Faut dire que les albums de Jean-Jacques Goldman n’envahissent pas mes étagères .
Faut dire que le matraquage radiophonique de ses chansons , dans les années 80 m’agaçait plutôt, même si je me surprenais parfois à fredonner Envole moi, Au bout de mes rêves, Il suffira d’un signe, à force de les entendre .
Faut dire que, si j’étais abonnée à Paroles et Musique, je suis hélas passée à côté de Chorus, et si il y a le pire et le meilleur sur internet, ça m’a au moins permis de renouer avec la chanson et tous les sites, blogs qui tiennent au courant de l’actualité musicale et artistique .
Enfin, il faut dire que je ne m’étais jamais vraiment penchée sur le cas Goldman quand j’ai ouvert le livre de Fred Hidalgo : Jean-Jacques Goldman Confidentiel .
La curiosité ? L’envie de savoir qui était ce chanteur , le plus populaire de sa génération, aux nombreuses victoires de la musique, plafonnant en tête des personnalités préférées des français, si adulé, si critiqué, sollicité ? Peut être aussi, comme le suggère Fred Hidalgo, pour rester fidèle quand il est moins facile de l’être .
Et au delà du talent de ce faiseur de chansons qui n’imagine pas le mot sans la note, j’ai tout d’abord découvert ce gamin timide et solitaire, né à Paris en 1951, qui a commencé à chanter du godspel dans les églises, qui a appris la débrouille et la solidarité avec les scouts des Eclaireurs laïcs, puis se met au violon, au piano, premiers groupes, premier 45 tr en 1966 , The Red Mountain Gospellers, et devient chanteur de bals, tout en décrochant sa maîtrise de sociologie .
Après la période Taï Phong, et trois albums, en travaillant au magasin de ses parents avec son frère, et quelques essais solo, vient son premier succès en 1981 : Il suffira d’un signe . Dès lors, il enchaînera les tubes et les tournées en France et dans le monde , devenant chanteur à temps complet en 1983 , chanteur préféré des français en 1986, et il le restera longtemps , malgré ses protestations, disant qu’un faiseur de chansons n’avait pas sa place à côté d’un abbé Pierre .
Celui qui refuse d’être considéré comme un héros est pourtant engagé dans toutes les causes humanitaires, donnant de son temps et de son talent sans compter, il a notamment orchestré les concerts des Enfoirés durant 30 ans, créant la chanson des Restos du cœur en 1986, à la demande de son ami Coluche, et bien d’autres par la suite . Il a participé activement à la défense de la chanson française sur les ondes, a écrit un livre avec Alain Etchegoyen : Les pères ont des enfants, etc .
On découvre tout au long du livre un homme modeste, simple, authentique, qui se veut et vit comme un gars bien ordinaire, partageant la vie des gens de son quartier, s’occupant de ses enfants, se déplaçant à vélo, à moto ou en métro .
Une vie liée à Paroles et Musique, puis Chorus, à travers échanges, messages, entretiens, rencontres, et les fameuses tables rondes des mousquetaires, avec Souchon, Cabrel et Yves Simon .
Stoïque devant les attaques, les campagnes de dénigrement, les violations de sa vie privée, et peu enclin aux honneurs, il n’aime pas parler de lui à la presse . C’est à Fred Hidalgo, à l’équipe de Paroles et Musique, puis de Chorus qu’il se livre en toute confiance, en toute franchise , disant son respect et son admiration pour ces journalistes qui préfèrent le travail de fond aux vraies ou fausses annonces pour faire le buzz .
Et de ces rencontres naît une solide amitié entre Jean-Jacques Goldman et Fred Hidalgo , tous deux solidaires dans les bons moments, comme dans les mauvais coups portés à la chanson, à Chorus, et les événements tristes comme le décès des parents de Jean-Jacques Goldman, de Frédéric Dard , leur ami commun, ou de Carole Fredericks ( Fredericks-Goldman-Jones) .
Fred Hidalgo avait ce livre en tête en 2005, quand lui et Jean-Jacques Goldman ont été choqués par l’annonce brutale dans un journal belge de la parution du livre pour novembre 2005, et l’arrêt de la carrière de Jean-Jacques Goldman !
Du coup, c’est quand l’envie est revenue, puis le besoin qui a fait place à l’envie, pour que ce livre voit le jour, plus de 10 ans après , étoffé des nouvelles rencontres, des moments forts, émouvants, à travers l’histoire de la chanson, des années 80 à nos jours, et l’histoire tout court de la France et du monde .
J’écoute maintenant les chansons de Jean-Jacques Goldman en toute connaissance de cause, et de cause à effet, je les écoute et les ressens autrement . Et j’adhère complètement à ce passage :
“ Il n’y a donc rien à jeter, tout est bon aujourd’hui chez JJG ? C’est bien possible en effet et l’on ne peut que se réjouir du bon goût des jeunes des années 80 qui se reconnaissent entièrement dans ces textes à coloration Citoyens du monde . Je te donne nos doutes et notre indicible espoir/Les questions que les routes ont laissées dans l’histoire…
Je te donne/Tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons, mes défauts/
Mes plus belles chances, mes différences.
Quand, en plus, la musique est bonne… Pas de doute, cet artiste-là qui invite à chanter spontanément, qui renie rien de ses racines sans jamais tomber dans le passéisme, c’est le talent à l’état pur et sa chanson est de la meilleure veine . »
Jean-Jacques Goldman s’est mis en marge de la chanson, de la scène, des Restos du cœurs, pour vivre une autre histoire. Il vit à Londres avec son épouse et ses trois dernières filles, mais n’a pas abandonné ses convictions, toujours présent pour donner un coup de main , il a écrit un texte pour le clip de l’ association qui s’occupe des enfants malades de Margency :
On me dit que des gens sont toujours en auto parce qu’ils n’ont pas le temps ou qu’il ne fait pas beau . Derrière ma fenêtre, moi je rêve d’un pas, même au vent, même au froid, bientôt, bientôt peut être ?
Bientôt, peut être …Il suffira d’un signe …
Danièle Sala