
Photo Alain Marouani
Après l’excellent doc sur France 3 il y a quelques jours, après la réécoute de l’intégrale Balavoine, il me semble que si je devais faire découvrir Daniel Balavoine à des jeunes de 2016, j’éviterais d’abord les vidéos, trop datées dans les chorégraphies façon Clo-Clo parfois, en décalage avec les thèmes des chansons. Sauf celles qui montrent des extraits de l’album culte « Les aventures de Simon et Gunther » où la sobriété des images magnifie le thème, et aussi celles des extraits de Starmania, qui montrent un Balavoine assez différent de ce qu’on connaissait de lui, l’humaniste indigné dans le rôle de rockeur voyou, fallait oser, et ça fonctionne bien. Ces jours-ci, voici un album de reprises parfois hommages, parfois dommages, tous les invités à ces exercices ne semblent pas bien avoir compris ce qu’ils chantent en mettant leur sauce personnelle sur un plat qui n’en demandait pas tant… Du ketchup sur du Roquefort, est-ce bien raisonnable ?

Une des questions qui se posent dans ce genre d’album est celle de la distribution, qui a choisi pour qui ? Chaque artiste a-t-il vraiment eu la liberté de choix, ou bien y a-t-il eu des choix par défaut ?
C’est parti pour l’écoute avec échos en direct.
1- Zaz: Tous les cris les SOS… Une des bonnes surprises, sobre et retenue, les arrangements sont très Balavoine 70-80 mais c’est pas gênant….Zaho « Sauver l’amour » le couplet commence bien mais le désastre arrive au refrain, sauve qui peut, au suivant. Nolwenn Leroy « Un enfant assis attend la pluie » Une des meilleures de l’album. Raphaël « Soulève moi ». Très bien. Marina Kaye « Only the very » version english de « S.O.S. d’un terrien en détresse » Classique mais très bien maitrisé. Ours « Si je suis fou » très bien … Bessa « Partir avant les miens » avec des sons électro plus 2015, Josef Salvat « Pour la femme veuve qui s’éveille » idem… Christophe « Lucie » On peut imaginer que Christophe a choisi cette chanson qui lui va particulièrement bien.
2- Florent Pagny « La vie ne m’apprend rien » Si ce n’était des arrangements un peu lourds parfois au refrain… Cats on the trees, « Aimer est plus fort que d’être aimé » version très retenue, peut-être un peu trop … Shy’m « Vivre ou survivre » Tiens une sorte de disco, étrange mais pas inintéressant, ça rappelle bien, les boîtes à rythmes qui fleurissaient dans les années 80. Damien Lauretta « Quand on arrive en ville » Une des plus innovantes de l’album. Et vocalement très Balavoine, belle découverte. Jenifer « Mon fils ma bataille » Encore des arrangements qui dénaturent et cassent la sobriété de la chanteuse. Et effacent une partie du sens du texte. Féfé « L’Aziza » oui, bon, le reggae au Maroc, ça le fait pas tellement, mec, au suivant. Emmanuel Moire « Le chanteur » Lui, il s’en tire bien, on y croit… Cléo « Dieu que l’amour est triste » Elle aussi s’en tire bien, un peu distanciée parfois, genre ça donne envie de danser, sur des paroles qui ne pas tellement faites pour ça, mais bon…
Bilan:la plupart des reprises sont fidèles aux originaux, peut-être trop, et dans l’ensemble, ça n’apporte pas grand chose. Il est quand même très regrettable que personne n’ait pensé à un ou deux extraits des Aventures de Simon et Gunther, pas assez showbiz ? Ou méconnaissance du sujet ? Ou choix de marketing tubesque avant tout? A vous de voir.
Toutefois, il y a un autre double album qui sort en ce moment, et à mon sens, il est bien plus riche, avec des inédits, des vidéos, des beaux moments, et si vous avez un cadeau à faire, c’est peut-être mieux pour vraiment découvrir Daniel Balavoine, si ce n’est pas fait. Voir ci-dessous.

Et en bonus, il y a aussi dans les librairies le « Génération Balavoine » de Didier Varrod, (Chez Fayard) en quelque sorte le scénario de l’excellent documentaire diffusé il y a quelques jours. Dans lequel je retrouve la date du souvenir de la première apparition télévisuelle de ce phénomène, en 1977, avec « Lady Marlène » en lisant les lignes sur ce moment, j’ai les images, inoubliables.
(Didier Varrod avait publié en 2006 « Le roman de Daniel Balavoine, collection Chorus, chez Fayard)
Norbert Gabriel
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