commander Cohen. Tour of 1979 (Sony Music ent. Columbia. 501225 2

Et la version studio, la première…

Merci à Yves Duteil et Jacques Prévert pour La langue de chez nous et Cri du coeur. Ainsi qu’à Georges Moustaki pour Et pourtant dans le monde.

 

Norbert Gabriel

*CFQ; Chanson Française de Qualité (emprunt à Floréal Melgar)

Rappels… Une autre, une autre…

3 Juin

This machineChantons quelques airs qui sont dans l’air du temps… La carmagnole ? Quand Renaud embrasse un flic, il y a pas mal de gens qui embrassent des gourdins, des bidules, des flash-ball, des grenades diverses… Ce sont parfois des ados, des femmes qui ont le tort d’être assises en terrasse sur le trajet d’une giclée lacrymo, et quelques autres bricoles, qui nous font apprécier ici et maintenant, des méthodes policières qu’on croyait réservées aux folklores lointains des Pinochet et autres humanistes du même métal. J’exagère ? Oui, nous n’avons pas eu de coup d’état militaire, mais une sorte de coup d’état civil avec des gouvernants qui font à peu près l’exact contraire du programme promis.

Quelques chansons en situation…

Louis Ville « Y en a marre... »

Et aussi,  » Ne te retourne pas… »  Belle allégorie et avec Elisabeth Masse .

Et une page « folklorique », Jehan Jonas « Flic de Paris »

Et pour boucler la boucle Léo Ferré « Ils ont voté » 

Bonus, car finalement, y a que l’amour qui pourrait nous sauver…

 

On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle, mais souvent je doute..

Norbert Gabriel

FOCUS !

5 Mar

Préambule.  Un photographe Eric Barbara, avait dédicacé une expo ainsi:  Elisabeth et Manu, mon seul talent c’est vous.  Il s’agissait d’une série consacrée à Elisabeth Caumont et Manu DiBango.

VM 4 mars flou sensuel 04-03-2016 20-06-52 2026x1926Le point s’impose pour être très net en matière de photo, et des effets secondaires.

Cette photo est un 30 ème de seconde d’un spectacle qui dure 1h15 environ. Une comédienne joue un personnage, et ça ne signifie pas qu’elle est ce personnage dans la vie . Delon a été  Le samouraï , je ne crois pas qu’il se soit transformé en tueur à gages pour être dans le ton juste.

Les effets Facebook, où on ne croise en principe que des « amis » sont parfois surprenants. C’est peut-être un jeu, mais il semble que parfois ça dérape en propositions qu’on peut dire indécentes.

Aurait-on l’idée de demander à Nathalie Baye après son film  La balance , combien elle prend pour une passe ?

Le seul objectif (!) des photos de spectacle, de mon point de vue, est de montrer ce qui reste dans l’esprit du public après le spectacle. Pour donner envie à des spectateurs d’aller le voir.

Quand la photo est réussie, sur ce critère, et uniquement celui-là, l’essentiel du mérite revient à l’artiste en scène, à son éclairagiste, à leurs talents réunis. Reste au photographe d’avoir l’oeil ouvert pour attraper ce moment fugitif.

Et d’essayer de donner envie d’aller voir et entendre ce qui se passe devant la scène, car si l’image montre que tous ces artistes ont le plumage chatoyant, c’est surtout leur ramage qu’ils ont envie de partager. Le spectacle de chansons, c’est paroles ET musique, ET images.

Voici donc quelques beaux souvenirs, en images, que la scène ou les albums ont toujours confortés.

FOCUS Premier 05-03-2016 23-39-58 5056x3988

FOCUS deuxième tableau 05-03-2016 19-20-21 5120x4096

 

FOCUS troisième 05-03-2016 19-39-53 5120x4096

 

FOCUS quatrième 05-03-2016 19-47-27 5120x4096

 

Pour finir en musique, et boucler la boucle,  Elisabeth Caumont, Alain Debiossat et Manu DiBango vous invitent à Yaoundé….

 

La première photo est celle de Valérie Mischler qui propose un spectacle « Tout feu tout femme »  l’érotisme au féminin, à travers différents témoignages de femmes, accompagnés de chansons en situation, de spectacle, évidemment. Voir ICI.

NB: Une chanteuse qui pour les besoins d’un spectacle doit faire un show sexy, doit-elle avoir une  arrière pensée, genre, ce résultat d’un sondage récent:  Pour 27% des Français, l’auteur d’un viol est moins responsable si la victime portait une tenue sexy.

A chacun d’apprécier à quel niveau se situe la réflexion, coeur ou bas ventre?  Comprend qui veut.

 

Norbert Gabriel

 

 

 

Louis Ville et les prédicateurs (Le bal des fous)

21 Nov
©NGabriel Forum Léo Ferré 2015

©NGabriel Forum Léo Ferré 2015

Quand on a la chance de rencontrer Louis Ville, que ce soit sur un album ou devant une scène, c’est comme l’effet KissCool mais en triple choc simultané : une voix de bronze qui vous entre dans le corps et le cœur, des mots ciselés à l’eau forte, et une guitare qui sonne comme un tocsin. Comme celle de Woody Guthrie, Robert Johnson, quand elle se fait machine à tuer le fascisme, partenaire de combat, ou belle à chanter les 400 coups de l’amour, quand il passe par toutes les gammes des bleus, blues-cicatrice ou bleu ciel amoureux, bleu-noir des soirs désespoir, 50 nuances de blues pour le chant d’un homme sur le fil tendu entre la rage de vivre dans un monde balbutiant, et la quête de la rédemption par l’amour.

Dans sa rue, il y a des hommes en uniforme bleu qui emportent le chagrin d’un enfant dans un vieil autobus, mais il y a aussi ce petit Louis, en vélo, qui va cheveux au vent, et il y a Jeanne… Et il l’aime, il les aime, sa rue, et Jeanne.

Peut-être que dans sa rue il y avait une salle qui a donné naissance aux tableaux de Cinémas, et au bal des fous, le sous-titre du nouvel album « Louis Ville et les prédicateurs »

L Ville couvLe grand marchand –de rien- bonimenteur, piètre forain, égoïste, charlatan, vendeur de chagrin qui a trouvé son chemin de Damas aux pieds de celle qu’il aime, ici et maintenant,voilà la tonalité de départ ; c’est peut-être fini le temps des hôtels pourris, et des chansons déglingues.

Dehors, les fleurs s’étiolaient, les hommes se courbaient, mais là, la guitare sonne cathédrale, comme ce tocsin dont parlait Federico Garcia, dehors, le noir , le feu, les flammes, le bruit, mais dedans, on est aussi ce gros con qui trinque, pour oublier qu’il est un gros con ? Tous ces bla-bla-blas, c’est un panorama narquois, féroce parfois, jubilatoire, comme si malgré toutes les avanies de la vie en général, Louis Ville était malgré tout un homme heureux, comme si… Ce que confirment les complices musiciens, François Pierron et sa contrebasse dansante, Pierre Le Bourgeois et son violoncelle charmeur et inquiétant parfois. Mais c’est comme les enfants qui adorent les contes où on se fait un peu peur, c’est délicieux. Vous savez quoi ? Dans cette élégie picaresque, il y a aussi une sorte de voix d’ange qui passe « Nous serons mille » avec Lola-Leïla, et là, on oublie toutes les morosités pour partir avec eux, mille et un voyageurs avec ces nouveaux prédicateurs qu’il ne faudrait confondre avec les barbares new-âge…

L’album confirme le ressenti de la soirée récente au Forum Léo Ferré, on en sort formidablement ragaillardi, et on y revient, pour être ces héros de demain, les combattants d’une utopie à inventer ?

On peut rêver, et essayer, si le monde n’a pas de sens , pourquoi ne pas en inventer un ? Comme dit Alice…

La soirée du Forum, c’est là,   avec tous les liens concernant Louis Ville, sa vie, son œuvre…

Et demain, ce sera Paris-Bamako…

Norbert Gabriel

Pourquoi le blues, voilà :

Blues WC Handy 4 de couv

Louis Ville un bluesman français…

17 Oct

P

Louis Ville AA NB part

Photos NGabriel2015

La légende raconte que Robert Johnson rencontra une nuit, à un certain carrefour, un personnage mystérieux avec qui il marchanda pour devenir un des plus prodigieux guitaristes de blues. Quand on l’entend, on se dit qu’ils sont deux, et pourtant.. Robert Johnson avait une voix haut perchée. Louis Ville a une voix profonde qui vous cueille à plein cœur et à plein corps. Et c’est un formidable guitariste qui fait chanter ses guitares comme les meilleurs musiciens des saloons et bars du Mississippi.

Si vous aimez les chansons qui savent mettre en majesté paroles et musiques, avec une voix qui passe du soyeux au rugueux, de la caresse au rugissement, dans toutes les nuances expressives et toutes les couleurs, écoutez Louis Ville, vous en sortirez plus vivant qu’avant, entre mi rage et mi rêve, mais vivant.

Il a trempé son stylo-stylet dans des encres colorées de tous les alcools de la vie, pour écrire, comme un auteur de série noire, les paysages humains, dont « les chants désespérés sont les chants le plus beaux. » mais c’est le chant des hommes… De leurs amours grandioses ou misérables, de la vie-cinémas, plus près de Fellini que de Walt Disney…

lv couv recSon prochain album,  « Louis Ville et les prédicateurs », ou « Le bal des fous » arrive le 30 0ctobre, il sera à la une, en attendant, refaisons quelques scènes de « Cinémas »…

Ne te retourne pas

et un extrait de l’album à venir « Dehors »

PS : si vous avez l’impression que mon enthousiasme est exagéré, voyez cette page, il est bien partagé par une presse unanime.

Louis et Lola les yeux1Dans la soirée au Forum Léo Ferré, il avait invité Lola pour un duo, ce n’est pas un hasard si les yeux de Lola ressemblent beaucoup aux yeux de Louis…

Un moment très lumineux, comme une ballade dans un coin de ciel bleu, comme un sourire…

Et pour quelques images de plus…

montage louis ville1

Norbert Gabriel

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