Mai 2023: de nombreuses réactions sur différents supports ont conduit à un nouvel enregistrement qui respecte la version originale. Dont acte.
En 2019, une version écourtée de cette chanson a été mise en ligne sur youtube, sans l’accord d’Anne Sylvestre, qui n’a jamais été consultée. Elle avait donc demandé le retrait, ce qui fut fait un temps, mais c’est revenu en ligne, sans aucun accord ni demande. On peut trouver le procédé pour le moins cavalier, voire même carrément grossier.
Voici la strophe coupée, l’amputation des 6 derniers vers dénaturent le texte originel …
Ce n’est que moi C’est elle ou moi
Celle qui aime Ou n’aime pas
Celle qui règne Ou qui se bat
C’est Joséphine Ou la Dupont
Fille de nacre Ou de cotonC’est mon coeur Ou bien le leur
Celle qui attend Sur le port
Celle des monuments Aux morts
Celle qui danse Et qui en meurtFille bitume Ou fille fleur
Et c’est ma mère Ou la vôtre
Une sorcière Comme les autresS’il vous plaît Soyez comme je vous ai
Vous ai rêvé depuis longtemps
Libre et fort comme le vent Libre aussi
Regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n’ayez pas peur
Pour moi je vous sais par coeur »
Et voici l’explication de texte qui donne toutes les informations. ( Sur une page Anne Sylvestre )
Puisque vous êtes nombreuses et nombreux à nous poser des questions sur l’origine et le sens des noms cités dans « Une Sorcière comme les autres », nous vous proposons une petite « explication de texte », fournie par Anne Sylvestre elle-même.
Chacun des couplets démarrant par: « ce n’est que moi / C’est elle ou moi » est construit sur un balancement, une opposition :
Celle qui parle / qui se tait
celle qui pleure / qui est gaie
Jeanne d’Arc / Margot (la Margot des comédies classiques, du vaudeville… « Vive le mélodrame où Margot a pleuré », écrit Alfred de Musset)
vague / ruisseau
la soeur / l’inconnue
jamais venue / venue trop tard
de rêve / de hasard
qui aime / n’aime pas
qui règne / qui se bat
(ou « se débat« . Anne Sylvestre n’a jamais pu trancher. Ce vers-ci varie donc régulièrement)
– Joséphine (de Beauharnais, impératrice) / la Dupont (la femme du peuple)
– de nacre (matière noble, précieuse) / de coton (matière ordinaire, simple)
– celle qui attend sur le port (femme de marin) / celle des monuments aux morts (mère ou veuve de soldat mort au combat)
– FILLE BITUME (devenue « fille d’asphalte » pour Pauline Julien , le terme « bitume » n’existant pas au Québec. Anne Sylvestre a par la suite adopté pour elle-même « asphalte« , dont elle préférait la sonorité. Asphalte ou bitume faisant référence aux filles faisant le trottoir)
– FILLE FLEUR (jeune fille en fleur, innocente, fleur bleue)
– ancêtre/enfant
– qui cède / se défend
– qui est dans son printemps / que personne n’attend
– la moche / la belle
– de brume / de plein ciel…
– GABRIELLE (Gabrielle Russier : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabrielle_Russier , à qui est également consacrée la chanson « des fleurs pour Gabrielle » :
– EVA (dans la première version du texte, c’est Eva Forest, (Genoveva Forest i Tarrat) révolutionnaire espagnole, dont Anne Sylvestre venait de lire « Journal et Lettres de prison » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eva_Forest ;
par la suite, « Eva » a été remplacée par « AICHA« , Aïcha Dabalé, militante de Djibouti contre l’excision et la dictature dans son pays : https://www.rfi.fr/…/20140307-djibouti-exil-femmes-aisha-da… . Pour l’anecdote, le soir où Anne Sylvestre a chanté pour la première fois la chanson avec « Aïcha » au lieu de « Eva », Aïcha Dabalé était dans la salle)
Fille de brume Ou de plein ciel
Et c’est ma mère Ou la vôtre
Une sorcière Comme les autres
S’il vous plaît Faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger.
Norbert Gabriel