Archive | décembre, 2022

Carnaval sauvage, de Nicolas Jules …

29 Déc

carnaval sauvage CCDCarnaval : « temps de réjouissances profanes depuis l’Épiphanie jusqu’au mercredi des Cendres. »
Sauvage : « qui vit en liberté ».
Un beau bordel, au carré donc.
Enfin, en moins géométrique.

Bref : le nouvel album de Nicolas Jules.

Renversant, bouleversant, authentiquement carnavalesque. Dès la première chanson, on saisit : le défilé grotesque, les créatures grimaçantes, la mécanique macabre ne sont pas des artifices rituels mais le monde au quotidien. Pas très beau à voir alors on y met du fard : on habille en désirables les chaînes, les poids, les barreaux, les frontières, les interdits. Et on s’extasie devant le reflet des choses alors qu’on n’a simplement plus la force de les regarder en face (Les étoiles dans le lac).

Nicolas Jules shoote dans les certitudes, pour ne surtout pas en proposer de nouvelles. Qui l’aime le suive, en haut du précipice, au bord du gouffre sans garde-fou… périlleux certes, mais au moins on respire. On est à l’air libre. «Je n’ai pas de murs» chante-t-il dans Bicyclette.

No limit : l’une se retrouve « en deux morceaux/ [quand] elle attend quelqu’un qui ne vient pas ». L’autre est un écosystème entier, avec sa faune et sa flore et plus encore. On entre dans la tête de quelqu’un sans frapper pour ne plus en sortir, ou dans son corps, à moins que ce ne soit ce dernier qui nous absorbe.  (Ornithologie).

No limit : on passe du pied du pageot à l’exoplanète en passant par «les Indes mentales», à la vitesse d’une fusée, d’un coup de foudre ou d’une bicyclette, qu’importe : le Temps, l’Espace sont si surfaits.

No limit : on tend l’oreille vers un rythme sourd ; un violon torride s’amuse à nous enlacer et nous dénouer tout à la fois. Ce se parle, ça s’écoute, ça se répond, ça se mélange, ça se retrouve…

No limit, jusque sur la pochette où les tigres du Bengale oscillent entre le chaton et le masque sorcier. Où le dessin a des faux airs d’expérience photographique, quand le noir et la lumière se disputent des contours pour un résultat vaguement flou et perçant.

« Y a des gars qui bossent à bien aligner les tulipes/ moi je bosse au désordre/ nous formons une belle équipe ». (Jardin secret/ Jardin public).

Bien évidemment, ceci n’est pas une conclusion.

Mélanie Plumail

Les femmes à la cuisine …

23 Déc

1-Nawel réduit AAA 3030x3033Avec Les femmes à la cuisine, c’est un opéra picaresque dans la lignée de Brecht et Kurt Weil, que l’extravagant Yanoswski a offert à Nawel DombrowskyIci, la cuisine n’est pas seulement le lieu où les femmes font la soupe ou les coquillettes au beurre, on y élabore des cocktails à base de nitroglycérine, parce qu’elles en ont ras le bigoudi de cette société bancroche, où il serait bon de remettre un peu d’équité dans le bastringue. Et que l’idée générale est d’avoir des arguments qui ont plus de persuasion qu’un discours policé devant un employé de banque robot, je résume… La vidéo sise plus bas vous éclairera sur les recettes élaborées.

Mais ce n’est pas que ça, c’est aussi le blues de la mère de famille, le blues de l’amoureuse qui fonce avec détermination dans les coinstots les plus bizarres, comme dit Vian, parce que la vie ça passe vite. Dans cette farandole d’émotions, de portraits sensibles, de coups de rage, de mémoire des républicains espagnols avec La bataille de l’Ebre, « … bien que républicains ils rêvent d’un royaume dont l’unique frontière serait la liberté. » c’est aussi le chant et les larmes de beaucoup de femmes dans le monde, ici et maintenant. On pense aussi à Bernard Dimey avec son Frédo, un cousin assez proche de Bébert la brute. Et aussi à ses copines du quartier, des mauvaises filles, dit le bourgeois, ça se discute.
Mais ceci est une autre histoire … A suivre  sur la scène de préférence.

Nawel Dombrowsky, Nolwenn Tanet et Hélène Avice ont nourri ce spectacle, de leurs racines qui puisent dans le meilleur de la chanson réaliste, du jazz, du théâtre, de la danse… (Spectacle filmé et enregistré au Forum Léo Ferré,  disponible début Mars en CD et DVD chez EPM)  En cherchant un peu sur youtube, vous trouverez pas mal de belles choses, Nawel, sa vie son oeuvre, ne me remerciez c’est Noël !

Un aperçu de leurs talents ? Voilà,

 https://www.youtube.com/watch?v=mV-czNTX-Mo

Pour les femmes à la cuisine, c’est là!

Et pour quelques images de plus,

1-Nawell et musiciennes montage 5108x3565

Norbert Gabriel

Photographies de spectacle…

20 Déc

1-Nuit pleine lune réduit 2014-01-27 20.04.24 (15) tab 2 27-01-2014 20-07-039 3259x1352.24 (15) tab 2 27-01-2014 20-07-039

Comment naît – parfois- une certaine idée de la photo de spectacle… En revenant à la photographie après quelques années de pause, ce que je voyais ne me satisfaisait pas toujours, faire des gros plans en contre-plongée n’est pas le plus valorisant pour les artistes. Mes premières photos ont donc été des plans généraux, pour montrer un aperçu du spectacle, ainsi celles de Romain Didier, sur son album piano public 2007 enregistré à Tréguier…

C’est quelques mois plus tard qu’une rencontre inattendue a précisé mon approche de la photo de spectacle, par erreur, j’ai assisté à une soirée privée à la Reine Blanche, un spectacle collectif, en hommage à un couple qui prenait sa retraite après des années au service du spectacle vivant. Et dans ce spectacle, je découvre une comédienne chanteuse qui interprète « Général à vendre » de Francis Blanche. Dans cette chanson burlesque, Annick Roux termine en nous emmenant dans le rêve de l’enfant qui raconte, une envolée poétique et tendre, c’était magique. Sur le strict plan photo, les couleurs étaient médiocres, et ma technique numérique assez balbutiante. Mais en oubliant la couleur, cette photo était exactement ce qu’il fallait, « l’image qui montre ce qui reste dans l’esprit du public après le spectacle. »*

Il a fallu un peu de temps pour comprendre quel était le bon moment pour saisir cette image. Merci infiniment à Annick Roux et à Valérie Mischler que j’ai beaucoup poursuivies de mes assiduités photographiques, comédiennes chanteuses très expressives qui ne lésinent pas quand il s’agit de faire vivre des personnages picaresques du monde de Francis Blanche ou de Bernard Dimey.

* Et qui donne envie à ceux qui ne connaissent pas de découvrir ce spectacle, et l’artiste.

 

1-Roux Mischler Romain Didier 5105x4872

Norbert Gabriel

Maïa Barouh « Aïda » à La Maroquinerie le 29 Novembre 2022

1 Déc

 Aïda est un terme japonais qui signifie « entre » et qui porte un concept issu de la philosophie et de la psychologie japonaises modernes. L’aïda désigne un lien latent qui structure l’espace entre deux personnes ou deux sujets et dont la vacuité a la capacité de se meubler ou, seulement, de maintenir une tension entre les deux entités qu’il relie. (Wikipédia)

Maïa Aïda (31)« J’ai grandi entre deux pays, entre deux cultures quasiment opposées, mais je ne l’ai pas vécu de façon schizophrénique. Grâce à mes parents, qui m’ont transmis l’amour de l’art, j’ai pu réconcilier les deux dans la musique et faire de ce mélange une richesse »,
La parfaite illustration en a été faite avec ce chant de marins japonais accompagné à l’accordéon, on comprend le sens du propos, enluminé par la mélodie et musicalité de l’instrument …

De ses racines japonaises et des rencontres avec des fanfares du rue qui mélangent musique théâtre dans une sorte d’happening débridé, Maïa apporte une forme d’expression extravertie avec des instruments traditionnels – la flûte traversière dont elle est une experte hors pair- et divers sons électro.

De ses racines françaises et les chansons qui racontent, et bien sûr cet art des rencontres qui est le signe Pierre Barouh, son spectacle est un opéra d’avant garde, une rhapsodie new age, qu’elle emballe en meneuse de revue, danseuse, conteuse, musicienne, dans un tempo tonique et un spectacle unique tant dans le fond que la forme.

Maïa Aïda (12)Dans les moments d’émotion, voici « Ringo » chanson dédiée à Pierre Barouh, dont la voix off raconte sa vie d’éternel promeneur, au gré des rencontres, ainsi cette façon de faire du stop et de prendre la première voiture qui s’arrête qu’elle aille vers le Sud ou vers le Nord, pour chercher l’ami qu’on ne connaît pas encore.

C’est un show total, avec des parenthèse poétiques, des séquences hybrides entre hip hop et chanson-cri, une revendication de son état « entre deux » riche mais parfois inconfortable … C’est peut-être pour cette raison que de nombreux musiciens et compositeurs sont métissés de plusieurs cultures …

Et voici le court métrage, par Sara Amie Barouh (la « petite » sœur) qui montre ce qu’est l’esprit de ce spectacle.

https://www.youtube.com/watch?v=jA_WNzG7doY

et dans celui-ci la flûte qui chante
https://youtu.be/SWJ0k9p1DCQ

extrait de Kodama

https://youtu.be/8HkiEeIZZkY?list=RDEMA4az8ykAMZ650bjgtU55Dw

Et pour quelques images de plus, photos ©NGabriel2022

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Norbert Gabriel

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