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L’aigle noir, histoire d’une chanson très discutée…

11 Nov

Il y a des chansons dont on perçoit dès le début qu’il y a une histoire particulière dans leur genèse, on dit parfois que les chansons sont les autobiographies de ceux qui les écoutent. * Selon l’âge et la période, des hypothèses diverses surgissent, et deviennent des sortes de légendes urbaines. Pour ma part, j’ai été intrigué par cet étrange chanson-rêve, sans avoir une piste quelconque.

Ce que disait Barbara :

Alors qu’elle finalise un nouvel album en 1970, Barbara se rend compte qu’il lui manque un titre. Elle raconte avoir retrouvé dans le tiroir d’une commode un texte écrit quelques années plus tôt, à la suite d’un rêve dans lequel elle aurait vu un aigle descendre sur elle. Elle se met au piano et compose une musique sur ce texte en s’inspirant d’une sonate de Beethoven.. (Le texte de Barbara reprend quelques mots de la prophétie de l’aigle d’Ézéchiel, Bible Segond (Ezéchiel 17.1-24)

De son vivant, Barbara se dérobait à chaque fois, prétextant que cela ne concernait qu’elle : « Ce ne sont pas les paroles qui sont importantes… », disait-elle.

Et elle a dit de cette chanson qu’elle l’avait rêvée, « un rêve plus beau que la chanson elle-même .. »

Et puis, à la suite de la publication de ses mémoires en 1998, une interprétation bien plus sombre de L’Aigle noir fut supposée … interprétation dont on va voir qu’elle ne tient pas compte de ce qu’a dit Barbara de sa chanson.

Démonstration par Thierry Desseux***,

L’aigle noir n’a rien à voir avec son père. C’est une invention de psychologues de comptoir qui perdure… non seulement ils n’ont pas lu les paroles mais ils n’ont pas un centimètre d’argument pour appuyer cette théorie ! Barbara elle-même n’a jamais donné la moindre explication sur le fond et encore moins accréditée cette pure idiotie. « L’Aigle noir » (sorti en 1970) évoque plus sûrement sa folle histoire d’amour avec le peintre Luc Simon (de 1962 à 1964). Les paroles sont bien trop consentantes, lumineuses et exaltées pour raconter cet enfer qu’elle a vécu enfant. C’est d’amour dont il s’agit.

NB: « Je raconte parfois aux amis – mais seulement aux amis – cette histoire confidentielle de « L’Aigle noir », Quand Barbara quitta Luc, elle écrivit « un beau jour ou était-ce une nuit… » Et l’Aigle noir demeure le secret de leur amour et leur amour de secret. (Luc Poindron)

Et sur le plan musical, Thierry Desseux précise :

cette chanson est montée comme Marienbad (lyrique, une envolée, presque dansante) et non comme Mon enfance ou Nantes (sombre, grave et intérieure)… CQFD

En réponse à une question sur les mémoires inachevées :

elle révèle en effet l’inceste dont elle fut l’objet par son père (dans son autobiographie inachevée). Mais sans référence aucune avec la chanson. Barbara a rarement expliqué ses titres. Le récit de « Nantes » en revanche crève les yeux. Mais cette version autour de l’Aigle noir est une aberration : « emmène-moi… retournons au pays d’autrefois… pour cueillir des étoiles… allumer le soleil… et faire des merveilles. » Quelle victime de viol écrirait cela ?

Suite à une question sur le rêve d’une enfance avant l’inceste,

… elle a souvent parlé d’un rêve oui, c’est exact. Mais rien de plus. Et c’est une chanson d’amour. D’ailleurs elle ne la chantait pas avec douleur (comme ses autres titres dramatiques)… mais avec grandiloquence et éclat !  (Thierry Desseux)

Dernier élément de compréhension :

Franchement ! Jamais Barbara n’aurait dédicacé sa chanson à Laurence sa nièce, si cela avait été l’histoire de l’inceste de Barbara. ( Nèsnès )

Suivons aussi Pierre Dac dans son conseil, Ecouter les autres c’est encore la meilleure façon d’entendre ce qu’ils disent. Voici donc le texte intégral, à vous de lire,

Un beau jour ou peut-être une nuit
Près d’un lac je m’étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir.

Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer
Près de moi, dans un bruissement d’ailes,
Comme tombé du ciel
L’oiseau vint se poser.

Il avait les yeux couleur rubis
Et des plumes couleur de la nuit
À son front, brillant de mille feux,
L’oiseau roi couronné
Portait un diamant bleu.

De son bec, il a touché ma joue
Dans ma main, il a glissé son cou
C’est alors que je l’ai reconnu
Surgissant du passé
Il m’était revenu.

Dis l’oiseau, ô dis, emmène-moi
Retournons au pays d’autrefois
Comme avant, dans mes rêves d’enfant,
Pour cueillir en tremblant
Des étoiles, des étoiles.

Comme avant, dans mes rêves d’enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie
Et faire des merveilles.

L’aigle noir dans un bruissement d’ailes
Prit son vol pour regagner le ciel

(Quatre plumes, couleur de la nuit,
Une larme, ou peut-être un rubis
J’avais froid, il ne me restait rien
L’oiseau m’avait laissée
Seule avec mon chagrin)**

Un beau jour, ou était-ce une nuit
Près d’un lac je m’étais endormie
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part
Surgit un aigle noir.

Et voici la chanson dans laquelle 6 vers ont été supprimés

* « Que toute chanson soit autobiographique c’est certain. Simplement, il s’agit de l’autobiographie de celui qui l’écoute ».
La chanson est non pas l’enfance de l’art mais bien plutôt son adolescence.   Philippe Forest

**On apprit bien plus tard qu’elle s’était même autocensurée et n’avait jamais chanté intégralement toutes les paroles de l’Aigle noir, tel que couché sur le papier. « J’avais froid, il ne me restait rien, l’oiseau m’avait laissée seule avec mon chagrin. »

***Thierry Desseux : Romancier, parolier, interprète. Chroniqueur radio. Auteur d’Affaires Criminelles. Ancien journaliste

L’intégrale des chansons
Clic sur l’image –>

  Norbert Gabriel

Avec l’aide précieuse de Thierry Desseux

Et Catherine Laugier pour le tableau ci-dessous.

Le peintre Luc Simon a réalisé beaucoup de tableaux avec des oiseaux, et il avait dans son atelier un aigle noir empaillé, de plus, ce tableau est assez éloquent sur « un aigle noir venant de nulle part …

Barbara , le voyage musical de sa vie…

30 Jan

Quelques clichés habituels perpétuent le cliché ‘la-chanteuse-de-minuit-au-piano-en-noir-à-l’écluse’.

Et si on allait sur les traces de cette femme qui a chanté ses amours et ses douleurs de Marseille à Bruxelles, avant d’aborder au port de l’Ecluse ? C’est la proposition de Claudia Meyer dans son spectacle, Ah les voyages… Et elle a bien voyagé, Barbara, dans des tribulations diverses, pas toujours organisées, mais en aventurière de la vie qui n’abdique jamais.

Conteuse et chanteuse, musicienne avant tout, Claudia Meyer a repeint les paysages musicaux couleur guitare, et les chansons de Barbara renaissent dans de nouveaux décors. Jazzy ou rythmes latino-bossa, ces arrangements mettent en évidence les belles qualités des mélodies de Barbara.

« Un conte qui nous incite à rêver d’un autre destin pour Barbara. Et si on refaisait le voyage de sa vie à l’aune de notre imagination, dans ses limbes lointains… Alors, venez je vous y emmène… »

Une chanson, c’est paroles et musique, il faut savoir trouver le juste équilibre entre les deux, ne pas occulter la musique par des paroles trop hégémoniques, et pas non plus faire danser sur des musiques guillerettes quand les paroles sont chargées d’émotion qu’on n’entend plus quand la musique est trop bonne..

Claudia Meyer a maitrisé ce juste équilibre, bien entourée par un trio complice, de haut vol.

Photos NGabriel 2018 à l’Auguste Théâtre.

Il faut remercier ces artistes qui savent faire revivre des répertoires parfois figés dans des conventions obsolètes que les gardiens du temple érigent en bible incontournable. Casser les codes, remettre sur le métier l’ouvrage pour le magnifier avec les couleurs du temps actuel. Donner à entendre une différence créatrice, faire naître de nouvelles émotions. Et honorer Barbara par ces re-créations.

Claudia Meyer, dans ce spectacle,  illustre un parcours de vie avec les chansons emblématiques qui prennent de nouveaux habits de fête. Et elle rappelle que Barbara a été  durant une dizaine d’années une interprète de Jacques Vidalin, Brassens, Raymond Lévêque et Jacques Verrières… Dans ce spectacle, on peut entendre une des versions les plus réussies sur le plan guitare de « Mon Pote le gitan »  avec Bruno Caviglia…

Le trio est composé de  Bruno Caviglia, Marc Benabou « Marquito » et Dominique Bertram de gauche à droite sur la photo. Et la mise en scène est de Yorféla.

Ce beau spectacle vous attend pour quelques dates parisiennes, à l’Auguste Théâtre, tout-à-fait adapté à une rencontre intime entre les artistes et le public.

Norbert Gabriel

Pour les dates à venir et tout savoir, clic sur la guitare –>

BARBARA l’Exposition, à la Philharmonie…

13 Oct

Ce vendredi 13, Barbara vous attend dans la belle salle de la Philharmonie dans la Cité de la Musique à La Villette.

Parcours dans les sentiers de sa vie, avec de nombreux extraits vidéo rares, des documents précieux, des messages sur son répondeur…

  • des manuscrits, des cahiers de notes et de chansons qui naissent
  • des photos, portraits d’artistes, posés ou sur le vif,  ou presque

 

 

 

 

 

 des invitations à un moment à Précy-sur-Marne,

 

Photo Vincent Josse

Clémentine Deroudille,  commissaire de l’exposition: C’est l’association Perlimpinpin, créée lors de la vente ­publique de ses affaires qui m’a fourni des costumes, des carnets. Et d’autres qui l’ont connue et aimée, fans, proches, célèbres ou anonymes. Tous lui sont apparus heureux qu’il se passe « enfin quelque chose » autour de Barbara. « Je n’avais jamais ressenti une telle atmosphère d’amour autour d’un projet d’expo! Peut-être parce que Barbara, si gaie, savait aussi se montrer difficile. Il fallait prendre sur soi pour continuer à l’adorer. »

Depuis quelques années Clémentine Deroudille a été à l’origine, conception et réalisation de grandes expositions, autour de Robert Doisneau, de Brassens, et ses expositions sont toujours des œuvres de grande qualité qui donnent au public la possibilité d’entrer un peu dans la vie d’artistes majeurs.

Et cette exposition Barbara est aussi un chef d’oeuvre. Prenez note du programme, et des soirées chansons qui en font partie, ce seront des moments rares.

Tout est d’une classe et d’une élégance exceptionnelles, ces quelques images devraient être une incitation à y courir, et vous y reviendrez sûrement avec des amis à qui vous voulez du bien.

 

Pour les infos, les horaires , le programme, clic sur le piano,

PS:  si vous l’avez raté, allez replayer et podcaster  le grand atelier de Vincent Josse, autour de Barbara, c’est une référence.

Clic sur le micro,

 

Norbert Gabriel

Barbarie Barbara, le noir couleur lumière

12 Oct

Joueuse, joyeuse, malicieuse, sensuelle, grave sans être pesante, légère sans être futile, Barbarie fait vivre Barbara loin des clichés ultra éculés de la chanteuse en noir-minuit.

Ici c’est le noir couleur lumière qui donne aux chansons des couleurs vives et vivantes. Des chansons élues, choisies pour partie parmi les moins connues. On ne va pas chercher à caresser le public dans les sens de la nostalgie avec les incontournables ad libitum. Barbarie a fait le pari de mettre en avant un parcours de femme qui chante, dans lequel elle a découvert a posteriori des correspondances, des échos avec une partie de son propre parcours, géographique, comme un clin d’oeil amical. Qui justifiait pour elle cet essai réussi. Le second. Pour le premier, l’idée d’un spectacle Barbara était en filigrane, mais pourquoi ? Il y avait déjà pas mal de choses, que dire ou faire de plus ? Et puis après avoir vu quelques uns de ces spectacles, avec sa musicienne complice, la question : «  Faut-il faire quelque chose ? » a eu sa réponse, oui.

Dans la déferlante d’hommages qui vont occuper l’automne 2017, et au vu des répertoires retenus, tous plus ou moins copiés-collés sur une même play list, Barbarie offre un regard plus affiné, et Robert Doisneau aurait pu en dire,

Bon sang, mais c’est une radiographie. Vous avez regardé à l’intérieur ce qui n’est pas exposé à l’étalage.

C’est exactement le ressenti, oublions les clichés réducteurs, femme-piano, longue dame brune, que l’image perpétue ad nauseam. On sait maintenant que la vie de Barbara, hors scène, se passait en couleurs dans son jardin de fleurs, sous le soleil de Précy, et pas uniquement dans les soirs de piano au coin du feu. Et quand Barbara évoque le noir, c’est le noir couleur lumière.. Ce que montre Barbarie, les jours follement bigarrés d’une amoureuse de la vie, battante, dansante en voltes et virevoltes, comme une tarentelle cette danse thérapeutique du Sud de l’Italie…

Mention personnelle spéciale à la Lettre à Jacques Brel, et à  La fleur la Source et l’Amour , à vous de découvrir le reste.

Et en sortant de ce spectacle, ce n’est pas au cimetière qu’on a envie d’aller, mais au bal, dans le petit bois de St Amand

NB, le poids des images.

Barbara est apparue à la télé dans des années où il n’y avait qu’une chaine, en N&B, et pour la génération des premiers admirateurs, c’est cette image qui reste en sur impression, la chanteuse de minuit toute de noir vêtue. Et puis les décodages ultérieurs de quelques chansons sensibles ont perpétué, voire aggravé le préjugé. Beaucoup sont restés à la surface, à l’étalage.

Paradoxe inattendu, après ce spectacle remarquablement éclairé, ce sont les photos traitées en N&B qui sont les plus lumineuses, à vous de voir…

 

En bonus final, la photo de la belle équipe, avec la pianiste, trop loin derrière  son piano pendant le spectacle,

Les belles lumières du spectacle sont l’oeuvre du maître Stéphane Dutoict, un grand merci.

Norbert Gabriel

Et l’album est disponible dans la petite boutique des merveilles, voyez avec le chat, il vous guidera.

Le noir couleur lumière, Barbarie, Barbara…

4 Oct

Dernière heure !

 

Il est peut-être encore temps pour avoir quelques places pour le spectacle…  Mais, il y a un album, et dans la déferlante de spectacles-hommages-albums, celui-ci tient une place particulière, par la finesse de l’interprétation, par un choix dans lequel on a l’impression de découvrir des inédits de Barbara, avec quelques chansons peu connues, et largement ignorées par la majorité des artistes qui « reprisent » et s’il n’en faut qu’un ce serait celui-là. Mention particulière à Gauguin, et L’enfant laboureur.

L’album est disponible entre autres chez MistiMusicShop, qui est à la chanson ce que Fauchon est à Lidl… (Lettre à Elise..)

 

Et rendez-vous lundi à l’Européen…  ou mardi ici même pour les échos.

Norbert Gabriel

Barbarie et Barbara…

25 Sep
L’automne 2017 voit arriver une déferlante d’hommages à Barbara, dont quelques uns semblent parfois un peu opportunistes. Barbarie  avait créé un spectacle Barbara il y a quelques années, et dans quelques jours, début Octobre, elle présentera un nouveau spectacle. (Dans lequel , la batterie laisse la place à un human beatbox)Le nouvel album «Barbara, le noir couleur lumière » sortira dans les bacs le 20/10)  L’article ci dessous avait disparu dans un orage informatique sur le site chanson où il avait été publié. Mais, il en restait une trace dans un tiroir quasi secret. Le revoici, le fond étant toujours valable pour situer ce que fait Barbarie  dans sa vie d’artiste.

Barbarie une femme qui chante Barbara (2012)

Il y eût cette belle découverte avec « Le chant de la gitane » début 2012, voici un nouvel album, et un nouveau spectacle consacré à Barbara. Dans l’exercice qui consiste à explorer le répertoire d’une étoile de la chanson, on trouve parfois de vrais miracles de finesse et d’intelligence, avec des artistes interprètes qui savent entrer à l’intérieur de leur sujet, le font vivre en re-création, et non pas en compil’ plus ou moins adroite les succès les plus archi-connus.

Parmi ces comédiennes qui réussissent de très beaux albums d’hommage, il y a eu Annick Cisaruk avec un « Barbara » très attachant.

Et le spectacle commence, Barbarie installe d’entrée un climat intimiste avec quelques chansons parmi les moins connues du grand public, pour ouvrir des nouvelles portes sur l’univers de Barbara, on connaissait la grande amoureuse, on redécouvre qu’elle était aussi une conteuse, une magicienne qui nous a quelquefois emmenés sur des chemins de traverse dont on ne comprenait pas tout le contexte, comme « L’aigle noir » cette chanson mystérieuse dont on a eu le décodage 25 ou 30 ans après… Barbarie entre dans la maison de Barbara avec quelques tableaux entr’ouverts sur des paysages moins familiers, «je ne sais pas dire » mais « je serai douce … » et nous allons la suivre dans les traces de Barbara, passionnée, malicieuse, virulente, passionnante dans toutes les facettes de son art.

Ce qu’a réalisé Barbarie rappelle ce que dit Moustaki sur Reggiani: Il est l’auteur de 200 chansons qu’il n’a pas écrites.  Barbarie, dans son approche et son travail d’analyse de l’oeuvre fait aussi un travail d’auteur, par son interprétation, par ses choix et les articulations entre les chansons, un ensemble qui n’a jamais été concrétisé d’une façon aussi aboutie en ce qui concerne Barbara.

Un mélange de respect et de culot, qui sans jamais sonner platement, à la manière de  (…),  justifie à lui seul l’aventure. Une vraie belle émotion, qu’aucune lourdeur ne vient altérer. Jean Théfaine. Rien à ajouter.

Le spectacle présenté à l’Européen représente bien l’album qui vient de sortir, album musicalement très élaboré, harmonisé avec subtilité, avec une belle équipe, complétée par un contrebassiste pour la scène.

L’Européen, lundi 5 Novembre 2012.

(Pourquoi Barbarie ? En clin d’oeil à Mouloudji, « en souvenir de Barbarie » son deuxième roman paru en 1945.)

Les liens utiles ;

Le chant de la gitane, clic sur l’image, —–>

Barbarie, une femme qui chante Barbara. CD digipack 19 chansons voir dans la boutique la plus sympa, avec discographie, caressez le chat et la chatière s’ouvrira…


Norbert Gabriel

Barbara en livre, l’intégrale

31 Jan
Ce livre  a été publié en 2012, mais il se passe toujours quelque chose avec Barbara… Des spectacles à venir, pour lesquels cette lecture préalable peut être profitable.  

Barbara l'intégraleCette intégrale -revue et augmentée- rassemble tous les textes de Barbara, avec, pour chaque chanson, un petit texte la situant, dans la vie de Barbara, en scène et hors scène. C’est une réédition de « Ma plus belle histoire d’amour c’est vous » une promesse de Barbara à l’éditeur qui lui demandait,  et si nous réunissions vos chansons en un recueil ?  ce qui ne semblait pas de première nécessité selon elle. Elle avait été publiée dans Poètes d’aujourd’hui, collection devenue « Poésie et chanson » après sa suggestion à Pierre Seghers.

Mais,  si je décide de faire ce livre un jour ce sera avec vous .

Après quelques tergiversations et péripéties secondaires, le livre paraît, puis est réédité en 2012, enrichi. Il y a toutes les chansons, mais aussi tous les textes, Lily Passion, ce qu’elle préparait en intro pour chacun de ses spectacles, des ébauches, des brouillons, des strophes inédites de Nantes, l’Aigle noir, Perlimpinpin, des interviews radios… 

Ceux qui liront sans entendre sa voix seront surpris de découvrir un écrivain.  (Jacques Attali) Ce qui n’est pas si fréquent en matière de paroles et musiques, c’est aussi une femme poète qui fait de sa vie le film d’une femme qui chante. Avec la musique des mots en harmonie parfaite avec la mélodie.

Joel July explore l’univers poétique de Barbara, Jean-Marie Jacono situe l’univers de musical, et vous êtes parés pour commencer le voyage en 1958, avec la première chanson enregistrée, son premier passage à la télé,

J’ai troqué mes chaussettes blanches
contre des bas noirs,
Et mon sarrau du dimanche
Contre de la moire

pour aller en 1996, vers la dernière strophe :

Je chante ma vie  en piano noir
Toute en strass  Dans mon miroir
Je suis une chanteuse de boulevard

et elle conclut, dans un entretien sur la voix,   la voix c’est la musique de l’âme.

Barbara, l’intégrale, L’Archipel 2012 .

 

Norbert Gabriel

Barbara, Laurent, Thierry et Xavier …

24 Jan
Préambule: cette chronique a été publiée sur un site qui a subi un « bug » faisant disparaitre toute une série de chroniques des années 2012/2013…  Comme il y a toujours quelque chose qui se passe avec Barbara, ce rappel peut être utile.

 

Photo©NGabriel2015

Photo©NGabriel2015

Quand Laurent Viel se consacre à la création de spectacle de chanson, c’est toujours un moment étonnant. Il y eût un Brel d’anthologie, et c’est à Barbara qu’il a apporté un regard neuf. Avec son complice musicien et partenaire, Thierry Garcia, et avec Xavier Lacouture, à la co-écriture et la mise en scène, c’est la Barbara mystique, sensuelle, transgressive qui est mise en lumière, celle qui avait créé un spectacle, Madame, dans le décor d’une maison close à Dakar. C’est dire les libertés que le personnage peut se permettre avec l’interprétation de Laurent Viel, un boa, un geste, et il est Madame.

viel-boaDepuis plusieurs années, Laurent Viel, Thierry Garcia et Xavier Lacouture exercent leurs talents en allant chercher chez Brel, Barbara, ce qui est derrière la vitrine, ce qu’ils ont esquissé de temps en temps, et eux, ils vont jusqu’au bout.

Ces trois talentueux lurons se sont associés pour donner à voir quelques pages un peu inattendues de celle qui disait parfois : Si je n’avais pas chanté j’aurais été bonne sœur ou putain. C’est l’amour dans tous ses états, et en chansons.

Ce spectacle continue sa vie,  avec  Chansons aux enchères, Brel, Le Chevalier d’Eon, pour tout savoir sur Laurent Viel, voir ici.

Norbert Gabriel

Bruel, Barbara et Mathieu…

5 Avr

Depuis quelques mois, depuis la sortie de l’album Bruel-Barbara, des éclats  de voix en concert tonitruant se sont réunis  pour vilipender l’auteur du sacrilège.  Folliculaires ou commentateurs fulminants refusant le moindre élément de contradiction forts de leur science autoproclamée de connaisseurs émérites.  Certains qui tenaient Mathieu Rosaz pour le meilleur des interprètes de Barbara ont été assez surpris du point de vue de Mathieu Rosaz; le salon de discussion où se tenait le débat ayant été fermé par le tenancier à ceux qui n’allaient pas dans le bon sens , le sien, il n’y a pas eu de réponse, le point de vue de Mathieu Rosaz n’a pas eu l’heur de plaire, et n’a pas été validé. Dans ces histoires passionnées, le regard d’un artiste sur le travail  d’un autre artiste me semble plus important que celui d’amateurs, ce que je suis aussi, qui manquent parfois de recul, ou de connaissance. Ou d’objectivité. Pour ce qui est de l’expertise, on a parfois des surprises, comme celle d’une chronique de concert, que j’ai vu, spectacle superbement écrit par un auteur de grand talent, interprété par une chanteuse dont les qualités sont saluées unanimement, avec un musicien ayant composé toutes les musiques, et qui était aussi en scène, un musicien qu’on salue toujours avec des superlatifs bien mérités, eh bien le croirez-vous? Pas un mot sur le musicien, ni la musique… Aurait-on l’idée de parler des « Feuilles mortes » en louant Montand et Prévert, et en oubliant Kosma? Donc, voici le point de vue de Mathieu Rosaz, qui était publié à peu près dans les mêmes termes sur son FB public.

Mathieu Rosaz : J’ai été ravi du projet de Patrick Bruel. Cela faisait un bon moment que j’étais persuadé que l’œuvre de Barbara avait besoin pour continuer à vivre d’être portée par un nom, par une figure populaire. Forcément, avec le temps, le public de Barbara s’étiolait un peu, vieillissait, même si certains continuaient à la découvrir. Il fallait un coup de projecteur médiatique et Patrick Bruel l’a donné en allant en parler partout. Et il en parle bien. Son disque est très bien produit, avec des arrangements raffinés, des harmonies renversées et des directions musicales audacieuses, risquées aussi. Son chant est sobre. Je n’ai absolument rien à lui reprocher. On a le droit de ne pas aimer une voix mais on n’a toujours pas réussi malgré les progrès de la science à greffer de nouvelles cordes vocales sur quelqu’un. J’ai vu proliférer à l’égard de Bruel des insultes inacceptables, avec des relents d’antisémitisme parfois. C’est une honte. Qu’est-ce que ces gens qui insultent en prétendant défendre l’oeuvre de Barbara ont compris à Barbara ? Le public qui vient voir Bruel chantant Barbara sur scène n’est pas le public de Barbara mais son public à lui. Après plus de trente ans de carrière, il s’offre un rêve et son public l’aime assez pour le suivre. Depuis cette mise en lumière de Barbara, des projets se débloquent : films, émissions. C’est formidable. Le but de tout cela est que des gens qui ne connaissaient pas Barbara la découvrent. Et le but est atteint. Tout va bien !

 L’intégrale de son interview est dans le lien suivant.

http://parolesdactu.canalblog.com/archives/2016/04/03/33612413.html

 

Norbert Gabriel

PS: sur plusieurs forums, les réactions des fans de Barbara se recoupent sur un point (au moins)  « leur » Barbara ne peut  être proposée à la découverte à d’autres publics que par elle-même. Comme s’il était sacrilège  qu’un autre artiste amène « son » public à elle. Hervé Vilard, par exemple, a amené « son » public à découvrir Brecht, Neruda, Prévert, Duras, Genet, Léveillée, Fanon, Levesque, Aragon, Dimey, Amade et Ionesco, et pourtant, partant de « Capri c’est fini » c’était pas gagné d’avance.

Barbara l’intégrale (livre)

22 Déc

Barbara l'intégrale

En cette fin d’année, Barbara est revenue à la une avec des débats enragés sur la légitimité qu’auraient certains de chanter ses chansons, et de les ré interpréter. Qui a le droit, qui ne l’a pas, c’est pas nouveau dans la chanson, toute reprise est la source de chicayas enflammées, parfois empoisonnées. Et il ne convient pas de contrarier certains maîtres de la bonne chanson dans leurs diktats impératifs. Laissons ces débats en marge, pour aller à l’essentiel : comprendre ce qu’on chante, et ne pas trahir l’auteur (avec des mots qui changent le sens, avec des vers inversés, avec des strophes oubliées, la liste des avanies est longue…)

Dans la liste des interprètes qui ont mis Perlimpinpin à leur répertoire, quelques uns prennent parfois de menues libertés avec le texte, des détails qui changent le sens, on ne s’en aperçoit pas forcément à l’écoute quand l’interprétation est intense, musicalement réussie, mais… Mais quand Barbara écrit « mais voir jouer la transparence » et qu’on entend « mais faire jouer la transparence… » le sens, et l’intention sont différents. Barbara apportait parfois des variantes, ou, en concert, comme pas mal de ses collègues, elle pouvait faire des erreurs. L’artiste peut aussi évoluer, quand Mouloudji chante « Faut vivre » en 1990, il varie de sa version initiale de 1973*. En reprenant les textes de référence, et la façon dont les chansons sont parfois revues à cause de modifications plus ou moins judicieuses, on constate que l’interprète peut en toute inconscience trahir l’auteur. Un des plus beaux exemples étant Christophe qui confond « Ma mie » de Georges Brassens, avec « Maman… »

L’intégrale -revue et augmentée- rassemble tous les textes de Barbara, avec, pour chaque chanson, une intro la situant, dans la vie de Barbara, en scène et hors scène, avec les variantes qu’elle a apportées pour ce qui est des enregistrements.

C’est une réédition de « Ma plus belle histoire d’amour c’est vous » une promesse de Barbara à l’éditeur qui lui demandait,   et si nous réunissions vos chansons en un recueil ?  ce qui ne semblait pas de première nécessité selon elle. Elle avait été publiée dans Poètes d’aujourd’hui, collection devenue « Poésie et chanson » après sa suggestion à Pierre Seghers.

Mais, si je décide de faire ce livre un jour ce sera avec vous .

Après quelques tergiversations et péripéties secondaires, le livre paraît, puis est réédité en 2012, enrichi. Il y a toutes les chansons, mais aussi tous les textes, Lily Passion, ce qu’elle préparait en intro pour chacun de ses spectacles, des ébauches, des brouillons, des strophes inédites de Nantes, l’Aigle noir, Perlimpinpin, des interviews radios…

Ceux qui liront sans entendre sa voix seront surpris de découvrir un écrivain.  (Jacques Attali) Ce qui n’est pas si fréquent en matière de paroles et musiques, c’est aussi une femme poète qui fait de sa vie le film d’une femme qui chante. Avec la musique des mots en harmonie parfaite avec la mélodie.

Joel July explore l’univers poétique de Barbara, Jean-Marie Jacono situe l’univers de musical, et vous êtes parés pour commencer le voyage en 1958, avec la première chanson enregistrée, son premier passage à la télé,

J’ai troqué mes chaussettes blanches

contre des bas noirs,

Et mon sarrau du dimanche

Contre de la moire

pour aller en 1996, vers la dernière strophe :

Je chante ma vie en piano noir

Toute en strass Dans mon miroir

Je suis une chanteuse de boulevard

et elle conclut, dans un entretien sur la voix «  la voix c’est la musique de l’âme. »

L’Archipel 2012

Norbert Gabriel

NB, cet article (revu et augmenté)  avait été publié en 2012 sur un site chanson, mais il a disparu depuis.

  • Pour « Faut vivre » et ses variations, voir ici.
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