Tag Archives: Léo Ferré

Avec le temps, Variations ..

9 Mar

 

Cette chanson sur l’amour déçu, la fuite des sentiments et la tragique expérience du temps qui efface tout, est inspirée de la propre expérience de vie de Léo Ferré. Il compose cette chanson en repensant à sa rupture avec sa deuxième femme, Madeleine, en 1968, rupture qui conduit indirectement à la mort de Pépée.
Écrite et composée en 1969, enregistrée en octobre 1970 lors des sessions de finalisation du volume 2 d’Amour Anarchie, cette chanson est écartée du LP par la maison de disques (Barclay)  pour sortir en 45 tours « à la sauvette » C’est une sorte de cri du cœur, Léo Ferré disait : « Avec le temps, paroles et musique, je l’ai faite en deux heures. Une victoire.  C’est l’histoire de ma vie pendant plusieurs années. Une histoire vécue. » Les années Madeleine, l’autre à qui on donnait du vent et des bijoux, pour qui l’on eût vendu son âme pour quelques sous..*

 276 artistes contemporains de la variété francophone ont enregistré Avec le temps, (chiffres 2012) et depuis il faut ajouter de nouvelles versions à l’international.
Avec le temps a été interprétée, entre autres, par : Catherine Sauvage, Dalida, Jane Birkin (enregistrement public au Bataclan), Céline Dion, Bernard Lavilliers, Hiba Tawaji, Salif Keïta (album Sosie), Philippe Léotard, Renée Claude, Henri Salvador, Catherine Ribeiro, Francesca Solleville, Juliette Gréco, Alain Bashung, Michel Jonasz, Belinda Carlisle, Abbey Lincoln, Mônica Passos, Bertrand Cantat, Youn Sun Nah, le duo Brad Mehldau et Anne Sofie von Otter, Johnny Hallyday, Mama Béa (album Du côté de chez Léo), François Deguelt, Tony Hymas (en) (instrumental), Wafa Ghorbel (en arabe tunisien)

Dans le Top 100  des chansons que l’on devrait tous connaître (Baptiste Vignol)   Avec le temps arrive en tête de liste , (devant « La nuit je mens »  et « Mistral gagnant » )

 

«  Avec le temps » dans une version très touchante par Jane Birkin Léo aimait beaucoup cette interprétation comme il l’avait déclaré dans les meilleurs termes lors de l’émission « Avec le temps – une nuit avec Léo Ferré » sur France Culture le 01/01/1988 ( … Ferré, ravi, croira entendre une libellule. » )

 

Youn Sun Nah, accompagnée à la guitare acoustique par Ulf Wakenius au festival de Jazz de Marciac

 

Gréco live avec Jouannest et Servain

 

 

 

Detroit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sting lecture

 

Il en reste quelques centaines si le cœur vous en dit …

  • entretien avec Hélène Hazera 1991.

Variations suggérées par Annick Roux

Norbert Gabriel

 

La lune ou J’m’appelle la lune…

23 Sep

Photo ©NGabriel

C’était en 2011 ou 2012, la découverte d’ une chanson de Léo Ferré que je ne connaissais pas. Annick Cisaruk interprétait « J’m’ appelle la lune » lors des Jours Ferré. La surprise passée, un peu vexé, je consulte mon intégrale Ferré, et rien. Léo Ferré ne l’a jamais enregistrée.
Deuxième étape : en 2014, Valérie Mischler est invitée aux Jours Ferré avec cette chanson un peu mystérieuse, les enregistrements sont rares, le premier semble être une version début des années 60 par Los Machucambos, une version que nous dirons exotique, trouvée en faisant un tour dans les archives Ferré.
Ensuite,  voici la québécoise Renée Claude en 1994. Vient alors l’idée de chercher l’histoire de cette chanson. Comment est-elle née, qui l’a chantée la première fois… Le point de départ de cette recherche étant le fait qu’elle est interprétée par des chanteuses-comédiennes, Renée Claude, Annick Cisaruk,
Valérie Mischler, qui ont l’exigence de connaître l’histoire des textes qu’elles vont chanter. *
Et autre surprise, lors des Jours Ferré, personne ne sait rien, ni les spécialistes confirmés, ni Marie Ferré. Rien dans les livres non plus. Un faisceau d’intuitions et quelques indices flous, des souvenirs de livres sur les années cabaret 50-60 esquissent Pauline Julien comme première interprète probable. Et aussi l’hypothèse que Renée Claude a été précédée par une « collègue »,  et la seule chanteuse possible est Pauline Julien qui était en France dans les années 54-57, et qui a commencé à chanter dans les cabarets, les mêmes où passait Ferré. **

De ricochet en ricochet, Anne Sylvestre renvoie à Jean-Paul Liégeois, qui admet l’hypothèse sous réserve de vérification. Arrive ensuite Céline Faucher dans la quête des sources. Et dans le second semestre 2015, Jean-Paul Liégeois trouve la preuve à l’INA, comme Céline Faucher la trouve aussi dans les archives de Pauline Julien, au Québec, c’est bien Pauline Julien qui a été la créatrice, au sens première interprète.
Reste la question, pour qui Ferré a-t-il écrit cette chanson très féminine ? Etait-ce pour Pauline Julien, plus comédienne que chanteuse à cette époque ? Ou bien est-elle arrivée à point pour s’approprier cette nouveauté ? La quête continue, mais Pauline reste l’hypothèse plausible, quand elle a commencé à chanter, les artistes se croisaient dans les cabarets, en constituant des familles d’idées, rive gauche/ rive droite.
Elle y interprète alors Léo Ferré, Boris Vian et Bertolt Brecht, mais J’m’appelle la lune
semble être la seule oeuvre originale de son tour de chant.
Pauline Julien revient au Québec comme chanteuse, et lorsque Léo Ferré a fait sa première tournée québécoise, en 1963, ses chansons étaient déjà familières, la porte était entr’ouverte, grâce à une chanson qu’il n’a jamais enregistrée. Il y a d’autres chansons de femmes que Ferré n’a pas enregistrées : « La fille des bois » sur un texte de Mac Orlan est difficilement chantable par un homme, interprétée par Pauline Julien et Catherine Sauvage en 61, c’est le seul texte de Mac Orlan mis en musique par Ferré. Idem pour  Les p’tits hôtels  texte de Dimey créé par Zizi Jeanmaire.
En 1940, Ferré a composé des chansons dont il n’y a pas de traces à ce jour, sur des poèmes attribués à Germaine Neumann , son pseudo lors d’un premier spectacle était Forlane si vous voyez quelque part ces titres : Jouez-moi du Bach, Un Chant d’amour, Près de toi, Prétexte, Souvenir, Le Vieux Cahier, Le Temps des valses, Je fais parfois un rêve fou , vous aurez découvert un petit trésor.

Dans le CD « La mauvaise graine » on trouve quelques chansons jamais enregistrées par Ferré, et dans le CD Maudits soient-ils, des chansons maquettes de studio, dont 5 poèmes de Verlaine et 5 de Rimbaud.
L’oeuvre de Léo Ferré est la plus importante, et de loin, de toute la chanson francophone, et les archives explorées par Mathieu Ferré promettent d’autres découvertes sur le plan enregistrements, pour les textes, tout est dans « Les chants de la fureur » 1622 pages, Edition La Mémoire et la Mer/Gallimard 2013.

• * (La lune a été chantée aussi par Nicolas Reggiani en 2004, par Les Faux Bijoux et par le groupe italien Têtes de bois …) et Josette Kalifa – avec David Venittucci à l’accordéon – sur son album de reprises de Ferré en 2002 ou 2003 .
https://greatsong.net/PAROLES-JOSETTE-KALIFA,LA-LUNE,102374878.html

• ** Dans les années 52-60, une autre chanteuse Aglaé a fait un bout de chemin en France, mais dans un registre différent, plus opérette, plus proche de Ricet-Barrier que de Ferré.

En 2018  Pascale Ferland a fait un film sur Pauline Julien, on y trouve un morceau de cette chanson, c’est là:

https://vimeo.com/398535592?fbclid=IwAR3mqohvGW7_z2NVTzbn…

 Norbert Gabriel

Ferré, un archipel, par Jacques Layani…

22 Sep

Edition Le Bord de l’Eau Septembre 2020

C’est bien un archipel de l’oeuvre de Ferré qui est proposé dans ce livre de 390 pages, dans lequel chaque île développe des plans séquences-documentaires fouillés, par thèmes, ou par périodes. Ses rencontres avec Dimey, Breton, Aragon, Luc Bérimont, Mac Orlan… Comment les œuvres communes se sont organisées, tout est précis, daté, raconté avec brio. L’auteur revendique un désordre foisonnant, en effet, c’est le genre de livre qu’on peut lire dans l’ordre, ou dans le désordre, et quand on connait son Ferré, c’est un complément indispensable qui répond à beaucoup de questions qu’on a pu se poser au fil du temps, des albums, de sa vie, comme un puzzle sur lequel on éclaircit quelques pièces restées dans des ombres floues.

Si on consulte la discographie, les rééditions diverses, et les circonstances liées à certaines compilations, vous aurez de quoi vous guider pour réorganiser votre discothèque, ou mieux comprendre ce qui sépare des rééditions opportunistes faites pas les labels, de rééditions mieux maîtrisées et plus cohérentes.

Dans une autre île, les critiques, articles, chroniques parues dans les journaux d’époque montrent que c’est le plus souvent le style original, novateur, qui dérangeait les journalistes plus ou moins spécialisés. Et finalement, Ferré a confirmé ce que dit Cocteau : «  Ce qu’on te reproche cultive-le, c’est toi. »

La genèse du parcours prolifique de Ferré commence dans les années 30, avec une page d’histoire de la chanson quand le môme Léo se nourrissait des émissions de musiques à la TSF, Gilles et Julien, Mistinguett, Jean Tranchant, Mireille, un vieux banjo de 1925, Cole Porter ou Peanut Vendor de Moises Simon, et aussi le piano du pauvre à côté d’une valse à Schubert

On voit aussi dans l’exploration des procédés d’écriture les interférences et références de ses auteurs favoris, quand Ferré adapte, triture, refond les textes pour en faire ses chansons… Et vient alors l’envie, ou le besoin, de réécouter tel album pour mieux s’en imprégner.

Dans une œuvre aussi importante que celle de Ferré, il reste toujours des archives inexplorées qui sont publiées régulièrement. Parmi celles-ci des « nouveautés » des concerts captés qui n’avaient jamais été publiés. Ferré en général n’aimait pas les albums-concerts « live » pour une raison majeure, il n’était plus le maître d’oeuvre, les arrangements pouvaient varier (un de ses soucis avec Castanier) il pouvait y avoir des variations improvisées dont il n’était pas l’auteur. Néanmoins ce sont des compléments utiles dont  il est fait inventaire exhaustif.

On notera aussi que Jacques Layani fait le point sur le monumental « Les chants de la fureur » en indiquant les textes qui manquent dans ce qui a été présenté comme une intégrale des écrits de Ferré.

Cet Archipel Ferré – plus de 30 îles ou îlots à visiter – est le complément indispensable à tout amateur de chanson en général, avec ses multiples informations sur les ressorts de la création de cet art populaire qui a ses lettres de noblesse.

Edition Le Bord de l’Eau Septembre 2020, Collection Le miroir aux chansons,  dirigée par Jean-Paul Liégeois et Salvador Juan.  22 €

NB L’ouvrage contient de nombreuses indications sur les prix des concerts ou des dépenses diverses, il faut signaler une erreur dans la conversion entre les francs de 1954 et l’euro. Le concert à l’Opéra Garnier de Monte Carlo avec 80 musiciens est indiqué avec un prix de places à 500 frs. La conversion indique 500 frs anciens = 5 frs soit moins d’un euro… En 1954 le SMIC horaire est de 126 frs, donc 500 frs = 4 h de SMIC, et en 2020, ce serait dans les 40 € ce qui est raisonnable pour un concert de cette importance.
Pour rappel , un concert de Ferré en 1990 au Dejazet était à 140 Frs, et avec un SMIC horaire à 30 Frs, on retrouve la même équivalence, dans les 40 €. Dans ces recherches d’équivalence des coûts le seul calcul fiable est de se référer au SMIC horaire.

Norbert Gabriel

Léo et le Déjazet…

9 Nov

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Les actualités de ce 9 Novembre n’ayant rien de spécialement transcendant, voici donc les nouvelles de demain 10 Novembre 2016 . Attendez vous à savoir (Geneviève T. salut…) que ce jeudi verra l’arrivée en librairie d’un livre – avec un DVD en prime- qui nous raconte l’histoire de Léo Ferré avec le TLP Déjazet, le Théâtre Libertaire de Paris. Le dernier rescapé des théâtres du 19 ème siècle qui ont fait surnommer le boulevard du Temple « Boulevard du Crime ». Non pas qu’on y assassinât des parisiens en goguette, mais au cours de l’année 1823, plus de 150 000 crimes de toutes natures furent perpétrés sur 6 actrices et acteurs qui au demeurant sont en parfaite santé et jouissent de l’estime générale. (Almanach des spectacles) Mais venons aux choses sérieuses,

Après diverses tribulations sur la vie d’une salle de spectacle qui en a vu de toutes les couleurs, on arrive aux années 1986-92, quand cette salle devient ce qu’on connait aujourd’hui, et ce , grâce à une belle équipe de passionnés, qu’on retrouvera dans l’aventure « Thank You Ferré » et ensuite dans la même démarche, le Forum Léo Ferré. On peut résumer leur règle de vie, ni dieu ni maître, on se retrousse les manches et on agit. Et on fait renaître une salle de spectacle, dans une mouvance libertaire. Et en toute logique, Léo Ferré sera un des acteurs de cette odyssée pendant quelques années, les dernières de sa vie d’artiste.

Dans ces 230 pages, beau papier et belle typo, élégante, classique, pour un grand agrément de lecture, Daniel Pantchenko fait d’abord une bio brève de Ferré, brève mais l’essentiel y est, avec quelques touches qui éclairent la personnalité de Ferré, sur les premières parties, sur son rapport avec les médias, juste un exemple : pour le lancement de la salle sous ses nouveaux habits « TLP » on lui fait savoir que la télé le veut au JT. Il fait répondre:  d’accord mais c’est 40 briques,  (de 1986, c’est du lourd) bien sûr le JT répond qu’il n’a pas les moyens, et Léo renvoie la balle:  alors vous venez faire votre truc au Déjazet et c’est gratuit.  Ce qui fut fait.

couv-ferreAu fil des pages, on suit donc ces années Déjazet avec Ferré, avec celles et ceux qui ont été les pionniers de cette scène, Gilbert Laffaille, Michèle Bernard, Xavier Lacouture, Anne Sylvestre et Pauline Julien, Gilles Vigneault, Julos Beaucarne, Marc Robine, Serge Utgé-Royo, Marie-José Vilar, Moustaki, Francis Lemarque, Juliette, Graeme Allwright, François Béranger, Lény Escudéro, Bernard Lavilliers, et Alain Aurenche, chanteur, cheville ouvrière et maçon qui refait la façade avec de l’enduit du Marais, (les spécialistes apprécieront) et cette extraordinaire Paulette Piedbois ( de Créteil) qui tenait la boutique-bar, et qui n’a jamais demandé un sou, ni pour rembourser sa carte Orange (l’ancêtre du Navigo pour les djeuns) ni même pour un taxi quand ça finissait à pas d’heure. Voilà comment se sont passées ces années TLP avec Léo, c’est émouvant, passionnant, tant sur la vie du spectacle et ses aléas, et ce qu’il faut de passion et de générosité pour faire tout ça, sur la vie d’artiste aussi.

Ces années Ferré-Déjazet se terminent en 1992, elles se prolongeront avec Thank You Ferré que Jacky-Joël Julien et Hervé Trinquier,  les initiateurs de cette aventure continueront pendant 10 ans de même passion acharnée, avec Geneviève Métivet, comme le fera ensuite Gilles Tcherniak « La chanson pour tout bagage » qui prend la suite au Forum Léo Ferré, créé par le même Jacky-Joël, puis repris par Floréal Melgar  avec cette belle équipe de bénévoles toujours en action, solitaires et solidaires, et debout.

Entre Thank You Ferré et le Forum, il y a eu aussi les Jours Ferré, du Trianon, à l’Européen, par Edito Musiques qui cherche une salle d’ accueil pour 2017…

Résumons donc, c’est un livre passionnant, y compris pour ceux qui ont 10 kgs de livres sur Ferré et un mètre de CD, et cadeau bonus, vous avez le DVD du film Léo Ferré au Déjazet, le 8 mai 1988, réalisé par Raphaël Caussimon. Si c’est pas un vrai cadeau…

Léo Ferré sur le boulevard du crime de Daniel PANTCHENKO édité par le Cherche Midi,

Norbert Gabriel

NB Deux pages consacrées au photographe Francis Vernhet (Chorus) m’ont tout spécialement plu, voilà ce qu’il dit Francis : « Ne pas l’emmerder, et ne pas emmerder les spectateurs. » Comprend qui veut, mais Anne Sylvestre est d’accord.

La journée Ferré sur France Inter…

10 Sep

leo-ferre-et-la-poesie_792Des reprises et des surprises…

Au cours des différentes émissions, depuis la matinale, les programmateurs ont eu à coeur de faire découvrir quelques chansons parmi les moins connues, même si l’essentiel de cette play-list Ferré était la liste des grands succès.

A noter,  Affaires sensibles, à 15 h…  Léo Ferré rencontre enfin le succès, avec des albums devenus des références et des récitals dans les grands music-hall, tel Bobino qui deviendra l’un des rendez-vous rituels avec son public. La cinquantaine venue, Ferré semble apparemment se trouver et peut s’affirmer, comme un des « grands » de la chanson.

Mais, paradoxalement, cet éclatement de son talent, comme chanteur mais aussi comme musicien et poète, fruit d’un long travail acharné, épaulé par la présence et le soutien sans faille de Madeleine, est contrebalancé par une inexorable descente aux enfers de leur couple. L’isolement volontaire dans le camp retranché peuplé d’animaux en semi liberté, qu’est devenu le château de Perdrigal et la dépression consécutive de Madeleine, en sont la cause annoncée. Et vient le temps de l’impasse… »

Sujet bien traité, Ferré rend justice à Madeleine, mais « faire parler » Ferré à travers une autre voix n’est pas facile, et la voix du comédien qui l’interprète n’est pas du tout en accord, c’est dommage… C’est une « fiction »  à partir de la biographie de Ferré par Robert Belleret, l’expert Ferré, avec des extraits de déclarations de Léo, entre autres sur Madeleine.  Après la fiction, d’une trentaine de minutes, Fabrice Drouelle  s’entretient avec Robert Belleret.  ( Robert Belleret a débuté dans le journalisme en 1970 au Progrès de Lyon, avant de rejoindre Le Monde en 1986. Reporter puis Grand reporter jusqu’en 2008, il a réalisé des enquêtes dans des domaines très divers, couvert l’actualité sur les points chauds de la planète et signé de nombreux grands portraits de personnalités et d’artistes Il est l’auteur de Léo Ferré, une vie d’artiste , Jean Ferrat, le chant d’un révolté -l’Archipel, 2011-, Dictionnaire Ferré -Fayard, 2013-, Piaf, un mythe français -Fayard, 2013-, Edith Piaf, vivre pour chanter -Gründ, 2015-).

france_inter_2005_logo-svgLe lien , cliquez sur le logo —————————->

Cette  journée anniversaire de Léo Ferré (France Inter) s’est terminée par une soirée de 3 h, une heure de concert symphonique, une heure un quart de chansons et une discussion débat de 45 mn. Léo reconnu comme musicien c’était superbe, espérons que ça fera comprendre aux « repriseurs » qui bidouillent et émasculent (au sens « mutiler ») sa musique que le respect d’un auteur se tient autant dans le texte que dans les notes. Romain Humeau ( et ses musiciens qui ont accompagné tous les invités dans une ambiance rock) a été le directeur artistique de la soirée, parmi les réussites Cali, très sobre dans « l’affiche rouge » Mokaïesh, Maissiat, Christian Olivier, Catherine Ringer… Tim Dup remplaçait Camélia Jordana (avec la chanson qu’elle avait choisie ou pas?)   Ala.Ni  sera l’anglaise de service,qui montre  la très belle musicalité de Ferré quand le texte passe au second plan, pour les déficients de l’anglaise langue,  Arno a fait du Arno, Lavilliers très bien, mais son commentaire sur Pépée montre qu’il a raté pas mal de choses sur cette histoire, et puisqu’il est question de Pépée, interprétée par Philippe Katerine, il aurait été bon que Katerine lise, et comprenne ce qu’il chante, au lieu de s’écouter chanter.. Quand Ferré écrit « on couche toujours avec DES morts » c’est pas « on couche toujours avec la mort » … Et pour en finir (!) avec Pépée, elle n’a pas été tuée parce que Madeleine a abandonné Perdrigal, comme l’a dit Lavilliers, sans être contredit par son interlocutrice, mais parce qu’elle avait une blessure gangrénée incurable. Ce qu’on sait depuis quelques années quand on s’intéresse à Ferré.
Plusieurs invités ont rappelé l’attachement sans faille de Ferré aux anarchistes et aux libertaires, ce qui n’était pas superflu. Et le débat final – de 23h15 à minuit) a donné quelques pistes sur « la discrétion » de Ferré dans les médias actuels. Si vous avez raté cette soirée, monsieur podcast est à votre service, c’est là clic sur la TSF. france-inter-magazine

 

Norbert Gabriel

Léo Ferré, la mémoire … et Madeleine…

27 Août
Ce portrait a été publié une première fois pour l’anniversaire de Madeleine Ferré, l’année de la publication d’un livre qui a fait pas mal de vagues.

Qui êtes-vous Madeleine ?madeleine ferré 27-08-2016 15-40-33 376x330

Madeleine Rabereau,
épouse Ferré de 1952 à 1973.

Je suis né par erreur en 1916, et une seconde fois le 6 janvier 1950 quand j’ai connu Madeleine.  Léo Ferré

De 1950 à mars 1968, Madeleine Rabereau a été la muse, l’amante, l’aimante – à la folie – d’un des plus formidables créateurs du monde de la chanson. Durant 18 ans, elle accompagne la vie d’artiste du poète maudit devenant poète majeur (au sens reconnaissance publique) Il faut bien entendre « accompagner » dans l’acception la plus large du terme :  … et pour les chansons, elle m’aide beaucoup.  Paris canaille, tenez, c’est elle qui a fait le 3e couplet, et  Vitrines aussi,  j’ai écrit tout en vrac, et elle a arrangé ça. Il faut que ce soit dit.  Léo Ferré à Comédia 20/4/1954

C’est elle qui a fait le découpage du Mal Aimé.  id

C’est ma femme Madeleine qui pendant 6 mois a analysé le poème pour en extraire la distribution. ( à Paris Match 8 juin 1957)

Ce sont les mêmes circonstances pour « L’étrangère », une lecture-découpage-assemblage, et un titre qui n’est pas d’Aragon, mais qu’il a validé.

Dans cet accompagnement où se mêlent intimement toutes les composantes d’une vie de couple passionnel à l’excès, les témoignages sont nombreux pour situer Madeleine comme une partenaire dans l’évolution artistique de Ferré. Témoignages de proches ou déclarations à la presse. Ensuite est venu le temps des orages, et de la ré-écriture de l’histoire, au mépris de la simple évidence, avec la complicité passive de journalistes peu curieux ou trop courtisans. Il est évident que Madeleine n’a pas révélé Ferré, mais elle lui a révélé des capacités auxquelles il ne croyait pas spontanément. Dans l’expression scénique par exemple, quand l’homme assis au piano devient l’homme debout au micro, ce qui va beaucoup mieux aux textes « debout » de Ferré. Les anarchistes, c’est une chanson debout. A tous points de vue.

Il y a aussi l’exemple de Pauvre Rutebeuf, un collage d’extraits de trois poèmes différents extraits des Poèmes de l’infortune, Rutebeuf n’a pas écrit  Pauvre Rutebeuf , stricto sensu. C’est un travail d’arrangeuse textuelle qu’il faut rendre à Madeleine Ferré pour ces années, comme Gainsbourg a été un arrangeur en allant déceler quelques mélodies cachées chez Haydn ou Chopin, ou Beethoven, pour en faire des chansons populaires.  Ce qui est admis pour un arrangeur musical devrait l’être pour un arrangeur textuel.

memoires madeleine 27-08-2016 16-04-11 464x614les yeux de MadeleineDe ces années de création, il reste au moins deux témoignages : Poètes vos papiers un album Odéon de 1956, et Mémoires d’un magnétophone, un livre difficile à trouver, mais qui existe.

Pour le reste : « Il ne faut pas connaître les artistes » Léo Ferré (après une visite chez Ravel)

La vie d’artiste, c’est sur scène que ça se passe, la vie des artistes, c’est la vie privée, il y a eu des livres qui ont raconté ou qui racontent parfois des balivernes, parfois des vérités arrangées ou des vérités dérangées, c’est une autre histoire, leur histoire, quand ça n’apporte rien à la création artistique, laissons les chansons donner leur part de lumière… Et laissons dans l’ombre les histoires d’amour qui finissent mal en général …

Avec le temps,  Avec le temps, va, tout s’en va,
Même les plus chouettes souvenirs, ça t’a une de ces gueules, 

avec le temps, va, tout s’en va…

Cette esquisse de portrait de Madeleine Ferré est étayée par des citations, déclarations, témoignages publiés dans différents médias. Les propos tenus par Léo Ferré, et cités ci-dessus n’ont jamais été démentis, de même que les témoignages de Benoîte Groult, de Paul Guimard, de Catherine Sauvage en particulier. Témoignages figurant dans la biographie Léo Ferré, une vie d’artiste par Robert Belleret, Actes Sud 1996. L’ouvrage biographique le plus complet et le plus sérieux, jamais contesté.

Madeleine Rabereau est morte le 24 mai 1993,  Léo Ferré ne l’a pas su,  ça lui aurait fait un choc, selon son neveu. A noter qu’après leur séparation, et jusqu’à la mort de Madeleine, Léo Ferré et ses héritiers ensuite ont versé régulièrement une « pension » à Madeleine Rabereau.

Norbert Gabriel

Dites 14 …

14 Juil

chat hamac sépia 14-07-2016 00-49-13 400x248Le jour du quatorze-Juillet,
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n’écoutant pas le clairon qui sonne…


Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux…
Non les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux…
Tout le monde me montre du doigt,
Sauf les manchots, ça va de soi.

C’est de circonstance, pas de défilé mais quelques musiques qui ravigotent, comme celle là…  Quoi que finalement…

Allons enfants de la Patrie
Allons gaiement vers le destin
Survivre un peu
Apprendre un peu
Sourire un peu
Aimer un peu
Souffrir un peu
Mourir un peu
Pour rien.

et bien sûr c’est aussi le bon jour pour remercier qui de droit…

Pour tout cela et plus encore
Pour la solitude des rois
Le rire des têtes de morts
Le moyen de tourner la loi
Et qu’on ne me fasse point taire
Et que je chante pour ton bien
Dans ce monde où les muselières
Ne sont plus faites pour les chiens…

avec à la clarinette sarcastique Lucifer bien sûr…

Merci à Georges Brassens, et au chat, et à Nino… Quant à Léo, tirer le rideau un 14 Juillet, quel sens du timing…  Respect!

Norbert Gabriel

Rappels… Une autre, une autre…

3 Juin

This machineChantons quelques airs qui sont dans l’air du temps… La carmagnole ? Quand Renaud embrasse un flic, il y a pas mal de gens qui embrassent des gourdins, des bidules, des flash-ball, des grenades diverses… Ce sont parfois des ados, des femmes qui ont le tort d’être assises en terrasse sur le trajet d’une giclée lacrymo, et quelques autres bricoles, qui nous font apprécier ici et maintenant, des méthodes policières qu’on croyait réservées aux folklores lointains des Pinochet et autres humanistes du même métal. J’exagère ? Oui, nous n’avons pas eu de coup d’état militaire, mais une sorte de coup d’état civil avec des gouvernants qui font à peu près l’exact contraire du programme promis.

Quelques chansons en situation…

Louis Ville « Y en a marre... »

Et aussi,  » Ne te retourne pas… »  Belle allégorie et avec Elisabeth Masse .

Et une page « folklorique », Jehan Jonas « Flic de Paris »

Et pour boucler la boucle Léo Ferré « Ils ont voté » 

Bonus, car finalement, y a que l’amour qui pourrait nous sauver…

 

On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle, mais souvent je doute..

Norbert Gabriel

Adieu Léo ??

27 Avr

Pour la première fois depuis Thank you Ferré dans les années 90, puis les Jours Ferré ensuite, il n’y aura pas de spectacle Ferré par les interprètes d’aujourd’hui en 2016. Pourquoi ?

Pas de Jours Ferré cette année parce que plus d’Européen (dans son ancienne organisation) et pas de salle digne de ce joli nom qu’est ACCUEIL !

Il y a à Paris des salles très, très onéreuses où on a juste le droit d’occuper les lieux de telle à telle heure, rien qui corresponde à l’esprit des Jours Ferré, une fête avec un espace où on trouvait des libraires, des disquaires, des associations liées à l’histoire de Léo Ferré. Et dans ces salles, outre coût élévé, les horaires sont très serrés, ne permettant pas d’accueillir dignement less artistes autant que les spectateurs

Souvenirs 2014…

 

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Pour la suite, toute suggestion est bienvenue…

Et s’il y a une chanson qui s’impose, c’est bien celle-là:

 

Norbert Gabriel

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