Presque 30 ans, c’est la 29 éme édition de ce beau festival qui offre une ribambelle de spectacles pour tous les goûts et pour tous les âges. Du 1 er au 17 Octobre, 21 villes du département invitent plus de 70 artistes.
Ceux qui cultivent les mots pour les faire chanter francophone: Dominique A, Camélia Jordana, Stephan Eicher, Bastien Lallemant, Oxmo Puccino, Dick Annegarn, Louis Chedid, Miossec, Albin de la Simone, Brigitte Fontaine La Grande Sophie, Jérémie Bossone, Abd Al Malik, Liz Van Deuq, HK et les Saltimbanks …
Ceux qui explorent les musiques métissées et plurielles : Orange Blossom, Flavia Coelho, Zoufris Maracas, Soviet Suprem, Bratsch, qui fait en 2015 sa dernière tournée, Souad Massi …
et du rock, et les refrains des gamins, des débats, des expos,
Attention, il y a plusieurs spectacles qui sont complets depuis quelques jours, voire quelques semaines, il est donc urgent d’aller voir tout le programme, sur le site du festival, les lieux, les dates, l’itinéraire, tout y est.
A suivre aussi les actions et animations de la JIMI
SALON – DÉBATS – EXPOS – CONCERTS – SHOWCASES
La JIMI est le rendez-vous annuel des indés et de l’autoproduction. Elle met en valeur tous ceux qui, avec beaucoup d’énergie et de créativité, renouvellent et soutiennent la musique. Salon, débats, expos, concerts, showcases et concerts feront se rencontrer activistes, public et musiciens.
La JIMI est l’occasion de réfléchir et de faire le point sur les solutions et les modes alternatifs d’accompagnement, de production et de diffusion des artistes.
Le vendredi 09 et samedi 10 octobre circulez librement entre les différents lieux de concerts (Hangar, Tremplin et Théâtre Antoine Vitez – programmation ci-dessous) grâce au pass à 10€ par jour.
Le samedi 10, profitez gratuitement du salon à l’Espace Robespierre (Ivry-sur-Seine) pour vous informer et rencontrer les indés.
Informations complémentaires : www.jimifestivaldemarne.org
Premier rendez-vous, le 1 er Octobre avec Dominique A. à Vincennes, mais c’est complet depuis pas mal de temps…
Tous des ratés des arts majeurs, Ferré, Brassens, Gainsbourg, l’un aurait voulu être Villon , l’autre Beethoven ou Mozart, le dernier Van Gogh ou Picasso, pour la gloire de son vivant, c’est mieux.
Art majeur pour mineures
Ce qu’il reste de cette soirée Apostrophes de 1986, c’est le numéro de com’ esbrouffe de Gainsbourg avec sa digression sur les arts majeurs « à initiation ». Quant à la musique et la chanson, elles ne seraient que des ersatz d’art accessibles à des imbéciles incultes car non initiés.
Dans le développement de son improvisation Gainsbourg se contredit en partie, en expliquant qu’il a atteint, frôlé Rimbaud dans quelques unes de ses chansons, qui seraient donc selon lui élevées au rang d’art majeur, puisque la poésie et la littérature sont des arts majeurs.
Lui, mais pas les autres.
On peut noter que selon ses diktats, le douanier Rousseau est un peintre mineur, puisqu’il n’a jamais été initié.
Son altercation avec Béart a laissé les autres intervenants muets, alors qu’ils auraient pu argumenter… Mais peut être que le contexte a été très largement responsable de ce clash, d’abord l’extrait pour bien resituer l’ambiance.
Et maintenant, l’explication de Louis Chédid sur ce qui s’est passé en coulisses, lors des répétitions d’une chanson que tous les invités devaient faire en choeur, accompagnés par Serge Gainsbourg au piano.
Ce qui s’est passé avant pouvant expliquer ce qui s’est passé pendant…
Lors de la répétition, il s’avère qu’il faut modifier la tonalité, et Gainsbourg, au piano, ne sait pas transposer, car c’est un autodidacte de la musique, et s’il sait jouer de « son » piano, (comme Barbara) il ne sait pas faire de l’accompagnement tout terrain. C’est donc Louis Chédid qui le remplace, on voit Gainsbourg en gros plan, et les mains de Chédid sur le piano… On peut imaginer que cette petite humiliation devant les invités a pu avoir une incidence en transformant le Dr Jekyll en Mr Hyde, ou Gainsbourg en Gainsbarre…
Quant à sa démonstration sur l’art du pianiste, c’est encore de l’esbrouffe, un effet pour le buzz, créer le scandale, car en effet, il y a un contentieux entre lui et Béart. Sa démonstration de la guitare sommaire est un peu pathétique, Ségovia et Django, sont là infirmer cette pantalonnade. D’autant que Gainsbourg s’est beaucoup servi dans les grands compositeurs pour trouver des mélodies, qu’il n’a pas composées alors que Béart est un mélodiste exceptionnel « qui trouve des mélodies qu’on a l’impression d’avoir toujours connues » (Souchon).
Ce qui conduira aussi Gainsbourg à revendiquer pour son art mineur, tous ses emprunts à la musique classique, avant qu’on ne lui en fasse le reproche.
On remarquera que l’un et l’autre ont laissé des chansons aux mélodies ancrées dans les mémoires, la différence est que l’un les a empruntées, l’autre les a composées. Et les deux ont fréquenté de grands auteurs qui ont bien nourri leur talent.
Mais encore avant, bien avant, fin des années 60, il y a l’affaire de « Je m’aime » A l’époque ils sont assez amis, et Béart propose à Jane une chanson délicieusement érotique qui plaît beaucoup à miss Birkin. Mais Serge met un veto absolu, pas question que « sa » Jane lui fasse une infidélité avec un collègue. Premier point de friction. Mais surtout il y a celle de l’emprunt-plagiat à un compositeur africain, que Béart lui a reproché, et que Gainsbourg n’a jamais voulu réparer . Au retour d’une tournée en Afrique en 1964, Béart y était, Gainsbourg s’intéresse à un artiste local , à qui il emprunte sans complexe, et sans créditer.. Il s’agit de pièces prises telles quelles de l’album « Drums of Passion » du percussionniste natif du Nigéria, Babatunde Olatunji. Marabout est en fait Jin-go-lo-ba, Joanna contient Kiyakiya et New York U.S.A. n’est autre que Akiwowo.*
Le plagiat ne sera cependant pas passé inaperçu; il faudra attendre jusqu’en 1986 pour qu’Olatunji soit crédité sur les chansons.
Il n’est pas impossible que la juxtaposition de ce plagiat reconnu, la même année que cet « Apostrophes » ait fait de Béart le mauvais témoin exécré … Qui n’a pas évoqué cette désagréable affaire.
Cette mise au point aujourd’hui est simplement dictée par le fait que nombre de médias, à la mort de Guy Béart, ont remis à la une cette altercation d’Apostrophes, sans chercher plus loin que le débat sur l’art pour mineures, comme dira Serge Gainsbourg dans un autre débat. Gainsbourg était capable du meilleur Gainsbarre du pire. Et dans cette séquence, c’était Gainsbarre pas au mieux de sa forme.
Norbert Gabriel
*(Sources:Bertrand DICALE Les Miscellanées de la chanson française. Lonrai: Éditions Fetjaine, )
Autre source pour le plagiat et ses conséquences dans le commentaire de Fred Hidalgo (voir dans les commentaires)
Les tableaux sont de Patrick Clémence.
Et pour finir, un souvenir témoignage de Bernard Pivot :
L’animateur d’Apostrophes s’est exprimé au sujet de cette altercation dans une interview au Figaro. L’événement est encore intact dans sa mémoire: «J’en garde un très mauvais souvenir. Guy Béart avait été agressé par Serge Gainsbourg, donc il avait dû réagir et l’émission ne le mettait pas à son avantage.»