Tag Archives: Guy Béart

Histoire d’une chanson… L’eau vive

19 Mar

Dans les années 53-57, plusieurs ACI majeurs de la chanson francophone arrivent sur la scène , dans l’ordre: Brassens, Brel, Béart, Anne Sylvestre…

Guy Béart va très vite accéder au succès, avec des chansons qui sont interprétées par Juliette Gréco, Patachou, Hélène Martin, Cora Vaucaire, Zizi Jeanmaire, Odette Laure, Suzy Delair, Annabel Buffet, et avec des chansons qu’il interprète lui-même, bien entouré, entre autres par Boris Vian en directeur artistique …
Mac Orlan et Brassens sont les premiers à témoigner de leur admiration. Mais c’est en 1958 qu’il entre dans l’histoire de la chanson, avec « L’eau vive » qui est chantée dans les écoles,comme un standard du folklore, c’est la première fois que ça arrive à un chanteur vivant, et de plus dans les toutes premières années de sa carrière. « L’eau vive » va être enregistrée par dix des têtes d’affiche de ces années dès les premiers mois de sa sortie, de Tino Rossi à Marcel Azzola, en passant par Colette Renard, Marcel Amont et Marc Ogeret … Et par la suite, elle fait une carrière remarquable, 92 semaines au hit parade de la chanson, avec en prime quelques parodies drôlatiques ou politiques.. Et très vite, le film éponyme dont elle était la bande son a été oublié ( film de François Villiers, sur un scénario de Giono, qui avait adoubé Guy Béart, Pascale Audret est l’héroïne du film, la jeune Hortense.)

Les quelques versions ci-dessous montrent que les versions proposent du kitch vintage avec Tino, mais aussi le presque folk de Denis Pépin, et les versions jazz instrumentales, avec la riche B.O. du film (en deux parties), à vous d’écouter, et honneur au créateur pour commencer.

 

Versions instrumentales de «  l’Eau vive » , comme vous ne l’avez peut-être jamais entendue, la B.O. du film avec ses variations

Partie 1

De Béart à Béart(s)

Hugues

Yvette Giraud

Denis Pépin

Les Troubadours

Tino Rossi

Dorothée

Marcel Amont

Instrumental Harmonica

Marcel Azzola

Orchestre Percy Faith

Guitare classique

Jazz avec Joseph Reinhardt : guitare solo, Dingo Adel : guitare,  Patrice Caratini : contrebasse

Piano et cornet

Maurice Vander

Accordéon

Celtic music

Béart in english

et pour finir la partie 2 de la B.O du film ..

Norbert Gabriel

Guy Béart …

11 Mar

Peinture de Patrick Clémence

Depuis une certaine soirée télévisée , les détracteurs de Guy Béart se gargarisent des éléments de langage gainsbarriens, sur l’art mineur et les blaireaux. Et le plus souvent leur connaissance de l’œuvre de Béart commence et s’arrête à L’eau vive,  ça reviendrait à réduire Brassens à La cane de Jeanne. Ou Leny Escudero à Pour une amourette…

Guy Béart est une sorte de chroniqueur du temps qui passe, et un mélodiste de talent, assez proche de Moustaki et pour les amis de la guitare, il y a de quoi se régaler.

Quelques exemples de chansons qui sont un peu plus que de l’art mineur.

La chabraque 1970  (Marcel Aymé/G Béart)

Les tristes noces

En marchant

Chanson pour ma vieille

C’est après que ça se passe…

Où est la fenêtre …

Couleurs vous êtes des larmes

Pierrot la tendresse

Et clin d’oeil à Juliette qui a beaucoup chanté Béart
(Texte Raymond Queneau Musique G Béart )

Et on peut noter qu’il n’est pas rancunier, c’est ça la classe !

Et la plus belle déclaration d’amour, universelle, transgenre, parfaite !

Pour rappel, lire –>   Béart, Ferré, Brassens, Gainsbourg, tous des ratés des arts majeurs…

Norbert Gabriel

 

Un livre essentiel  pour comprendre Béart ,  clic sur l’image–>    

 

 

Histoire lamentable de photo de presse …

26 Jan

En préambule une chanson toujours de circonstance

Les crayons de couleurs (Adaptation de la chanson de Bobby Bare « What color is a man « en 1966.

Voici une photo en deux versions l’une est l’originale signée » Associated Press, mais c’est l’autre « cropped out  »  (recadrée)  qui a été diffusée « . Etonnant ?

Associated Press est une agence de presse mondiale et généraliste dont le siège est aux États-Unis. Créée en 1846, c’est l’une des plus anciennes coopératives au monde.

Cette photo a été malencontreusement « cropped out « * recadrée dans sa partie gauche, lors du sommet à Davos 2020 … L’agence a plaidé « une erreur de jugement » ce qui confirme donc que des personnes dans cette agence tripatouillent les photos de leurs reporters sur des critères de « jugement » personnel très particulier … Est-ce que ce monde est sérieux ?

Pour mémoire sur la déontologie de la presse, salut à Willy Ronis, en 1955, il a retiré toutes ses photos de son agence de diffusion, en raison des pratiques habituelles de la presse qui achète des photos, puis les recadre avec des légendes nouvelles, ce qui conduit souvent à montrer le contraire de ce que voulait l’auteur … Avec des revenus amputés, Ronis et  Marie-Anne, sa femme partirent vivre en Provence dans un village presqu’en ruines, où il avait fait le « Nu provençal » en 1949. Ronis reviendra sur le marché  de la photo en 1972 quand un accord sera signé pour le respect du  droit des photographes à être maîtres des légendes sur leurs photos, et si possible du respect des cadrages … Si possible, parce que sur ce plan, tout n’a pas été parfait … Comme des photos de Doisneau en format carré (le 6×6 Rollei) recadrées en format rectangulaire dans les mises en page.

Autre chanson en rapport avec cette actualité,

 

Comme pour Aufray et ses crayons cette chanson a toujours été dans les spectacles de Béart.

Et voici une des dernières versions des Crayons de couleurs,

 

Si tout finit par des chansons, ça se finit pas toujours très bien ...

Dédié à l’Ougandaise Vanessa Nakate.

 

Norbert Gabriel

Mise au point ?

*We regret publishing a photo this morning that cropped out Ugandan climate activist Vanessa Nakate, the only person of color in the photo. As a news organization, we care deeply about accurately representing the world that we cover. We train our journalists to be sensitive to issues of inclusion and omission. We have spoken internally with our journalists and we will learn from this error in judgment.  (Associated Press)

Guy Béart révolutionnaire ou prophète ?

22 Nov
En préambule ces mots de Pierre Barouh :
«  La chanson sait exprimer des sentiments complexes avec des mots simples. »

Prophète ou révolutionnaire ?  Révolutionnaire, et/ou visionnaire ?

Le livre de Michel Trihoreau est exemplaire pour démontrer à travers la chanson et un auteur-compositeur-interprète, Guy Béart, toute la dimension de cet art populaire dans la société. Remettons à sa place l’anecdote piteuse d’Apostrophes, l’exemple même des schémas simplistes pour réduire un débat de fond à une pitrerie désolante de propos de comptoir. Mais parfaite pour faire la joie des habitués des étiquettes, ceux qui ne vont jamais plus loin que le titre à effet sans s’attarder à une quelconque analyse.

Et quand un auteur a une œuvre aussi diversifiée que Béart une seule étiquette ne peut suffire . Ou peut-être, selon Aragon:

«  Le poète a toujours raison, et le futur est son royaume. »

Michel Trihoreau a exploré toutes les facettes de ce personnage assez atypique, que ses « principes » ont mis dans une sorte de terrain vague aux multiples entrées : poète populaire avec « L’eau vive » devenue chanson du folklore, surréaliste amer avec « En marchant » chroniqueur des couleurs du temps, « Qui suis-je… Fille d’aujourd’hui » fabuliste narquois «  Le chapeau », visionnaire dans son métier,  s’émancipant des tutelles du showbizz, en devenant son propre éditeur, bien avant les autres.

Vous trouverez beaucoup d’autres pistes confirmant le titre « Révolutionnaire ou prophète » avec aussi l’envie de découvrir ou redécouvrir un répertoire d’une richesse et d’une diversité rares.

Chacun a sa chanson « de mémoire » en rapport avec une tranche de vie personnelle, selon l’heure et le temps, mais pour finir cette invitation à faire une grande ballade musicale avec Guy Béart, une chanson, en particulier, me paraît symbolique, c’est à la fois la plus belle déclaration d’amour aux femmes -mais pas que- et c’est aussi ce que j’ai envie de lui dire, « ce que j’aime en vous, c’est vous… » la suite ci dessous.

Le livre de Michel Trihoreau est en librairie aujourd’hui, 22 Novembre, édité par  « Le bord de l’eau » à visiter… pour commander en librairie de proximité.

Le Bord de l’eau, c’est ici:
Clic sur la librairie et entrez: –>

Norbert Gabriel

Et pour la librairie en général, soyons des résistants aux hégémonies envahisseuses, voyez ci dessous:

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Guy Béart, Il n’y a plus d’après…

21 Mar

couv beart

Demain à l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, vous pourrez toutes affaires cessantes saluer votre libraire préféré(e) et dans la foulée, lui commander ce livre. Pourquoi ?

D’abord, il remet à sa juste place un des auteurs compositeurs les plus importants de la chanson francophone. Guy Béart a eu un début de carrière fulgurant, avec une chanson qui est entrée d’emblée dans la mémoire collective comme un vieil air du folklore de France. Ce qui était déjà un début de malentendu pour une partie du public qui l’a réduit à cette jolie comptine Pourtant Béart est sur la même ligne que Michel Tournier dans la conception de son œuvre : Tournier était passionné par la littérature jeunesse, et ses romans pour adultes étaient en quelque sorte des prototypes avant les versions définitives destinées au jeune public. Et pour Béart, la chanson, art populaire par excellence, doit répondre à l’équation suivante : elle doit d’abord charmer les enfants, puis séduire les femmes, intéresser les hommes ensuite, et retenir, enfin, l’attention de quelques uns en diffusant en contrebande un message caché qui satisfera celles et ceux qui le découvriront.

Et c’est le plus souvent par la mélodie qu’elle attrape l’oreille avant de passer dans le cœur. Et d’y rester quand les mots sont à la hauteur des notes.

guy_beart___1___28_Dès ses débuts, Guy Béart a dans son répertoire des chansons comme  L’eau vive  et des chansons science fiction quasi ésotériques, poèmes de visionnaire, accompagnés de musiques sophistiquées (Les temps étranges) ou visions de cauchemar d’un monde en apocalypse (En marchant le long des routes) Ou  La Chabraque,  une composition très Kurt Weill sur un poème de Marcel Aymé…

Boris Vian lui conseillera de  garder en réserve les chansons trop déroutantes, pour éviter d’être ghettoïsé dans un genre confidentiel. Mais Béart a une inspiration très diversifiée, les histoires de sa vie, ses amours, transparaissent très vite, avec des chansons superbes, comme la plus belle chanson d’amour,  Vous, tout est dit dans l’amour total  qu’on ne peut expliquer ni décrire. Le public sera vite séduit par Qu’on est bien…(dans les bras d’une personne du sexe opposé)  et aussi  Poste Restante, et c’est l’entrée immédiate dans la cour des grands. Ensuite, quand arrive la vague yé-yé, le voilà has been, à 30 ans, comme Moustaki après Milord, c’est la trentaine en quarantaine des gazettes… Ce qui ne durera pas… Ni pour l’un ni pour l’autre.

La suite, vous la trouverez dans le livre de Baptiste Vignol, très agréablement construit, le parcours biographique est complet, avec des extraits de chansons qui éclairent ce qui passionnait Béart dans sa vie et dans son art, ses amours avec des femmes-chats jamais tenues en laisse, son indépendance vis-à-vis des structures financières du showbizz – il a été le premier à créer un label indépendant- son caractère parfois déroutant… Pas d’anecdotes superflues du genre pipolerie pour ados, tout est là pour préciser des points de détails sur l’ art de la chanson.

Il y a aussi des interviews, Denise Glaser, la grande amoureuse des artistes, qui l’a beaucoup soutenu, et le verbatim d’un extrait d’Apostrophes de Bernard Pivot dont la plupart des gens ne retiennent que les éructations de Gainsbourg quand il est question d’arts à initiation. Ce soir là, Béart aurait pu crucifier Gainsbarre avec une honteuse histoire de plagiat, il ne l’a pas fait, ça s’appelle la classe. Celle d’un honnête homme comme on disait au siècle des lumières.

Baptiste Vignol publie une des biographies les plus agréables parmi ce qui a été proposé ces dernières années,  indispensable dans la bibliothèque-discothèque des amateurs de chanson, car c’est aussi un élément de compréhension de la scène contemporaine, ses enjeux et ses dérives, et ses palinodies, quand on voit dans les librairies des biographies de produits de realtv, artistes de 20 ans, qu’on biographie pour une carrière de 2 ans, est-ce bien raisonnable ?

L’auteur a écrit il y a quelques années,  Cette chanson que la télé assassine, (Editions Christian Pirot) et dans ce que dit Béart, on trouve quelques compléments d’infos sur cet assassinat. Pas les réflexions aigries d’un vieux de la vieille qui chouine que c’était mieux avant, mais un point de vue lucide et documenté.

Un des mots qui revenait régulièrement avec Guy Béart, c’est Fraternité. Et au final, on peut lui murmurer,

Un dernier mot
À votre adresse
Regrets, tendresses
Et à bientôt

Chantez, chantez
Que tout le monde
Ferme la ronde
De l’autre côté.

Et pour finir en chanson,

Baptiste Vignol, Guy Béart Il n’y a plus d’après, biographie, sortie de le 22 Mars

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Norbert Gabriel

Je chante ! Depuis 25 ans….

10 Fév

Je' chante couv

Et s’il n’en reste qu’un ce sera celui-là ! Le dernier magazine chanson « de mémoire » et d’articles de fond comme on n’en fait plus. La petite entreprise associative se positionne résolument dans le donquichottisme cyranesque de l’édition, 81 pages sans aucune pub, et une parution irrégulomadaire.

Voici donc le 12 de la nouvelle série, centré sur la chanson francarabe.

Au premier abord, me suis-je dit, oui pourquoi pas… à l’occasion…

Mais en feuilletant rapidement, dès le premier coup d’oeil, j’ai revu mon approche distraite pour une lecture approfondie. Passionnante.

Un détail en particulier concernant Enrico Macias, parfois tellement caricaturé, cette anecdote rapportée par Francesca Solleville. C’était un temps où les chanteurs n’étaient pas reconnus comme intermittents, et demandaient les mêmes droits que les comédiens de théâtre. Lors de l’enregistrement d’une émission de télé, Francesca apprend que Macias en fait partie, elle demande à le voir, elle lui explique pourquoi elle et quelques collègues font grève, et immédiatement Enrico les suit « je fais grève avec vous »… L’émission a eu lieu, avec Stone et Charden, sans Macias. La conclusion de Francesca :

« J’en ai vu des chanteurs et pas des moindres que je croyais être des  nôtres, refuser de faire grève. Et d’autres qui m’ont étonnée, comme Enrico Macias, qui ne faisait pourtant pas partie de nôtre circuit. Je ne l’ai jamais rencontré depuis ce jour-là, mais je lui en suis restée très reconnaissante. » (Extrait de Je Chante N°4 toujours disponible)

Photo NGabriel

Photo NGabriel

Donc un dossier très complet sur Macias, Line Monty, Lili Boniche, tonton Raymond,  Reinette l’Oranaise,et d’autres personnages de cette culture musicale d’un pays qui fut français de 1830 à 1960.

Plus une dizaine de pages « coup de projecteur » sur l’actualité de la chanson, avec deux pages consacrées à Mr Poli et Sève, le duo le plus original de la chanson actuelle.

Et une interview de 2 pages de Guy Béart (par Michel Vial, en 2009)

Depuis 25 ans, un quart de siècle, Je Chante vit pour la chanson, allez visiter, et souhaitez lui Bon Anniversaire. C’est ICI.

Norbert Gabriel

Béart, Ferré, Brassens, Gainsbourg, tous des ratés des arts majeurs…

19 Sep

guy-beart2 Gainsbourg P ClémenceTous des ratés des arts majeurs, Ferré, Brassens, Gainsbourg, l’un aurait voulu être Villon , l’autre Beethoven ou Mozart, le dernier Van Gogh ou Picasso, pour la gloire de son vivant, c’est mieux.

Art majeur pour mineures

Ce qu’il reste de cette soirée Apostrophes de 1986, c’est le numéro de com’ esbrouffe de Gainsbourg avec sa digression sur les arts majeurs « à initiation ». Quant à la musique et la chanson, elles ne seraient que des ersatz d’art accessibles à des imbéciles incultes car non initiés.

Dans le développement de son improvisation Gainsbourg se contredit en partie, en expliquant qu’il a atteint, frôlé Rimbaud dans quelques unes de ses chansons, qui seraient donc selon lui élevées au rang d’art majeur, puisque la poésie et la littérature sont des arts majeurs.

Lui, mais pas les autres.

On peut noter que selon ses diktats, le douanier Rousseau est un peintre mineur, puisqu’il n’a jamais été initié.

Son altercation avec Béart a laissé les autres intervenants muets, alors qu’ils auraient pu argumenter… Mais peut être que le contexte a été très largement responsable de ce clash, d’abord l’extrait pour bien resituer l’ambiance.

Et maintenant, l’explication de Louis Chédid sur ce qui s’est passé en coulisses, lors des répétitions d’une chanson que tous les invités devaient faire en choeur, accompagnés par Serge Gainsbourg au piano.

Ce qui s’est passé avant pouvant expliquer ce qui s’est passé pendant…

Lors de la répétition, il s’avère qu’il faut modifier la tonalité, et Gainsbourg, au piano, ne sait pas transposer, car c’est un autodidacte de la musique, et s’il sait jouer de « son » piano, (comme Barbara) il ne sait pas faire de l’accompagnement tout terrain. C’est donc Louis Chédid qui le remplace, on voit Gainsbourg en gros plan, et les mains de Chédid sur le piano… On peut imaginer que cette petite humiliation devant les invités a pu avoir une incidence en transformant le Dr Jekyll en Mr Hyde, ou Gainsbourg en Gainsbarre…

Quant à sa démonstration sur l’art du pianiste, c’est encore de l’esbrouffe, un effet pour le buzz, créer le scandale, car en effet, il y a un contentieux entre lui et Béart. Sa démonstration de la guitare sommaire est un peu pathétique, Ségovia et Django, sont là infirmer cette pantalonnade. D’autant que Gainsbourg s’est beaucoup servi dans les grands compositeurs pour trouver des mélodies, qu’il n’a pas composées alors que Béart est un mélodiste exceptionnel « qui trouve des mélodies qu’on a l’impression d’avoir toujours connues » (Souchon).

Ce qui conduira aussi Gainsbourg à revendiquer pour son art mineur, tous ses emprunts à la musique classique, avant qu’on ne lui en fasse le reproche.

On remarquera que l’un et l’autre ont laissé des chansons aux mélodies ancrées dans les mémoires, la différence est que l’un les a empruntées, l’autre les a composées. Et les deux ont fréquenté de grands auteurs qui ont bien nourri leur talent.

Mais encore avant, bien avant, fin des années 60, il y a l’affaire de « Je m’aime » A l’époque ils sont assez amis, et Béart propose à Jane une chanson délicieusement érotique qui plaît beaucoup à miss Birkin. Mais Serge met un veto absolu, pas question que « sa » Jane lui fasse une infidélité avec un collègue. Premier point de friction. Mais surtout il y a celle de l’emprunt-plagiat à un compositeur africain, que Béart lui a reproché, et que Gainsbourg n’a jamais voulu réparer . Au retour d’une tournée en Afrique en 1964, Béart y était, Gainsbourg s’intéresse à un artiste local , à qui il emprunte sans complexe, et sans créditer.. Il s’agit de pièces prises telles quelles de l’album « Drums of Passion » du percussionniste natif du Nigéria, Babatunde Olatunji.  Marabout est en fait Jin-go-lo-ba, Joanna contient Kiyakiya et New York U.S.A. n’est autre que Akiwowo.*

Le plagiat ne sera cependant pas passé inaperçu; il faudra attendre jusqu’en 1986 pour qu’Olatunji soit crédité sur les chansons.

Il n’est pas impossible que la juxtaposition de ce plagiat reconnu, la même année que cet « Apostrophes » ait fait de Béart le mauvais témoin exécré … Qui n’a pas évoqué  cette désagréable affaire.

et pour les autres inspirations http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.samples-en-talons.ch%2Fv2%2Findex.php%2FPop%2Fgainsbourg-genie-du-sample.html

Cette mise au point aujourd’hui est simplement dictée par le fait que nombre de médias, à la mort de Guy Béart,  ont remis à la une cette altercation d’Apostrophes, sans chercher plus loin que le débat sur l’art pour mineures, comme dira Serge Gainsbourg dans un autre débat. Gainsbourg était capable du meilleur Gainsbarre du pire. Et dans cette séquence, c’était Gainsbarre pas au mieux de sa forme.

Norbert Gabriel

*(Sources:Bertrand DICALE Les Miscellanées de la chanson française. Lonrai: Éditions Fetjaine, )

Autre source pour le plagiat et ses conséquences dans le commentaire de Fred Hidalgo (voir dans les commentaires)

Les tableaux sont de Patrick Clémence.

Et pour finir, un souvenir témoignage de Bernard Pivot :

L’animateur d’Apostrophes s’est exprimé au sujet de cette altercation dans une interview au Figaro. L’événement est encore intact dans sa mémoire: «J’en garde un très mauvais souvenir. Guy Béart avait été agressé par Serge Gainsbourg, donc il avait dû réagir et l’émission ne le mettait pas à son avantage.»

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