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Rencontres Marc Robine, jeudi 11 juillet 2019

13 Juil

Photo Dominique Cista

Une journée contes, qui commence par une balade musicale et littéraire : Volvic. 15h. Invitation à visiter l’atelier du chansonneux. Déambulation au théâtre de la forêt, face Source Volvic. Lectures, chansons et commentaires : comment fabriquer une chanson. D.Cista. 

Photo DR

Puis, à 17 h, on revient à La Source, pour un récit en musique, Nathalie Thibur raconte, avec la complicité de Coline Malice et son accordéon : Même les violettes ont de la mémoire. 

Nathalie Thibur, nourrie de contes de fées dans son enfance, puis d’autres livres dans son parcours d’institutrice, a croisé la route des gens du voyage, écoutant leurs histoires, et : En mars 2005, elle découvre Henri Gougaud dans Le Grand Parler. Un choc : seule la voix du conteur suffit au voyage. Le livre a disparu mais l’enchantement est là, intact, semblable à celui du grenier de son enfance, le partage en plus… Un chemin s’ouvre à elle…  En 2010, elle crée l’association Coloconte et Cie afin de promouvoir échanges et collaborations artistiques autour de l’univers des contes. 

 

Un banc, un air d’accordéon qui vient de loin, un pas de danse esquissé : Dans ce village là, les gens aimaient danser, tout était prétexte à faire la fête,  les vendanges, les moissons... le samedi, la place de l’église, et du café, en face,  était une piste à ciel ouvert. Et le café était fréquenté par tous, même les enfants, l’enseigne étant : Débit de boissons, bonbons ! L’accordéon arrive, la conteuse danse une bourrée…Dans ce village, chaque maison avait son banc, banc à bavarder, à se reposer, à épier, à rêver. Les villageois avaient le sens de l’accueil… Mais ce qui avait séduit Jeanne, c’était le coq du clocher, à 40 ans bien sonnés, elle ne fréquentait que les coqs d’églises, elle cherchait, souriait, et trouvait. 

Jeanne économisa pour s’acheter un petit bout de terrain dans ce village, et y construisit sa maison. Elle fut très bien accueillie au village, et tous lui donnèrent  le surnom de Violette ? Ses yeux ! Ses yeux avaient la couleur des violettes, et elle était douce comme un pétale de fleur. Une maison, mais comment faire le jardin ? Derrière le petit mur qui la séparait de lui, elle avait bien un voisin paysan qui avait un magnifique jardin, Joseph, dit Bélzébuth, comme Joseph n’avait pas de femme, il parlait à ses légumes. Ah ! C’qu’on est bien dans ce jardin  chante alors Coline Malice. Ses légumes, il les vendait à l’usine, à Violette, il les donnait… Et un jour, en ouvrant sa fenêtre, Violette vit son jardin tout travaillé, avec des petits plants partout… Vous devinez ce qui arriva,  le petit mur qui les séparait tomba, et les commères de dire : ça fait deux célibataires en moins ! 

Photo DR

Non, je ne vais pas tout vous raconter ! C’est qu’il s’en passe des choses dans ce village divisé en deux, les cathos et les cocos. Et le maire a bien du mal à rassembler les deux parties, surtout quand le coq se met à « cocoriquer » l’Internationale ! Il y a aussi le maître d’école, cruel, qui prend plaisir à humilier les enfants, et Rose, qui ne l’aime pas beaucoup, répare la honte des gamins, les console, la vengeance du petit Pierre, roué de coups de pied par ce méchant maître fut terrible, quant à la petite chèvre qu’on avait été chercher pour engraisser, pour le méchoui de l’an prochain, qui aimait bien mettre son nez dans le vin, elle est devenue la mascotte du village.

Voilà qui vous aura donné envie d’en savoir beaucoup plus sur ce village, je l’espère… C’est le jour du printemps que Jeanne est arrivée, il y avait des violettes partout dans les champs…

 

 

Photo Martine Fargeix

Et c’est Gilles Servat qui continue cette journée contes, à 20 h 30 : Couleurs, Conte et chanson : Il m’a fallu du temps pour devenir conteur, oser prendre des libertés, impliquer le public… Quel bonheur pour moi, cette aventure, cette présence, à la fois proche et différente de celle du chanteur.

Gilles Servat arrive sur scène, tout de blanc vêtu, après la présentation de Fabrice Péronnaud qui nous assure que le compte est bon. On va s’en laisser conter. Tout commence par une chanson de Marc Robine, à qui sont dédiées ces Rencontres, depuis 15 ans :

Lettre-Océan

Parti de Baltimore, sur le Sarah-Laurence
Je t’aurais envoyé une lettre-océan
Une lettre-océan pour te dire simplement
Que nous avons beau temps
Alors qu’il neige en France

Une lettre-océan pour te dire en peu de mots
Que nous arriverons, en fin d’après-midi
A Saint-Louis-du-Maroni

Mais les mots comme les rêves
Ont leur poids de regrets
Et tu te fous bien de mes rêves d’îles
De toutes les îles dont j’ai pu te parler

Ce soir, j’appelle en P.C.V.
D’un bar hôtel, près du buffet de la gare de Lille
Cinquante-neuf mille, zéro, zéro

Mais les mots comme les rêves
Ont leur poids de regrets
Et tu te fous bien de mes rêves d’îles
De toutes les îles dont j’ai pu te parler

Ce soir, j’appelle en P.C.V.
D’un bar hôtel, près du buffet de la gare de Lille
Cinquante-neuf mille, zéro, zéro… 

Photo Martine Fargeix

Gilles Servat nous dit le rapport qui il y a entre conte et chanson, une chanson peut être un conte, il cite Brassens : La princesse et le croque-note.

Le voilà, le voilà, il se lève, puissant, oui, ce sont bien les rires des Korrigans, ceux qui portent les plaintes des collines, écoutez la fureur de la fée Morgane délaissée, le bruit rassurant des frondaisons de la forêt de Brocéliande, il est venu se reposer au flanc des Dômes, le poète épique, avec des histoires bretonnes et celtes qu’il va nous livrer  en cette veillée, toutes sont nées de son imagination, et Patrick Audoin l’accompagne à la guitare.

S’ensuit l’histoire : Comment on devient grain de poivre , l’histoire de Serge-Thomas-Egdar-Louis Achefer, quatre prénoms exigés de ses parents, employé au ministère du Développement des espèces en voie de disparition, département des plantigrades anoures, service des pentapodes aquatiques, section du poil ras. Il avait un problème, Serge, etc… Achefer, sa température épidermique augmentait sans cesse : Chaque soir, il sortait en maillot de bain, une pioche sur l’épaule, puis après avoir cassé la glace, plongeait dans la rivière. Ce fut d’ailleurs cela qui lui mit la puce à l’oreille : sa solitude parmi les glaçons. Inquiet pour sa santé, il passe mille examens, rien ! Tout va bien lui dit-on. Pourtant : sa phosphorescence  était douce, claire, chaude, il brillait et était stupéfait de se voir transformé en lampadaire, ce qui lui valu maintes déboires, ça se voyait, il n’osait plus sortir de chez lui, et dut abandonner son travail, il perdait du poids à vue d’oeil, 143 grammes par jour, un bon kilo par semaine, un seul recours, le pôle Nord ! Que la glace était douce à ses pieds déchaussés !  Heureux dans un premier temps, il dut déchanter : La glace fondait sous lui. La noyade le guettait dans son sommeil, il dut se résigner à quitter sa chère banquise pour gagner le plus vite possible la terre ferme et s’établir dans la baie d’Alokakok.. Il brillait de plus en plus : on aurait dit  Moïse descendant du Sinaï, ou Jésus sur un tableau espagnol, sauf qu’il avait abandonné son cache-sexe. Il se remit à grossir, et Les esquimaux rayonnaient de bonheur : Enfin un Dieu qui changeait de couleur et se décidait à grossir ! Ou alors, c’était un Dieu envoyé au rabais par les occidentaux. N’empêche qu’il devient une idole pour les habitants d’Alokakok, doublant de volume d’un coup, il brilla si fort qu’on ne voyait plus les étoiles, sous un tonnerre d’applaudissement, mais la joie fut de courte durée, il se rétracta aussitôt, et finit par disparaître complètement. Il ne resta, sur le sol glacé, qu’une petite boule noire, grosse comme un grain de poivre. Un «  eskimo » qui voulut la ramasser fut surpris de ne pas pouvoir la soulever. Et la petite boule est toujours là... En écoutant prononcer les prénoms et le nom du héro, je me suis rendu compte que leurs initiales forment un mot : STELLA.

 Histoire de la GPE, grande panne d’électricité, quand le Grand tremblement de terre d’Italie avait rompu tous les barrages, des Alpes au Massif central, qu’on appelait depuis le Massif sans centrales, ou encore Le cochon de Mac Datho, traduit de l’irlandais ancien puis librement adapté pour le temps présent. Conte truculent , rabelaisien, qui évoque la rivalité entre le clan des Ulaid et des Conachta, lors d’un banquet légendaire chez le roi MacDatho, qui va tuer l’énorme cochon promis pour la fête ? Un cochon nourri sept ans de soixante vaches laitières ?  Il s’ensuit une bataille picrocholine à laquelle le public, partagé en deux clans, participe.

D’autres contes, bretons, ou celtiques, suivent, dans la même veine, contes étranges, poétiques, où la philosophie naît de l’absurde, où la science-fiction côtoie les légendes populaires, et même quelquefois, les parfume. Ces contes, entrecoupés de chansons, comme Le moulin de Guérande, que tout le monde reprend en choeur.  On peut retrouver ces contes, et bien d’autres, dans le livre de Gilles Servat : Couleurs, ainsi que ses albums,  dans la boutique de son site —>.

 

Hier, c’était la fabuleuse journée québécoise, et ce soir, on va à Saint-Ours-Les-Roches, pour écouter Agnès Doherty : Le braconnier de Dieu, et du théâtre, à 21 h : Petits crimes conjugaux par la compagnie Les Eruptifs, à suivre…

Danièle Sala

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