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TAYOBO, « K-Barré Core »

11 Juil
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Hum Toks & E.5131 et Eric SABA chroniquent l’album « K-Barré Core » de TAYOBO.
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Autant te prévenir… TAYOBO, c’est lourd et dévastateur… parce que subtil et puissant. Ah !
T’en croques ? Tu prends un ticket ?
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( Pour écouter les morceaux, en lisant la chronique,
c’est par là : –>  http://tayobo.free.fr/disques.php <– )
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« Entrée » : parce qu’on passe pas par l’apéro, tu vois. On a bu tout l’après- midi… et ça fait longtemps qu’on trinque, à vrai dire.
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Installe-toi… Piano déstructuré, sorte de morceau caché, calé en morceau d’accueil. Les coulisses d’un cirque à Freaks.
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C’est calme mais ça frise l’oreille, roulotte en déséquilibre…
Attends trente secondes, tu mets ta ceinture, tu baisses la tête, la bâche lourde, jaune et rouge, effleure ton crâne et se déplie, dans ton dos… La (pro)messe est dite : on va te refaire les tympans !
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« Bob Triquard » ça te prend la tête à deux mains, l’écrase sur le mur d’en face et ne te demande pas si ça va.
— Ça va… ?
— Non, j’ai mal…
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Bah, il te reste dix morceaux à ingurgiter… Ouvre tes oreilles.
Guitares puissantes, métal, rock, puis caressantes, scintillantes, Django… (signées Fred & Falco). Vingt secondes la tête hors de l’eau et… hop, tu replonges ! Quarante- trois minutes de concentré de cynisme, de décalé, de puissance à l’exponentielle, de référence aux anciens. Bienvenue dans le manège pour grand(e)s, celui que tu n’osas pénétrer plus tôt. Habituellement, de l’allée principale où tu te postes, tu n’entends que les cris. Cette fois, t’es dans le wagon, ligoté(e). À ce train-là, je donne peu cher de ta peau, peuchèvre (comme disait ma grand-mère), pecaïre… Grande vitesse : ton bob a volé, accroché dans les branches d’un arbre à pendus, il fait 51°, tu vas choper l’insolation. Et ici, on n’est pas regardant, c’est « Champagne »… titre du dernier morceau, avant la « Sortie » !
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Visite des lieux (il vous en prie, passez devant et n’oubliez pas le guide, doigts-osselets tendus, rictus d’entre deux âges) : un petit théâtre grand guignol niché dans cette petite rue parallèle, là, en bas, à gauche de la porte cochère. Encore à gauche, la piste circassienne, la présence du Ça (ici, là, un peu partout), un cabaret-core, gore, obscur. Le clown, celui qui dévisse les poulets à mains nues, dents aiguisées, grand sourire, est ton guide. Que la lumière soit, il enclenche. « Carnaval tragique ! » :
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« J’entends les bouffons me dire : / « Faut pas t’en faire, faut pas t’enfuir, / Même si la corde te serre, Lâche l’affaire… » / (…) / Tu t’lèves… Ou tu crèves… Bouge-toi ! / Débranche-les avant qu’il ne soit trop tard / Lève le poing ! Lève le poing ! ».

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C’est l’univers TAYOBO, c’est l’humanité concentrée on stage, TU es le clown triste. La musique est puissante et reste festive. Paradoxe ? Faudra t’y faire, mon p’tit vieux, ma p’tite vieille…
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C’est le musée gréviste et tu croises des invités fameux, tiens !
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« J‘voudrais dire au Front de Libération des Nains de Jardin… / Qu’il en reste un ! / (…) / (Qui,) à Dakar insulte l’Afrique ! / Karcher ! Charter ! Thatcher ! ».
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Les ombres qui longent les murs crasseux, mais lumineux, de ce cabaret de l’obscur prennent pied dans notre réalité. Tu comprends d’autant mieux, chéri(e), que les textes sont en français. Rareté dans l’univers du Métal. Et ça fonctionne ! Texte et musique, même combat : on défonce, on dénonce. Ah, si on balançait du TAYOBO dans les manifs… ça aurait une autre gueule… et peut-être d’autres résultats… Je les connais ces concerts-là… tu commences avec le signal métal : tes doigts forment les cornes d’El Diablo et tu finis le majeur collectivement dressé ! (MINISTRY, Paris, juin 2008 ou ATARI TEENAGE RIOT, Limoges, mai 2010).
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Le traitement de la 2ème voix (les hurlements de John) amène une teinte autre, fait penser à certains morceaux du SOULFLY de la fin du siècle dernier. Tu penses, à plusieurs reprises, être arrivé(e) au point de non-retour, tu touches l’acmé et la folie forcenée t’attrape de nouveau : c’est un lâcher de basses, de grosses caisses qui te déboulonnent et ta chute perdure. Non, ce n’est pas encore le sol. Non pas encore… non, pas encore. Un exemple parmi d’autres : « Cyco Quidam/Cyco President ». Te rappelles-tu le morceau de SLAYER et ICE-T sur la B.O. de Judgement Night, dont l’accélération ne cesse ?
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L’effort est pictural pictural (l’artwork est signé Delphine Le Lay et Alexis Horellou) autant que musical : on pense à TOOL, à la basse de CLAYPOOL ? Un mot sur la partie basse-batterie (Yom et Bill) : virtuosité et puissance. Tu comprends que PRIMUS joue dans la roulotte qui jouxte (les tontons de service veillent, les anges planent).
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C’est un mélange intelligent, un hommage aux anciens, à des références communes (la bande des LOS BASTARDOS, on dira…) ET la construction d’un univers nouveau et de morceaux efficaces : « Calculs ». L’apparence de Grand Bazaar Bédéesque et… en souterrain, le discours. À l’auditeur de s’accrocher au wagon, de faire le lien, de renoncer (peut-être) à son attitude moutonnière, aveugle, qui place (et engraisse) à la tête de tous les pouvoirs une oligarchie méprisante. Le titre « Paradise » annonce la couleur/rouge : « Bienvenue en Enfer ! ». L’Enfer… ni sous terre, ni en représentation… l’Enfer est là, dans tes oreilles, avec une touche festive pour que tu survives… et autour de toi. La voix de Yom (qui module et prend plaisir à jouer son rôle) t’accompagne et se rit de toi. Dernier morceau avant la « Sortie », on partage une coupe… C’est pas le Graal, « Champagne ! » :
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« Ils sont venus installer leur centrale à déchets / J’ai beau manifester, rien n’y fait / Ils sont venus, à nos santés ont bu / Dernière formalité, tout le monde va trinquer… / Champagne ! / La centrale d’à côté a sauté ! ».
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Excellent cru. Terre de 1905… Ville Rouge… Terre de Résistance… Limousin.
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A l’écoute de cet album, j’ai envie, ami/e, de te souhaiter bonne chance.
– Merci…
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Hum Toks / E.5131
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Les concerts à venir (http://tayobo.free.fr/agenda.php) :
20.07.2013 : Festival Rock d’Ay avec Punish Yourself, à Sarras (07)
03.08.2013 : Bike Show & Rock Festival (pour les 100 ans de Harley Davidson) avec Mass Hysteria, Loudblast…, à Le Luc en Provence (83)
23.08.2013 : Festival Cheminées du Rock, à Saillat-sur-Vienne (87)
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Ça balance aux Puces …

27 Juin


D’abord ça commence ici, à la Chope des Puces, le rendez-vous de tous les amateurs de guitare et de jazz manouche depuis plus de 60 ans. C ‘est comme un pélerinage obligé avant de commencer la tournée, prendre un peu de cet air du voyage, de la route et des horizons sans fins. On y trouve encore des témoins directs qui vous racontent, à l’occasion, quelques anecdotes sur les guitaristes de légende qui sont tous passés ici un jour ou l’autre, ou qui en rêvent… Il y a 11 ou 12 ans, un très jeune homme de Tokyo, est venu uniquement pour présenter son album Hommage à Django, je n’ai jamais bien su les tenants et aboutissants, mais un soir, le téléphone sonne, quelqu’un me parle dans une langue métissée de français et d’anglais, je comprends qu’il s’agit d’un musicien, et au bout de 3 minutes, je comprends qu’il est en bas de chez moi. On se voit rapidement, la seule chose qu’il veut c’est me donner cet album, et il s’esquive après un salut très japonais. La seule chose que j’ai retenu de cette histoire, c’est qu’en 1999, un jeune japonais de 20-22 ans passionné de guitare, est venu en France pour voir la Chope des Puces, qu’il avait eu un écho des soirées « Autour de Crolla » ce qui l’a mené chez moi. Comment, par qui, par quoi ? Par miracle peut-être …

Voilà pourquoi tout jazzfan épris de notes de guitare et de nuages doit faire son pélerinage un jour ou l’autre à la Chope des Puces. De préférence en Juin, vers le 21-25…

Reprise de la ballade…

Photos NGabriel

Après la station à La Péricole, avec le trio Trenet manouche 2012, et une ballade tranquille vers le Cap St Ouen , voici le début des balances, avec 9 groupes qui vont se succéder, c’est dès 14 h qu’on commence les réglages…

Et quand il y a du monde en scène, dont des multi instrumentistes, on passe chaque instrument en essai.

Durant tout l’après midi, les musiciens vont se succéder pour ces préparations indispensables à un concert réussi.

Biréli Lagrène, en version « électrique » marie le son de sa slim guitare à un bon vieil orgue Hammond des années d’avant la révolution … de mai 68, peut-être même d’avant la guerre, on ne sait plus très bien…

Biréli Lagrène est très probablement un des 2 ou 3 vrais disciples de Django, jamais satisfait des acquis, et qui a toujours exploré les courants musicaux naissants, et rencontré les jeunes jazzmen, la dernière séance de Django, c’est la première de Martial Solal, le symbole prend tout son poids quand on voit la carrière de Solal.

De même , Biréli Lagrène, sans renier ses origines musicales manouches, est un explorateur de toutes les musiques, avec cette liberté des fils du vent que rien ne peut enchaîner.

Mais continuons les balances …

Ici le micro semble être positionné de façon très anticonformiste, mais avec les musiciens de Juliette, il ne faut  s’étonner de rien, d’autant qu’un autre est en train de mettre en place un matériel très spécial et contrairement aux apparences, ce ne sera pas le musicien qui usera de ces bouteilles, ou tout du moins, pas de la manière la plus usuelle, c’est pour préparer un cocktail façon Juliette, peut-être un Whisky-Kiri-kiwi ? À moins que ce ne soit un Corbières-Picon-bière?

Mais tout ça nous mène allegro tranquille à 19h15, ouverture et ruée du public sur l’esplanade du Cap St Ouen.

Et c’est un public très intergénérationnel, la preuve …

Ouverture des portes à 19h15, Kerredine Soltani et ses gars d’Oberkampf terminent les balances en direct, avant leur concert, bref mais intense, on est dans l’énergie tonique et engagée-narquoise et la musique qui swingue allegro vivace.

Rappelons que Kerredine est celui qui a propulsé Zaz vers les sommets, en composant « Je veux » et produisant l’album.

Il ouvre la soirée avec l’abattage d’un vrai gavroche à la langue qui virevolte sans faux semblants, ni circonvolutions abstraites, un vrai parigot, fils de la bohème, breveté Navigo…

Mini concert de Clotilde Courau qui termine avec une superbe chanson, augmentée de du violon de Didier Lockwood. Clotilde Courau comédienne, qui affine son art de la scène chanson depuis un an, avec des créations originales, et une approche artisane de cette nouvelle facette de son métier d’artiste. Remettre cent fois sur le métier son ouvrage comme a dit un grand ancien, et faire vivre son art.

Les doigts de l’homme , un quatuor dans la plus pure tradition du Quintette Hot Club de France envoie quelques belles envolées de guitares swing , aux colorations diverses gitano-tziganes, et deux solistes excellents dans les médiums de ces néo-Selmer trop souvent caricaturées, ça sonne rond et chatoyant, brillant et aérien, des campings sauvages où on voit les paysages.*

Ils terminent avec un premier aperçu de leur prochain album, bientôt dans les bacs.

Juliette, la grande Juliette, va nous régaler d’un de ses shows qui chaque fois mettent le public dans une liesse indescriptible.

Peut-on vraiment raconter un spectacle de Juliette ? C’est un mix réussi de l’écriture maîtrisée, de la loufoquerie la plus extravertie, drôle, truculente, insolente, tonitruante, mais jamais superficielle, c’est un cocktail savoureux, éclectique, décapant, surtout le Picon-oignon-goudron, une de ses spécialités les plus goûteuses, avec le Whisky-Kiri-kiwi, qu’on vous conseille vivement. A l’écoute. Et sans modération. L’évènement du jour, le scoop, la nouvelle épastrouillante, c’était le mariage de Juliette… La drôlesse (la patronne) a répudié François Morel pour un nouveau conjoint, la preuve par l’image :

Etonnant non ? François, désolé mais c’est la vie !

Et le jeune public applaudit Juliette avec conviction, ce jeune homme de 4 ans, Malo, a été un spectateur exemplaire, attentif, et participatif, autant que le vénérable barbu à droite en bas.

Ils applaudiront avec la même énergie Yves Jamait et ses 3 mousquetaires, le percussionniste Didier Grébot, un peu caché à gauche, puis sur la photo, Daniel Fernandez, Yves Jamait, et Samuel Garcia à l’accordéon.

Comme Juliette, ce sera une ovation, un public emballé, et pourtant la barre était placée très haut. La directrice du festival viendra dire son enthousiasme pour ces artistes chaleureux et d’une totale générosité . Invitation à aller aux concerts de ces artistes qui n’encombrent pas les écrans télés de leur présence, mais qui sont régulièrement plébiscités par le public.

 Le dernier set chanson était celui de la marraine du festival, Nicoletta, après ces deux moments intenses, quelques personnes dans le public ont émis des commentaires un peu désabusés, genre chanteuse du passé, ça a duré le temps des quelques mesures de la première chanson de Nicoletta, si certains avaient oublié qu’elle est une des plus grandes voix de blues du monde, Nicoletta  a vite dissipé les doutes. Il est même rarissime qu’une chanteuse ayant une carrière de 40 ans ait toujours cette voix hors du commun  qu’elle a mélangée à celles d’Amandine Bourgeois et Véronique Séver pour un final d’anthologie avec Mamy Blues. Juste avant on avait eu Dider Lockwood en guest star.

La soirée s’est terminée à une heure avancée, avec le Lockwood Group, avec Biréli Lagrène, et une fête finale avec Ninine Garcia, un des animateurs historiques de la Chope des Puces (en fait c’est toute la famille Garcia qu’il faut saluer) Ninine, Rocky, Mundine Garcia et William Brunard  (contrebasse) forment la charnière du bouquet final. Avec des invités de marque Didier Lockwood, Biréli Lagrene, Fiona Monbet, Aurore Voiqué, Samuel Berthod…  qu’on a croisé dans l’après midi en duo klezmer.

Regret d’avoir raté la finale, pour cause de transports en commun, regret aussi de ne pas avoir pensé à une troisième pile pour le boitier photo. Mais bon, le jazz, ça se raconte pas, ça se vit en direct, donc soyez là l’an prochain.

Et merci à cette galaxie de partenaires qui permettent ces journées de concerts multiples, ouverts à toutes les musiques, et gratuits.

 Norbert Gabriel

* Note paysagiste : dans les années 45, un des frères Ferret, avait gentiment ironisé sur les néo Django aux guitares mitraillettes:   » C’est bien toutes ces notes, mais on n’a pas le temps de voir le paysage. »    Ça reste d’actualité assez souvent…

JAZZ aux PUCES 2012,

22 Juin

Pour un beau week end, c’est un beau week end qui arrive, avec Jazz aux Puces de St Ouen/Clignancourt, un rendez vous dans ce vaste capharnaüm, où chaque coin de rue, chaque bistrot, café , restaurant à son musicien, ses invités à la fête musicale non stop. Des points fixes et des groupes qu’on retrouve chaque fois avec plaisir, comme Aurore Quartet, ci-dessus au Relais des Brocs, où on l’a retrouvée pendant plusieurs années, avec une invitée venue faire quelques chansons. Patoune, c’est une amie du groupe, mais parfois, on assiste à un duo brillant entre un jeune guitariste trentenaire et un vieux manouche garanti vintage Hot Club, et quand on demande au jeune homme son nom et celui de son partenaire, il vous dit qu’il n’en sait rien, ils se sont rencontrés 5 minutes avant sur un accord de La 5 ème diminué, et c’est parti. C’est ça l’esprit de Jazz aux Puces, toutes les rencontres possibles au gré du vent et des refrains qui passent le long des rues et des venelles…

Où on pourra entendre Amandine Bourgeois en tournée des bars, pour chanter, pas pour boire … enfin je crois… On y a croisé souvent Thomas Dutronc, et quelques fines guitares du jazz manouche, et du jazz tout court.Si vous apercevez Norig, vous pourrez entendre à ses côtés un des plus doués guitaristes des années 2000, Sébastien Giniaux,

et quelque part, le jeune prodige (13 ans) Swan Berger …

Samedi et dimanche, c’est la ballade le nez au vent, samedi soir, grand concert avec une pléïade d’invités, l’an dernier Véronique Sanson, Zaz et Didier Lockwood, un des maîtres d’oeuvre de ce rendez-vous.

Ici, en 2011, lors des balances.  (photos ©NGabriel 2011-2012)

Cette année, le grand concert du soir verra en scène, à partir de 19h 15, (entrée gratuite)

JULIETTE, Yves JAMAIT,  invitée Clotilde COURAU , Biréli LAGRENE,

Didier LOCKWOOD, NICOLETTA (marraine), KERREDINE et les mecs d’Oberkampf, Les Doigts de l’homme, Ninine Garcia Family

Tous les détails ici

http://www.festivaldespuces.com/wdbox/PAGESCLI/festivaldespuces/index.htm

Norbert Gabriel

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