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Henri Crolla et le cinéma

26 Mar
PH 009 Court métrage de Paul Gimault Enrico cuisinier

Crolla et Edith Zedline

En intro Les deux plumes, et Improvisation en bande son de ce qui suit ,

Jusqu’à 11 ou 12 ans Enrico est un gamin de la zone – Porte de Choisy- il joue souvent à esquiver l’école et les devoirs pour aller a spasso … dehors … se promener … et jouer de la mandoline ou du banjo aux terrasses des cafés chics de Montparnasse … Ce qui lui vaut les applaudissements et les pièces sonnantes du public et les coups de règles sur les doigts de la part de l’instit’ peu porté sans doute sur les ritournelles à la mode.

C’est un môme qui n’a pas dû aller au ciné souvent, dans la zone on a des priorités différentes. Pourtant ses sorties musicales sont assez lucratives, c’est pas la fortune, mais une bonne contribution à l’économie familiale. Il joue aussi au chat et la souris quand les pandores l’alpaguent, et le relâchent après l’avoir soulagé de sa recette du jour, mais c’est pas grave, il reviendra demain. Et puis, en 1932/33, il joue devant la Rhumerie Martiniquaise, deux consommateurs à la terrasse sont épatés par ce gamin avec son banjo, insouciant comme un moineau de Paris, ils lui donnent « une grosse pièce » tellement disproportionnée que le gamin répond,: « mais m’sieur j’ai pas de monnaie… » et c’est ainsi qu’Enrico entre dans la « contrebande de Prévert », par Lou Bonin et Sylvain Itkine, hommes de théâtre, qui l’emmènent chez Grimault et Prévert hommes de cinéma à cette époque. Enrico-Riton fait ses humanités avec la grande famille du Groupe Octobre, comédiens, écrivains, sculpteurs, peintres photographes, cinéastes poètes, musiciens, c’est une école des arts, école pluri-disciplinaire totale, une école de combattants, de l’agit prop’ qui porte la culture dans les usines et dans la rue…

Paul Grimault l’accueille chez lui, près de la Porte d’Italie, à quelques encâblures de la porte de Choisy, il y a sa chambre, découvre le jazz et la guitare, et surtout le cinéma.

Cette période dans la galaxie Prévert va nourrir sa vie et son art.

Lorsqu’il commence à faire des musiques pour le cinéma, des courts métrages, des documentaires, c’était le temps des séances de ciné de 2h30, une première partie avec les « Actualités » un documentaire, un dessin animé, et souvent un numéro visuel juste avant l’entracte, bonbons esquimaux chocolats, et ensuite, le grand film.

avec André Hodeir

Pour les musiques de films, Crolla est associé à André Hodeir, le super intello de la musique, 3 prix de conservatoire et violoniste dans la lignée de Grappelli/Warlop. Ce que dit André Hodeir : «  On assistait à la projection, en sortant Crolla prenait sa guitare, et on avait la musique. » A partir du thème, Hodeir arrangeait, orchestrait, et c’est 50 musiques de films qu’ils ont co-signées, entre 1948 et 1960, en toute harmonie complice.

En 1952, il est aux côtés d’Yves Montand dans un film à sketches Souvenirs perdus où il joue son rôle de guitariste accompagnateur…  Première apparition sur un écran dans une fiction.

En 1954, Gilles Grangier les sollicite pour Gas Oil avec Gabin,  Jeanne Moreau et Roger Hanin. Ensuite, il y a aura plusieurs longs métrages, avec Brigitte Bardot en vedette, et des cours de guitare entre deux prises , puis un film  avec Marcel Camus, Os bandeirantes,  puis St Tropez Blues… et Le bonheur est pour demain, qu’il ne verra pas.
( Dans Orfeu Negro, Crolla joue le premier thème à la guitare.)

Voulez-vous danser avec moi ?

 

 

Parmi ces courts métrages, Léon la lune est sans doute le plus intéressant dans sa construction particulière : film sans dialogue, scénarisé par Robert Giraud, avec une jolie musique d’Henri Crolla, on suit ce personnage, le vrai Léon la lune, dans son quotidien, manger, trouver un endroit pour dormir… Il s’agit d’une ballade poético-réaliste avec la guitare sensible de Crolla pour l’accompagner.

Ce film a été primé plusieurs fois (Prix Jean Vigo) et beaucoup diffusé. Il a permis à Alain Jessua de préparer ses longs métrages avec une certaine sérénité. Léon la lune, ou La Journée ordinaire d’un clochard à Paris est sorti en 1956.

Il y aura une autre expérience du même genre, en 1958, film sans parole mais avec musique, La Faim du monde, un court métrage de Paul Grimault en commande de l’UNESCO pour l’exposition universelle . Scénario de Prévert, l’histoire de l’Humanité et la mauvaise répartition des richesses, rebaptisé « Le monde au raccourci. »

On retrouve l’esprit du cinéma des origines comme langage universel par l’image et la musique.

Dans son parcours de vie et d’artiste, Henri Crolla s’est de plus en plus rapproché du cinéma .

Avec Henry Fabiani, sur le tournage à St Nazaire

Enrico cuisinier est un moyen métrage de 1955/56, scénario de Paul Grimault et Pierre Prévert. – Montage par Pierre Prévert dans lequel il a le premier rôle, celui d’un personnage tendre et burlesque, poétique et iconoclaste qui pouvait préfigurer une série à la façon des Charlot ou Harold Lloyd, et c’est en comédien qu’il postule pour « Au bout la soupe » devenu « Le bonheur est pour demain », film tourné en 1960, dont il ne verra pas le montage final, il meurt juste après la fin du tournage. C’est le seul film où il n’a pas voulu faire la musique, uniquement comédien, dans le rôle de José, républicain espagnol et guitariste occasionnel à 4 mains avec le jeune Higelin.

Henry Fabiani, en 2003, témoignera de l’importance de sa présence sur ce tournage, avec cette magie Crolla qui créait des liens spontanés entre tous, quels qu’ils soient, artistes, techniciens, figurants…

Le film de Marcel Camus  » Os Bandeirantes »  est en partie illustré par  « Paris a le coeur tendre »  …

Quelques musiques dans des genres assez différents pour illustrer cette page cinéma,

Une parisienne

 

par Christiane Legrand 

 

 

Valse du balcon

 

Cette sacrée gamine: Jardin dans la nuit

 

St Tropez Blues

Et le thème principal du premier long métrage

 

  • En plus de   quelques apparitions dans des films dont il a fait la musique, Nino Bizzarri, cinéaste italien, lui a consacré un film en 2002, pour la Raï Uno Vie et mort d’un petit soleil tourné à Naples et Paris, avec les témoignages de Moustaki, Higelin, Colette Crolla, Patrick Saussois, Francis Lemarque, Martine Castella, Roger Boumandil… long métrage d’une heure et demie, présenté au Festival de Locarno, et récompensé par un Premio Asolo Miglior Biografia d’Artista a Piccolo Sole – Vita e morte di Henri Crolla en 2006.
  • Henri Crolla apparaît aussi dans le court métrage de Paul Paviot, tourné en 1958, en hommage à Django Reinhardt. ( Film dont Paul Paviot dit qu’il a pu être tourné grâce à l’entregent de Crolla.)

 

 

Norbert Gabriel

Filmographie musicale.

Les précédents chapitres

Henri Crolla 26 Février 1920
L’enfance de l’art de Crolla
Henri Crolla, et l’air du temps
Henri Crolla, l’enfant de Caruso et de Django

Henri Crolla et la chanson…

6 Mar

 

Dans les années d’après guerre Henri Crolla est un des jeunes musiciens qui apportent  un souffle neuf ( voir ICI ) dans le jazz français. Et pourtant, une rencontre l’embarque dans une épopée chanson qui durera plus de 10 ans. Jacques Prévert a dans ses carnets « La chanson des cireurs de souliers » et il a envie de la proposer à Yves Montand…  Montand qui se reconstruit après sa séparation d’avec Edith Piaf. C’est à la fois un entourage et un répertoire qu’il doit revoir. Bob Castella, une pointure du piano jazz est son premier compagnon de route, il le sera toute sa vie, d’une fidélité sans faille. Mais à ce moment, il est simplement le chef d’orchestre pressenti. Prévert demande à Crolla de faire la musique pour «  La chanson des cireurs de souliers » un de ses textes particulièrement difficile, c’est un petit film, avec plusieurs scènes et Crolla mettra 8 mois à finaliser la musique. Les voici chez Montand, Castella au piano, Montand essaie et est enthousiasmé par le résultat, la chanson est adoptée. Mais … mais quand il demande leur avis à Prévert et Crolla, Crolla dit: « c’est bien, mais vous n’êtes pas toujours en mesure, et parfois pas très juste… » Quand on découvre cette chanson la première fois, la plupart des chanteurs risquent bien d’avoir les mêmes problèmes, c’est acrobatique ! La réflexion jette un froid, on se quitte là-dessus, mais Montand est intrigué par ce petit italien qui n’a pas la langue courtisane et il le rappelle le lendemain. C’est le début d’une amitié presqu’amoureuse entre ces deux ritals nés dans des familles pauvres, qui ne sont pas allés à l’école très longtemps, et Montand avec son complexe de prolo sans grande culture, trouve en Crolla le passeur qui l’emmène chez les « intellos » comme Prévert et sa bande, car pour Rico/Riton, ces gens sont une autre famille, il n’a pas de complexe particulier, il sait d’où il vient, il sait qui ils sont, mais ils se sont adoptés. Et ils s’aiment. Sans réserve et pour la vie.

 

Montand venait de passer ses deux premières années de jeune vedette avec  des orchestres  importants.  Changement de style, on peut noter la sobriété et la délicatesse du duo piano guitare dans plus de la moitié de la chanson, ce qui marque un total changement avec les précédents accompagnements des big-bands , là c’est de la dentelle finement travaillée, et c’est avec ce groupe resserré de 5 musiciens que Montand réinvente le music-hall, la formule quintette piano-guitare-accordéon-batterie-contrebasse va devenir un standard dans les tournées. Il faut noter aussi que Montand a proposé à Prévert de modifier la fin, en éludant les 8 derniers vers* qui terminaient sur une note triste. C’est la version Montand qui est devenue la chanson déposée à la Sacem, et de ce fait, on ne sait pas comment Crolla avait terminé la musique … Comme dans « Les feuilles mortes » Montand a souvent proposé aux auteurs des modifications, pas du texte, mais l’ordre des strophes, ou mettre en intro des vers situés plus loin dans le texte. Et il avait le plus souvent raison.

Photo DR.

Henri Crolla a composé 15 chansons du répertoire Montand, en 10 ans de compagnonnage musical, dont Sanguine, autre exercice de style délicat, que Montand a toujours gardé dans ses tours de chant.

Ensuite, au gré des rencontres avec d’autres auteurs une vingtaine de chansons, pour Mouloudji, Marcel Amont, Isabelle Aubret, et Edith Piaf, avec Cri du cœur, enregistré dans des conditions difficiles. En 1960, Piaf est malade, à l’hôpital, quelques jours avant Simone Signoret l’a appelée et elle lui signale Cri du cœur dont Crolla a fait la musique. Piaf ne voulait plus chanter Prévert, car « ses chansons sont plus fortes que la chanteuse. » Néanmoins, Simone est de bon conseil, Crolla est un copain, un vrai copain, elle a souvent passé des soirées au restaurant ou chez elle, avec Colette et Henri, uniquement eux, et on convient d’une date pour enregistrer. Chacun sait que la vie est courte et dans leur cas, l’échéance est proche, 6 mois pour Crolla. Le 20 Mai 1960 Edith arrive au studio place de Clichy en ambulance, elle commence avec ses musiciens, ça ne va pas, et c’est en voix-guitare, celle de Crolla qu’elle enregistre, un cas unique dans son histoire musicale ..

 

Dans son rapport à la chanson, Henri Crolla avait tenté  un essai avec Mouloudji pendant la guerre,  dans les cabarets en duo, mais le temps ne se prêtait pas à la délicatesse de « Papillon de Norvège »,  il y a eu aussi le duo improvisé avec Yves Robert, la première interprétation radio des « Enfants qui s’aiment »; le film vient de sortir, et pour une émission de radio en direct on attend Fabien Loris (qui chante dans le film) mais il est introuvable, et Yves Robert embarque Crolla et  sa guitare, pour cette interprétation en direct… C’était en 1946.

1954, Montand fait une pause cinéma, Crolla retourne au jazz, enregistre, et dans le couloir du studio voisin, il entend une jeune chanteuse qui grave son premier album, il s’arrête, écoute, et propose de faire la deuxième guitare… Nicole Louvier aura donc sur ses premières chansons la guitare du « prince des accompagnateurs » (selon Philippe Meyer).  Comme un ange qui passe dira-t-elle …

Il y a d’autres histoires, terminons sur une note tendre, en 1958, Crolla a mis en musique un texte de Simonin Monsieur P’tit Louis, pour Edith Piaf, et comme chaque fois qu’il compose, il fait écouter à tout son entourage pour vérifier que ce n’est une sorte de plagiat involontaire… Et Colette Chevrot** lui fait remarquer: « votre musique ressemble à celle de Georges Moustaki » lequel n’est pas très connu à l’époque, il vit dans un modeste hôtel et en rentrant d’une petite tournée, l’hôtelier qui fait office de secrétaire téléphonique lui signale qu’un certain Crolla a appelé plusieurs fois, et justement, le téléphone sonne, c’est Crolla, « je viens vous voir c’est important » Il arrive, explique, on compare les musiques, il y a bien quelques notes mais pas de quoi crier au plagiat, dit Moustaki. Crolla insiste pour partager les droits. Moustaki était un admirateur de Crolla et sa guitare depuis les années 51/52, depuis Actualités, l’après midi tire à sa fin, ils sont bien, et pour prolonger, Crolla invite Moustaki à le suivre chez une amie chanteuse, Edith Piaf, pour remettre la fameuse chanson… La suite, vous devez savoir.

Dernier détail assez drôle, Moustaki m’avait demandé d’où venait ma passion Crolla, c’était par Actualités et le son de cette guitare, qui pendant des années m’a fasciné, au point d’effacer mentalement la voix de Montand pour n’écouter que la guitare.. Et là, Jo me dit: « Je faisais la même chose à Alexandrie.. » Un petit truc qui crée un lien particulier, presque secret ..

 

En 1959, il croise un jeune comédien, l’incite à s’orienter vers la chanson, et lui donne quelques cours de guitare. Grâce auxquels quelques années plus tard, Moustaki l’entend et  » mais tu joues comme Crolla »  et Higelin devint le guitariste de Moustaki en 62/63.

Henri Crolla a toujours été un passeur, un homme de rencontres, de partages, et 60 ans après sa mort la magie Crolla agit encore.

 

* La fin de la chanson des cireurs de souliers,
Mais la chanson du Noir

L’homme blanc n’y entend rien
Et tout ce qu’il entend
C’est le bruit dans sa main
La misérable bruit d’une pièce de monnaie
Qui saute sans rien dire
Qui saute sans briller
Tristement sur un pied

 

** Colette Chevrot, une chanteuse de caractère de la famille Canetti, le caractère , c’est pour les chansons, et aussi pour la guitare qu’elle a fracassée sur la tête d’un lourdaud qui avait dépassé les limites de l’acceptable dans ses réflexions dipsomanes…

 

 

 

Norbert Gabriel

 

Les précédents chapitres :

Henri Crolla 26 Février 1920
L’enfance de l’art de Crolla
Henri Crolla, et l’air du temps
Henri Crolla, l’enfant de Caruso et de Django

Henri Crolla 26 Février 1920

26 Fév
crolla savitry

Photo Emile Savitry

Le personnage le plus extraordinaire … selon Moustaki, témoignage dans une revue dont il fut le rédacteur en chef exceptionnel pour le 3 ème numéro.

Né le 26 Février 1920, à Naples,  Rico, Mille pattes, Enrico, Henri Crolla, puis Crolla, au fil des années et des rencontres et de la notoriété.

Le prince des accompagnateurs selon Philippe Meyer…

Un gitan de Naples sorti d’un dessin animé de Prévert et Grimault selon Montand..

Notre petit copain du Flore en 1943-44 selon Simone Signoret

Mon père spirituel selon Higelin,

Frère de rue et de rêves de Mouloudji,

Fils adoptif virtuel de Prévert et Grimault

Un des enfants de la tribu par la mère de Django,  la belle Laurence…

Musicien subtil et unique, démonstration en 1’55 (avec Martial Solal au piano, alias Lalos Bing)

Et quelques airs pour finir cette première page.. à suivre ..

 

 

Pour infos, au cas où, sa notice wiki c’est là

PhotoNGabriel1999

sur la guitare de Crolla–>

 

 

 

Norbert Gabriel

Arnaud Giovaninetti Soleil noir …

2 Juin

 

Photo Florence Dugowson

Le comédien Arnaud Giovaninetti est mort le 23 janvier 2018. Je ne le connaissais pas. Enfin, si… Comme beaucoup de téléspectateurs je me souviens qu’il jouait l’ex-mari de Candice Renoir dans la série éponyme.

Je dis que je ne connaissais pas Arnaud Giovaninetti, en fait ce n’est pas exact : je l’avais plutôt oublié. Car il avait fait des débuts fracassants dans L’Amant de Jean-Jacques Annaud. Parce qu’en 1991, il était un acteur sur le point d’exploser. Il avait ce talent chevillé et évident. Un talent tel qu’il avait obtenu le prix Louis-Jouvet au sortir du Conservatoire. Pas une paille quand même ! Mais oui, je l’avais oublié. Faut dire que je n’habite pas Paris ; que je ne vais pas au théâtre ; et que du coup, je ne l’ai vu jouer ni dans Don Juan ni dans Cripure. Encore moins chez Savary. Malgré tout, ce n’est pas uniquement ma mémoire qui m’a joué des tours. Car la profession a développé aussi, envers lui, un sérieux début d’Alzheimer.

Je ne connaissais pas davantage la journaliste Caroline Constant avant d’ouvrir son livre « Arnaud Giovaninetti ; Soleil noir ». Enfin si… Elle venait de me contacter pour parler de mon bouquin. Elle bosse au quotidien L’Humanité. Mais rapidement on s’est mises à causer de tas d’autres trucs. On s’est bien entendues. Et c’est alors qu’elle m’a parlé d’Arnaud.

Caroline peut l’appeler par son prénom car lui et elle se connaissaient. En vrai. En chair, en os, en sang qui bat. Et pour elle, il est hors de question de l’oublier. Il l’a déjà trop été de son vivant.

L’acteur et comédien s’est suicidé le 23 janvier 2018 à 50 ans. Son début de carrière laissait présager de grands rôles. Il en a eus. Au cinéma, au théâtre. Tout de suite. Très vite. Trop vite. Mais en 2018, pour le public, comme pour moi, il n’était plus le vendredi soir que l’ex-mari de Candice. En 2018, après plusieurs années de chômage, l’artiste était au RSA. Et j’imagine que le 23 janvier de l’année passée, Caroline – que j’apprends à connaître – était folle de rage, de chagrin, devant cette injustice.

Quand vous tapez le nom d’Arnaud Giovaninetti sur Internet, des dizaines d’occurrences s’affichent. Elles commencent toutes par : « La mort d’Arnaud… »

Internet n’a retenu que sa disparition. Le public n’a retenu que la série de France 2.

Photo DR

Alors Caroline a écrit ce livre. Pour qu’on se souvienne. Pour nous permettre de rencontrer – même un peu tard – ce garçon lumineux et sombre à la fois. Cet homme qui ne vivait que pour son art. Pour lui, elle est sortie de son rôle de journaliste. Caroline a interrogé la compagne de l’acteur, ses proches, des comédiens, des professionnels-de-la-profession comme on dit. Avec urgence, elle nous brosse, entre rires et larmes, le portrait d’un type qu’on aurait aimé connaître alors que nous n’avons fait qu’oublier l’humain qu’il fut. Un acteur à qui l’on donnait de moins en moins de rôles. A qui le nouveau monde disruptif du cinéma ne laissait plus de place. Parce que le casting gagnant est souvent aujourd’hui – à l’image de la société entière – une question de réseau et de fric. De tout, sauf de talent. Caroline Constant a voulu rendre hommage, rendre vie, à ce comédien rencontré dans le cadre de son boulot il y a plus de vingt ans et qui lui a tant offert. Une rencontre qui l’a marquée à jamais.

Nous ne croiserons plus Arnaud Giovaninetti. Pourtant grâce à elle, il existe toujours.

« Arnaud Giovaninetti ; Soleil noir » / Editions Ovadia.

Fabienne Desseux

Guy – un film de et avec Alex Lutz

27 Jan

Le Blog « Le doigt dans l’œil » cause musique, chanson, théâtre, livre… Du coup, je vais vous parler d’un film. Un film sur un chanteur. Attention, pas un vrai interprète. Un faux. Mais qui est bien réel quand même. Du moins dans ce long-métrage.
Guy Jamet, tel est le nom de cet artiste sur le retour. C’est presque le titre du film qui s’intitule tout simplement : Guy. Icône des années 70’ qui continue inlassablement de chanter. Il est incarné à l’écran par Alex Lutz qui porte une double casquette (avec celle de réalisateur).
L’histoire démarre avec Gauthier qui veut tourner un documentaire sur Jamet. Mais pas que. Gauthier veut surtout approcher celui que sa mère – récemment décédée – lui a désigné comme son paternel. Alors caméra en main, du point de vue du fils illégitime, on apprend à découvrir l’artiste et le bonhomme vieillissant. On le suit dans ses tournées, toujours pleines. Dans les studios de Drucker, à Europe 1 où il présente son album de reprises sous l’œil un peu moqueur des journalistes qui l’invitent. Lors de l’enregistrement d’un titre, on croise Dani, son ex-femme, qui accepte un duo avec Guy. La reprise d’un tube d’autrefois. Dani qui n’est pas vraiment Dani mais un peu quand même. Et surtout on écoute ses chansons. Des ritournelles qui parlent d’amour et qui – incroyable ! – nous semblent familières.
Guy collectionne ses disques d’or, monte à cheval paumé dans sa cambrousse et picole pas mal. Il entretient des rapports compliqués avec son fils, le seul officiellement existant. Guy râle souvent, et sous le vernis de la gloire passée, la lucidité de ce qu’il est aux yeux du monde nous le rend terriblement attachant.
Alex Lutz est sidérant de vérité. Pas une seule fois, ce vrai-faux chanteur ne semble en toc. Au  contraire.
Il est vivant, vibrant, chiant, intelligent et plein d’autres rimes en « an », sûrement.
Et si comme nous – au début du film – Gauthier se fout un peu de sa gueule, le regarde de haut, le juge, il n’en sera plus rien après avoir mangé, bu, partagé la table de Guy et les trajets dans son tour-bus.
Une fois le film terminé, on se dit même qu’on écouterait bien un de ses albums ! Avant de se souvenir, dépité, que Guy Jamet n’a jamais existé. Qu’il n’est qu’une chimère.
C’est la seule et unique fois… où le film nous déçoit.
PS : Guy est nommé six fois aux César 2019. Preuve que je ne dis pas que des conneries.

Fabienne Desseux

 

 

Prévert et Izis

23 Avr

Avant d’être consacré « poète » avec Paroles, Prévert était plutôt un homme lié aux images du cinéma, scénariste à succès, mais polyvalent, il est l’auteur des textes du Groupe Octobre, les activistes du théâtre à l’usine. Il a été aussi auteur de chansons, presque par hasard, grâce au hasard des rencontres, sa «contrebande » réunissait à peu près des représentants de tous les arts.

Jacques Prévert et l’image

Sa bibliographie comprend des albums à quatre mains co-signés avec des amis peintres Picasso, Chagall, Calder, Miro, Ernst et photographes Izis, Brassaï et tout le monde connait ses ballades avec l’ami Doisneau.

En Avril 2017, le Cherche Midi et Jean-Paul Liégeois ont réédités deux albums, dont un introuvable jamais réédité depuis 1951, Grand bal du printemps.

Izis Bidermanas né en Lituanie, immigré à Paris en 1930, résistant en Limousin de 1941 à 1944, est une des figures de la « photo humaniste » aux côtés de Brassaï, Edouard Boubat, Robert Doisneau, Willy Ronis. Il a co-signé trois ouvrages avec Jacques Prévert : Grand bal du Printemps, Charmes de Londres, Le Cirque d’Izis.

Grand Bal du Printemps est une célébration de Paris, chantée en duo par un poète, Prévert, et un photographe, Izis. Un chant d’amour pour une ville. Jacques Prévert a toujours aimé et chanté Paris : il a été et demeure « le poète de Paris ». Cet ouvrage, de 154 pages, enrichi de 62 photos d’Izis sur Paris, en constitue la meilleure preuve. Paris est tout petit / c’est là sa vraie grandeur . Le Paris de Prévert est celui des quartiers populaires, des musiques de rue, des fêtes et de la misère, des enfants en liberté et des « étranges étrangers ». Le Paris de Prévert est une ville humaine, une ville au quotidien, avec ses grands malheurs et ses petits bonheurs. Les photographies d’Izis donnent des visages à cette humanité.

Charmes de Londres, autre promenade dans Londres, plus près  de l’East End, de Leytonstone, ou de White Chapel que des ors de Buckingham Palace, chacun son folklore, même format que Grand bal du printemps, 105 pages, avec l’essentiel des biographies des auteurs. (dans les deux ouvrages)

Quand il est dit « à quatre mains » ce n’est pas une figure de style, les deux auteurs ont construit ensemble ce qui est un récit lyrique en photos et textes, pas une simple illustration avec des photos plus ou moins en situation. Le mot appelle l’image, ou bien c’est l’image qui appelle les mots..

Pour cet album, rien à ajouter à ce qu’a écrit Charlie Chaplin, en 1952, dans une lettre à Izis, il saluait la qualité du rêve et d’aventure, puis ajoutait en 1954:

La combinaison photographie-poème crée une émotion au delà de toute parole.

Il n’y a pas de meilleure conclusion.

Last but not least, cette double page de Charmes de Londres, qui ira droit au cœur de Valérie B. la rédac-chèvre initiatrice de la revue Le Doigt dans l’oeil, qui a raté Picasso dans sa quête des chèvres d’artistes… Et qui était venue à Paris pour une sorte de thèse sur Prévert avant de mal tourner vers la chanson… mais à cause de ce Jacques… (private joke)

Et puisqu’il est question d’images, de Prévert et de livres, voir éventuellement Prévert n’est pas un poète…  Clic sur le collage, 

 

Norbert Gabriel

Soirée Courts métrages à Mozac

11 Avr

 

L’Auvergne est terre de cinéma depuis longtemps, ces 10 dernières années, 120 courts métrages,une vingtaine de documentaires, 15 téléfilms et une trentaine de longs métrages ont vu le jour dans les décors auvergnats. La région soutient la création de production cinématographique avec un fonds d’aide depuis 1997, et le Festival international du court métrage à Clermont-Ferrand , né en 1982, est le deuxième festival le plus important en France, après Cannes, et le plus important consacré aux courts métrages dans le monde, avec une affluence qui augmente chaque année, 162 000 entrées en 201, pour plus de 7000 films. Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes, comme les longues files d’attente pour accéder aux salles, mais ça devrait s’arranger avec la construction de 7 nouvelles salles en cours.

Et pour ceux qui n’ont pas pu assister au festival de Clermont-Ferrand, une tournée de rattrapage est organisée dans toute la région Auvergne. Ce vendredi soir, comme tous les ans depuis 9 ans, Matthieu Pérona est venu nous présenter sa sélection de films dans la salle de l’Arlequin, à Mozac , choix organisé selon des thèmes de société , films issus de la médiathèque de Clermont-Ferrand, ces soirées Courts métrages étant proposées par le comité de jumelage de Mozac .  Tout d’abord qu’est ce qu’un court métrage ? Souvent le point de départ pour un réalisateur, une école de la découverte du cinéma , l’art de montrer l’essentiel en peu de temps .

Et l’on commence par L’Orange du marchand, réalisé par Jean-Christophe Averty, en hommage à son œuvre, un vrai clip avant l’heure !

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La société donc, avec ses travers , dont le sexisme, comme le montre ce premier film Majorité opprimée d’ Eleonore Pourriat , film qu’on peut voir sur le net, près de 2 millions de vues, et qui a fait jaser. Caricature un peu poussée je trouve, d’un homme harcelé par des femmes, et finalement ces femmes sont montrées comme des harpies autoritaires et vicieuses, ce qui n’est pas mieux ni pour l’image de la femme, ni pour celle de l’homme. Mais ce n’est que mon point de vue. Christine : « mais t’as rien compris, c’est l’inverse qui se passe dans la vie, les femmes harcelées par les hommes ». Ben si, j’ai bien compris, n’empêche que je n’aime pas le harcèlement tout court.

Malaise vite dissipé avec les superbes images de la naissance et de l’envol d’un papillon, avec Rising,

 

Le plus court du court , 41 secondes, au titre le plus long, c’est La légende de la chèvre qui connaissait le vrai sens de la montagne. 

 

Parmi mes préférés de ce soir là, Chaud lapin , une histoire d’amour étrange et envoûtante qui met en scène la vie d’un lapin, une lapine, un serpent et un phacochère. Réalisé par des étudiants d’Arles.

 

La société, ses misères et ses miracles, émouvante histoire d’une petite fille qui sauve du suicide un désespéré, il suffit d’ un ballon, un nez rouge, un sourire, c’est : Juste au dessus des trains.

La société, ses croyances, sa déchéance, c’est l’histoire d’une étrange créature dégénérée, en quête de spirituel, et en dehors de toutes conventions : Manoman .

La société et l’addiction à internet au point d’en oublier sa petite amie : Déconnexion .

La société et l’environnement, inspiré d’une histoire vraie, l’histoire d’une petite abeille allergique au pollen qui découvre un étrange produit , c’est Miel bleu … La vraie histoire , c’est que le bleu en question, était en fait du colorant alimentaire qui a intoxiqué de nombreuses ruches dans le Haut- Rhin et provoqué la mort de milliers d’abeilles .

Thomas, 14 ans, a adoré , lui, les Trois aventures de Tapi, surtout quand les adultes redeviennent enfants .

Parmi ces 17 courts métrages vus ce vendredi, et toujours sur les thèmes de société, c’est le harcèlement qui est traité avec : Qui a peur du grand méchant roux, court métrage prix des films réalisés par des lycéens de Nancy pour le bac 2015 .

 

En conclusion, une belle soirée partagée, on peut, par ailleurs voir la plupart de ces courts métrages sur internet, mais ensemble et sur grand écran, c’est tellement mieux !

Merci à Matthieu Pérona , au comité de jumelage, et à tous les bénévoles qui nous ont offert cette soirée .

Une autre soirée le Vendredi 19 mai à 20h30 : MOZAC / Salle de l’Arlequin sera consacrée aux coups de cœur du festival 2017 , à suivre donc …

Danièle Sala de Mozac

Pasolini Musica

12 Fév

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Photos©NGabriel2017

Nous avons tous le souvenir de chansons qui nous ont tatoué la mémoire de traces indélébiles, liées à un moment de vie, à des circonstances particulières, et souvent c’est par le cinéma qu’elles nous ont  touchés en plein cœur. Comme si l’addition de l’image et de la musique faisait un alliage inoxydable qui défie le temps… Le cinéma est né muet mais très vite la musique s’est associée aux images, en langage universel. Charlot était accessible à tous, directement, d’Hollywood à Nagasaki, de Belleville à St Pierre de Rome, et de la place de Jaude au Corcovado… Le film de déroulait, et un musicien,  un pianiste en général, accompagnait l’action au feeling… (avec des sortes des partitions, « pantomimes lumineuses »,  musiques originales afin de soutenir l’action des personnages dessinés)
Et le premier film « parlant » en simultané avec l’action était un dessin animé chantant : Steamboat Willie, troisième film de la série Mickey Mouse, c’est la naissance officielle du personnage. Il est également le premier à avoir bénéficié d’une bande sonore synchronisée dès sa sortie. C’était en 1928.

Passons à ce spectacle, Pasolini musica, (pour les images, cliquez  sur les  photos et vous les aurez en grand écran…)

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Du mystique, et caustique,  « L’Evangile selon St Matthieu » au provocateur « Les 120 jours de Sodome » il ne dérogera jamais à sa ligne de conduite, un engagement radical, sans concession. Ce portrait est bien rendu dans ce spectacle qui met en avant toutes les musiques traitées en art majeur. On entend des oeuvres de Manos Hadjidakis, Bellini, Bach, Domenico Modugno,  de Martino, Giovanni  Fusco, Piero Umiliani, Piero Piccioni,  et des chansons originales de Dmitri Negrimoski.

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Stéphanie Boré est la diva lyrique, Eva Kovic la diva gouailleuse, Solène Ménard la musicienne, André Roche le concepteur et metteur en scène pour donner à Miguel-Ange Sarmiento qui incarne Pasolini toute la dimension de ce combattant qui s’est défini  en précisant, « Mon travail consiste à montrer les choses et les êtres dans leur sacralité. »

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Attention la dernière parisienne de ce spectacle est le 16 Février, au Théâtre de Ménilmontant, 15 rue du Retrait. Pour réserver, téléphonez au 01 46 36 98 60.

Et le dernier mot à Pier-Paolo Pasolini:

Il faut s’engager non seulement dans l’écriture, mais dans la vie.

Norbert Gabriel

Prévert n’est pas un poète…

9 Fév



prevert-collageMais quoi ? Qu’en est-il ? Comme une expression populaire, faire le Jacques  ?

Expression française de la fin du XIXème siècle  dont le prénom Jacques est utilisé autant que Gilles et Guillaume pour désigner le bénêt du village. De plus, les nobles prirent pour habitude dès le XIVème siècle de nommer des jacques les vilains c’est à dire la classe des paysans. D’ailleurs, la jacquerie de l’époque était le soulèvement des paysans contre les seigneurs. La haute société composée de la noblesse, sous-estimant cette catégorie de la population la gratifia de ce surnom à connotation méprisante et péjorative.

Finalement, ça lui va bien à Prévert, jouer à l’imbécile pour mieux souligner les aberrations du quotidien et de son époque… Dans une de ses multiples vies, le cinéma a eu une place essentielle, avec son frère Pierre, avec Paul Grimault, avec Carné, Jean Paul Le Chanois, Renoir, Autant-Lara, Grémillon, Franju… C’est une ballade biographique à travers ce monde d’images que proposent Christian Cailleaux et Hervé Bourhis, dans un superbe livre édité par Aire Libre, en partenariat avec France Inter…

Ça se raconte pas, mais on peut feuilleter.

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Au fil des pages, on suit les grandes étapes de la vie de Jacques Prévert, enfance, la guerre de 14-18, et toutes les rencontres qui seront le fil rouge d’un parcours bigarré, et qui feront  de sa « contrebande » un vivier d’artistes de toutes les couleurs.

Et pour tout savoir, voyez Fatras, www.jacquesprevert.fr

 

Norbert Gabriel

 

Cinoche !

16 Jan

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Dans quelques jours, à partir du  18 janvier ce film sera sur les grands écrans. Vu en pré-test il y a quelques mois, il a une résonnance particulière en raison de quelques échos venus des écoles, des enfants de 7 ou 8 ans ayant déclaré avec conviction, en France, « le juif c’est l’ennemi à exterminer » … Je ne sais pas s’il y a beaucoup d’enfants dans cette radicalisation, mais ce que je sais c’est que l’école de la république est assez absente dans l’enseignement de cette page de notre histoire contemporaine…

un-sac-de-bille-couverture-a2f8fLe livre ayant été publié il y a 43 ans, bien que traduit en 18 langues et vendu dans 23 pays, il est bien possible que des moins de 30 ans n’en sachent rien, ni de l’histoire, et pas tellement non plus sur ce qui en fut l’origine.

Donc un rappel en résumé,

Ça se passe France en 1941/43.  Joseph Joffo, âgé de 10 ans au début du récit, est un parisien assez heureux vivant dans le 18e arrondissement de Paris, dernier d’une famille de 7 enfants ( Madeleine, Henri, Albert, Rosette, Esther, Maurice et lui, Joseph). Il est très proche de son frère Maurice, de deux ans plus âgé . Ils fréquentent l’école Ferdinand-Flocon. (le bas Montmartre) Les Allemands occupent Paris et imposent le port de l’étoile jaune. Et comme la famille Barouh a envoyé ses enfants en Vendée, les parents de Joseph organisent la fuite de la famille vers Menton, en zone libre. Mais les deux enfants partent seuls dans un premier temps. Le père fait le pari qu’ils seront moins visibles que si la famille se déplace en groupe.

C’est comme un road movie sur fond de tragédie, mais avec la part d’insouciance d’enfants de 10/12 ans sur une route d’aventure, où le danger est présent à chaque instant.

etoile-jauneLe livre pointe avec un regard d’enfant l’absurdité d’une situation où deux enfants innocents doivent fuir et se cacher pour survivre. D’absurdité, il en est aussi question lorsque la famille Joffo se retrouve en 1943 en sécurité à Nice occupée par les Italiens, alliés des nazis mais ne réalisant pas la persécution des Juifs dans leur zone d’occupation.

Le comble de la folie nazie est atteint lorsque la Gestapo niçoise s’acharne à déterminer si les deux garçons sont juifs pendant des semaines alors que l’armée allemande enchaîne les défaites.
Le traitement de ce film est tout indiqué pour un public familial, et pour susciter quelques réflexions sur ce qu’est la devise de la République, Liberté Egalité Fraternité, et aussi ouvrir quelques pistes sur l’attitude à avoir sur les réfugiés, ces migrants qu’on ne saurait voir. Et qui ont subi quelques opérations étonnantes, comme celle, récente, dans une nuit de pluie glacée, où les forces de police, notre police, ont détruit les tentes et arraché les couvertures et duvets d’un camp dans lequel il y avait aussi des enfants. Et ce, dans un pays dont pas mal de citoyens se revendiquent de racines chrétiennes.

En 1942/44, beaucoup trop de français ne «voyaient» pas, n’entendaient pas, ne savaient pas. Eh bien aujourd’hui on sait. Et ce serait pas mal que nos enfants sachent aussi ce qu’implique dans les faits, Liberté Egalité Fraternité, et aussi ce que disait cet agitateur de Jésus, Aimez-vous les uns les autres … Sans ajouter  sauf ceux là et ceux là…. » Même si Dieu est absent du débat, le message de son fils putatif reste valable.

Ce film me semble exemplaire par les temps qui courent… Et j’ajoute que c’est un très beau film, très bien interprèté. Avec des reconstitutions épatantes. Ou formidables… Ou hyper méga top…

Générique :

Réalisateur Christian Duguay

Les parents Elsa Zilberstein et Patrick Bruel

Les deux enfants Dorian Le Clech et Batyste Fleurial

La suite ici, clic sur le clap ——->cinema

Dédié

à Luc 15 ans en 2 ème générale à Aurillac, qui a eu des infos sur la Shoah par l’enseignement public,

à Roman, 14 ans en 4 ème qui  n’a jamais entendu parler de la Shoah au collège (Auvergne)

et Clara 13 ans en 4 ème à Aurillac qui n’a eu aucune info .

Norbert Gabriel

Pour Noêl 2016, sur l’école Anne Frank, à Montreuil, à deux pas de Paris,

il y a eu ça…

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