Ce récit-roman est en quelque sorte la revanche posthume d’une petite fille espagnole, Rita Monpean Carreras qui voulait devenir Joséphine Blanc, française de nom et de souche, face à l’accueil réservé à ces réfugiés espagnols de merde puants et sales … Mais quelques décennies plus tard, Olivia Blanc à l’état civil, choisit d’être Olivia Ruiz, en mémoire de ces femmes, ses grand’mères, venues d’Espagne en des temps tragiques. Mémoires réinventées, et par ces mémoires croisées familiales, Olivia Ruiz construit la «mamiethologie » qui a fait d’elle l’héritière de ces femmes debout.
Le talent d’écriture, c’est savoir exprimer des sentiments ou des situations complexes en quelques mots, comme ici « … en cent cinquante kilomètres, nous avions grandi de plusieurs années. » Est-ce Rita qui parle ou Olivia qui résume, l’important est de faire ressentir ce que vivent les déracinés, les exilés, qui doivent se reconstruire dans un pays étranger.
Dans ce roman-récit, l’auteure nous emmène dans une fresque kaléïdoscope maitrisant la réalité des histoires familiales, et les récits imagés, en vraie conteuse-chroniqueuse d’un siècle d’histoire, chaque tiroir de la commode a nourri le récit, dit « roman » l’argument étant l’héritage d’une commode à tiroirs qui sont autant de chapitres de «choses vues» selon Hugo, mais vécues dans la famille. Ouvrir ces tiroirs, c’est maintenir les souvenirs en vie, dit Rita… Et Olivia ajoute, avec une tendresse malicieuse, « … une commode bien rangée et bien remplie, ça rend l’imagination des enfants incroyablement fertile. »
Epilogue : quand vous aurez terminé ce livre, vous ne pourrez plus jamais rester indifférents face aux déracinés-migrants-réfugiés, quels qu’il soient, où qu’ils soient, d’où qu’ils viennent … Enfin, j’espère …
Bande son possible:
et peut-être que vous y croiserez Rita …
Norbert Gabriel