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Festival Musicalarue 2018 : rencontre avec La Green Box

11 Sep

Décidément quelque chose de magique persiste et signe autour de la scène du Théâtre de Verdure à Luxey devant laquelle j’ai chaque année l’énorme coup de cœur du festival. Pierre Lapointe, Rue de la Muette, Melissmell, Salvatore Adamo, La Maison Tellier : c’est toujours ici qu’un moment extatique accroche la sensibilité, foudroie le palpitant, et happe l’âme, sur cette estrade à dimension idéalement humaine où on respire dans une proximité envoûtante et se laisse aspirer par l’univers d’artistes inspirés et généreux. Si Musicalarue fait vivre bien des moments merveilleux durant trois jours, le miracle aussi intense qu’inattendu m’ensorcela en ces lieux cette année encore, avec le concert de La Green Box, dont l’album est sorti en mai dernier, et, qui depuis, lui fait rencontrer le public, de date en date. Emmenée par Florent Vintrigner, accordéoniste et chanteur de La Rue Ketanou, la formation au sein de laquelle il délaisse son instrument de prédilection pour se consacrer aux instruments à cordes, concrétise la lubie, semblant a priori un peu délirante et qui s’avère redoutablement savoureuse et magnétique, d’enchâsser des poèmes de Victor Hugo dans un écrin de compositions musicales nées d’un métissage follement harmonieux de folk acoustique, de transe et de musique indie utilisant des sons synthétiques. Alchimistes de la Chanson, Florent (chant, banjo, guitare, harmonica), Benoît (batteries/percussions, basses, claviers, clarinette), Arnaud (réalisation sonore, enregistrement, mixage) et Paolo (guitare slide) relèvent le défi insensé de faire chevaucher aux poèmes d’Hugo l’originalité d’une musique inédite qui s’expérimente, se cherche, s’enfante et croît avec grâce et subtilité.

Le genre de truc dont on ne sait pas trop ce que ça va donner et qui en fait donne énormément ? vous demanderez-vous. C’est exactement ça ! L’hypnose chamanique en plus. Du farfelu qui fait vibrer. Quelques heures avant son concert, le groupe qui allait jouer pour la première fois en quatuor et semble y avoir trouvé sa formule impeccable, acceptait de nous recevoir, en compagnie de Loïc Lantoine, auto-proclamé manager du groupe pour l’occasion, et qui, ayant fait irruption dans l’entretien, nous fit le plaisir de s’y inviter avec humour et (très) bonne humeur pour un moment délicieux.

– Bonjour La Green Box et merci de nous accorder cet entretien. Créer des compositions musicales autour des textes de Victor Hugo est une initiative plutôt originale. Comment est née cette aventure et quand a été fondé votre groupe?

– Benoît: En 1885, déjà avec Loïc comme manager. Il est arrivé en 1880, et cinq ans plus tard Victor Hugo est mort.

– Arnaud : Plaisanterie à part, l’idée de ce projet a démarrée en 2014. Florent jouait dans La Rue Ketanou, et à l’époque j’étais sonorisateur. Sur une balance, il s’est mis à jouer des morceaux de Victor Hugo, parce qu’il travaillait en parallèle sur un autre spectacle. C’était une improvisation, comme ça… j’ai commencé à bidouiller des trucs sur son improvisation, et à la sortie de cette balance, on s’est dit que c’était pas mal. Je lui ai dit que s’il voulait faire quelque chose avec ça, je voulais bien le suivre et essayer de bidouiller des sons. C’est resté ainsi en suspens, jusqu’en 2015 où on a commencé à se mettre au travail, avec une première partie d’Eskelina qui nous a un peu mis le pied à l’étrier et boostés. On était contents, mais on savait qu’il y avait énormément de travail à faire encore. Donc on a pris le temps nécessaire pour faire aboutir ce projet. On a d’abord cherché la formule idéale à deux avec Florent, et puis comme on s’est trouvés assez rapidement limités, on a demandé à Benoît de nous rejoindre fin 2015.

– L’alliance d’instruments acoustiques et de programmations sonores synthétiques enfante un fruit original et étonnant. Quels instruments utilisez-vous respectivement chacun ?

– Florent : Très peu l’accordéon. Il est sur l’album, mais de manière très discrète ; on pourrait presque ne pas s’en apercevoir. Je joue plutôt de la guitare et du banjo.

– Arnaud : Donc je m’occupe du son. Benoît est venu pour tout ce qui est rythmique, parce qu’on avait besoin d’un soutien rythmique. Et Paolo est venu assez récemment.

– Florent : Et ce soir, on va faire notre premier concert à quatre On est toujours en train de travailler quelque chose ; on ne fait jamais marche arrière. On est toujours en quête d’avancer.

– Arnaud : Ça évolue toujours, mais on considère que là, on a trouver une bonne formule pour démarrer. Jusque là, le projet était encore un peu en chantier. On se cherchait en profondeur, mais désormais on a une bonne base, qu’on va enrober de date en date. Ça nous a pris deux ans pour trouver la bonne formule.

– Florent : Rien que pour la musique ! Heureusement on n’avait pas les textes à écrire.

– Les textes, parlons en justement. La raison d’être du projet est-elle de faire vivre les textes de Victor Hugo autrement ou vous servent-ils en quelque sorte de beau prétexte pour vous amusez dans l’expérimentation musicale ?

– Arnaud : L’idée c’était de ne travailler que des textes de Victor Hugo. Florent a lâché l’accordéon pour apprendre le banjo. Benoît et moi avons tâtonné et cherché les arrangements. Donc ça a pris le temps nécessaire pour que le projet naisse.

– Benoît : Au début on avait des restrictions forcément. Maintenant on a envie de plus s’amuser sur scène. L’arrivée d’un guitariste comme Paolo, qui en plus joue de la guitare slide, avec un son bien particulier, rajoute à une esthétique sonore originale. C’est ce qu’on cherchait. Être hors des sentiers battus, c’est ce qui nous plaît.

– Florent : Nous avons déjà fait pas mal de dates. C’est soir, c’est la première avec Paolo. Mais sinon, nous avons pas mal tourné avant son intégration. Chaque fois, ça a été des moments de création où on découvrait des choses. Et petit à petit, on s’est stabilisés autour de cette formule là qui nous fait sentir que c’est vivant et on commence vraiment à s’amuser beaucoup : prendre plaisir à jouer et ne plus être uniquement dans l’exécution d’un truc qu’on a appris.

– Comment naît en vous la composition sonore à partir d’un poème classique : sentez-vous ou entendez-vous un air découler naturellement de la musique des mots d’Hugo ou est-ce purement de la recherche ?

– Florent : Chez Victor Hugo, il y a une vraie musicalité. Son écriture est très fluide. Il y a un vrai rythme et une saveur des mots, qui sont très plaisants à dire et à chanter. Après, comment ça se fait ? Je ne sais pas ! Il se produit toujours une espèce de rencontre un peu étonnante. Souvent je lisais avec une guitare, un banjo ou même l’accordéon avec moi pour fredonner. Quelque fois la mélodie est venue très rapidement ; parfois ça a été plus long. Le squelette apparaissait comme ça, très brut, mais avec déjà des accords et une mélodie et surtout une envie de chanter. Je m’accaparais la chose. Et ensuite, c’était tout le travail de Benoît et Arnaud de réaliser les arrangements, l’habillage. A ma grande surprise parfois, car je ne m’attendais pas toujours au genre de costume qu’ils avaient taillé. C’est une heureuse surprise, où on s’est beaucoup surpris les uns les autres. Je ne sais jamais à l’avance quelle va être la musique qui porte le poème : c’est toujours un espèce d’accident à chaque fois.

– Peut-être est-il un peu tôt pour envisager l’avenir, mais pensez-vous consacrer le projet à d’autres textes de Victor Hugo ou le pérenniser en l’élargissant à l’univers d’autres auteurs ?

– Florent : Le démarrage, c’était pour Victor Hugo. Il reste encore quelques chansons qu’on joue sur scène et qui ne sont pas enregistrées sur album. Il y aura donc certainement un deuxième album avec des poèmes de lui, mais aussi, pourquoi pas, d’autres auteurs ou même des textes que j’écrirai. Il y a un poème d’Aragon qui me donne envie d’aller creuser plus loin.

– Quel est votre lien avec Loïc ?

– Florent : C’est un copain depuis au moins 20 ans ! Notre lien date de très longtemps. On a fait plein de choses ensemble ; on est même partis jouer à New York ensemble. Il était également venu jouer en théâtre de rue avec La Rue Ketanou. On a joué sur ses disques ; il a joué sur les nôtres…

– Loïc Lantoine : Moi, je voulais vous demander : quel est la rapport entre Victor Hugo et la tectonique des plaques ?

-Florent : C’est juste un rapport musical. C’est une vibration rythmique intemporelle qui traverse le temps, et quelle que que soit la situation dans laquelle on se trouve, on peut y trouver son compte. C’est joué en Fa dièse la plupart du temps.

– Arnaud : En modulation de fréquence méga Hertz.

– Loïc Lantoine : Autre question : Victor Hugo, qui a dit « jamais une note le long de mes vers », l’avez-vous trahi ? Brassens s’était permis cette audace.

– Florent : En fait il n’a jamais dit ça. Il a dit qu’il accepterait de la musique, mais qu’il voulait que ses droits d’auteur soient reversés à des associations en faveur des pauvres. J’ai oublié la phrase précise, mais le « jamais une note le long de mes vers » est un mythe. En plus il aimait la musique. Ce qu’il voulait, c’était que si ses textes devaient être utilisés pour être mis en musique, les compositeurs prennent leurs droits de compositeurs, mais que ses droits d’auteurs reviennent aux démunis.

– Loïc Lantoine : C’est votre millième concert à Musicalarue. Que pensez-vous du festival, de l’humeur des bénévoles et des techniciens ?

– Florent : Je trouve qu’ils ne vieillissent pas. Je ne comprends pas : chaque fois qu’on vient, ce sont toujours des jeunes.

– Loïc Lantoine : J’ai demandé à mon tourneur d’organiser des concerts avec La Green Box. Mais on ne peut pas siffler à la fois l’apéro et l’opéra et payer content quand on n’est pas content. On peut peut-être poser une question sur le style vestimentaire du groupe qui est un peu disparate…

– Paolo : On a des capes.

– Arnaud : Paolo va commencer avec un poncho mexicain.

– Loïc Lantoine : N’oublions pas que monsieur Arnaud fait de la musique caché derrière la scène. C’est pas des métiers facile, mais ça lui permet à la fois de faire de la musique et de ne pas être obligé de baiser après les concerts.

– Benoît : Amis de la poésie, bonsoir…

Nous remercions Marjolaine de Musicalarue qui nous a permis cette belle découverte et Loïc Lantoine pour sa présence et ses interventions.

Miren Funke

Photos : Carolyn C (1, 3,4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13), Océane Agoutborde (2, 12)

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That’s all folks !

Rencontre avec Loïc Lantoine et François Pierron avant leur concert au Haillan Chanté (33)

24 Juil

Le 8 juin dernier, Loïc Lantoine et son complice François Pierron, étaient de passage dans la région bordelaise, pour un concert organisé à l’occasion de l’évènement Le Haillan Chanté, par l’association Bordeaux Chanson et L’Entrepôt du Haillan. C’est donc en duo acoustique que les deux artistes venaient défendre leurs chansons, après les avoir faites vivre, rugir et rutiler sur scène avec l’ensemble de dix huit musiciens de The Very Big Experimental Toubifri Orchestra, qui signait en 2017, avec Loïc Lantoine, la sortie du double album « Nous », comprenant des versions fougueusement et fiévreusement réarrangées de ses chansons, mais également des inédits et quelques nouvelles compositions. Car l’aventure collective dans laquelle s’était embraqué le chanteur, et dont la trajectoire fut endeuillée par le décès brutal de son initiateur Grégoire Gensse, initialement pour une collaboration expérimentale ponctuelle de réorchestration de ses chansons, se prolongea -et se prolonge encore- et évolua pour aboutir à l’écriture d’un nouveau sentier de traverse, comme en naissent tant le long de la route de l’artiste : créations communes et tournée multipliant les dates, au fil desquelles The Very Big Experimetal Toubifri Orchestra et Loïc Lantoine explorent, confortent et offrent de plus en plus le sentiment d’une famille qui s’est trouvée, liée et embrassée pour longtemps. Dans l’après-midi avant leur concert en formule intime, Loïc Lantoine et François Pierron acceptaient de nous accorder un entretien.

 

– Loïc et François bonjour et merci de nous recevoir. Le disque « Nous » réalisé avec The Very Big Experimental Toubifri Orchestra est sorti l’an dernier, et continuera d’être présenté sur scène, mais ce soir vous jouez tous les deux seuls. Est-ce une nouvelle tournée parallèle ?

– Loïc : On démarre ! On vient de faire les Bouffes du Nord à Paris, et on s’y remet. L’album « Nous » va continuer à vivre. Mais tu sais, c’est un peu un suicide économique : nous sommes 19 sur scène, 21 sur la route, donc il y a des cachets à sortir. Étonnamment on a déjà plus de 20 dates prévues pour l’année prochaine, et j’en suis très content. Mais je n’ai jamais fait que seulement  ça, et les gars des Toubifri non plus : ils ont, comme moi, plein de projets en parallèle aussi. Et je n’ai pas envie de les quitter jamais. Nous sommes désormais liés.

– Vous donnez effectivement le sentiment d’une famille qui s’est trouvée pour ne plus se quitter. Est-ce une image fidèle à la façon dont vous vivez cette aventure ?

– Loïc : Complètement ! D’autant plus que maintenant  Grégoire qui a monté le groupe n’est plus là. On a fini ce qu’on avait commencé avec lui, et ça a été assez douloureux. Maintenant on en profite, sous sa grâce. Au départ on devait effectivement faire une petite saison et s’amuser. On avait décidé de faire un disque live avec quelques nouveaux inédits. Puis quand on s’est mis à bosser ensemble, on s’est vraiment fendu la gueule. Finalement on a décidé de réaliser un album entier, en gardant le live quand même, ce qui a donné ce disque double.   

– Le disque laisse entendre, en même temps qu’une unité d’esprit, une diversité d’influences et de d’originalités musicales, qui distingue chaque morceau de l’autre. Comment s’est organisé le travail de composition ?

– Loïc : C’est-à-dire qu’au départ on a commencé à travailler sous la direction de Grégoire. Il avait déjà dans l’idée de passer la main à d’autres compositeurs sur certains morceaux. Et puis il y a un arrangeur qui fait les parties de chacun. Ce n’est donc pas collégial : il y a un ou deux compositeurs par morceaux et un arrangeur, qui peut être le même ou pas. Donc quand il y a plusieurs compositeurs, forcément il y a des sensibilités différentes, des univers musicaux différents. C’est ce qui fait la force de ce groupe qui préexistait à notre rencontre et qui continue à exister. Là dedans, il y a des purs jazzeux, des musiciens qui viennent plutôt d’un truc plus rock. Ce n’est pas une seule voix ! Ensuite bien sûr quand les partitions arrivent à chacun, chacun peut donner son avis sur la façon dont il veut jouer. Sur tout l’orchestre, il doit y avoir seulement cinq ou six compositeurs qui ont travaillé avec moi, plus quelques arrangeurs, et beaucoup de musiciens qui ne sont ni l’un ni l’autre, et jouent les partitions, bien sûr avec de temps en temps des moments plus libres pour l’improvisation. Ce sont des musiciens de Jazz, donc qui savent improviser. Mais tout le monde ne compose pas ensemble ; sinon ce serait le bordel. C’est quand même assez marrant d’entendre un morceau contrebasse-voix arrangé pour dix-huit musiciens.

– Comment avais-tu rencontré Grégoire ?

– Loïc : Il est venu m’attraper pour me proposer de bosser avec lui. Je ne suis pas très réactif, alors il avait un peu insisté. Et puis il est venu à Lille et surtout m’a filé dans les pattes le disque qu’il venait de faire avec son groupe. J’ai pris une énorme claque, et je lui ai dit « quand tu veux ! ». Son décès a eu lieu pendant l’écriture de l’album. Ça nous a mis à terre. On était tabassés de chagrin. Et puis soit on repartait chacun avec un demi-album sous le bras en se disant que ça avait failli être bien, soit on décidait de terminer le boulot sous son inspiration. C’est ce qu’on a fait, et c’est évidemment ce qu’on avait de mieux à faire. Et c’est un grand soulagement.

– Que retiens-tu de ces différentes expériences d’avoir chanté seul, puis en duo, aussi avec ton groupe, et puis avec cet orchestre ?

– Loïc : Ça m’apprend des choses. C’est-à-dire qu’avec François, on a toujours décidé de ne pas rester statique. Nous avons commencé avec Allain Leprest et Jehan, et François était déjà dans la boucle, avec moi, à l’époque.  Chaque fois qu’on est arrivé sur une fin de cycle, on a toujours fait des choses différentes. On essaye de réfléchir autrement. Et on est aussi sur d’autres projets : on a remonté un spectacle avec la Compagnie des Musiques à Ouïr [https://musicaouir.fr/] autour de Brassens, qui m’a fait beaucoup de bien, et m’a fait apprendre plein de choses au niveau du chant, du calage. L’idée, c’est de ne pas rester enfermés. On fait ce métier depuis quand même assez longtemps, on ne pouvait pas rester bloqués ensemble.

– Tu es réputé émotif et timide. Et pourtant, toi qui écrivais pour d’autres artistes et aurais pu rester dans le confort d’une carrière dans l’ombre, tu es passé derrière le micro. Quelles raisons peuvent pousser un auteur à porter lui-même ses chansons?

– LoÏc : C’est marrant, parce que justement comme j’étais embêté, je n’osais pas filer un papier à quelqu’un ; je préférais lui lire le texte. Et du coup je me suis un peu trouvé propulsé comme ça, parce qu’on me disait que quand je lisais, c’était intéressant et que je devrais faire ça. Je me suis retrouvé à lire tout seul mes textes. Ça n’a pas duré très longtemps, car j’ai très rapidement branché François. Au début il n’était pas sûr de pouvoir faire quelque chose. On s’est retrouvés dans une petite salle qu’on adorait –et qu’on adore toujours-, Le Limonaire, à Paris, et ça nous a plu, donc on a décidé de continuer ensemble. Ce qui est marrant, c’est que j’avais une date dans un festival de conteurs juste après, et j’ai rappelé l’organisateur pour lui annoncer qu’en fait on serait deux. Le mec s’est dit : « ça y est, ça commence. Il a trois semaines de métier et il commence déjà à foutre le bordel ». Et quand j’ai dit qu’il s’agissait de François Pierron, la chose est passée, car le type était un admirateur de Gérard Pierron, le père de François. C’était rigolo, car pas mal de professionnels étaient conviés à ce festival de conteurs. Et ça nous a permis de rencontrer des gens, de faire une tournée derrière, et de devenir intermittents au bout de la première année, d’avoir quelques lignes dans Le Monde, de décrocher des dates. On n’a jamais tapé aux portes. J’étais persuadé d’être monté à Paris pour profiter de neuf mois de chômage ; et puis on a fait de belles rencontres et on s’est bien marrés : ce n’est qu’une histoire de rencontres. On n’a pas eu à monter de dossier, ni à faire des démarches. Les gens nous ont proposé d’eux-mêmes. On a fait beaucoup de bistros au chapeau, et finalement, ça nous est un peu tombé dessus comme ça, par hasard et pas rasés !

– Tu as participé au disque de Jehan « Chante Bernard Dimey de Charles Aznavour », avec Agnès Bihl, Yves Jamait, Allain Leprest, Romain Didier. Peut-on parler de « petite famille » d’artistes qui ont un peu en commun un crédo, une façon de faire ce métier, une passion et aussi des liens humains ?

– Loïc : Oui ! On était déjà plus installé là dedans. J’ai rencontré Jehan en même temps que François. C’est Allain Leprest qui m’avait dit de lui écrire, et comme un con, je l’ai fait ! Je suis allé à Paris le voir. Quand on a monté ce spectacle « Ne Nous Quittons Plus », François était déjà là. Agnès Bihl, comme plein de gens, on la connait depuis l’époque du Limonaire, du début. Y avait toute une clique de chanteurs, Dikès, La Rue Ketanou… C’était effectivement une petite famille de jeunes gens assez soudés qui se lançaient là dedans. Certains étaient déjà un peu plus installés, et moi, je débarquais de mon Nord.

– François : Il y a beaucoup de gens aussi qu’on a rencontrés dans un petit café-théâtre qui s’appelait L’Ailleurs, à Bastille, où effectivement beaucoup de gens ont été programmés dont Dikès, La Rue Ketanou, Wladimir Anselme. C’était un petit bar/café concert, où ils arrivaient à payer les artistes, en se battant comme des arrache-pied.

– Loïc : A Paris, ça n’existe plus. En plus il déclarait les mecs qui venaient dans son bar ; c’était assez exceptionnel. Il y avait trois tarifs : 30, 50 ou 80 francs. Les gens mettaient ce qu’ils pouvaient, plus en début de mois qu’en fin de mois en général. Mais ça responsabilisait les gens. C’était une passion.

– Comment as-tu connu Joe Doherty ?

– Loïc : Après avoir beaucoup tourné en duo avec François, on faisait beaucoup de rencontres, et on aimait inviter les gens avec nous sur scène pour partager un moment. C’était une époque où on faisait beaucoup de co-plateaux, ce qui nous a permis de rencontrer plein de gens. On a sorti les deux premiers albums et un live sur un label nommé  « Mon Slip » qui avait été monté par Christian Olivier des Têtes Raides principalement. Et puis avec François on a décidé de faire ce qu’on a appelé une « tournée cascade », c’est-à-dire qu’on jouait avec deux musiciens en plus, mais jamais les mêmes. Ça représentait une quinzaine de musiciens, mais qu’on intervertissait et qu’on assemblait différemment. Ça allait des Ondes Martenot de Christine Ott, à Danielito [Daniel Bravo, percussionniste du groupe Tryo], en passant par Joe et Phil [Eric Philippon du groupe La Tordue] qui jouait de la guitare. Et à un moment on a voulu fixer un truc, et chacun de son côté, on a pensé à Phil et Joe, qui se connaissaient d’avant, de l’époque de La Tordue et de Sons of The Desert, leurs groupes respectifs. On se marrait bien tous les quatre.

– François : C’est différent. On a construit quelque chose de plus maitrisé, même si la « tournée cascade » était chouette aussi, car plus basée sur l’instant et une magie éphémère. Avec Joe et Phil on voulait construire un truc plus solide ; et puis ça a fait partir la musique dans plus de directions, même s’il faut faire gaffe de ne pas ouvrir toutes les fenêtres non plus. Faut en laisser pour l’imagination. Ça fait du bien de changer de toute façon. Ce sont deux choses différentes. J’aime bien quand il n’y a presque rien, parce que les gens imaginent des choses. Je considère qu’un groupe qui a réussit, c’est un groupe qui arrive à construire quelque chose de fort, mais en laissant une place pour l’imaginaire des gens.

– En parlant d’imaginaire des gens et d’appropriation individuelle des histoires que racontent les chansons, y a-t-il un être réel qui a inspiré « Pierrot » ou est-ce un personnage fictif qui parle du « Pierrot » de chacun ?

– Loïc : J’en ai parlé avec déjà pas mal de gens, qui ont tous un peu leur « Pierrot ». Et ça, c’est cool ; c’est l’idée. Une chanson appartient aux gens qui l’écoutent. Mais j’en ai un aussi ! On avait fait un train-théâtre à Portes- Lès-Valence avec un groupe qu’on aimait beaucoup, Samarabalouf [http://www.samarabalouf.fr/]. Et là dedans, y a un gars d’Amiens qui s’appelle Pierre Margerin, qui est absolument délicieux. J’ai toujours couru après lui, parce qu’il est d’une gentillesse infinie, mais d’une connerie à l’égale. Dans chaque salle où il est présent, tu vois après les techniciens et tout le monde tourner autour de lui pour entendre la dernière connerie qu’il va sortir. Ce mec, il vaut cent mille chansons ! Mais encore une fois, à chacun son « Pierrot ».

– Pouvez-vous nous parler de projets à venir ?

– Loïc : On ne se promet rien. On a eu un beau rendez-vous lorsqu’on a fait les Bouffes du Nord, qui est le plus beau théâtre qu’on connaisse. On s’est dit qu’on allait s’y mettre un peu, sans obligation de résultat. J’en suis très content : c’est allé très vite et on est parti un peu dans des directions qui étaient nouvelles, ce qui nous a mis un grand coup de vent frais qui fait du bien. On se dit qu’on a le temps, mais un nouvel album est une direction que j’ai envie de prendre. La façon naturelle de faire les choses, est de jouer les chansons d’abord. C’est l’inverse qui est bizarre. Jean Corti, qui était l’accordéoniste de Jacques Brel, nous disait : « c’est marrant, vous les jeunes, vous faites les choses à l’envers ».  Il expliquait qu’à l’époque où il faisait des chansons avec Brel, ils partaient six mois ou une saison en tournée, puis enregistraient l’album. A l’époque, on ne pouvait pas faire du montage : il y avait un micro pour le chant, des micros suspendus pour le groupe, et roule, ma poule ! Celui qui fait un pain, il paye l’apéro. Et ils défonçaient les chansons. Quand tu fais l’inverse, c’est-à-dire que tu écris et enregistre des chansons sans les avoir jouées, ce n’est qu’une clé pour pouvoir tourner.

– François : Le disque devient un outil promotionnel. Du coup il n’y a plus la même qualité discographique qu’à une autre époque.

– Loïc : C’est-à-dire aussi que tu ne sais pas comment ça va te faire. Je ne parle pas de la réaction du public, mais de la façon dont toi, tu vas pouvoir porter la chanson. Parfois tu crois que tu vas arriver complètement convaincu et flamboyant, et puis lorsque tu te retrouves devant les gens, tu deviens plus timide là dedans, et tu leur laisses une part de rage, parce que tu ne la partages pas vraiment. L’inverse aussi peut se produire, c’est-à-dire que quelque chose que tu as enregistré comme une toute petite chose, tu vas d’un coup avoir envie de la porter, et ça, tu ne peux pas le savoir, tant que tu ne l’as pas joué devant des gens. L’intérêt de chanter devant le public avant est là. Parce qu’encore une fois, une chanson appartient aux gens qui l’écoutent.

– François : Surtout que nous, on ne s’est jamais projetés dans la tête des gens au moment de la création. Quand on est dans la création, on se fait plaisir à nous. Ensuite, c’est le public qui décide si ça lui plait ou pas.

– Loïc : On ne fonctionne pas à l’applaudimètre ; ce n’est pas ça. Si ça ne fonctionne pas, c’est plutôt nous qui nous en rendons compte. Il y a des chansons qu’on a moins chantées évidemment. Mais on n’a jamais testé une chanson en public qu’on a abandonnée, au motif qu’elle n’aurait pas marché. On leur a toujours donné une chance. Ce n’est pas une histoire de sondage. De toute façon dans un processus de création, on a toujours un petit côté schizophrène, qui fait qu’on est aussi un peu public : si on ressent quelque chose en travaillant une chanson et qu’on y trouve du plaisir et une émotion sincère et pas réfléchie, à ce moment là, on la présente aux gens.

– François : Il y a aussi des choses qui peuvent être plus du domaine intime ou personnel, et pas assez ouvertes. Et là on se rend compte tout de suite si ça fonctionne ou pas.

– Pour revenir à la tournée avec les Toubifri, n’était-ce un pari risqué de vouloir créer et tourner avec dix huit musiciens à l’heure des restrictions budgétaires dont souffrent l’art et la culture et qui contraignent beaucoup d’artistes à réduire les équipes ?

– Loïc : Tout est relatif. Ce n’est pas une tournée de soixante dates par an. On en a déjà plus de vingt, et c’est un petit miracle. Mais on fait des efforts : on ne vend pas le spectacle cher, on fait de l’auto-régie ; les gars sont jeunes et ils en veulent. Je ne suis pas très porté sur les récompenses, mais ça m’a fait plaisir que le Grand Prix de la Scène de l’Académie Charles-Cros leur ait été décerné, que ce courage là soit reconnu, celui de musiciens qui ont envie de faire quelque chose et se battent pour le faire vivre. Il y a aussi des gens qui prennent des risques et font un effort. C’est important de présenter ce genre de choses. Parce que si ça continue comme ça, bientôt aucun gamin n’aura jamais vu un groupe de plus de quatre personnes.

– François : Quand tu vois ce spectacle, c’est complètement magique : personne n’est en trop. Ce n’est pas un spectacle avec des voltigeurs, des effets spéciaux, ou je ne sais quoi.

– Loïc : De toute façon le jour où quelqu’un dira qu’il faut passer à treize, car c’est trop cher, on ne le fera pas. Il y a deux choses : d’une part il y a de moins en moins d’argent qui est consacré aux musiques actuelles ; d’autre part il y a peut-être aussi une morosité, une fragilité, ou je ne sais quoi qui fait que les gens ne bougent pas pour aller voir un spectacle, du moment que c’est accessible sur internet. Il y a aussi une responsabilité des gens qui ont peut-être moins envie de se rencontrer, ou sont moins gais. Il y a une espèce de repli. Et ça ne dépend pas de Macron ; Macron est la conséquence de cet égoïsme ambiant. Nous l’avons mis au pouvoir, parce qu’on ne se rencontre plus, qu’on n’est plus en fantaisie, en poésie.

– François : Avec les home-cinéma, les play-stations, etc… on peut passer de superbes soirées chez soi sans sortir. Le monde est un peu comme ça. Il y a moins d’ennui. Et pourtant l’ennui est quelque chose d’important. Plutôt que de l’ennui, on ressent de la fatigue ou de la déprime. Mais l’ennui à combler en créant ou en sortant voir des gens est moins présent.

– Mais n’est-ce pas justement la morosité ambiante qui contraint les gens à un repli dans leur cocon, parce qu’on a tous besoin de posséder des espaces ou des bulles de bien-être dans la vie ?

– Loïc : Alors que justement, cela devrait donner envie de se retrouver, d’être ensemble. Et non ! Donc il y a moins de monde dans les salles de spectacles, et ça n’est pas qu’une histoire de manque de subventions. Ce qui n’empêche pas que les politiques culturelles qui sont menées actuellement sont absolument effrayantes, parce que justement tout ce qui est intermédiaire entre la sortie ou le replis chez soi, c’est-à-dire les musiques accessibles et généreuses, est mis de côté. On continue de subventionner largement l’excellence, ce qui est important. Avoir des opéras, des lieux pour grands orchestres, c’est important. Mais c’est bien aussi d’avoir des endroits de création, de fantaisie, où ça bouillonne. Et là, on nous dit de nous démerder, que de toute façon les grands artistes sont toujours sortis de n’importe où. Et paradoxalement la morosité dont tu parles met en valeur les initiatives alternatives, et montre qu’avec de l’envie, de l’amitié, on peut créer et quand ça prend, ça fonctionne du feu de dieu.

– Le rôle joué -ou plutôt non joué- par les médias révèle-t-il une cassure entre les orientations, presque la politique, des médias de masse et la réalité des gouts du public qui affectionne aussi des artistes ne bénéficiant pourtant d’aucune exposition médiatique ?

– Loïc : Les grands médias sont complètement tenus par leur audience et ne prennent pas de risque. Ils sont en train de s’enterrer aux mêmes, parce que justement la culture émerge d’ailleurs. Ils sont mêmes obligés parfois de parler naturellement d’un groupe dont ils n’ont jamais osé parler : une fois que les artistes sont établis, ils en parlent comme si ça existait avant, alors que leur rôle à eux aurait été de les faire découvrir. Ils connaissent ces artistes, mais prétendent ne pas pouvoir en parler, ne pas avoir la place dans leurs émissions ou leurs canards. C’est incroyable de voir comment en quelques années toutes les émissions de découverte de France Inter se sont écroulées, et le peu de prise de risque en playlist sur cette radio. Et c’est pareil un peu partout, sauf peut-être sur les radios comme FIP qui travaillent encore. Mais d’une manière générale, on ne réalise plus de découverte, on n’accompagne plus les artistes, et on fait comme si c’était de la génération spontanée. On en parle depuis longtemps, mais dis toi bien que ni François, ni moi, ni les potes avec qui on joue n’avons aucune pointe d’aigreur vis-à-vis de ça. C’est juste un constat. On ne va pas tomber dans ce jeu de critiquer en disant que c’était mieux avant. Ce constat est important pour nous quand on réfléchi d’une manière plus générale ; mais pour nos petits métiers à nous, on s’en fout. Il ne se vend plus de disque aujourd’hui, on découvre moins en radio : c’est comme ça. Mais on ne va pas se positionner en décrétant ce qui est bien, et ce qui n’est pas bien. Ce serait très dangereux. J’ai toujours considéré qu’on avait de la chance de faire ce métier, même s’il n’est pas toujours facile, non pas par rapport aux difficultés d’en vivre -ça, on s’en tape ; on sait que c’est un métier aberrant-, mais parce qu’on donne des efforts. On se pose souvent la question de savoir pourquoi on fait cela ; et la réponse doit être gaie et pleine d’avenir. Si un jour on se dit qu’on fait ce métier, car on ne sait rien faire d’autre, on fera de la merde. 

– François : J’espère que la réglementation va être plus souple pour les petits lieux et les moyens alternatifs par lesquels les artistes s’exprimeront, parce que pour l’instant ça semble être l’avenir.

– Loïc : Alors maintenant, avec tous les moyens accessibles, on peut s’enregistrer et faire son disque soi même, puis le diffuser sur internet. Mais il ne faut pas oublier que sur internet, il y a quand même ce filtre gigantesque pour cacher certaines choses. C’est à dire qu’il suffit d’envoyer plus d’informations pour être plus vu, et que le reste passe derrière. Tu peux être sûre que si un gros média veut passer son article avant toi, tu ne seras jamais à égalité là-dessus. Sur le principe, oui, mais pas dans les faits. Je pense à ça, parce qu’on a une chanson qui s’appelle « Quand Les Cigares » qui est dans le film « Merci Patron ! » de François Ruffin, et lorsque j’ai voulu aller voir sur internet, le premier truc sur lequel je suis tombé était un truc qui défonçait le créateur en en disant du mal. C’est à dire que quand tu fais une recherche sur le gars, tu tombes en premier sur un truc qui le descend, tout simplement parce qu’on fait tourner des machines pour que cet article là apparaisse en tête. Internet, c’est a priori la liberté. Mais c’est quand même un gros tas de merde aussi.  Le truc est vicié, car tu as un tas de mecs qui bombardent de la contre-information pour que la vraie information ne t’arrive pas. Mais encore une fois, ce n’est qu’un constat ; il n’y a pas d’amertume chez nous. On finira tous sur le darkweb !

– Certes, mais vous êtes dans la création. N’est-ce pas ce qui permet d’éviter l’amertume et la morosité, alors que la majorité des gens ne possède peut-être pas cet horizon pour sortir la tête des contingences quotidiennes et de cette morosité dont vous parlez?

– Loïc : Parce qu’on ne leur a pas appris à le faire, ou qu’on ne les a pas laissés faire. Ça m’est vraiment arrivé par des rencontres de hasard, et c’est insolent de faire ça. Tu t’aperçois ensuite que tout le monde peut le faire, tout le monde peut écrire. La musique, c’est peut-être plus compliqué, parce que déjà il faut avoir ton instrument et pouvoir apprendre à en jouer. Mais pour l’écriture, depuis que tu as deux ans, tu fais tes gammes. Et tous les jours. Tout le monde sait parler. Il n’y a pas d’histoire de virtuosité. Il y a des musiciens de classique qui connaissent leur travail, jouent de manière excellente dans des orchestres avec une partition, mais ne sont pas capables de créer. Mais tout le monde peut écrire : il suffit juste de décaler un peu le propos ou de s’éloigner. Ça s’appelle la poésie. Mais à l’école on nous apprend que ce sont des affaires de poètes, de gens pas comme nous, de génies. Quelle connerie ! Il ne faut jamais dire ça à un gosse. Tu le prives de tout en lui disant que les écrivains sont des gens particuliers, dont il ne sera jamais, parce que sinon il serait un génie et ça se saurait. C’est la plus grosse connerie qu’on peut dire à un gosse : il faut lui apprendre que les génies n’existent pas.  

Miren Funke

Photos : Carolyn C (1 ; 4 ; 5 ; 6 ; 8 ; 11), Miren (2), Francis Vernhet (9)

Nous remercions Agnès et Joe Doherty pour leur aide.

 

Liens : https://www.facebook.com/LoicLantoineOfficiel/

https://www.facebook.com/verybigexperimentaltoubifriorchestra/

https://toubifri.wordpress.com/

http://www.bordeaux-chanson.org/

http://lentrepot-lehaillan.com/

Les plus inconnus des auteurs compositeurs interprètes connus…

22 Avr

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Les Cabarettistes au complet (Photos ©NGabriel2016)

Nu AAA 16-04-2016 19-50-46 2736x2372Allain Leprest le plus connu des chanteurs inconnus ouvre ce spectacle, en toute logique, et c’est peut-être dans ces conditions qu’il a commencé, devant un public attablé dans un bistrot normand.

Les Cabarettistes, rencontrés lors des Galops du Cheval d’Or, sont des petits enfants du Groupe Octobre, les guerilleros de la culture qui tiraient les 400 coups pour aller mettre la poésie dans la rue et dans les usines. Ils ont plusieurs spectacles sur la route, qui seront suivis avec attention, avec dans quelques jours une rencontre avec cette troupe, tous comédiens-chanteurs tous-terrains, avec une prédilection pour les chemins de traverse, les réfractaires aux autoroutes et voies balisées, les explorateurs des sentiers buissonniers riches d’originalités… Ces oiseaux de passage assoiffés d’azur et d’horizons infinis… (suite de l’article ICI )

cabarettistes les plus connus 16-04-2016 19-12-18 1647x2488Les voici dans Le cabaret des plus inconnus des auteurs compositeurs interprètes connus, d’après d’après l’oeuvre d’Allain Leprest, Colette Magny, Jehan Jonas, Henri Tachan, Gribouille, Loïc Lantoine et Pierre Louki. Et dans la salle du Théâtre de l’Opprimé, un lieu de de théâtre militant ouvert à toutes les bonnes volontés.

Dans cette salle où une partie du public est sur la scène, où la scène est de plein pied avec le public, on voit revivre ces artistes qui n’ont pas eu toute la lumière que méritait leur talent. Ceux dont on déplore l’indifférence des médias, une des seules peut-être à avoir eu quelques passages télé, c’est Colette Magny, avec le détriment d’être réduite à une chanson.. Les Cabarettistes ont pris des interviews de l’époque, dans lesquelles ces artistes éclairent le contexte, comment ils ont vécu leurs années de chanteurs plus ou moins confidentiels, ces interviews sont mises en voix en direct par Les cabarettistes les plus connus duo AAA 16-04-2016 20-48-28 2526x2094Cabarettistes, avec leur talent inouï pour créer des décalages drôlatiques, et très efficaces, on ne perd pas une virgule du propos. Les deux drôles aux larges épaules, version Cabarettistes, ça vaut le détour aux Tuileries.

cabarettistes les plus connus

Pierre Louki glisse ses brèves, dans son humour pince sans rire, et il est ravi d’être représenté par …  Voyez vous même, c’est tout lui…  enfin presque…

De tous ces artistes mis à l’honneur, le moins connu est peut-être Jehan Jonas, et comme ça tombe bien, c’est le prochain rendez-vous avec Les Cabarettistes. Car cette troupe a plusieurs spectacles à son répertoire, voir le calendrier, en différents lieux, et je relaie et soutiens ce que dit Christian Camerlynck, en une période compliquée pour la culture pas bien traitée depuis les dernières municipales, il faudrait trouver un moyen de soutenir les artistes et les compagnies qui avancent, seuls, uniquement avec le public, c’est à dire, vous et moi, et quelques partenaires qui les invitent dans leur salles.

 

Une idée de Camerlynck à suivre…

 

Il faut suivre, soutenir ce magnifique travail des comédiens qui Il faut suivre, soutenir ce magnifique travail des comédiens qui composent ce groupe et créent ces spectacles. Si j'étais producteur, si j'avais une salle ou si je dirigeais un festival je les engagerais. Bon ce n'est pas ce que les professionnels de la profession appelleraient de la Variété et pourtant! Ils chantent et disent des textes de chanteurs de plusieurs époques surtout celle des cabarets. Certains sont morts physiquement mais leurs chansons sont tellement vivantes qu'elles donnent l'impression d'avoir été écrites... Hier, Aujourd'hui, pour demain. En toute humilité ces passionnés servent la chanson, servent leurs auteurs... en grande simplicité, en convivialité... Amoureux des beaux textes, des belles mélodies, avec humour et tendresse ils nous donnent l'envie de redécouvrir, Pierre Louki, Allain Leprest, Gribouille, Riffard, Ricet-Barrier, Anne Sylvestre, Loïc Lantoine, Jehan Jonas et plein d'autres. Merci Mattila et la compagnie des Cabarettistes. Votre place devrait être au Hall de la chanson, dans toutes les structures, salle de spectacle qui aiment cet art le plus populaire qui soit.

Il faut suivre, soutenir ce magnifique travail des comédiens qui composent ce groupe et créent ces spectacles. Si j’étais producteur, si j’avais une salle ou si je dirigeais un festival je les engagerais. Bon ce n’est pas ce que les professionnels de la profession appelleraient de la Variété et pourtant! Ils chantent et disent des textes de chanteurs de plusieurs époques surtout celle des cabarets. Certains sont morts physiquement mais leurs chansons sont tellement vivantes qu’elles donnent l’impression d’avoir été écrites… Hier, Aujourd’hui, pour demain. En toute humilité ces passionnés servent la chanson, servent leurs auteurs… en grande simplicité, en convivialité… Amoureux des beaux textes, des belles mélodies, avec humour et tendresse ils nous donnent l’envie de redécouvrir, Pierre Louki, Allain Leprest, Gribouille, Riffard, Ricet-Barrier, Anne Sylvestre, Loïc Lantoine, Jehan Jonas et plein d’autres. Merci Mattila et la compagnie des Cabarettistes. Votre place devrait être au Hall de la chanson, dans toutes les structures, salles de spectacle qui aiment cet art le plus populaire qui soit. Christian Camerlynck

 

Le calendrier, c’est là : notez le 11 Mai, RDV avec Jehan Jonas  à 19h30, Théâtre de l’Opprimé, 78 rue du Charolais 75012 PARIS : Tableau 2 : Prenez pas les morts pour des cons

  • 05 juin 2016 toute la journée, Péniche Adélaïde, face au 48 quai de la Loire 75019 PARIS : Intégrale Triptyque (à confirmer)
  • 14 juin 2016 à 19h30, Théâtre de l’Opprimé, 78 rue du Charolais 75012 PARIS : Tableau 3 : Les galops du Cheval d’Or

Et n’oubliez pas, il y a des pauses entracte, on est bien traité avec les Cabarettistes. Dans la tradition du cabaret, on y boit, on y mange, mais pas en même temps,  dans la tradition du théâtre, pas de polka des fourchettes pendant le spectacle, c’est pendant la pause qu’on se restaure. Tout bio, tout frais. Pour les détails matériels, on paye son entrée au théâtre, et pour la pause cabaret, un chapeau attend l’expression de votre satisfaction, on paye au prix de son plaisir en spectateur citoyen responsable et conscient.

Cabarettistes la pause 16-04-2016 20-16-51 3600x1609

Ajoutons qu’il y a souvent un invité surprise, et avec ce  lien, vous saurez tout ce qui vous peut être utile, indispensable pour les suivre, dans leurs aventures avec le Collectif 36 bis,  c’est ICI, clic sur le chapeau et la visite commence.Cabaret-2 chapeau

Norbert Gabriel

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