Le temps des grandes interprètes n’est pas tout-à-fait révolu, Claire Elzière en fait régulièrement l’illustration, comme le 15 Février, à l’Annexe, à Ivry. Un lieu de spectacle -intermittent- dans la tradition du Cheval d’Or où on ne mélangeait pas les fourchettes et les micros … et d’ailleurs, avec la densité du public ce soir-là la question ne se posait même pas les derniers arrivés ont été placés derrière le bar. Et ce fut une superbe soirée, « les chansons meurent si on ne les chante pas. » C’est vrai, et merci à Claire Elzière de faire vivre avec tendresse, humour sensibilité, impertinence, les chansons de Pierre Louki, Anne Sylvestre, Allain Leprest, – dans des chansons peu connues à redécouvrir- Pierre Barouh, Barbara, Nougaro, SarcloRet, et le Bel Hubert, bien sûr … Plus quelques chansons sur mesure, plus une première en auteure … à suivre …
C’est dans la lignée de Cora Vaucaire, et de Catherine Sauvage ( qui demandait à Ferré les chansons refusées par les collègues, et qui en faisait des succès…) que Claire trace son chemin buissonnier, avec des sorties régulières au Japon, où la chanson francophone est bien traitée. Les chansons meurent si on ne les chante pas. Et en écho Ferré (ou Louki) aurait pu compléter, pour les interprètes à venir:
Mais je te laisse ça comme une chanson tendre
Avec ta fantaisie qui fera beaucoup mieux
Et puis ma voix perdue que tu pourras entendre
En laissant retomber le rideau si tu veux.
En ce qui concerne Leprest et l’album Marabout tabou, je vous renvoie volontiers à René Troin : « Les mots dansaient déjà, avant que Dominique Cravic les mette en musique. C’est un Leprest inédit, à tous les sens du terme, qu’on découvre avec cet album, un Leprest lumineux, tournant le dos à son versant sombre et (parfois) sentencieux (..) Loin de la rive gauche, on nage en belle et bonne variété.
Et Claire Elzière ? Elle ne fait rien, comme d’habitude : elle chante. La voix comme son prénom. Sans ronds de bras ni effets de manche, sans appuyer sur les mots. Alors, les mots, ils volent. Même ceux qui sont un peu lourds ? Oui. Même
Extrait de cette chronique, pour la lire en entier
clic sur le rossignol–>
Je ne saurais mieux dire, c’est ce qu’on entendu à l’Annexe, et qu’on pourra entendre le 11 Mai aux ACP-Manufacture Chanson, et le 15 Juin au Café Jazz Montparnasse dans « Les lundis chansons ».. et ce sera 100% Leprest*.
Le rôle des interprètes est reconnu un peu partout dans le monde, et assez peu en France, où la chanson « de qualité » ne saurait être que chantée par les ACI… Peut-on jouer Molière en 2020 comme en 1725 ? Le texte est le même mais le contexte est différent. Idem pour la musique de Bach, quand les instruments d’aujourd’hui ont beaucoup évolué voire réinventé un répertoire. Le violon est né avec des cordes en boyaux de mouton, il est le plus souvent équipé aujourd’hui de cordes en métal, plus puissantes. Faut-il se priver de ces évolutions pour rester dans le copié-collé originel ? Dont on ne sait rien, le swing de Bach n’était pas écrit sur la partition. Et pourtant Jacques Loussier l’a joué. Grappelli et Django aussi , bien avant..
L’exemple ci-après montre tout ce que peut apporter une vision moderne et des ré interprétations contemporaines d’un répertoire ancien. Clic sur le violon –>
Claire Elzière, Francesca Solleville, Annick Cisaruk, Céline Faucher, interprètes , Christian Camerlynck, interprète, et Natasha Bezriche, Barbarie Crespin, Natacha Ezdra, Marie-Thérèse Orain, c’est autant de nuances de Leprest, Pauline Julien, Anne Sylvestre, Debronckart, Vigneault, Ferrat, Louki, Ferré, Nougaro, Fanon, et quelques autres. Parmi lesquels Bernard Dimey, qui offre aux interprètes des possibilités assez étendues dans l’expression des sentiments sur la marche du monde et des humains.
L’art de l’interprète c’est aussi de choisir des chansons qui lui vont bien et pas forcément des chansons qu’il a envie de chanter. Ce n’est pas faire injure à Tino Rossi de constater qu’il n’avait pas la tessiture pour chanter Balavoine et SOS d’un terrien en détresse. Ou à Luis Mariano qu’il n’était pas au mieux dans le blues de Robert Johnson ou Muddy Waters.
*Claire Elzière chante Allain Leprest, 1 CD + 1 livret de 20 p., Saravah, 2014. Paroles : Allain Leprest. Musiques : Dominique Cravic (Grégory Veux et Claire Elzière cosignant chacun un titre), Romain Didier, Etienne Goupil, Olivier Moret, Jean-Philippe Viret. Avec les voix de Pierre Barouh, Dominique Cravic et Sanseverino.
Last but not least : ma relectrice (oui, je me flatte d’avoir parfois une relectrice d’une exigence de bénédictin intégriste) me fait remarquer que je n’ai pas évoqué Juliette Gréco dans les interprètes, c’est vrai, mais en ce qui la concerne, je citerai Moustaki sur Reggiani « Il est l’auteur de 200 chansons qu’il n’a pas écrites. » Et en effet, quand j’entends Gréco et Reggiani, ce sont eux d’abord, le personnage domine, alors que Cora Vaucaire et les autres, j’entends la chanson qu’ils interprètent. Comme le comédien qui va vers le rôle, et non l’acteur qui, souvent, amène le rôle à lui. Ce qui montre que la chanson offre des possibilités variées en matière d’interprétation qui nous sont toutes également aimables, enfin presque ..
Ce cri de coeur, ou coup de gueule de Christian Camerlynck est salutaire, s’il pouvait être entendu et compris, l’air serait plus sain dans nos agoras chansonnistes, et Bruel pourrait chanter Barbara sans déclencher des tsunamis de commentaires, surtout acerbes… Et parfois, conséquences de postures en préjugés sectaires. Ce n’est pas la chanson qui nous ressemble; il vaudrait mieux qu’elle nous rassemble.
Le fond de l’article est publié sur le FB de Christian Camerlynck. (N.G.)
Je participe à un débat à propos de Jean Jacques Goldman. Et cela me met en colère. J’en ai marre des sectaires, des ayatollahs qu’ils soient de la religion ou de la chanson. Ras le bol de la notion chanson à texte. UNE CHANSON SANS TEXTE, C’EST DE LA MUSIQUE… Voilà 40 ans que je travaille dans le domaine de la chanson, 30 ans que j’anime des stages pour amateurs, que j’entends des chansons que je n’aime pas forcément, et que des amateurs me font aimer parce que ces chansons populaires, sans prétention poétique, sans prétention littéraire leurs parlent à eux…. C’est par cette petite chanson de « merde » qu’ils finiront par écouter Anne Sylvestre, Michèle Bernard, Léo Ferré. Moi, fils de pauvre, né à Steenvoorde chez les culs terreux, n’ayant même pas mon Bac, ni mon certificat d’étude, incapable d’écrire une chanson, je suis venu à ce que certains appellent la Culture par l’Opérette L’Auberge du Cheval Blanc qu’avec des économies j’ai offert à ma maman. Nous avons fait 6 kms à pied pour aller au nouveau théâtre de Dunkerque j’ai économisé deux ans pour m’offrir ces places. Dix ans plus tard quelqu’un m’a fait découvrir l’Ecluse où j’ai vu des chanteurs que je ne connaissais pas. J’aime Léo Ferré, Allain Leprest, Anne Sylvestre, Bernard joyet, mon frangin, j’aime le Jazz, le classique l’Opéra, j’aime toujours l’Auberge du Cheval Blanc, j’aime Zizi Jeanmaire, Joséphine Baker, j’aime JEAN JACQUES GOLDMAN. À chaque fois que quelqu’un attaque la chanson populaire, je me sens attaqué dans mes racines, dans mes origines, je me sens exclu. J’ai le droit de ne pas me sentir concerné, sensible à certaines formes d’écritures, de ne pas aimer Jacques Bertin, Bruno Ruiz, Jean Vasca… Petite précision : La première personne qui m’a fait pleurer quand je suis allé le voir en scène, c’est Jacques Bertin au Théâtre Mouffetard, Bruno Ruiz j’aimerais le connaitre plus encore, je suis dingue de son écriture, Jean Vasca, j’ai hâte de le connaitre davantage. Rémo Gary me fascine, me bouscule, m’oblige, Allain Leprest, j’aimerais tant le protéger encore, Véronique Pestel c’est ma ‘tite soeur, Michèle Bernard mon étoile, Anne Sylvestre ma référence à moi, je ne souhaite qu’être son modeste serviteur. Gilbert Lafaille et Lou Reed, Debronckart, Mouron et Pauline Julien, Hélène Martin et Joan Baez; Juliette et Colette Magny, Lhasa, Mèche, et M T Orain, Lise Médini, Camille, Tom Waits, Diane Dufresne, David Bowie… Frédéric Bobin, Laurent Berger, Elsa Gelly, Laurent Viel, Cyril Mokaïesch, Myriam Makeba, Pablo Milanès, Angélique Ionatos, Maeria Farandouri, Paco Ibanez, Jérémie Bossone m’aident à relever la tête. Gilles Vigneault, je le chante. Quant à ceux qui n’aiment pas la variétoche, la chanson que j’aime en fait étroitement partie. Que vous le vouliez ou non. Et je continuerai à aimer Lys Gauty, Damia, Yvette Guilbert, Dalida, certaines chansons de Dave. Je n’en peux plus de ces sectarismes. Les artistes que vous aimez Leprest, Vigneault Sylvestre, Debronckart, Ferré Caussimon, cela fait 40 ans que je les défends, que je les chante. Etes-vous un jour venu me voir faire mon travail? Combien de programmateurs, font le choix de programmer des interprètes, Madame Raymonde, Laurent Viel, Claire Elzière, Elsa Gelly, votre serviteur. Les spectacles que je fais à Paris pendant 3 semaines je les paie de mes deniers et de ceux de mon mari. Les professionnels et amis saltimbanques que j’invite n’ont même pas la gentillesse de me répondre par un gros merde. Et on ose encore dire que l’on défend « La bonne chanson » Dès que je rentre en France, je publierai un scan d’article d’une revue qui s’appelait la Bonne Chanson ainsi que l’éditorial du directeur. Qu’attendons-nous pour nous organiser sans ego pour défendre la chanson, pour investir le service public, pour voter contre certaines résolutions de la SACEM, de l’ADAMI… Excusez ma colère mais personnellement je défends toute la CHANSON, la bonne comme la supposée mauvaise. Ce qui est mauvais pour moi peut être une révélation pour d’autres. MERCI CHORUS ET FRED HIDALGO, LE LIMONAIRE, AILLEURS, LES CABARETTISTES, AU THÉÂTRE DE L’OPPRIMÉ, À MATILA MALLIARAKIS, AU FORUM LÉO FERRÉ, LES ASSOCIATIONS BÉNÉVOLES DE LA FRANCE ENTIÈRE, MERCI À HEXAGONE CETTE NOUVELLE REVUE QUI, SI ELLE MEURT, CE SERA DE NOTRE FAUTE. OUI LA NOTRE.
MERCI À DIDOUDA, À DIDIER PASCALIS, À CHANSONS BUISSONNIÈRES, À STÉPHANE HIRSCHI, À GERARD MOREL ET A TOUT LE CENTRE DE LA CHANSON, À CÉCILE PREVOST-THOMAS , À L’ACADÉMIE CHARLES CROS, AU PRIX JACQUES DOUAI, J’EN OUBLIE DES OBSCURS DES SANS NOM, MAIS JE N’OUBLIE PAS JOFROI, JEAN VASCA, ET AUJOURD’HUI JEAN CLAUDE BARENS ET LE CONSEIL MUNICIPAL DE LA VILLE DE BARJAC AINSI QU’EDOUARD CHAULET, ET TOUS LES BENEVOLES DE BARLAC M’ENCHANTE… MERCI AUSSI À MA FILLE ET AUX ATELIERS CORPS VOIX, AU PERSONNEL HOSPITALIER DU SERVICE DES SOINS PALLIATIFS DE L’HOPITAL DE TROYES MERCI À LA CHANSON ET AUX AUTEURS COMPOSITEURS D’EXISTER, DE POURSUIVRE CET ART MAJEUR PARCE QUE POPULAIRE, C’EST LE SEUL ART QUE L’ON PEUT CHANTER À TUE TÊTE SOUS SA DOUCHE ET DANS SES WC. ET AUSSI SOUS LES LAMBRIS DORÉS DES THÉÂTRES.
Christian Camerlynck
NB: Le débat sur le Face Book de Christian Camerlynck est riche et passionné, quelques un des propos les plus significatifs ont été ajoutés dans les commentaires ci-dessous. (N Gabriel)
Nathalie Fortin au piano, Sushi dans le bocal et , Christian Camerlynck. Photos NGabriel
Allain Leprest disait: Un interprète? les chansons, il les repeint.
Mettre en scène, c’est une forme d’écriture…
Ce spectacle créé l’an dernier est revenu dans ce même très joli théâtre de l’Île St Louis, échos:
La vie d’artiste, c’est aussi une vie de femme ou d’homme, qui se met sur la scène, se met à nu, joue et multiplie les émotions comme un prisme diffracte la lumière en arc-en-ciel. Christian Camerlynck est ce prisme. On oublierait presque celles et ceux qui ont chanté leurs créations avant lui, chaque chanson devient sienne, sa vie, ses questions, quelques réponses possibles, le doute et la marche sur le fil, en équilibre fluctuant, mais en équilibre.
Le théâtre qu’il a choisi, Théâtre de l’île Saint Louis-Paul Rey, on y fait les choses en grand pour que le spectacle soit réussi. La scène est aussi grande que la salle, le piano à queue y est à l’aise, et dans la salle habillée de rouge le public se sent attendu, aimé, respecté.
Suite ici, clic sur le bocal –>
Il reste quelques jours, et qu’on se le dise, dans ce petit théâtre, tout est parfait pour que vous puissiez apprécier à sa juste mesure le talent de cet interprète qui fait revivre des trésors du répertoire avec sensibilité et tendresse. C’est un des spectacles qui donne ses lettres de noblesse à la chanson. Et parlez-en autour de vous, vous êtes les seuls médias actifs et crédibles.
Et on réserve ICI :
THÉÂTRE DE L’ILE SAINT LOUIS- PAUL REY
39 quai d’Anjou PARIS 75004 – MÉTRO PONT MARIE (traverser le pont)
Barjac 2016, lors de la remise du Prix Jacques Douai à Christian Camerlynck, voici son discours de réception.
Il y a deux ans, j’étais ici même dans le public, pour la remise du Prix Jacques Douai à Michel Boutet et à Thibault Defever. Mon mari qui m’accompagnait pour la première fois à Barjac me demanda. C’est qui Jacques Douai? Et moi l’aficionado de la « Bonne chanson » de répondre, Comment tu ne connais pas ? Comment aurait-il pu le connaître ? Souvent nous sommes persuadés que l’autre possède la même expérience, le même bagage que nous. Cela m’a questionné sur la transmission. Alors je lui ai raconté un peu Jacques Douai, j’ai parlé de l’interprète exigeant et précis de son répertoire de chansons poétiques du militant culturel, engagé dans l’éducation populaire.
On me demande souvent, vous n’êtes qu’interprète ? Oui, je suis un artisan interprète, j’écris des spectacles avec les chansons des autres. Ils disent tellement bien ce que j’ai envie de dire, de partager. Comment faire découvrir la richesse et la beauté de notre patrimoine, les auteurs que nous aimons, nos découvertes…
Quand on évoque des interprètes, on pense à Juliette Greco, Cora Vaucaire, Reggiani, Patachou, mais nous avons aussi Jean Guidoni, Laurent Viel, Évasion, Madame Raymonde, Entre deux Caisses, Marie Thérèse Orain, les Cabarettistes, et aussi Laurent Berger quand il mêle les chansons de Brel avec les siennes et sans doute d’autres.
Ils éclairent les œuvres d’une autre couleur comme le font les comédiens, les metteurs en scène à qui on ne demande pas s’ils ne sont qu’interprètes ? Les interprètes sont des passeurs de chansons et d’émotions. Sans Catherine Sauvage, aurait-on reconnu Ferré, Vigneault ? Les interprètes sont les porteurs et passeurs vivants de notre patrimoine
En 2017 cela fera 40 ans que je chante professionnellement, jamais je n’avais pensé faire un métier de spectacle. Ni même que la chanson remplirait autant ma vie. j’ai baigné dans la chanson depuis l’enfance. Et sans m’en rendre compte j’ai « accumoncelé » un répertoire dans des fêtes de famille, j’ai même été opéré des amygdales sur de la chanson. Quand on m’a dit de souffler dans le ballon de chloroforme j’avais 5 ans, Line Renaud chantait « sa cabane au Canada » je me suis endormi, quand je suis sorti de l’anesthésie elle chantait toujours.
Je suis un enfant de l’éducation populaire, sans l’éducation populaire que serais-je devenu?
C’est France, la mère de mes enfants, alors militante syndicale et militante d’un mouvement de jeunes qui le 27 juin 1967, me fit découvrir l’Écluse, Marc Chevalier, Marie-Thérèse Orain, Francesca Solleville, Jacques Debronckart. C’est là dans les cabarets, que j’ai trouvé un sens à ma vie. C’est par la chanson que j’ai fait mes HUMANITÉS. Les cabarets étaient mes universités, ma Sorbonne. Félix Leclerc mon philosophe, Gilles Vigneault mon fabricant d’images et de mots, quant à Jacques Debronckart à chaque fois que ses doigts entamaient l’introduction musicale de «Je suis Comédien » je pleurais. Aujourd’hui je comprends pourquoi. les chansons m’ont ouvert à tous les arts. Les chansons m’ont appris à ÉCOUTER l’autre, elles m’ont ouvert à la curiosité.
CHANTEZ CHANTEZ VOIX ÉRAILLÉES, voix de cailloux voix de cristal raconter ma peine et mon mal, mon espérance assassinée… Que ma chanson ne soit pas gaie, je ne suis pas un rigolo sauf que l’âpre vin de Bordeaux m’a fait la cervelle embrumée. Une chanson à l’encre bleue pour dire mes folles illusions, mes rêves de petit garçon, on s’ennuie tant dans les banlieues. Une chanson à l’encre rouge pour exorciser mes soldats toutes les nuits je les revois qui tirent sur tout ce qui bouge. Une chanson à l’encre noire, en l’honneur des anarcos coupables d’avoir dit tout haut ce qu’il adviendra tôt ou tard. Une chanson à l’encre blonde en l’honneur de ton sexe chaud, des Juliette et des Roméo qui baisent tout autour du monde. C’était ta chambre au 17ème , l’oreille posée contre ton coeur, j’écoutais la chanson que j’aime. (Extrait du poème de Jacques Debronckart)
Je veux parler aussi, de l’ÉQUIPE QUI M’ACCOMPAGNE depuis 15 ans dans une folle aventure qui s’appelle À CORPS VOIX.
Marc Chevalier est l’homme que j’ai choisi comme modèle, une sorte de papa, le mien n’ayant pas vécu assez longtemps. Marc allait à la rencontre du public le plus éloigné des arts, pour lui faire entendre de la musique, de la chanson, voir des œuvres de théâtres, de cinéma, de la sculpture, c’était un pédagogue fabuleux. SA PÉDAGOGIE, L’ACTION, LE FAIRE, PAS DE BARATIN, FAIRE. Tais-toi chantes. Il me disait souvent : « tu vois ce cycliste, cet handicapé, cette caissière des autoroutes, je me demande que peut l’ART, pour eux? » comme animateur socio-culturel, puis comme saltimbanque j’ai toujours voulu redonner ce que j’ai reçu des artistes. Alors j’ai suivi la route Marc Chevalier.
EN 1990, j’ai eu l’intuition que tout le monde rêvait de chanter SEUL, au moins une fois, accompagné par un musicien. Après de nombreuses expériences dans des VVF, ou pour des scènes nationales, nous avons créé A Corps Voix. Des stages destinés à la pratique amateur de la chanson nous accueillons des gens qui croient chanter faux, « personne ne chante faux irrémédiablement » , des exclus des conservatoires, des gens qui souffrent vocalement, émotionnellement, des enseignants, des mères de famille des parents qui souhaitent chanter à leurs enfants et aussi des amoureux du chant, des passionnés de chansons.
Cette intuition que j’ai eue, il y a 36 ans, nous la vérifions aujourd’hui encore, le bouche à oreille a conduit des centaines, environ 8000 personnes à partager avec nous ce rêve, ces émotions. A CORPS VOIX, nous l’avons créée et développée pour la chanson, afin que ces amateurs puissent découvrir leur VOIX, découvrir que nous sommes tous musiciens, que notre corps est notre premier instrument de musique. Que tous nous pouvons gérer et exprimer nos émotions, tous nous pouvons aimer des chansons que nous ne connaissons pas, les découvrir en les chantant, découvrir des auteurs compositeurs inconnus de nous. Nous voulions créer une sorte d’école du spectateur.
Ces activités nous ont amené à rencontrer l’équipe du Forum Léo Ferré qui a accepté que nous organisions un premier stage chez elle. Je me souviens que Christian et Marie Hélène sont restés les 2 premiers jours avec nous. Dès le 1er dimanche soir nous avons fixé les dates des mois suivants. Ce partenariat a duré 10 ans. Le public des stages découvrait le lieu, les artistes qui s’y produisaient. Nous mêmes y avons créé des évènements… Je me souviens de ce dimanche après-midi ou 29 personnes venant de tous les coins de France ont chanté une chanson d’Anne Sylvestre dans une salle bourrée et en présence d’Anne.
Une collaboration de 10 années avec DI DOU DA à Arras, a permis la création d’ateliers amateurs, de cabarets découvertes, du festival « Faites de la Chanson » qui en est à sa douzième édition. Nous avons même rencontré des sourds et des malentendants qui voulaient chanter. Isabelle Aichhorn avec des musiciens et des comédiens de l’équipe, a développé des activités chant, musique, théâtre, lecture, au service des soins palliatifs de l’hôpital de Troyes. (Pourquoi arrêter la vie avant qu’elle ne s’arrête d’elle même ?) Elle développe des stages plus spécifiques pour ce que l’on appelle le développement personnel.
Tous ces exemples, c’est pour souligner que la chanson n’est pas qu’un produit enregistré en MP4 ou sur un CD, que l’on écoute en concert. Mais ça vous le savez, c’est un art vivant, c’est un art au service de l’humain. Cette face-là qui existe et que les médias ignorent.
Grâce aux amateurs et à l’équipe qui nous accompagnent dans cette aventure j’ai appris davantage mon artisanat, mon métier d’interprète, Les amateurs m’ont fait aimer des chansons que je n’aimais pas, que je déconsidérais, et pourtant une petite chanson de « merde » dans la bouche de cette femme-là, de cet homme-là devient souvent un monument qui me bouleverse. Je pourrais citer cette dame d’Auchy les Mines qui nous chanta « Les corons » avec beaucoup de vérité et de cœur et qui, à la fin de son interprétation, s’adressant à Laurent Aichhorn qui l’accompagnait au piano lui dit : ben oui parce que mon homme il est resté dedans. Je revois aussi cette jeune femme qui m’a confié dans une longue lettre que les chansons d’ Anne Sylvestre l’ont sauvée du suicide C’est aussi cette maman qui écoutait et chantait Bosco de Tachan pour se donner du courage avant d’aller voir, si son enfant opéré du cœur, était toujours vivant. Ce qui a fait dire à Jean-Paul Roseau le compositeur de la chanson : Je ne pensais pas que la chanson était aussi importante pour les gens. Isabelle Aichhorn, les comédiens, chanteurs, musiciens qui accompagnent régulièrement les malades et les soignants de l’hôpital de Troyes pourront vous dire, que sur leur lit de souffrances, les choix des malades ne vont pas forcément vers des chansons littéraires. Que Mexico Mexiiiiico, Une chanson douce, ou encore la Vie en Rose les aident à lutter, les soulagent un peu.
La chanson est trop importante pour la laisser exclusivement entre les mains des professionnels. D’une chanson souvent nous ne retenons que la mélodie, quand elle existe, et parfois une petite phrase : presque chaque soir avant de m’endormir je me récite « Une Sorcière comme les autres, ou Après le Théâtre. » (Anne Sylvestre)
D’autres phrases surgissent au cours de mes journées et souvent fort à propos « j’me fous des colloques des séminaires, J’fais mes confitures moi-même, je t’aime » (Je t’aime… Michèle Bernard)
« En la plus petite flaque, Il y a l’espérance d’un lac. » (Anne Sylvestre) « A quoi ça tient de naître noir ou blanc ou brun ou d’être gay » (Romain Didier)
« Est ce qu’on fait des vers avec l’actualité immédiate ? Poète est-ce ton rôle de faire des vers pour le feu qui nait? (Jacques Bertin)
« Je chante pour oublier que mon chemin ne va pas plus loin que ma main… Je chante pour ne pas courir, je chante pour ne pas mourir. » (Gilles Vigneault)
Les chansons sont musiques et paroles qui s’envolent à la rencontre d’autres musiques, d’autres langues, d’autres cultures, D’AUTRES HUMAINS.
C’est pour cela que j’aime tant les chansons et ceux qui les écrivent . Enfin, je voudrais remercier mes pairs, qui me remettent ce prix Jacques Douai,remercier les artistes qui nous ont fait confiance et ont contribué de faire de ma vie une belle vie.
Ils ont participé à des moments de notre aventure A Corps Voix : ANNE SYLVESTRE, MICHÈLE BERNARD, VÉRONIQUE PESTEL, ÉLISABETH VELTY, LAURENT AICHHORN, AUGUSTIN BÉCARD, DENIS D’ARCANGELO, NATHALIE FORTIN, RÉMO GARY, JEAN GUIDONI, BERNARD JOYET, MARTIN LERAY, SÉBASTIEN MESNIL, DAMIEN NISON, JEAN PAUL ROSEAU, LAURENT VIEL, JUNE Mc GRANE…
« C’est en gare de l’Ecluse à deux pas de la Seine… » que j’ai rencontré Romain Didier,
MERCI AUSSI À TOI ROMAIN mon ami,mon frangin, le premier compositeur à avoir accepté de mettre en musique des textes de mon compagnon de route, mon mari Laurent Sillano. Je tiens à dire enfin mon affection et mon admiration à Isabelle ma fille, à France sa maman pour poursuivre avec courage, talent et créativité ce beau voyage dans la chanson. A mon fils de partager avec moi sa grande culture musicale qui me permet de rester en contact avec l’actualité
Quant à vous les AUTEURS, s’il vous plait « Habillez-nous de tous vos mots d’amour » Ils parlent de nous et ils nous protègent si bien.
(extraits du spectacle au théâtre de St Louis en l’ile)
La chanson doit beaucoup aux interprètes qui font vivre un répertoire riche, et diversifié. Sans eux, personne au 20 siècle ne saurait plus rien de Béranger ou de Gaston Couté. Personne ne saurait rien du Temps des cerises, ou de La Carmagnole…Et merci aux radios qui diffusent ce répertoire.
En ce 1 er Août 2016, le festival de Barjac, Barjac m’en chante, accueillait le Prix Jacques Douai qui honore cette année Christian Camerlynck et Jean-François Grandin, animateur de l’émission « Le temps ne fait rien à l’affaire« , sur Marmite FM .
C’était il y a moins d’un an pour son spectacle « Funambule » Camerlynck au Théâtre St Louis en l’Ile.
La vie d’artiste, c’est aussi une vie de femme ou d’homme, qui se met sur la scène, se met à nu, joue et multiplie les émotions comme un prisme diffracte la lumière en arc-en-ciel. Christian Camerlynck est ce prisme. On oublierait presque celles et ceux qui ont chanté leurs créations avant lui, chaque chanson devient sienne, sa vie, ses questions, quelques réponses possibles, le doute et la marche sur le fil, en équilibre fluctuant, mais en équilibre.(…)
Christian Camerlynck peut exprimer toutes les variations entre intime et exubérance, sans micro, avec Jacques Debronckart, Félix Leclerc, Anne Sylvestre et Yves Navarre, Brel et Caussimon, Leprest et Gilles Vigneault, Laurent Sillano et Romain Didier, Léo Ferré et Simon Diaz, Claude Gauthier, et… Christian Camerlynck .(suite ici, clic sur le bocal)
…
En ce qui concerne Jean-François Grandin, le mieux est de le visiter dans sa radio et son art.
Le temps ne fait rien à l’affaire, c’est la rencontre entre Jean-François notre animateur passionné de chanson française et un auteur, chanteur en français de son état. Entretien et écoute des choix musicaux de l’invité sont les recettes de cette émission autour de la chanson française « non crétinisante ».
Le temps ne fait rien à l’affaire c’est le mercredi à 18h05 sur 88.4 FM. Vous pouvez également retrouver les émissions Le temps ne fait rien à l’affaire sur le podcast de Marmite FM Clic sur l’image et vous y serez.
L’an dernier, en 2015, le prix Jacques Douai a récompensé Marie-Thérèse Orain, interprète par excellence, et Paule-Andrée Cassidy, ACI qui mélange son propre répertoire à celui de quelques « collègues » de scène, français ou québécois.
Le Prix Jacques-Douai a été créé en 2007 par Jacques Bertin. Chaque année, les lauréats sont invités à se joindre au jury pour l’année suivante.Il est décerné chaque année, depuis 2007, à un artiste, une personnalité ou une structure qui, par son action ou son œuvre artistique, fait vivre la chanson francophone, le répertoire et les idéaux que Jacques Douai a portés toute sa vie : célébration de l’art de la chanson, respect et souci d’élévation du public, émancipation par la culture et l’éducation populaire.En 2015, le prix Jacques-Douai a été remis à Gérard Pierron au festival Chansons de Paroles à Barjac (Gard) , le 31 juillet.
Le jury est, depuis juillet 2015, constitué de : Jacques Bertin (chanteur) (président), Michèle Bernard, Jacques Bonnadier, Michel Boutet, Paule-Andrée Cassidy, Francis Chenot, Thibaud Defever, Bernard Keryhuel (trésorier), Ethery Pagava-Douai (présidente d’honneur), Michel Buhler, Philippe Forcioli, Nathalie Fortin, Marie-Hélène Fraïssé, Elizabeth Gagnon, Rémo Gary, Philippe Geoffroy (secrétaire), Eve Griliquez, Pierre Jobin, Jofroi, Gilbert Laffaille, Cyril Lafaurie, Tariel Lourdin, Hélène Martin, Hélène Mathieu, Floréal Melgar, Jean-Claude Mézière, Eric Nadot, Marie-Thérèse Orain, Christine Pagava-Boulez, Martin Pénet, Véronique Pestel, Gérard Pierron, Luc et Sylvie Renaud, Claude Semal, Francesca Solleville, Jean Sommer, Anne Sylvestre, Noëlle Tartier, Jacques Vassal.(Georges Moustaki, décédé, était président d’honneur.)
La vie d’artiste, c’est aussi une vie de femme ou d’homme, qui se met sur la scène, se met à nu, joue et multiplie les émotions comme un prisme diffracte la lumière en arc-en-ciel. Christian Camerlynck est ce prisme. On oublierait presque celles et ceux qui ont chanté leurs créations avant lui, chaque chanson devient sienne, sa vie, ses questions, quelques réponses possibles, le doute et la marche sur le fil, en équilibre fluctuant, mais en équilibre.
Le théâtre qu’il a choisi, Théâtre de l’île Saint Louis-Paul Rey, on y fait les choses en grand pour que le spectacle soit réussi. La scène est aussi grande que la salle, le piano à queue y est à l’aise, et dans la salle habillée de rouge le public se sent attendu, aimé, respecté.
Ici, Christian Camerlynck peut exprimer toutes les variations entre intime et exubérance, sans micro, avec Jacques Debronckart, Félix Leclerc, Anne Sylvestre et Yves Navarre, Brel et Caussimon, Leprest et Gilles Vigneault, Laurent Sillano et Romain Didier, Léo Ferré et Simon Diaz, Claude Gauthier, et… Christian Camerlynck.
Un spectacle réussi ça commence dès le noir dans la salle, quelques secondes plus tard, lumière, et pendant 80 ou 90 minutes, on va avoir le regard de l’enfant émerveillé qui regarde le funambule, là-haut, héros du petit cirque qui est venu se poser sur la place, le temps d’un rêve. Et pendant ces 80 ou 90 minutes, le public est captivé, il est dans le spectacle, avec Camerlynck et ses envolées poétiques et tendres, et longtemps longtemps après que les lumières se soient éteintes, il nous en reste plein de scintillements au fond des yeux.
Il reste 5 jours pour découvrir et applaudir, Camerlynck, Nathalie Fortin, (et Sushi) et Isabelle Aichhorn, mise en scène.
Allain Leprest disait:
« Un interprète? les chansons, il les repeint. Mettre en scène, c’est une forme d’écriture
Cours-y vite cours-y vite, c’est un moment de bonheur à s’offrir.
Un regard d’artiste sur un autre artiste, c’est souvent une approche intéressante et sensible, surtout si c’est Gilbert Laffaille qui écrit.
Un homme est là .
Un homme est là qui se maquille.
Dans un décor de masques, à la fois sur scène et dans l’intimité d’une loge de théâtre, face au miroir, face à ses peurs, face à ses doutes.
Bras grands ouverts, cœur dans les étoiles, géant roux venu du Nord,
Christian Camerlynck se maquille… mais c’est pour mieux se dévoiler, mieux nous faire partager les auteurs qu’il aime, dans une interprétation parfois intime, parfois exubérante, toujours absolument sincère. Attentifs au moindre souffle, au piano délicat de Nathalie Fortin, au bord d’un monde sur le point de se briser, nous passons du rire aux larmes, de Jacques Debronckart à Félix Leclerc, d’Anne Sylvestre à Yves Navarre, de Brel à Caussimon ou à Leprest…
Emportés par une énorme vague d’amour, le lyrisme des mots, la hauteur des sentiments, la poésie, la musique, un interprète hors du commun.
Plus tard, presque vers la fin, il se démaquillera aussi devant nous, mais on l’aura compris, avec ou sans fard, chanteur, comédien, artiste, Christian Camerlynck est avant tout un bel humain.
Ne le décevons pas!
Vous avez 10 jours pour découvrir et applaudir, petit théâtre, mais riche de programmation, c’est là :