Ils ont, dans leur valise,
Un trésor: trois chemises,
Un pantalon usé.
Dehors, le froid, la bise
Raclent la pierre grise
Et le goudron du quai.
Ils viennent bâtir nos barrages,
Nos ponts, nos autoroutes aussi,
C’est pas par plaisir qu’ils voyagent…
C’est par cette chanson de Michel Bulher( 1976) interprétée par Marc Robine : « Les immigrés», que commencent ces treizièmes rencontres Marc Robine.
Le public est au rendez-vous, les fidèles, ceux que l’on revoit chaque année, et des nouveaux aussi, de tous les âges, puisque cette année est placée sous le signe de la jeunesse, de la relève, et vu ces deux premiers concerts, on peut être rassurés quant à l’avenir de la chanson française.
Et c’est une toute jeune fille en courte robe rouge, pieds nus, qui s’avance vers le micro, bien trop haut pour elle, et monte sur une chaise pour affronter le public :
J’essaie d’être moi, laissez moi faire
Peut-être pas assez spéciale ni assez spectaculaire
J’ai tous vos conseils en tête mais je voudrais juste rester honnête
Prenez pas ma simplicité pour un excès de fierté
Moi je me fais mal à la pudeur
A chaque mot que je couche, putain écrire ça fait peur et pourtant je suis pas farouche
Si tout ce que j’ai d’intéressant, c’est ma bouille de petite fille
Va falloir se faire une raison, le talent tient qu’à un fil…
Allez pas croire que c’est facile de défendre ce que j’ai de fragile
C’est vrai, j’étais pas obligée
Je vous laisse entendre à vous de juger
Est-ce que j’écris pour de vrai ? ( De la merde grand public).
Oui, Leïla Huissoud écrit pour de vrai, chante pour de vrai, sobrement accompagnée de sa guitare, et de Kévin Fauchet au piano et à l’harmonica, sa voix sonne juste, amoureuse des mots, de la langue française, elle nous surprend par sa maturité, la force de son écriture, sa sincérité, de coups de gueule en tendresse, elle nous fait passer par toutes les émotions. Son premier album, « L’Ombre » sorti en mars dernier en témoigne.
Après une courte pause, la salle s’éteint à nouveau, et les musiciens arrivent dans une lumière bleue, Ludovic Leleu se met au piano, Jérémie Pontier à la batterie, Fanny Rome au violon, et tout de noir vêtue, apparaît Clarika, la scène s’éclaire de rouge, le rythme monte :
Je suis la force et la lumière
Je suis fragile et solitaire
Je suis peureuse, je suis légère
Je suis fidèle et inconstante
Je suis barrée, je suis bandante
Je suis perdue, je suis timide
Je suis vendue et intrépide … »
Je suis mille, je suis mille, je suis mille
Je suis mille vies…

©NGabriel Photo d’archives
Et, ce n’est pas original, mais il y a de quoi faire battre nos cœurs avec Clarika, tour à tour bouleversante, tendre, joyeuse ou mélancolique, elle chante, elle raconte, elle danse, elle nous bouleverse et nous enchante, en toute complicité avec ses musiciens, avec une mise en scène époustouflante, une vraie tornade, de noir vêtue jusqu’à ce qu’elle réapparaisse en longue robe claire, sur la musique du parrain, pour chanter, après un préambule en italien, et une danse folle entre Jérémie le batteur et Fanny la choriste musicienne, » Le bout du chemin » . On ressort de son concert tous chamboulés. Elle a interprété toutes les chansons de son septième album : « De quoi faire battre mon coeur », et quelques incontournables, comme « Les garçons dans les vestiaires », « Non, ça s’peut pas », ou « Bien mérité ».
Les rencontres Marc Robine commencent fort avec cette première soirée, et ce soir, trois concerts au programme. Tout d’abord Céline Caussimon, à 17 heures, dans la salle d’expo, accompagnée d’Etienne Champolion au piano, et à 20 heures 30, Volo et Clio, à suivre donc .
Danièle Sala, de Mozac