C’est le neuvième album de Pierre Delorme qui vient de sortir, un album comme un bilan, un état des lieux au soir de la vie, comme les confidences d’un ami, entre chien et loup. Quinze chansons qui font le tour d’une vie bien remplie, des souvenirs d’enfance jusqu’aux Vestiges d’un monde disparu. Seul avec ses guitares qui enroulent leurs mélodies autour des mots, et font corps avec la poésie, mélancoliques ou guillerettes,selon les chansons :
« Je suis issu d’une génération dont le goût s’est formé à l’écoute des chanteurs à la guitare, ils étaient nombreux à l’époque, de Bob Dylan à Brassens, en passant par Guy Béart, Graeme Allwright et d’autres. Cette image de chanteur avec une guitare nous a frappés énormément. Il y en avait des tas, des sortes de bardes qui chantaient du texte et des idées, cette manière de concevoir la chanson ne m’a jamais quitté.«
et la voix claire et sonore de Pierre Delorme. Comment ne pas être touchés par ces chansons, quand on fait partie de la même génération,qu’on a regardé le temps passer en voyant sa mère tricoter,
« je la voyais parfois sourire »,
qu’on a aussi écrit des vers de mirliton dans notre adolescence, et connu les livres de poche, que les chansons ont illuminé nos vies,
» S’il est vrai qu’il est un paradis / que j’emporte dans ce jardin fleuri / ces chansons ces quelques notes qui / à jamais illuminèrent ma vie.« ,
qu’on a les mêmes questionnements, la même peine devant un arbre mort, et que l’on peut dire à l’unisson :
» Voilà que l’âge m’oblige / passées les septantes piges / à veiller sur les vestiges / d’un monde disparu. »
« mais nous voici sur les genoux…Mais nos mains sont des feuilles mortes / nos rêves sont trop lourds pour nous / que la jeunesse les emporte / pour qu’ils restent à jamais debout. »
Il est temps de passer la main, mais aurons nous assez connu ?
« aurais-je assez prêté main forte / à ceux-là qui levaient le poing / aurais-je assez ouvert ma porte / à ceux qui en avaient besoin.«
Aurons-nous aimé les mêmes Chansons françaises ?
« Les chansons dorment sous les rêves / qui attendent qu’on les soulèvent / rêves de paillettes et d’argent / de margoulins ou bien d’enfants / elles se donnent à qui les embrasse / au premier inconnu qui passe. «
Mais Laissons nous bercer :
» Une belle étoile fileuse / traverse la nébuleuse / la terre n’est qu’un vieux caillou / c’est tout ».
D’ailleurs,
« Il se peut qu’un jour je voyage / que j’aille plus loin que prévu / plus loin que le bout de mon âge / vers un ailleurs encore confus ».
Oui, « tant de choses auxquelles on pense / fantaisies de somnolence / mais / qu’une main allume une lampe / tout s’efface d’un seul coup / entre chien et loup ».
Bien sûr, on a la tête ailleurs, on oublie de dire je t’aime, on a
« des trucs à faire bien plus urgents / Comme écouter chanter le vent. »
Mais on se souvient Sous l’ombrage :
» le bonheur frissonnait dans l’air / je rêvais de chansons / elle lisait Apollinaire / j’écoutais la leçon ».
Ah ! Il en a fallu des vieux Pébroques ouverts, pour se parer
» tant et tant qu’il pleuvait / des échecs et des catastrophes / sur nos chansons sur nos navets ».
C’est ça le talent d’un chanteur, être le révélateur de ce qu’on a au fond de nous, et que l’on ne sait pas exprimer.
C’est ce que j’ai ressenti à l’écoute de cet album. Merci à Pierre Delorme, un artiste bien trop discret, allez faire un tour sur son site : http://pierredelorme.free.fr/chanteuralaguitare2.htm
Sur sa page Facebook : https://www.facebook.com/pierre.delorme.5
Sur le site de Crapauds & rossignols : http://www.crapaudsetrossignols.fr/
Danièle Sala
Votre commentaire