Archive | avril, 2022

Sortie de l’album live de Zoé sur le Pavé : entretien avec Pablo, chanteur et guitariste

28 Avr

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Troisième production sonore du groupe Zoé sur le Pavé, l’album live éponyme vient de sortir. Coutumier de la musique de rues où il a rencontré son public, le groupe a su le fidéliser au fil des scènes depuis une décennie, avec son énergie cinétique scénique, son instinct généreux et partageur, et sa Chanson française populaire et festive, colorée de musiques folkloriques du Monde, sud-américaines et balkaniques entre autres, ensauvagée de références et d’esprit Rock alternatif, et dynamisée de Swing, qui s’ancre dans la terreau où ont fleuri des groupes comme La Rue Ketanou, tout en plongeant quelques racines à des sources exotiques, pour en irriguer les veines de sa musique. Ces veines qui enflent dans les tempes, vibrent au raz des tympans et palpitent au cœur, pour nous entrainer loin, au coin de ces rues qui ont la magie de nous amener bien ailleurs qu’au bout d’un chemin. Groupe de scène irrésistible, Zoé sur le Pavé, après un premier album et un Ep, se devait, et devait sans doute au public, cet enregistrement live qui grave l’histoire de dix ans de chansons et le fait entendre dans l’expression la plus fidèle à son âme : face au public. Le chanteur et guitariste Pablo acceptait de nous accorder un entretien pour en parler.

– Pablo, bonjour et merci de cet entretien. Peux-tu nous raconter l’origine de la formation de Zoé sur le Pavé, dont cet album vient graver et récapituler un peu l’histoire ?

– Pablo : Le groupe est né d’une rencontre entre moi et le premier accordéoniste, Michel, en Argentine. On est rentrés en France quelques mois plus tard, et on a pris une collocation. On a commencé à faire de la musique ensemble. Et un an plus tard on était en train de jouer dans les rues de Bordeaux. Une petite fille, avec sa maman, est apparue devant nous, et elle était complètement à fond à danser avec son énergie ; ses pleurs au moment de partir nous ont touchés. Elle nous a fait le spectacle en entier! Elle s’appelait Zoé, et comme nous cherchions un nom de groupe, on s’est dit que c’était un beau clin d’œil, pour représenter cette palette d’émotions qu’on met dans notre musique, et « sur le pavé », parce qu’on jouait pas mal dans les rues. Voilà les touts débuts du groupe. Nous avons composé la chanson « Zoé sur le pavé » quelques temps après, pour raconter l’histoire de cette petite fille, en imaginant qu’elle grandirait ensuite et deviendrait une femme différente ; et c’est en même temps l’histoire du groupe et de cette rencontre que cela raconte. Nous avons joué à deux pendant peut-être six moi-un an, et puis Jo, aux percussions et à la batterie nous a rejoints assez vite. Le groupe a vécu plusieurs changements de musiciens. Ludo à la basse et Julien au saxophone sont restés. Après le départ de Michel, il y a eu un autre accordéoniste, puis Florent désormais, qui joue aussi d’autres instruments, la guitare électrique et l’harmonica entre autres.

– L’album, très fourni, offre plus de quinze morceaux de votre répertoire  à écouter, représentatifs de votre éventail de palette sonore et aussi des différentes années vécues par le groupe. L’enregistrement se compose d’extraits de plusieurs concerts regroupés ensemble et pourtant d’un point de vue sonore donne à entendre une hégémonie. Est-ce l’expression d’une cohérence conservée intacte au fil des scènes ?

– Pablo : Le disque est un montage. On a sélectionné les extraits de quatre live pour confectionner l’album. On souhaitait cela pour faire suite à notre premier album de 2015, enregistré avec l’ancienne équipe de Zoé, et un EP, « Pura Vida », en 2017 avec la nouvelle équipe, et offrir un disque live, car nous sommes un groupe de scène et de rues avant tout. C’est Laurent, que tu connais, qui a réalisé, mixé et mastérisé l’enregistrement. Si tu veux, ce projet auparavant était un groupe, dont chaque membre avait un métier à côté, et on se retrouvait les weekends et en vacances pour partir jouer. Lorsque nous avons rencontré Laurent, il y a trois ans, puisqu’il s’occupait de Barthab [ici] et du groupe Transat [ici], nous avons compris que la manière de procéder de Laurent correspondait à notre vision des choses. Comme ce projet avait un certain passif, au niveau des concerts avec le public, on s’est dit qu’un album live serait représentatif de notre musique. On a quand même réussit à faire des dates et des concerts malgré la période de pandémie, et à enregistrer le son. Il y a deux interludes qui ne sont pas vraiment des chansons. L’album retrace vraiment l’histoire de Zoé : il y a des chansons qui ont été créées dès le début comme « Nos traditions » et « Zoé sur le Pavé », des titres qui n’avaient jamais été enregistrés et des compositions plus récentes. Ce disque retrace l’histoire de nos dix ans de chanson. Et c’est aussi pour pouvoir quelque part tourner la page de ce qui a été fait, et en écrire une nouvelle. On recommence à composer et arranger ensemble et ça fait évoluer les chansons. C’est un peu graver un bout d’histoire pour nous, pour passer à autre chose, à écrire ensemble. Et c’est intéressant, parce qu’on a tous des influences musicales différentes : on a un batteur qui est assez Metal, un saxophoniste qui adore le Jazz, un bassiste un peu rockeux, et notre accordéoniste est multi-influences et assez Chanson, comme moi. Au début de la pandémie, on n’a pas pensé profiter de la pause absolument pour se mettre en studio et composer ; on a même plutôt bien réussit à continuer de jouer. Mais fatalement chacun a vécu des choses personnelles particulières durant cette période et on a eu des choses à dire et composer ensemble. On a quand même du faire une quarantaine de dates sur deux ans. Pour ce qui est des compositions, on fait eu peu à la manière de La Rue Ketanou : on les créé, on les joue, et après on les enregistre. Ca parait normal de procéder ainsi, parce que c’est en jouant le morceaux qu’on voit comment il évolue et vit en public. Maintenant il faudrait aussi qu’on fasse un peu plus de com vidéo, car on n’a pas sorti beaucoup de clips. On voudrait faire un clip live par exemple pour mettre un  peu de matière à disposition sur internet. Et puis même si on est un groupe de scène, il faut quand même donner un peu de matière aux organisateurs et programmateurs pour chercher des dates. On peut le comprendre ; nous aussi on fait un peu pareil finalement lorsqu’on choisi un festival, on va voir des vidéos pour voir un peu comment les choses s’y passent.

– On entend des influences folkloriques latino-américaines, est-européennes et « jazzy » aussi dans votre musique. Est-ce que la fusion et le mélange des musiques populaires est une dimension revendiquée ?

– Pablo : Oui, on  a ramené ça de nos voyages. Je suis allé deux fois en Amérique latine. C’est un continent qui me tient à cœur et me touche vraiment ; j’ai des racines espagnoles, et c’est vrai que là bas il y a aussi cette culture. Les paysages me touchent. Donc il y a effectivement cette influence dans notre musique. Mais Zoé sur le Pavé compose des musiques inspirées de voyages en général ; c’est une source d’inspiration pour créer. Et ça transpire dans notre musique. Et là, ça commence à manquer, les voyages, depuis cette période à restés confinés et enfermés. Mais maintenant on va essayer de s’exporter ; nous avons des propositions pour partir jouer en Allemagne, et puis on aimerait bien aller au Canada. L’idée de jouer hors France nous plait, même si ce n’est pas évident lorsqu’on chante des paroles en Français. Si on peut voyager avec ce projet, qui est aussi une occasion pour partager des moments et se balader, ce sera superbe. Après, Zoé reste de la Chanson Française créative, j’ai envie de dire, c’est-à-dire une base de texte en Français et de musiques d’ici, mais influencées et inspirées parfois de Musiques du Monde, de musique sud-américaines, mais aussi de folklore traditionnel des Balkans, et aussi par des musiques plus modernes, le Rock, le Swing, la guitare électrique qui amène un coté Mano Negra. Ca navigue pas mal, mais ça reste de la Chanson,  entre acoustique et Rock : le batteur prend le cajon ; on espère qu’un jour notre bassiste nous fera un peu de contrebasse…

– Ludo : ↕Ça ne va pas rentrer dans le camion!

-Votre musique évoque irrésistiblement des groupes qui ont séduit le public avec une Chanson populaire festive, comme La Rue Ketanou. Vous sentez-vous de la même famille d’esprit ?

– Pablo : Tout à fait. Ce sont des groupes qui me parlent. D’ailleurs on s’est toujours un peu suivis ; on a réussit à jouer avec eux récemment et on espère pouvoir recommencer. La Rue Ketanou, mais aussi des groupes comme les Hurlements d’Léo ou Les Ogres de Barbak, ces groupes de Chanson, inspirés de l’esprit Rock, naviguent dans notre style. C’est un coup de cœur. Après on nous fait souvent la remarque que notre style manque un peu d’originalité, dans ce registre là, mais c’est la Chanson que nous aimons, et notre originalité est dans ce que nous  mettons sur scène : on rend la scène très vivante, et on fait du travail scénique ça avec des amis, donc dans une démarche qu’on pourrait qualifier d’un peu théâtralogique. Faire vivre la scène, mais encore plus que ce que pourrait faire un groupe de Chanson est un des ponts importants dans nos spectacles.

– Le fait d’avoir démarré et de continuer en jouant dans les rues est souvent commun aux artistes chez qui ont sent une générosité et un sens du partage très intuitifs. Est-ce que selon toi cela apporte quelque chose de plus particulier, dans la capacité à improviser et interagir avec le public ou savoir l’attraper ?

– Pablo : Tout à fait. Le fait d’avoir joué beaucoup dans la rue et de faire des musiques de rue a un côté théâtre ambulant ouvert : il se passe toujours quelque chose, et tu peux rebondir dessus et créer à chaque instant de nouvelles choses dans l’interaction avec le public, et t’inspirer des passants. Il y a un entrainement énorme à faire, et ça apporte des choses que la scène n’apporte pas : savoir jouer avec l’imprévu, la découverte. C’est un livre ouvert et c’est à nous d’écrire les chapitres. Malheureusement on n’a pas pu trop en faire ces dernières années, et ça manque. C’est beaucoup plus compliqué maintenant, mais c’est aussi la société qui veut ça ; il faut des autorisations. On a eu des copains qui se sont fait embarquer leurs instruments par la police. Évidemment pendant les confinements, t’imagines qu’ils étaient à bloc contre les musiciens de rue. Mais on garde ça en nous et le but serait d’en refaire dès qu’on pourra. Ce serait bien de se placer aussi des festivals de théâtre de rue, rejoindre des villes comme Sarlat, Aurillac.

 

– Est-ce le programme des prochains mois ?

– Pablo : L’hiver prochain on retourne donc au studio avec Laurent, pour enregistrer des choses et surement inviter des amis à nous. Pourquoi pas le groupe Les Yeux de la Tête, que j’invite les gens à découvrir d’ailleurs, si on aime notre style, la Chanson festive aux accents du Monde. C’est vrai qu’on a eu de la chance de rencontrer Laurent, car on a la même vision des choses, quant aux soucis de proximité, de contrôle  de A à Z par l’autoproduction. Laurent a fait beaucoup de travail ; il a vraiment eu plusieurs rôles en même temps pour le groupe, et c’est en grande partie grâce à lui qu’on a pu développer la chose ainsi. Et puis il a un réseau de contacts, de gens assez « simples » dans le bon sens du terme, pas forcément de gros festivals, mais toujours de belles rencontres humaines avec de beaux moments à partager, en marge du système commercial industriel, un peu atypiques. Musicalarue à Luxey, par exemple, c’est mon festival préféré depuis dix huit ans. On a du y aller une dizaine de fois. On y a joué. Il est sur qu’après deux ans de covid tous les festivals ont besoin de peut-être plus de programmer des têtes d’affiche pour refaire venir le public et amortir aussi financièrement la période de temps mort, mais Musicalarue conserve son esprit et sa manière originale de fonctionner. Et le lieu a une vie hors festival aussi, où ils font des résidences et des petits concerts. Dans l’immédiat, on va continuer à faire des dates et jouer un maximum.

 

Miren Funke

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Liens : site : https://www.zoesurlepave.com/

Facebook : https://www.facebook.com/ZoeSurLePave/

Financement participatif du projet collectif « Intérieur Queer » de Valérie Bour, quatre jours restants…

25 Avr

Interieur queer

Valérie Bour, partie de France Inter pour vivre l’aventure de la création à laquelle elle a pris goût il y a quelques années désormais, avec la mise en œuvre de spectacles pour la jeunesse et l’écriture de textes ou chansons, souvent orientés vers la défense d’un engagement à caractère social, humain ou écologique, a lancé il y a peu un financement participatif pour un projet inédit destiné à mettre en lumière la cause LGBT+ : « Intérieur Queer ». Le recueil de nouvelles, préfacé par Jil Caplan, rassemblera des textes d’auteurs, anonymes ou plus connus, mais qui ont en commun d’être concernés et alliés de la cause LGBT+, et dont les fictions racontent et imaginent aussi les épreuves bravées, les souffrances endurées, les moments de solitude ou de désespoir traversés sans doute, pour avoir fait le choix d’assumer ses gouts amoureux, et simplement son choix de vivre selon ce qu’on ressent de sa nature ou son identité profonde et intime. C’est sous le signe de la polychromie émotionnelle, colorée de tendresse, de douleurs, d’humour aussi, et de beaucoup d’amour de la vie qu’ « Intérieur Queer » se donne pour mission de conscientiser nos concitoyens sur l’injustice faite, à certains d’entre nous, que leur soit interdit ou rendu impossible de vivre et aimer comme ils l’entendent, et d’ouvrir les voix et la voie de la tolérance, du respect, et aussi du sens du devoir de secours aux victimes de persécutions et violences. Le financement initial du projet est atteint, mais tous les bénéfices dégagés par les souscriptions supplémentaires étant cédés à des associations de protection et soutien, il est urgent (4 jours restant) d’y contribuer pour participer à ce bel élan, là :

https://fr.ulule.com/interieur-queer/

Et Valérie Bour a accepté de nous en parler ,

– Valérie bonjour et merci de cet entretien. De quelle initiative est né ton projet ?

Ça fait quelques années maintenant que j’écris des histoires, des chansons et des spectacles jeunesse. J’avais envie d’un nouveau défi : écrire à quatre mains pour un autre public. J’ai tout de suite pensé à brancher Isabelle Serve sur ce projet. Elle est auteure, journaliste et correctrice. Lorsqu’elle a accepté, le thème s’est imposé parce qu’elle est très investie dans la cause lgbtq+. Elle a fondé une association, God save the queer, à Dieppe, et agit vraiment sur le terrain. Par le biais de cette structure, elle fait de la prévention dans les écoles, elle organise des animations et festivals queer et aide ceux qui en ont besoin, psychologiquement et aussi plus concrètement. Bref, je trouve ses actions admirables et j’avais envie de les soutenir, à mon niveau, avec mes moyens, l’écriture, le divertissement. On s’est entourées de plumes qui chatouillent, qui piquent, qui caressent, qui grattent car chaque approche est différente. C’est ce qui fait la richesse de ce recueil de fictions qui ne laissent pas indifférent.

– Quel propos ou message particulier voulais-tu exprimer relatif à cette cause ?

Pour moi, les messages sont clairs mais je me rends compte depuis quelques semaines que la démarche n’est pas évidente pour tout le monde. Il s’agit de faire tomber les murs, de montrer que les histoires d’amour sont universelles, que les tabous méritent de disparaître. Je suis un peu utopique mais j’ai envie de croire que la solidarité et la tolérance auront raison des préjugés et de la violence dont souffrent toujours trop de gens. C’est paradoxal peut-être de pointer du doigt une communauté pour son droit à l’indifférence ! Mais c’est comme les restos du cœur, ça ne devrait même plus exister aujourd’hui !Personne ne devrait pouvoir accepter l’idée que des jeunes, ou des moins jeunes, se fassent tabasser, se retrouvent à la rue, se fassent insulter, harceler, rejeter parce qu’ils assument simplement ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes.

– Soutenir cette cause passe pour toi non seulement par y apporter un éclairage, mais également lui céder les droits. Où ira le bénéfice financier dégagé ?

Avec le collectif de créateurs, qu’ils soient auteurs, compositeur, graffeur, graphiste, ou Jil Caplan qui signe la préface, on cède nos droits pour que les bénéfices soient reversés à des associations de luttes contre les discriminations comme SOS homophobie ou le Refuge. Désormais, on a atteint la somme nécessaire pour imprimer le livre. Ça veut dire que toutes les commandes à venir vont pouvoir générer un don. L’aventure ne fait que commencer!

Lien du financement : https://fr.ulule.com/interieur-queer/

Miren Funke

Tentative de description d’un concert de chansons Salle Pleyel en 2022: ZAZ …

18 Avr

1-ZAZ Pleyel AAA réduitIl arrive qu’on aille au concert avec le sentiment pré établi qu’on va passer un bon moment, la Salle Pleyel étant une garantie de spectacle réussi. Et il arrive qu’on ressorte ébloui par un moment exceptionnel, une heure quarante sans temps faible, un spectacle tout en pleins et déliés, des ballades sensibles, du swing virevoltant, des nuances rock, de la chanson française stricto sensu, avec un quintette de musiciens de haut niveau dans tous les registres, une artiste qui chante et qui danse sans une once d’essoufflement ni de baisse de régime, avec une parfaite maîtrise de son art, plus des lumières à la Rouveyrolis et un son parfait, du gros son, mais jamais assourdissant, et dans une perception impeccable de ce que dit l’artiste .. C’est le départ de l’Organic Tour de Zaz, prévu en 2021 et remis pour les raisons que l’on sait. Nous étions deux, ( plus la salle bien remplie) avec des points de vue parfois différents mais qui se rejoignent sur la qualité d’un spectacle, quels que soient nos goûts, et là, on était d’accord, c’est un des plus beaux concerts de ces dernière années. Tant sur le fond que la forme.

Une observation sur un point qui m’avait échappé, il faut une belle préparation physique pour réaliser ce qui est une performance physique et vocale toute en légèreté et sans qu’on sente l’effort,  sans artifices discutables, pour l’image, comme ce rocker français qui buvait un whisky chaud pour entrer en scène en sueur … Au cours du spectacle, quelques chansons et commentaires remettent en perspective ce qui est la philosophie de vie de Zaz, sans emphase, sans affectation, des mots simples et précis, car ce qui se conçoit bien s’énonce clairement , et les mots pour le dire arrivent aisément …

Ensuite toujours dans une objectivité factuelle, on peut dire  que la voix a évolué, dans une tessiture plus étendue vers les médiums-graves, sans avoir perdu en puissance et clarté.

Enfin, en subjectivité personnelle, je peux dire que j’ai rarement vu un spectacle aussi réussi, comme Véronique Sanson dans ses meilleurs jours, comme Bernard Lavilliers, ou Thiéfaine, certaines chansons m’ont fait penser à Diane Dufresne …

Au final, la foule réclame un rappel, et surprise, ce ne sera pas le tube multi rabâché mais une chanson moins connue, avec un orchestre à cordes, dix instrumentistes qui seront cités un par un,  la plupart  du temps on donne le nom du groupe, avec bien sûr les musiciens habituels et toute l’équipe, en tout une trentaine de personnes sans mémorandum ni hésitation … C’est assez rare .

Last but not least,  comme disait Shakespeare à Pierre Dac (ou Mark Twain?) Zaz sera la vedette d’une comédie musicale sur Edith Piaf, au vu du spectacle d’hier, dans ses diverses nuance, ça me semble très crédible..

Pour finir, une anecdote :

Yves Jamait avait offert à Zaz, à ses débuts, de la prendre en première partie. Entre temps elle a explosé avec un énorme succès « Je veux ».  Devenue plus connue que lui,  elle a  tenu ses engagements et chanté dans ses concerts,  et lorsqu’il lui a proposé cette chanson, elle a de suite dit « OK ». En voilà le résultat: un joli duo, à leur image ! 

https://www.youtube.com/watch?v=zIyxfQvGih0

et pour finir, cette chanson sensible qu’on peut entendre à plusieurs niveaux

Si jamais j’oublie …
https://www.youtube.com/watch?v=5ZDsCJ4rGD4&list=RDEMNv3k4pq5bQVd1RUwmAnvHA&start_radio=1&rv=zIyxfQvGih0

Norbert  Gabriel

Financement participatif du nouvel album de Dewis Mira, l’artiste qui engage la poésie française sur les traces des pionniers de la Folk mélancolique

17 Avr

Dewis Mira

Le chanteur auteur-compositeur Dewis Mira nous avait accordé un entretien pour la sortie de son premier album « It’s Never Too Late » [Lire ici], titre en Anglais en raison d’un hommage à l’artiste folk britannique Nick Drake, mais qui dissimulait un album de chansons francophones, et révélait la poésie d’un artiste qui engage sa plume, sa langue française, sa voix et sa guitare dans les traces des pionniers de la Folk mélancolique. L’artiste autoproduit, via sa propre structure, qui s’est également construit  son studio d’enregistrement, dans un souci d’indépendance, d’authenticité, et d’intégrité de son idée à aboutir, a lancé il y a peu un financement participatif pour précommander son prochain album en cours de réalisation ici : https://www.helloasso.com/associations/sdl04-production/collectes/nouvel-album-de-dewis-mira

Et des idées, l’homme qui ne cache pas ses opinions, et assume ses réflexions et raisonnements, en a. Du propos aussi. C’est donc tout naturellement que nous avons proposé un nouvel entretien à cet artiste qui est de ceux qui savent prendre des risques, et avancent avec une conscience claire et profonde, sans se compromettre en concessions qui vident l’art de son âme.   

– Dewis, bonjour et merci pour cet entretien. Tu as lancé un financement participatif pour produire ton nouvel album. Peux-tu nous en parler ?

– Lors de l’enregistrement du dernier album, j’avais déjà l’idée ou le concept de ce que j’allais faire ensuite. Il y a plusieurs années que je suis sur l’écriture. Je suis partisan de soigner particulièrement l’écriture, et cela prend beaucoup de temps. Il faut du temps pour avoir l’inspiration, et lorsqu’elle est saisissable, cela peut arriver n’importe où, n’importe quand. Il faut saisir à la volée. L’écriture a du prendre trois ou quatre ans en tout et pour tout.

 Je pense que ça va être plus épuré que le premier album. Ce sera plus acoustique, avec la voix, la guitare et les textes mis en avant. Côté intervenants, il y aura un travail particulier sur les chœurs, avec notamment Aurore Guintoli, chanteuse soprano qui sortira de ses habitudes opératiques tout en apportant cette atmosphère lyrique… De la basse et du clavier avec mon compagnon de scène Peter Dale, des arrangements de cordes, ainsi que quelques arrangements subliminaux avec des instruments issus de musique du monde ou autres…. J’avais en tête quelques sonorités, donc je suis en train d’essayer plusieurs instruments.

– Qu’entends-tu par « subliminaux » ? Sous mixés juste pour apporter quelques  pigments à la couleur du son?

– C’est ça : juste pour apporter des couleurs, pour former l’atmosphère, mais sans que ce soit très présent, car je veux vraiment rester accès sur le texte et la guitare. Tout ce qui va venir autour sera uniquement pour embellir, comme de petites cerises sur le gâteau.

– Tu abordais déjà des thématiques engagées sur ton premier album ; on imagine que la période que nous vivons foisonne de sujets par lesquels on se sent concernés et conscientisés. Cela t’as-t-il inspiré des chansons ?

– Comme je le disais il n’y a pas longtemps, lors d’une interview radiophonique: Oui et non! On ne peut pas me mettre l’étiquette de chanteur engagé au sens où je ne fais pas que ça. Maintenant je ne peux pas dire que je ne le suis pas, puisque je ne me cache pas de mes opinions, par complaisance ou pour des raisons commerciales ou autres… Dans mes albums il y a toujours quelques titres engagés ; sur le premier album il y avait « Dans le néant » qui parlait de la pollution et de l’écologie, « Retraité » qui parlait de l’injustice sociale. Il y aura évidemment des titres engagés sur le prochain opus, mais il n’y aura pas que ça. Beaucoup de poésie, de philosophie, de sentiments. Les textes seront plus travaillés encore ; on a poussé plus loin. Les titres sont assez longs, avec beaucoup de choses au niveau harmonique aussi. Je vais encore plus profond dans le style Chanson Folk. Ça va être un album très vrai, très acoustique, axé sur les textes.

Je pense qu’il y aura neuf titres, ce qui en fait est assez important, car les chansons sont longues. On n’est pas du tout dans l’optique de faire un album commercial avec des chansons à format radiophonique. Je ne cherche pas à faire de tube ; ça n’a jamais été mon but. Je veux vraiment être au service de la musique et au service des morceaux. Les morceaux seront profonds, ils auront des choses à dire. Certains passages seront inspirés de musique celtique… Aujourd’hui la mode est un peu à la multiplication des singles et autres EP, pour pouvoir proposer des titres courts à mettre dans des playlists et être diffusé un maximum sur les plateformes. Ça permet aux artistes d’être mieux référencés. Mais je suis désolé, je suis un artiste un peu à l’ancienne. Et pour moi un album est une œuvre à part entière. C’est indispensable de faire des albums, même si c’est colossal en terme de travail, de budget, et qu’il est difficile d’avoir des retours rapides à la hauteur de tout ça. Chacun fait ce qu’il veut, mais pour moi, on ne fait pas de la musique ou de l’art pour des raisons commerciales. Si on trouve son public et que le succès vient, tant mieux. Mais ce n’est pas pour cela qu’on fait ça. On aime plein d’artistes très talentueux qui n’ont que peu été reconnus de leur vivant, mais l’ont été post-mortem. Dans tous les artistes que j’adore, il y en a énormément pour qui ça a été le cas. Ils ne pratiquaient pas leur art dans cette optique là. Autrement, on en arrive à ce que l’on peut entendre aujourd’hui sur les gros médias : des choses insipides, sans profondeur et qui ne servent pas à grand-chose. Je pense que l’art a un important rôle socioculturel, et je me sens comme investit d’une mission : pour moi c’est quelque chose d’important ; je ne fais pas un peu de musique juste pour m’amuser. Parce qu’en tant qu’auditeur moi-même, c’est comme ça que je ressens le rôle des artistes que j’aime : j’ai été profondément touché par certaines musiques, certains bouquins, certains films, qui changent ma vie et ma vision. Je trouve que c’est très important de faire les choses comme il faut avec un but sain. Alors après évidemment j’ai envie que ma musique soit entendue le plus possible. Je partage beaucoup, j’essaye de porter le propos aussi avec de beaux visuels. Mais je ne changerai pas mon écriture dans un but commercial.

– Et tant mieux! Il existe suffisamment d’artistes qui se contraignent à orienter ou réorienter leurs projets et propos en fonction d’impératifs financiers ou politiquement corrects, pour obtenir des subventions ou intégrer tel ou tel label…

– C’est encore plus grave. Parce que là, on parle de subventions attribuées par des organismes qui sont financés par l’état, et donc par notre argent. Et qui devraient être là pour soutenir la culture, alors qu’en faisant ça, ils soutiennent le commerce ou font de la politique. Évidemment je ne suis pas un hurluberlu qui ne comprend pas qu’il faut aussi un certain sens du commerce ; j’ai été moi-même artisan-commerçant très longtemps. Mais la vie, ce n’est pas du business, et l’art encore moins. Je crois à l’inverse que c’est à force de travail et de créativité qu’on arrive à quelque chose. Je n’ai jamais cherché à devenir gros ou très connu. Je demande juste de pouvoir continuer à pratiquer mon métier dans de bonnes conditions, partager avec un public qui s’intéresse vraiment à ce que j’écris. Encore une chose qui est un peu bizarre, c’est que pour obtenir une des principales aides à la création d’album, il faut avoir auparavant produit son album! Et ce n’est qu’ une fois qu’il est terminé, que l’on peut candidater. Cela signifie que tous les petits artistes qui n’ont pas les moyens de produire leur album et auraient besoin d’une aide sortent du cadre! On en revient toujours à l’argent comme nerf de la guerre. Et puis des salles de spectacle participent à ça également, pas toutes heureusement, mais quand un lieu te répond: « on a beaucoup aimé votre album », mais on ne peut programmer que des artistes ayant une certaine notoriété… Ça signifie qu’ils ne vont programmer un artiste que s’ils sont sûrs de remplir la salle. A un moment donné, il faut aussi assumer son rôle, et cultiver un public fidélisé au lieu, curieux, à qui proposer des découvertes ; c’est un peu leur job quand même… Quitte à faire jouer des artistes peu connu en première partie d’artistes plus renommés. Mais ça se propose de moins en moins. Au mieux on leurs propose la salle en « off », c’est-à-dire qu’on vous prête la salle, mais il faut se débrouiller avec toute la communication, la diffusion, la publicité et les frais d’organisation, sans être accompagnés… Sans parler des coproductions….Et puis il faut absolument pouvoir se définir comme de tel style particulier, sans quoi telle salle ne vous prendra pas… On semble avoir oublié que l’art est libre… Qu’il n’a pas vocation à être mis dans des cases de façon systématique… Sans compter toutes les petites salles qui touchent des subventions d’état et ne font jouer que les copains, où on voit toujours les mêmes têtes. Le milieu n’est pas facile… Alors maintenant, avec la pandémie, il y a en plus le problème de tous les artistes déprogrammés durant deux ans, dont les dates ont été reportées. Donc certaines salles et festivals ont deux ou trois années de bouclées, et d’autres ont carrément disparu… Autant de sujets dont on entend peu parler et pour lesquels aucunes propositions ne sont faites…

Je crois au pouvoir de bouger les consciences, et je sens qu’il y a un partage philosophique avec les gens du public. D’ailleurs ils viennent en discuter à la fin des concerts. Et je vois dans leurs yeux qu’ils écoutent vraiment les textes.

– C’est pour ça qu’on aime les artistes comme toi qui persistent à faire de l’art de manière et avec un esprit artisanal, si on peut dire. Serait-ce ainsi que tu te définirais ?

– Je ne suis pas du tout pour la modernité telle qu’on l’entend, qui, pour moi, est contraire à une évolution. Si aujourd’hui on n’a toujours pas compris, avec le nombre de guerres qu’il y a eu dans le monde, de génocides, d’incidents nucléaires, de tortures des femmes -on a tout vu chez l’être humain-, après tant de millions d’années d’évolution, qu’une des règles les plus élémentaires de la vie est qu’on a chacun droit à son opinion et à vivre sa vie comme on l’entend, parce qu’après tout, de ce qu’on sait, on n’en a qu’une… On n’a rien compris à la vie! On n’a toujours pas compris les fondements de la vie. Aujourd’hui, tu vas proposer ton aide à quelqu’un, il va trouver ça bizarre, ou se demander de suite qu’est-ce que ça cache, où est le calcul. C’est pour ça que la simplicité belle de l’acoustique m’attire. Le monde fait  déjà assez de bruit, est déjà assez énervé et superficiel. On a besoin de choses simples et profondes. Avec une certaine authenticité. En tout cas c’est ce dont j’ai besoin, et j’espère que c’est ce qui va transparaitre à travers mon nouvel album. C’est aussi pour ça que j’ai construit mon propre studio d’enregistrement. Car bien qu’ayant travaillé avec des professionnels du coin pour mon premier opus, c’est très difficile ; tout le monde veut un travail du son formaté comme ci ou comme ça. Je trouve ça dommage. Tous les plus grands précurseurs qu’il y a eu en art, mais aussi dans tous les domaines, sont ceux qui à un moment on imposé leurs idées, en refusant d’arrondir les angles ou de se formater pour que ça passe. C’est important de pouvoir avoir une liberté artistique totale.

 

– Pour toi, est-ce une autonomie matérielle indispensable pour créer ?

Oui. C’est pour cela que j’ai monté mon studio, pour pouvoir tout y faire, de A à Z. Je suis carrément en haut de la colline dans un presque hameau, avec pour voisins des poules et des chèvres, et comme environnement d’écriture, c’est fabuleux. Je me suis formé pour pouvoir devenir ingénieur du son ; j’ai travaillé un an et demi pour construire le studio, et ça a été difficile. Mais j’ai mon environnement de travail qui est vraiment exactement comme je veux. Le travail qu’on nous demande en termes de publicité, de démarchage, de présence sur les réseaux est déjà énorme. Si en plus quand on fait sa musique, il faut passer son temps à tout retoucher, formater…Ce n’est pas ça la musique. La musique, c’est des sentiments ; c’est des intentions. Aujourd’hui, la plus grande partie de ce qu’on écoute est parfait, froid, insipide, et c’est trop parfait. Et en plus ça nous bloque en tant qu’artiste, on arrive pour jouer dans un endroit, on a l’impression qu’on ne va jamais y arriver, qu’il faut être une machine…On se bloque tout seul. Alors qu’il vaudrait mieux se laisser porter par les sentiments, par l’humeur du jour, et laisser les choses sortir. Même si le rythme bouge un peu à un moment, parce qu’on l’a senti comme ça, ou qu’il y a quelques petites imperfections…Et alors! Les trois quart des artistes que j’aime et écoute, sont, sur les enregistrements, totalement imparfaits, magnifiquement imparfaits. Si on écoute le fameux « Harvest » de Neil Young, légendaire, un des albums les plus vendus et écoutés au monde, c’est totalement imparfait, mais cette imperfection là, j’aimerais bien savoir la faire. C’est magnifique, honnête, les sentiments sont vrais, la voix est avec ses qualités et ses défauts. Le jeu des musiciens est vrai… Ce n’est pas retouché de partout. Et d’ailleurs on a souvent des surprises, avec ces albums retouchés, y compris chez de « gros » artistes, entre l’album et le live… Il y a beaucoup recours à la retouche aujourd’hui sur les grosses productions, y compris en live. C’est une catastrophe d’utiliser un « vocal tune » en live. On ne peut pas faire plus faux.

– Ce que tu évoques est vrai : on constate souvent, après concert, que des artistes ne sont pas satisfaits d’eux-mêmes ou se mettent sous pression, parce qu’il y a dans l’auditoire certains professionnels ou programmateurs présents et que quelques imperfections ou accidents se sont produits dans leur spectacle, alors qu’en fait, tout le reste du public, même s’il entend les incidents et les imperfections, n’y accorde pas tant d’importance, parce que l’important pour des auditeurs, c’est de vivre et partager des émotions et un moment où il s’est passé quelque chose. Pour nous, c’est bien plus important que d’écouter un artiste parfaitement propre, techniquement impeccable, mais qui n’atteint pas le cœur des gens. Est-ce un retour que tu as de temps en temps du public ?

– Exactement. C’est vraiment quelque chose dont on devrait arriver à se défaire. Et tout mis bout à bout, non seulement on ne peut pas passer le temps qu’il faut à travailler nos instruments, parce qu’on doit être multitâches, mais en plus on se met une pression qui nous bloque. Les plus beaux albums, les plus beaux artistes, parfois parce qu’ils se sont mis à l’écart comme moi, au vert comme on dit… Sont ceux qui sont capables de s’éloigner de tout ça, d’oublier toutes ces pressions. C’est dans ces moments là qu’on peut trouver un peu de grâce. Dans la vie qu’on vit actuellement, il n’y a plus de place pour la philosophie, pour la poésie, pour les émotions tout simplement. C’est plus facile à dire qu’à changer ; j’en ai conscience. Mais il ne faut pas oublier que, contrairement à ce qu’on croit, chacun chez soi peut changer le monde petit à petit. C’est là que vient le rôle de l’art et de l’artiste. Lorsque j’arrive à prendre le temps de discuter avec une personne en concert, et qu’elle a pu, le temps d’une soirée, avoir autre chose, un autre point de vue sur un sujet dont son quotidien ne parle pas. Le sens de la vie et de la mort, de ce qui se passe entre les deux, toutes ces questions qu’on ne se pose plus trop. Ça fait du bien et ça participe a changer le monde…

Miren Funke

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Liens :

Financements participatif de l’album : https://www.helloasso.com/associations/sdl04-production/collectes/nouvel-album-de-dewis-mira

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