Puisqu’il est question de votation prochaine pour refaire la chambre de nos chers élus, ceux qui sont, disent-ils, près du peuple, et de ses soucis quotidiens, il est peut-être opportun de leur rappeler quelques points de détails en ce qui concerne la culture… On n’ira pas jusqu’à leur demander de
Mettre un bicorne à la romance
Et la mener à l’Institut
Avec des orgues et que ça danse
La poésie est dans la rue !*
mais de répondre à quelques bonnes questions, et, rêvons un peu, d’apporter de bonnes réponses.
Quand on proposa à Winston Churchill de couper dans le budget de la culture pour aider l’effort de guerre, il répondit tout simplement :
« Mais alors, pourquoi nous battons-nous ? »
Nous ne sommes pas vraiment en guerre, ou sous des formes différentes de celles qui ont ravagé l’Europe, mais si nous demande pourquoi se battre, il y a de quoi faire..
Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. Albert Camus
Je relaie donc volontiers cette réflexion de Raoul Bellaïche, qui donnera du grain à moudre dans les soirées de propagande électorale, en attendant les lendemains qui chantent… Quoi ? On sait pas encore, mais entre Le temps des cerises, et La Carmagnole, le choix est vaste. A vos diapasons pour que ça sonne juste et fort.
(N Gabriel)
…
Ceux qu’indigne le silence assourdissant des candidats à la présidentielle sur la « culture » croient la défendre en invoquant son « poids économique » et/ou le « lien social » qu’elle crée, la réduisant à un moyen, ne se rendant pas compte que c’est cette réduction même qui est la cause de son déclin.
Si c’était son « utilité » qui justifiait son existence et sa protection, la « culture » aurait disparu avec les dinosaures. L’ordre de l’utilité est celui des moyens, et l’ordre de la culture celui des fins, qui apparaît avec l’homme, lequel, à la différence de l’animal, ne se contente pas d’exister passivement mais entend donner un sens, une direction, à sa vie, autrement dit devenir. La culture est la nourriture de l’esprit, de sa quête de sens, de son dynamisme créateur, l’aliment de la créativité, qui a décliné, comme par hasard, avec elle.
La culture a cessé de nous intéresser en même temps que l’avenir : son déclin est parallèle à celui de l’espérance, de la prospective, de l’imagination, de l’audace, du courage ; elle décline depuis que nous craignons l’avenir au lieu de l’aimer, que nous l’attendons au lieu de le faire.
La culture redeviendra notre préoccupation principale quand nous sortirons de notre torpeur, de cette résignation suicidaire dans laquelle nous a plongés le matérialisme, qui, réduisant la vie aux moyens d’existence, a fait de l’économie et de la technologie les agents principaux de notre destinée, nous dépossédant ainsi de notre libre-arbitre et de notre destin.
Raoul Bellaïche
Et pour épicer les débats de quelques bonnes paroles, voici quelques témoignages en situation.
L’imagination est plus importante que le savoir. Albert Einstein
La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert. André Malraux.
Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire. George Orwell
La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes. John Maynard Keynes
La culture est un antidote à la violence, car elle nous invite à la compréhension d’autrui et féconde la tolérance, en nous incitant à partir à la rencontre d’autres imaginaires et d’autres cultures. Renaud Donnedieu de Vabres
La culture est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs, le souffle qui accroît la vitalité de l’humanité. (…) Proverbe africain
Une preuve infaillible de la supériorité d’une nation dans les arts de l’esprit, c’est la culture perfectionnée de la poésie. Voltaire
Je trouve que la télévision est très favorable à la culture. Chaque fois que quelqu’un l’allume chez moi, je vais dans la pièce à côté et je lis. Groucho Marx
*Vous aurez reconnu Léo Ferré, avec Les 400 coups,
Raoul Bellaïche est, entre autres, l’éditeur de la Revue Je Chante.