L’ignorance comme exemple dans un Côté Club calamiteux…

5 Jan

C’était le 3 Janvier …  France Inter …

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Romain Didier et les Ogres de Barback, représentés pas Fred Burguière, plusieurs décennies de carrières d’une diversité et une richesse rares, ont été reçus par deux animateurs dont on a vite perçu qu’ils ne connaissaient de leur sujet qu’une fiche sommaire, bien moins complète que ce qui est écrit sur la page de l’ émission et qu’ils semblent avoir lue d’un œil à demi fermé. On commence avec, je cite « Les Orgues de Barback » plusieurs fois de suite, Ogres de Barback qui ne semblent exister à leurs yeux que par Pitt Ocha … En intro, Laurent Goumarre rappelle que Côté Club est le RDV de la scène française… Il faudrait lui faire un topo sur les nombreuses tournées de ce groupe qui fait du spectacle vivant depuis 28 ans en ayant équipé un chapiteau pour se produire en toute autonomie dans des villes n’ayant pas de salle adaptée… Cerise pourrie sur le gâteau raté, la question finale de « l’experte es chanson » Est-ce que vous vivez de votre musique ?  Bin non madame, c’est pour ça que toute la famille s’est installée dans un château en Ardèche, (la famille, c’est au minimum les 5 frères et sœurs et leurs enfants) où ils produisent leurs albums avec leur label Irfan le Label et à ce jour c’est 22 albums et DVD… Peut-être pensez-vous qu’ils envoient les enfants glaner les châtaignes pour survivre ?

De même qu’elle va découvrir un de ces jours qu’ils ont fait des scènes avec Francesca Solleville, Anne Sylvestre, et que Pierre Perret a aussi fait quelques jolies choses avec eux…

N’épiloguons pas trop sur la façon dont Romain Didier a été traité, mais vu de ce côté de la TSF, c’était à peu de choses près les questions d’une classe de CM2 qui fait un devoir imposé et qui se contente du minimum syndical. 

romain-didier-integrale-Le 4 Décembre dernier Romain Didier était au Café de la Danse, il semble que ça ait échappé à France Inter … C’était pour la sortie d’un coffret regroupant tous ses enregistrements , (https://www.epmmusique.fr/fr/cd-chanson-francaise/3116-romain-didier-integrale-.html) chez EPM, COFFRET 16 CD – 364 TITRES / LUXUEUX LIVRET 64 PAGES AVEC LES TEXTES DES CHANSONS.

La simple visite de politesse sur les pages des invités aurait pu faire une émission digne d’une radio qui a eu José Artur à ces heures de nuit, et Foulquier, Poulanges, Meyer, LeVaillant des vrais pros d’un autre temps ..

Et pour les Ogres de Barback, 20 ans de tournées avec ce chapiteau, des spécialistes de la scène française auraient dû en entendre parler ?

Pour la 1ère fois, à partir du printemps 2023, les Ogres emmènent Pitt Ocha en tournée, sous leur propre chapiteau, pour célébrer ses 20 ans ! Toutes les infos et les dates sur https://www.lesogres.com Retrouvez le nouveau Pitt Ocha, « Pitt Ocha et le Vélo à Propulsion Phonique », sur les plateformes : https://bfan.link/pitt-ocha-et-le-vel... Sortie le 21 octobre 2022 – Irfan [le label] Avec : Aldebert, Juliette, la famille Lacaille [Oriane, René et Marco], CharlÉlie Couture, Francis Cabrel, Eskelina, Maria Mazzotta, R.Wan, Ariane Ascaride, Thomas VDB, Orquesta Silbando, Ma Petite, Les ogrillons…

Leur site  :  https://lesogres.com/

et pour Romain Didier,

https://romain-didier.fr/

Norbert Gabriel

Carnaval sauvage, de Nicolas Jules …

29 Déc

carnaval sauvage CCDCarnaval : « temps de réjouissances profanes depuis l’Épiphanie jusqu’au mercredi des Cendres. »
Sauvage : « qui vit en liberté ».
Un beau bordel, au carré donc.
Enfin, en moins géométrique.

Bref : le nouvel album de Nicolas Jules.

Renversant, bouleversant, authentiquement carnavalesque. Dès la première chanson, on saisit : le défilé grotesque, les créatures grimaçantes, la mécanique macabre ne sont pas des artifices rituels mais le monde au quotidien. Pas très beau à voir alors on y met du fard : on habille en désirables les chaînes, les poids, les barreaux, les frontières, les interdits. Et on s’extasie devant le reflet des choses alors qu’on n’a simplement plus la force de les regarder en face (Les étoiles dans le lac).

Nicolas Jules shoote dans les certitudes, pour ne surtout pas en proposer de nouvelles. Qui l’aime le suive, en haut du précipice, au bord du gouffre sans garde-fou… périlleux certes, mais au moins on respire. On est à l’air libre. «Je n’ai pas de murs» chante-t-il dans Bicyclette.

No limit : l’une se retrouve « en deux morceaux/ [quand] elle attend quelqu’un qui ne vient pas ». L’autre est un écosystème entier, avec sa faune et sa flore et plus encore. On entre dans la tête de quelqu’un sans frapper pour ne plus en sortir, ou dans son corps, à moins que ce ne soit ce dernier qui nous absorbe.  (Ornithologie).

No limit : on passe du pied du pageot à l’exoplanète en passant par «les Indes mentales», à la vitesse d’une fusée, d’un coup de foudre ou d’une bicyclette, qu’importe : le Temps, l’Espace sont si surfaits.

No limit : on tend l’oreille vers un rythme sourd ; un violon torride s’amuse à nous enlacer et nous dénouer tout à la fois. Ce se parle, ça s’écoute, ça se répond, ça se mélange, ça se retrouve…

No limit, jusque sur la pochette où les tigres du Bengale oscillent entre le chaton et le masque sorcier. Où le dessin a des faux airs d’expérience photographique, quand le noir et la lumière se disputent des contours pour un résultat vaguement flou et perçant.

« Y a des gars qui bossent à bien aligner les tulipes/ moi je bosse au désordre/ nous formons une belle équipe ». (Jardin secret/ Jardin public).

Bien évidemment, ceci n’est pas une conclusion.

Mélanie Plumail

Les femmes à la cuisine …

23 Déc

1-Nawel réduit AAA 3030x3033Avec Les femmes à la cuisine, c’est un opéra picaresque dans la lignée de Brecht et Kurt Weil, que l’extravagant Yanoswski a offert à Nawel DombrowskyIci, la cuisine n’est pas seulement le lieu où les femmes font la soupe ou les coquillettes au beurre, on y élabore des cocktails à base de nitroglycérine, parce qu’elles en ont ras le bigoudi de cette société bancroche, où il serait bon de remettre un peu d’équité dans le bastringue. Et que l’idée générale est d’avoir des arguments qui ont plus de persuasion qu’un discours policé devant un employé de banque robot, je résume… La vidéo sise plus bas vous éclairera sur les recettes élaborées.

Mais ce n’est pas que ça, c’est aussi le blues de la mère de famille, le blues de l’amoureuse qui fonce avec détermination dans les coinstots les plus bizarres, comme dit Vian, parce que la vie ça passe vite. Dans cette farandole d’émotions, de portraits sensibles, de coups de rage, de mémoire des républicains espagnols avec La bataille de l’Ebre, « … bien que républicains ils rêvent d’un royaume dont l’unique frontière serait la liberté. » c’est aussi le chant et les larmes de beaucoup de femmes dans le monde, ici et maintenant. On pense aussi à Bernard Dimey avec son Frédo, un cousin assez proche de Bébère la brute. Et aussi à ses copines du quartier, des mauvaises filles, dit le bourgeois, ça se discute.
Mais ceci est une autre histoire … A suivre  sur la scène de préférence.

Nawel Dombrowsky, Nolwenn Tanet et Hélène Avice ont nourri ce spectacle, de leurs racines qui puisent dans le meilleur de la chanson réaliste, du jazz, du théâtre, de la danse… (Spectacle filmé et enregistré au Forum Léo Ferré,  disponible début Mars en CD et DVD chez EPM)  En cherchant un peu sur youtube, vous trouverez pas mal de belles choses, Nawel, sa vie son oeuvre, ne me remerciez c’est Noël !

Un aperçu de leurs talents ? Voilà,

 https://www.youtube.com/watch?v=mV-czNTX-Mo

Pour les femmes à la cuisine, c’est là!

Et pour quelques images de plus,

1-Nawell et musiciennes montage 5108x3565

Norbert Gabriel

Photographies de spectacle…

20 Déc

1-Nuit pleine lune réduit 2014-01-27 20.04.24 (15) tab 2 27-01-2014 20-07-039 3259x1352.24 (15) tab 2 27-01-2014 20-07-039

Comment naît – parfois- une certaine idée de la photo de spectacle… En revenant à la photographie après quelques années de pause, ce que je voyais ne me satisfaisait pas toujours, faire des gros plans en contre-plongée n’est pas le plus valorisant pour les artistes. Mes premières photos ont donc été des plans généraux, pour montrer un aperçu du spectacle, ainsi celles de Romain Didier, sur son album piano public 2007 enregistré à Tréguier…

C’est quelques mois plus tard qu’une rencontre inattendue a précisé mon approche de la photo de spectacle, par erreur, j’ai assisté à une soirée privée à la Reine Blanche, un spectacle collectif, en hommage à un couple qui prenait sa retraite après des années au service du spectacle vivant. Et dans ce spectacle, je découvre une comédienne chanteuse qui interprète « Général à vendre » de Francis Blanche. Dans cette chanson burlesque, Annick Roux termine en nous emmenant dans le rêve de l’enfant qui raconte, une envolée poétique et tendre, c’était magique. Sur le strict plan photo, les couleurs étaient médiocres, et ma technique numérique assez balbutiante. Mais en oubliant la couleur, cette photo était exactement ce qu’il fallait, « l’image qui montre ce qui reste dans l’esprit du public après le spectacle. »*

Il a fallu un peu de temps pour comprendre quel était le bon moment pour saisir cette image. Merci infiniment à Annick Roux et à Valérie Mischler que j’ai beaucoup poursuivies de mes assiduités photographiques, comédiennes chanteuses très expressives qui ne lésinent pas quand il s’agit de faire vivre des personnages picaresques du monde de Francis Blanche ou de Bernard Dimey.

* Et qui donne envie à ceux qui ne connaissent pas de découvrir ce spectacle, et l’artiste.

 

1-Roux Mischler Romain Didier 5105x4872

Norbert Gabriel

Maïa Barouh « Aïda » à La Maroquinerie le 29 Novembre 2022

1 Déc

 Aïda est un terme japonais qui signifie « entre » et qui porte un concept issu de la philosophie et de la psychologie japonaises modernes. L’aïda désigne un lien latent qui structure l’espace entre deux personnes ou deux sujets et dont la vacuité a la capacité de se meubler ou, seulement, de maintenir une tension entre les deux entités qu’il relie. (Wikipédia)

Maïa Aïda (31)« J’ai grandi entre deux pays, entre deux cultures quasiment opposées, mais je ne l’ai pas vécu de façon schizophrénique. Grâce à mes parents, qui m’ont transmis l’amour de l’art, j’ai pu réconcilier les deux dans la musique et faire de ce mélange une richesse »,
La parfaite illustration en a été faite avec ce chant de marins japonais accompagné à l’accordéon, on comprend le sens du propos, enluminé par la mélodie et musicalité de l’instrument …

De ses racines japonaises et des rencontres avec des fanfares du rue qui mélangent musique théâtre dans une sorte d’happening débridé, Maïa apporte une forme d’expression extravertie avec des instruments traditionnels – la flûte traversière dont elle est une experte hors pair- et divers sons électro.

De ses racines françaises et les chansons qui racontent, et bien sûr cet art des rencontres qui est le signe Pierre Barouh, son spectacle est un opéra d’avant garde, une rhapsodie new age, qu’elle emballe en meneuse de revue, danseuse, conteuse, musicienne, dans un tempo tonique et un spectacle unique tant dans le fond que la forme.

Maïa Aïda (12)Dans les moments d’émotion, voici « Ringo » chanson dédiée à Pierre Barouh, dont la voix off raconte sa vie d’éternel promeneur, au gré des rencontres, ainsi cette façon de faire du stop et de prendre la première voiture qui s’arrête qu’elle aille vers le Sud ou vers le Nord, pour chercher l’ami qu’on ne connaît pas encore.

C’est un show total, avec des parenthèse poétiques, des séquences hybrides entre hip hop et chanson-cri, une revendication de son état « entre deux » riche mais parfois inconfortable … C’est peut-être pour cette raison que de nombreux musiciens et compositeurs sont métissés de plusieurs cultures …

Et voici le court métrage, par Sara Amie Barouh (la « petite » sœur) qui montre ce qu’est l’esprit de ce spectacle.

https://www.youtube.com/watch?v=jA_WNzG7doY

et dans celui-ci la flûte qui chante
https://youtu.be/SWJ0k9p1DCQ

extrait de Kodama

https://youtu.be/8HkiEeIZZkY?list=RDEMA4az8ykAMZ650bjgtU55Dw

Et pour quelques images de plus, photos ©NGabriel2022

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Norbert Gabriel

Festival Musiclarue 2022 : entretien avec le groupe Sans Additif

10 Nov

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Ce n’était pas la première fois que mes pas s’arrêtent à un concert des Sans Additif dans les rues de Luxey. Le groupe girondin est en effet un des habituels du festival, et depuis une vingtaine d’années revient régulièrement animer les soirées de Musicalarue, poursuivant son chemin, loin des expositions médiatiques, en complicité avec un public fidèle, qui s’agrandit, génération après génération. Qu’on flâne quand les rues du village ou galope d’une scène à l’autre, arrêter ses pas soudain, au son de quelques instruments acoustiques et à la vue d’un attroupement de gens, semblant indiquer qu’ici, il se passe quelque chose de sympathique, s’y attarder et se poser pour rester écouter des artistes jusqu’au bout de leur concert, c’est pour ainsi dire toujours un retour à l’essence de ce qui nous fait aimer la Chanson et les chansons : la générosité de la musique. C’est souvent ce que permettent les concerts d’artistes de rue : retrouver un lien à la Chanson très simple et authentique, léger et à la fois intense et dense, et par le partage qu’on en vit avec celles et ceux qu’il fédère, un lien humain honnête aux autres. C’est toute la magie que l’accessibilité du beau implante dans nos cœurs et sème dans notre quotidien. Les bien nommés Sans Additif, et bien que le choix du nom provienne d’un jeu de mots relatif aux prénoms des deux fondateurs – Nico (clarinette, accordéon, chant) et Laurent (guitare, chant), d’où « Sans Additif, Nico Laurent »- sont, en ce sens, avec leur poésie, leur fantaisie et leur humour, de ceux qui redonnent vie à la vertu initiale de l’expression musicale, et rendent justice au métier de chansonnier. Le duo devenu trio, avec l’arrivé de Franck à la basse et au ukulélé-basse, joua plusieurs soirs de suite les titres de son dernier et troisième album « Noces de Plastoc », ainsi que quelques des chansons du patrimoine populaire francophone, interprétées de concert et en chœur avec le public, dans ce genre d’ambiance chaleureuse et interactive qui donne le sentiment d’un public de copains venus voir jouer leurs copains. Avec une âme de saltimbanques qui ne se prennent pas au sérieux et rigolent bien, les trois musiciens néanmoins inventifs, chevronnés et passionnés, ont accepté de nous accorder un entretien pour parler de leur groupe.

 

– Bonjour et merci de nous accorder un entretien. Comment est né l’aventure de votre groupe ?

 – Nico : On s’est rencontrés en septembre 2000. Laurent avait un groupe de Rock qui s’appelait Ici Même, et moi, je jouais dans un groupe de chanson française nommé le Quintet à Claques. Chacun de ces groupes faisait peut-être cinq ou six concerts par an, pas forcément payés.  On a réfléchi ensemble à une solution pour pouvoir en faire plus, devenir professionnels et vivre de la musique. On a créé le duo comme ça. Au début on pensait plutôt faire des chansons pour les enfants.

– Laurent : On cherchait des voies pour pouvoir se « vendre » entre guillemets. Moi j’avais travaillé dix ans dans des écoles primaires à faire des animations pour les petits, donc c’était un réseau que je connaissais et je savais qu’il y avait de la demande pour ça : transporter de la chanson française dans les écoles. On a fait quelque fois des médiations, des ateliers d’écriture avec des écoles.

 

– La transmission de votre passion aux générations du futur est-elle une dimension importante du sens de votre activité, à défaut de parler d’activisme ?

– Frank : C’est intéressant d’expliquer aux enfants les différentes phases du métier d’artiste, entre écrire une chanson, monter sur scène, régler sa sono, vendre sa création. C’est très complet pour les enfants. Ces deux là ont cette proximité pédagogique, comme tout le monde a enseigné, entrainé des chorales ; ça permet de faire des débordements sur ce genre d’interventions en milieu scolaire. Ce n’est pas ce qu’on fait le plus bien sûr, mais les mairies, les médiathèques, les écoles, sont très demandeuses d’avoir ce type de médiations.

– Nico : Ce sont des leviers. Il faut savoir le faire. L’idée n’était pas de faire des chansons pour enfants, mais d’amener les chansons aux enfants. On a fait aussi une petite tournée des maisons de retraite dans les Landes, organisée par Musicalarue.

– Laurent : Moi je suis intervenu dans des prisons durant six ou sept ans ; ce sont des choses qu’on connait aussi.

– Nico : Et puis, en 2001 on a été embauchés au Parc du Bournat en Dordogne, qui est un village de reconstitution années 1900 pour jouer de vieilles chansons françaises. On jouait tous les jours de midi à 18h, avec une heure de pause. On a appris le métier comme ça, en faisant cela durant quatre ans. C’était super, artistiquement et financièrement, mais on en a eu un peu marre de ne jouer que des reprises, et de faire essentiellement des animations. Donc en 2005, on s’est mis à écrire nos propres chansons. Et là, ça n’a pas manqué : on a cessé de faire des concerts! Oui, parce que les gens nous connaissaient en animation, et ce qu’ils voulaient, c’était ça : des reprises de succès populaires.

– Laurent : On s’est cherchés pendant deux-trois ans.

– Nico : Et voilà, on a fini par trouver notre formule : on mixe, on fait deux ou trois reprises si on en a envie, et on joue nos chansons.

– Laurent : On essaye de faire en sorte que nos compositions soient dans le même esprit que les reprises, car le but du jeu c’était de continuer à chanter avec les gens, d’avoir beaucoup d’interaction avec le public. C’est ce qui est compliqué avec des chansons que les gens ne connaissent pas. On a quand même réussi à faire en sorte que les gens puissent chanter des refrains ou faire les chœurs, et à fédérer autour de nos compositions.

 

sans additifs– Le fait d’avoir une expérience d’artiste de rue vous a-t-il permis une aisance dans le rapport au public?

– Nico : Seul Franck en a une, mais ta question marche aussi avec l’animation effectivement. C’est la proximité avec les gens, faire en fonction des gens. La scène, avec une distance imposée entre le public et les artistes, ce n’est pas du tout le même métier : tout est rodé, avec le son, l’éclairage ; tu fais tout le temps la même chose. Là, quand on joue devant Le Cercle [NDLR  le bar de Luxey], on ne sait jamais à l’avance quel morceau on va jouer ensuite.

– Laurent : Lorsqu’on joue sur de grandes scènes, on a une liste planifiée de chansons. Là, quand on joue en rue, on improvise en fonction de ce qu’on ressent, de l’idée qu’on a, de ce qu’on voit face à nous, ce qu’on peut planter ou pas avec les gens, selon l’humeur.

 

– Comment Frank a-t-il rejoint le duo?

– Nico : En 2017, donc après quinze ans de vie commune, le couple s’est un peu lassé. Donc on a été obligés de mettre un peu de piquant ; c’est comme cela dans toutes les histoires d’amour. On s’était mariés en 2012, c’est-à-dire avant que le mariage homo soit légal, avec un vrai maire, à Créon. On avait fait un mariage un peu à la Le Luron et Coluche, tu vois. Les Astiaous [fanfare Louis Astiaous, habituels de Musicalarue] sont venus faire la cérémonie. Et donc en 2017, on a décidé de mettre un peu de piquant en intégrant Franck, la blonde d’Aquitaine, à la basse. Il est vrai que pour développer le groupe, on nous avait plutôt conseillé de prendre une jeune femme chanteuse.

– Franck : Là, t’as une petite grosse à la basse!

– Nico : Voilà… L’idée était de devenir un trio, mais on se connaissait depuis vingt ans, on ne pouvait pas prendre n’importe qui.

– Laurent : C’était pour amener autre chose. Avec la basse de Franck, on va un peu plus dans des sonorités graves. Ça change la dynamique, l’amplitude du son, on a tout revisité.

– Franck : Il est vrai qu’avec Laurent et Nico, nous nous connaissons depuis plus de vingt ans, et j’avais toujours eu de l’admiration pour leur spontanéité et l’énergie artistiques. Alors quand ils m’ont demandé, j’étais content.

– Nico : Un rêve s’est réalisé!

– Franck : Même dans nos amitiés, c’est comme si on avait rajouté une couche en plus, et je trouve cela assez touchant.

– Nico : Qu’est-ce qu’il nous arrive?

 

– Musicalarue est un rendez-vous que vous perpétuez depuis près de vingt ans. Quel rapport avec-vous avec ce festival ?

– Laurent : Il y a un fil conducteur important pour nous, c’est Musicalarue. On revient depuis vingt ans ici. L’association nous a toujours soutenus, même permis d’avoir des dates sur d’autres projets dans le Sud-Ouest, par contact. C’est aussi tous ces soutiens-là, ces réseaux qui font qu’on a tenu, car c’est rare, des groupes qui tiennent plus de vingt ans.

– Nico : Même Simon et Garfunkel, ils n’ont pas tenu aussi longtemps! Même les Innocents. Ou Java. Ils se sont tous déformés, avant de se reformer un jour.

 

– A part vous, il me semble qu’il n’y a que les Stranglers qui aient tenu si longtemps…

– Nico : On a tous aussi d’autres projets pour vivre, ce qui fait qu’on n’est  pas tenus d’accepter toutes les animations proposées ni contraints de faire des trucs un peu plus chiants. Laurent a une autre formule, et nous, on joue souvent avec le chanteur-humoriste Wally, qui est venu à Musicalarue également. C’est une histoire très forte ; les gens de Musicalarue sont devenus de vrais amis. Nous avons joué pour le mariage de la fille de François Garin, le président. Il y a des liens humains qui se sont tissés. Et puis ce sont des rencontres : par exemple Sans Additif ne serait pas Sans Additif si on n’avait pas rencontrés les Astiaous. Ils nous ont d’ailleurs invités pour leurs 47 ans.

– Franck : Et puis avec le public de Musicalarue, j’ai l’impression que bientôt, les jeunes vont connaitre les chansons que leurs parents ont apprises.

– Nico : Oui, on a des chansons assez familiales comme « Eh papa » qu’on avait écrites il y a une vingtaine d’années autour de notre premier public, parce qu’on a des gosses aussi, et c’est bluffant de voir maintenant les enfants de cette génération venir chanter les mêmes chansons que leurs parents.

 

– Dans quelques années, se peut-il de vous voir faire un concert ici à la Hugues Aufray devant quatre générations de mêmes familles ?

 – Nico : Ce serait terrible! Hier j’ai vu Nadau, 75 ans. Il avait une voix impressionnante. Et c’était pas du tout ringard ; ça sonnait super bien, la cornemuse, la vielle, le son. Impressionnant. Moi qui voulais arrêter ce soir….

 

– Mais non, il y a les Vieilles Charrues après. N’avez-vous pas prévu d’y jouer?

– Nico : Mais les Vieilles Charrues, c’est loin. Et puis c’est surfait… Je rigole. C’est un des rares festivals qui doit faire partie des réseaux avec Poupet, Albi et d’autres, qui ne sont pas encore rachetés, qui sont gérés par des associations qui résistent encore. Pas comme Garorock ou d’autres qui utilisent le bénévolat, captent des subventions, et cassent le marché en plus, en exigeant des exclusivités aux artistes qui s’y produisent, contre gros cachet sur lequel les autres ne peuvent pas surenchérir, qui rendent les choses très difficiles pour des festivals comme Musicalarue. C’est pour ça que les prix des têtes d’affiche ont doublé en cinq ans, à cause de ces pratiques. Donc les festivals à budget plus modeste ne peuvent pas s’aligner. Les tourneurs augmentent les tarifs à souhait, les assureurs aussi et la plupart des festivals et lieux de spectacles ne rentrent plus dans leurs frais et voient leur existence menacée. Cela va avoir des conséquences catastrophiques.

– Laurent : Alors que nous… On ne signe pas d’exclusivité, on n’est pas assurés, on joue partout. Et on est mieux payés que l’an dernier en plus ici!

– Franck : C’est cela aussi l’engagement de Musicalarue, un des rares qui promeut les artistes émergents, jeunes, moins jeunes, peu importe, mais il y a un réel effort de soutien aux artistes fait.

 

sans additifs album– Nous voilà rendus au sujet politique, puisque le propos politique n’est pas absent de vos chansons, mais que vous l’abordez toujours avec un angle humoristique. Le recours à la dérision est-il pour vous un outil de pertinence ou plutôt de bonne humeur?  

– Laurent : L’humour n’est pas forcément dans nos chansons. C’est plus dans la communication qu’on a avec les gens. Il y a un clown, là.

– Nico : Et après tu peux faire passer un engagement en ayant de l’ironie et du second degré dans l’écriture. On a une chanson qu’on voulait appeler « Serrer la ceinture » sur la politique de Macron, puisqu’on explique toujours aux pauvres que c’est à eux de se serrer la ceinture.     

– Laurent : Après l’idée c’est quand même de rester dans le positif et l’optimisme. On ne va pas faire des chansons engagées plaintives ou même revendicatives et donneuses de leçon.  « La voisine » par exemple est une chanson qui fonctionne super bien, parce que le refrain, qu’on chante avec le public, démystifie le drame. Les trois quart du temps, on écrit à quatre mais avec Nico. On va se poser au bord de l’eau et on passe quelques jours à écrire.

– Nico : Et à boire du rhum. On parle toujours des méfaits de l’alcool ; jamais des avantages. Ça désinhibe, ça aide à écrire et trouver des rimes.

 

– Vous mentionniez plus tôt des expériences à la rencontre de publics différents : enfants d’écoles, anciens en maison de retraite, détenus en prisons. Qu’est-ce que cette diversification vous amène en termes d’ouverture d’esprit?

– Laurent : Normalement tout ce que tu fais t’enrichit! Et nous, on ne joue pas qu’avec Sans Add, et je pense que c’est ça qui fait notre force ; on va se ressourcer ailleurs.

– Nico : C’est ça, le secret. On ne peut pas faire que de la scène ou que du conservatoire, comme certains musiciens le font, et qui fait qu’après ils n’ont plus grand-chose à raconter.

– Laurent : Quand tu vas en prison, tu rencontres des gens que tu n’aurais jamais rencontrés autrement, qui parlent parfois de leur musique à eux ou leur rapport à la musique, d’ailleurs. Je me rappelle des discussions sur Johnny Hallyday. Moi, en bon bobo, je me fichais un peu de Johnny, mais pour les gars c’était très important ce que ses chansons leur apportaient : ils t’expliquent que ça les sauve, et donc effectivement tu es obligé de regarder cela. Et ce sont eux qui ont raison ; ils ont compris plein de choses que nous, en intellectuel sans recul, n’avons pas forcément comprises sur la chanson. Pour eux, la musique, ce n’est pas que des paroles et des notes ; c’est le sentiment d’être compris. C’est ce qu’ils te disent : ils écoutent Johnny, parce que lui, il comprend les prisonniers. 

 

Miren Funke

Photos : Carolyn Caro, Miren

 Pour  les suivre —>

https://sansadditif.com/

https://www.facebook.com/sansadditif/

 

 

Jean Mounicq, la quête de l’aventure humaine à travers le monde…

9 Nov

Couv_mounicq_1200x1200Depuis quelques jours, le 12 ème livre de photographies de Jean Mounicq est en librairie, « Portraits » … (Editions de Juillet)
Jean Mounicq, c’est une rigueur sans faille et l’œil  absolu, la faculté de voir l’essentiel et de le montrer comme une évidence.

« L’attention toujours en éveil, l’œil est assuré, la mise en place des structures de l’image presque innée, la sélection des éléments du décor drastique. Considérer la scène, son architecture, ses ouvertures, ses contraintes et ses opportunités. Installer le personnage dans un ordonnancement de l’espace, l’établir dans l’assise apaisante d’une contenance choisie ou le laisser vaquer à ses emportements de l’instant. Mesurer à l’œil la transparence de la lumière, les contre-jours, les zones d’ombre et les reflets. Le plus souvent, tenter de maîtriser l’éclairage faute de l’organiser. Envisager l’ensemble, repérer les objets, écarter l’intrus, bannir le futile, supprimer le joli, scruter le pertinent, choisir le remarquable. Asseoir le juste équilibre entre les plans. Dans le flot des paroles, propos et questions du journaliste, répliques et objections de l’écrivain, plaisanteries du peintre, invitation à prendre l’outil du sculpteur, la garde est baissée. S’esquissent un relâchement des tensions, une distraction du corps, un reflux de l’attention, une brèche dans l’application à paraître. » (Françoise Denoyelle)

Dans son parcours de vie, la photographie arrive presque fortuitement, par sa mère qui lui cherche un métier pour l’établir à son compte, car dans la région de Malesherbes, un garçon avec le certif’ avait le choix entre l’usine, une grande imprimerie autant dire peu de perspectives enthousiasmantes.
L’apprentissage a commencé dans un studio chez un portraitiste. « des gens très gentils chez qui je faisais des petits travaux de finition... je n’ai pas appris grand-chose…»

L’arrivée à Paris se fait à 14/15 ans, avec un emploi à l’IGN, faire des photocopies- dans un sous-sol- et son parcours de photographe commence avec un voyage reportage au Congo, avec l’Institut Géographique National, il a 18 ans, et 5 ans plus tard c’est une première publication dans Sciences et Voyages .

L’idée d’un travail personnel vient avec un sujet sur la prostitution à Anvers   « pour marquer le coup… »

jean mounicQ PHOTOL’exposition, « La Grande Famille de l’Homme » en 1956 a été une révélation: « on pouvait donc écrire avec la photographie ... » Révélation et réflexion qui le conduit à s’installer un mois, seul, l’hiver, dans l’île d’Ouessant. Pour écrire.
Le bilan est un peu décevant, pourtant,  « le texte était bien, les photos étaient de l’accompagnement…». En recevant en cadeau le livre de Cartier Bresson, « D’une Chine à l’autre », c’est une autre découverte, « … il y avait l’unité de lieu, d’action et de temps, il y avait une écriture photographique... » et au cours de l’année 1958, Jean Mounicq envoie ses planches contacts à Henri Cartier-Bresson, « … dois-je continuer ou aller planter des choux ? » La réponse est claire : « il m’a dit, venez me voir, puis venez avec nous… je ne connaissais rien… » Toutefois, pour Cartier-Bresson «  il y a un œil… » et Jean Mounicq entre chez Magnum. (Pour être dans l‘équipe Magnum, il faut être co-opté par les deux tiers des membres) C’est le temps d’un séjour à Londres, qui se concrétise par un album aux Editions Rencontre en 1968.

Auparavant en 1960, un voyage en Espagne donnera « Le Romancero du Cid » publié au Club des Libraires, un joli petit livre raffiné, une sorte de voyage poétique … un road movie en taxi sur les traces du Cid avec la romancière Dominique Aubier… Les photos sont en couleurs alors que Jean Mounicq préfère le noir&blanc,  » la couleur c’est de l’illustration« .

De rencontres en rencontres, avec des revues « Elle » (le début des « Portraits ») le Week End Telegraph ou la Maison de Marie-Claire, naissent des projets et des publications, sur l’artisanat, études sur les architectures rurales, et après cette période ce sont les projets personnels qui vont devenir l’essentiel de ses travaux, « Venise », « Paris Retraversé » et « Paris Ouvert » une série de voyages dans Paris loin des cartes postales , « Quand j’ai commencé mon projet sur les villes, ce qui m’importait c’était de EtKFHL6VgAA_I0Nphotographier les lieux clos. J’ai pensé à Xavier de Maistre… » c’est donc par le 20 ème qu’il commence à photographier tout ce qui est derrière les façades, une sorte de vie intime du Paris populaire, loin du folklore, et tous les arrondissements de Paris seront explorés pendant quelques mois. Presque autant qu’il y a d’arrondissements. Ces grandes fresques photographiques ont été publiées par l’Imprimerie Nationale dans des albums exemplaires, tant sur le fond que la forme. Dans le lien en bas de page, vous trouverez la liste des expositions, des différents prix qui situent la place de Jean Mounicq dans la photographie contemporaine, celle d’un homme dont la ligne directrice est la quête de l’aventure humaine à travers le monde, ou dans les rues voisines.

Depuis 2019 l’ensemble de son œuvre est confiée à la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, négatifs et tirages numérisés, qui sont tous accompagnés des légendes écrites par l’auteur. L’œuvre de Jean Mounicq a rejoint celle, de Daniel Boudinet, de Marcel Bovis, de Denise Colomb d’André Kertész, de François Kollar, de Thérèse Le Prat, de Roger Parry, de Bruno Réquillart, de Willy Ronis…

Il reste un livre à publier « Rome romaine » mais aujourd’hui c’est « Portraits » qui est dans l’actualité, avec une présentation signature samedi 12 Novembre à 16 h au Grand Palais Ephémère, dans le cadre de Paris Photo 2022.

Norbert Gabriel

Le lien qui recense l’ensemble de ses expositions, publications,distinctions  –>  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mounicq

Paroles de Brassens, et de musique …

25 Oct

Georges_BrassensPour mettre des paroles sur une musique -et pour trouver déjà une musique- il faut quand même une espèce de don, même si on écrit des conneries, et Dieu sait si on ne s’en prive pas, il faut le don de mettre les trois syllabes qu’il faut sur les trois notes qu’il faut. Je ne peux pas l’expliquer mieux que ça. C’est tout un art. …

 … les trois syllabes qu’il faut sur les trois notes qu’il faut.

Brassens définissait avec précision comment étaient finalisées ses chansons, avec les 3 notes qu’il faut … Doit-on penser que ceux qui font des re-créations en changeant la mélodie trouvent que leurs notes sont meilleures que celles de Brassens ? Quelques chansons revisitées posent une autre question, si on écoute leur nouvelle « mélodie » sans les paroles, on n’a aucune chance de reconnaître une chanson de Brassens.
Dernier point, Brassens a dit qu’on pouvait faire ce qu’on voulait avec ses musiques, c’est-à-dire les jouer dans des styles différents, pas de les changer, il en fait démonstration avec « La Marseillaise » mais sans changer la mélodie, la chanter en rock, en tango ou en paso doble, pourquoi pas ? Mais avec les notes d’origine… Les musiciens de jazz qui ont adopté des musiques de Brassens partent toujours de la mélodie originelle qu’on reconnaît dans les premières mesures. Ferré aussi a beaucoup souffert de ces néo compositeurs qui mettent « leur musique » sur les sacro-saintes paroles qu’on respecte, sauf quand on ne comprend pas vraiment ce qu’on chante, tel un certain qui ne voit pas la différence entre :

on couche toujours avec DES morts
et ce qu’il braille ad libitum
 on couche toujours avec LES morts. 

On a aussi entendu

 Maman de grâce, ne mettons pas
Sous la gorge à Cupidon Sa propre flèche …

Confondre Ma mie et maman, lapsus freudien ?

Les exemples ne manquent pas, mais demain est un autre jour …

Pour plus de Brassens par lui même,clic sur le chat
,
brassens chat

Norbert Gabriel

Sophie Le Cam Vedette

15 Oct


Sophie Le Cam (18) réduit web 4241x2486Mademoiselle a décidé de faire « vedette » c’est donc en créant son personnage qu’elle va faire carrière … Un personnage qui est une sorte de cocktail, aux saveurs contrastées, quelques gouttes de Renaud par ci par là, un trait de Liza Minelli en french cartoon, quelques échos de François Béranger dans ses tranches de vie foutraque, elle pourrait faire aussi Frida Oum Papah façon Annie Cordy sous ecsta, mais avec cagoule, c’est une farandole de filles qui pourraient débouler d’Hellzapoppin un samedi soir de bamboche . Pour les moins de 80 ans, ce film est une fantaisie burlesque dans le milieu du spectacle aux USA, dialogues français de Pierre Dac. ( Note culturelle incidente ) Que dire de plus ? Qu’il y a un financement participatif auquel vous êtes aimablement convié par moi-même et par les amis du spectacle vivant …

Pour « La Louze » il est clair que c’est un rôle de composition, comprend qui peut … And now Ladies and gentlemen, comme vous êtes des « gens gentils » passez la monnaie, c’est ici , clic  sur la bourse,

bourse-cuir-annapurnaLes gens gentils c’est ici,

https://www.youtube.com/watch?v=AHodoNOkB20

Et pour quelques  images de plus ,

MONTAGE SLCAM réduit web 4940x3842

Norbert  Gabriel

KENT AU CAFÉ DE LA DANSE, 7 octobre 2022

11 Oct
kent danse groupe 1886x924
Il est des rendez-vous qui ne se manquent pas. Malgré le temps qui passe, les kilomètres qui s’interposent. Un concert de Kent, ce sont d’abord des retrouvailles dans le public.
Avec les amis, les fidèles, les anciens musiciens, producteurs, ceux qui font partie de l’histoire, ceux qui ont fait l’histoire de Kent, cette espèce de famille de cœur qu’il se trimballe et se coltine depuis des décennies.
Il y a la joie de se revoir, mêlée à l’envie (le besoin ?) de lui dire « on est là ». Puisqu’au final, il n’y a pas de raison qu’on le lâche. Le nouvel album était déjà une belle promesse à lui seul d’un moment agréable à passer ensemble.
Le spectacle lui a donné du relief et des éclairages inattendus et le moment agréable s’est transformé en moment inoubliable.
Comment fait-il pour continuer à nous surprendre ? Existe-t-il un mythe de Kent comme celui de la pierre philosophale ? À quoi tient cette alchimie ?
Un début de réponse : il respecte ses aspirations et fait les choses avec sincérité. Alors parfois, il peut arriver qu’on ne soit plus totalement en phase. Faut l’accepter.
Mais quand il ressort un album, qu’il refait une tournée, il le fait pour de bonnes raisons et il n’y a rien d’artificiel, de virtuel, de distanciel. C’est généreux, entier, irradiant.
Ce soir-là, il y a eu pour démarrer une première partie bienveillante et complice où Frédéric Bobin et Kent se sont partagés ou échangé leurs chansons et leurs guitares (attention, mise en scène !)
C’était efficace, sans prétention, cohérent avec les deux bons hommes.
Puis vînt l’entracte pour digérer ces hors d’oeuvres. On attendait gentiment la suite, loin d’être déçus par l’entrée en matière et loin d’être rassasiés.
Jusqu’à ce que le trio infernal monte sur scène. Comment décrire la puissance pénétrante de cet enchaînement de chansons ? La modernité de l’improbable formation et des arrangements ? Le charisme, la complémentarité, la magie des imprévus ?
Comment un déhanché, un sourire peuvent sublimer les incidents de corde cassée ou de trou de mémoire ?
Un tourbillon de points d’interrogation dont l’ivresse nous poursuit, nous accompagne et nous hante bien après le baisser de rideau.
Sur scène, Kent est entouré de deux personnalités que tout semble opposer. Marc Haussmann aux claviers, ses sons venus d’ailleurs, ses doigts qui virevoltent, ses chorégraphies minimalistes.
Alice Animal aux voix et guitares électriques. Son exubérance, sa grâce, son magnétisme.
Et Kent au milieu pour l’équilibre, la touche de couleurs mouvantes, le cabotinage consenti qui fait des étincelles. L’homme a rajeuni dans son costume solaire. Les chansons aussi. Même celles dont je m’étais lassée au fil des tournées ont retrouvé la fraîcheur et l’attrait de la découverte grâce à ce nouvel angle de vue.
Mélange des genres et des époques, la set list est hétéroclite. Y a pas à dire, le répertoire tient la route ! La plume toujours affûtée.
En apparence, le dialogue a repris, au bout de quelques années, comme s’il avait été interrompu la veille.
Mais en réalité, le vocabulaire et le vécu se sont enrichis.
On se reconnecte, toujours plus sensibles et réceptifs à l’énergie et l’émotion communicatives.
Programmateurs, ne soyez pas frileux. C’est une valeur sûre. Et par les temps qui courent, on a tous besoin de cette chaleur.
Quelques images sonores, ci dessous,
Valérie Bour
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