Quand la reine du créneau commence par un beau malentendu, on peut y voir tout un symbole, avec une chanson qui paraît gentiment rigolote dans un premier temps (comme Le chat de la voisine chanté par Montand). La reine du créneau épingle quelques unes des idées reçues toujours bien ancrées chez l’automobilus simplex mâle, ensuite pour le beau malentendu, ce pourrait être une allégorie relative à quelques clichés usuels du prêt à écrire, comme « la grande dame de la chanson » et aussi madame Fabulette. Bon, elle est grande , elle est dame, et pourtant au fil des concerts et diverses rencontres de hasard, on voit plus une rebelle, une malicieuse insurgée, une battante résolue qui n’abdique pas, une femme debout, avec dans l’oeil cette étincelle de jeunesse toujours prête à scintiller. Sans concession aux faux semblants, sans rien lâcher des révoltes adolescentes, celles qui ne se résignent jamais aux compromissions adultes. Les grandes dames, il en faut, comme les statues et les icônes devant lesquelles on génuflexionne avec respect… Mais le respect mon cul, dirait Zazie, 66 ans aux prunes. Anne Sylvestre n’est pas une statue, elle vit, elle chante, avec le répertoire très riche qu’elle a dans ses cahiers, elle peut s’amuser à mélanger hier et aujourd’hui, et ça marche ! Qu’elle fasse des insolences avec Agnès Bihl, ou des tournées de bars à Jamait, des carrés de dames, des bêtes à bon Dieu, ou des duos-trios et plus si affinités, ça touche toujours en plein cœur. On rit, on pleure, devant un mur, ou seul dans son coin, on vit, et on se dit à la prochaine. Envers et contre tout. Et avec Nathalie Miravette.
Bon, dans tout ça, qu’est-ce qui s’est passé hier à Aubercail ? Il y avait deux spectacles, car on ne peut pas vraiment réduire Les Didoudingues à une première partie. Qui sont-ils ? Un collectif d’artistes et vous saurez tout sur eux ICI,
ça vaut le voyage. Qu’est-ce qu’ils font ? Ils mélangent, échangent, se font des passes, des relais entre leurs propres chansons ou celles des autres, mettent leurs talents originaux au service d’un spectacle jouissif et total, décor, lumières, ambiances, ils se baladent dans toutes les musiques, colorent de sonorités africaines, ou de notes de banjo doux comme un oud sous les doigts de Davy Kilembé, impossible de mettre en avant les unes les uns ou les autres, c’est un collectif joyeux, percutant, militant tonique et à inviter dans tous les lieux donnant à entendre une chanson vivante pour tous publics.
Notez, entre Lapalud et Kilembé, Didou, un important personnage…
Anne Sylvestre avait aussi invité un ensemble de musique classique d’Aubervilliers pour l’accompagner au début de la soirée, et Mèche, dont vous aurez quelques chansons à écouter ICI, ou clic sur la photo. Et je vous invite – que dis-je? je vous intime fermement- à suivre cette jeune femme talentueuse.
Pour finir, merci Anne Sylvestre, quand on est jeune c’est pour la vie. Et c’est parfois contagieux.
MP: Elise vous envoie ses compliments, elle communique par internet désormais, en Fa dièse… Majeur !
Et pour quelques images de plus,
Vous pouvez avoir un aperçu musical des Didoudingues, voilà:
Norbert Gabriel