Bien que son patronyme soit méconnu du grand public, Dave Gwadaman Kynner compte parmi les musiciens de Reggae les plus aguerris et expérimentés de France. Depuis ses premiers pas dans la musique il y plus de quatre décennies, c’est en musicien, compositeur et producteur professionnel qu’il évolue auprès d’artistes français et internationaux comme Tiken Jah Fakoly, dont il est claviériste et chef d’orchestre, et multiplie les collaborations (Neg’Marrons, Soprano, Tonton David, Serge Alidor, Akon, Secteur Än, The Wailers, Wyclef Jean des Fugees, entre autres). Or voilà quelques années déjà que dans le cœur de l’artiste resté dans l’ombre pour mettre ses talents au service des autres grandissait le rêve d’exprimer plus personnellement les espoirs, les passions et les valeurs qui l’ont construit, et de faire connaitre et partager son amour pour les cultures et les musiques qui l’ont bercé, élevé, accompagné et inspiré dans sa Guadeloupe natale. C’est donc comme l’aboutissement d’un projet chevillé à l’âme de longue date que vient de sortir son premier album « Pasyon Kréyol ». Surprise toutefois pour ceux qui identifient Dave Gwadaman Kynner comme reggaeman : bien que le disque comporte plusieurs titres en Reggae, il arbore une palette de richesses de genres où sonnent les influences de toutes les musiques qu’aime l’artiste. On y entend du Zouk, du Jazz, de la Funk, quelques teintes de Calypso entre autres ; on s’y retrouve comme au croisement de toutes ces cultures, qui d’ici et d’ailleurs sont venues se rencontrer dans les Caraïbes, y enfanter des métissages musicaux, et peut-être repartir elles-mêmes enrichies par ces échanges pour faire naitre encore d’autres fruits de par le monde. Ainsi va le mouvement perpétuel de l’évolution. Si « Pasyon Kréyol » est conçu par son auteur avant tout comme un hommage aux énergies qui l’ont entrainé à aller toujours de l’avant, l’album est aussi pour nous un voyage qui chemine et flâne à travers l’éclectisme de paysages musicaux enluminés et épicés, et nous transporte gaiment vers des ambiances, des rythmes, des couleurs, des parfums, voyage qui nous parle essentiellement d’amour et de joie de vivre, ô combien nécessaire en cette période morose et anxiogène, pour ressourcer nos âmes et les garder ouvertes. Il y a quelques jours Dave Gwadaman Kynner acceptait de nous accorder un entretien pour parler de cet album qui fait tant de bien.
– Dave, bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Comment est né cet album personnel, qui peut surprendre de la part d’un musicien ayant mis ses talents et ses compétences au service des autres jusque là, et qu’avais-tu besoin ou envie d’exprimer avec ?
– Comme tu le sais, on me connait dans la scène Reggae ; on s’était même rencontrés lors d’un concert de Tiken Jah Fakoly. Donc c’est vrai qu’on peut s’attendre à ce que je fasse du Reggae. Mais là, c’est un cas particulier, car il s’agit de mon premier album, et je tenais à ce qu’on me connaisse aussi, c’est-à-dire qu’on sache d’où je viens. Je viens de la Guadeloupe, et en Guadeloupe, on a toute une panoplie de rythmes et de musiques autres que le Reggae, et qui m’ont bercé tout au long de mon enfance et mon parcours musical. Je tenais à rendre hommage à ma culture, à tout ce qui m’a construit. C’est pour cela que l’album est rempli de tout ce florilège de rythmes, de couleurs. Dans cet album on retrouve toutes mes influences musicales. On m’identifie comme joueur de Reggae, clavier et chef d’orchestre de Tiken Jah. Mais Dave n’aime pas que ça. Dave aime la musique classique, le Jazz, la Funk, le Zouk, et tellement de choses encore. Quand tu grandis en Guadeloupe, tu es bercé par tout ça : on est dans un foyer où toutes les musiques se retrouvent ; c’est comme un carrefour. On est imprégnés par toutes ces musiques. Et quand je parle de « Pasyon Kréyol », c’est ça : le Créole, c’est le mélange, la mixité. Et c’est ce mélange qui m’a construit et que je revendique. C’est une histoire d’amour fusionnel, quelque chose de très fort. Tous ceux qui ont été aux Antilles, me disent que lorsqu’ils écoutent un titre comme « Vanille », tout de suite, ça leur met des images, des odeurs dans la tête, et ça les fait voyager, car ils retrouvent des ambiances, des cris, des chants qu’ils ont connus.
– Est-ce pour cela que ce titre est un instrumental sur lequel tu n’as pas souhaité poser de texte?
– C’est ça. Je pense qu’on n’a pas forcément besoin de paroles pour ressentir une émotion. Les sons travaillés, une mélodie, un chœur peuvent aussi bien nous apporter des frissons, des émotions. C’est aussi efficace qu’un texte. J’ai d’excellents retours par rapport à cet album par les gens. Bien sûr j’aimerais que ça aille un peu plus loin et vite au niveau médiatique ; mais il est vrai que nous traversons une période compliquée. Les choses avancent au ralenti. Il faut prendre son mal en patience.
– Et précisément à cause de cette actualité sombre et angoissante, cet album arrive, pourrait-on dire, à point pour raviver la vie. Est-ce cette force que tu voulais transmettre aussi?
– Oui. C’est aussi pourquoi « Bamako la Pwent » est le deuxième titre qui va sortir. C’est un morceau qui exprime que quel que soit qui tu es, d’où tu viens, ta religion, ton niveau intellectuel, on peut se retrouver et danser, s’éclater sans se poser de question. Dans cette période de sinistrose, anxiogène, on a besoin de ça, juste de lâcher prise. On est masqués, déjà physiquement, mais même dans la symbolique être masqué signifie avancer à visage couvert. C’est chaud. Il y en a qui sont tombés, d’autres qui vont tomber. Mais ceux qui sont encore vivants doivent encore souffler ; on a le droit de danser, on a le droit de rire, de s’aimer. Quand tu regardes l’actualité, tu as envie de te flinguer. On se dit « à quoi bon? ». Mais tant qu’on peut faire de belles choses, l’espoir est permis. C’est pour cela que j’ai choisi de sortir ce morceau prochainement.
– Peux-tu nous parler des valeurs très puissantes que porte le titre « Unité »?
– « Unité » est un Reggae qui a été composé dans un cadre très précis, suite aux attentats du Bataclan. Une semaine avant la date des attentats, on avait fait deux concerts avec Tiken Jah au Bataclan, et lorsque j’ai vu l’attentat à la télé, dans mon studio, j’étais impressionné par ce que je voyais. J’étais effondré, effrayé, horrifié par tout ce qui se passait devant mes yeux. Je voyais des gens qui sautaient des fenêtres où j’étais une semaine avant et d’où je regardais des gens dans la rue en attendant le concert, des gens cachés dans la loge. Franchement ça m’a brisé ; il fallait que j’extériorise ça. Donc on a composé « Unité ». Il y a eu un premier clip pour « Unité » d’ailleurs diffusé sur Youtube [ici] avec une partie de la scène Reggae qui a répondue présente, et j’en profite pour remercier ces artistes. On peut trouver Brahim, Merlot, Princess Erika, Wonda Wendy, Abdou Day, Rosa Shanti, Devi (The Banyans), Mesegana, Pomerlo, Siloé, Nordine (Sundyata), et plein d’autres. C’est ça l’histoire du titre, qui n’a pas grand-chose à voir avec la trame de l’album. La chanteuse martiniquaise Sista Jahan -qui défend d’ailleurs actuellement son propre EP, sorti il n’y a pas très longtemps- interprète le titre sur l’album avec le chanteur King Kalabash. Ils font partie de la scène Reggae et ont répondu présents tout de suite. Ca parle de ces gens qui veulent nous faire changer nos modèles de vie et font des attentats pour nous l’imposer, alors que nous sommes un peuple qui s’est battu pour la liberté, qui aime sortir, vivre. Il est question de s’unir pour leur dire « Non, nous sommes comme ça. Soyez comme vous êtes, mais ne nous empêchez pas d’être ce comme nous sommes, qui nous sommes ». On tient à nos libertés et à la vie qu’on aime. Des gens ont lutté et sont morts pour elles. Mais ce n’est pas un cri pour faire la guerre, pour répondre aux armes avec les mêmes armes ; on le fait avec nos armes, et nos armes sont nos mots, nos notes. Et je pense que c’est aussi puissant que des bombes, parce qu’on parle aux âmes.
– Et on imagine que c’est un message que tu veux aussi laisser aux enfants, puisque le titre qui précède sur l’album « Braqueurs de cœur » est une ode à la parentalité, n’est-ce pas?
– C’est un titre que j’ai fait pour mes enfants pour leur dire que je les aime. Bien sûr ils le savent. Mais je voulais vraiment le graver dans le marbre, pour que ce ne soit pas juste des mots qui partent et s’évanouissent dans l’air. J’avais envie de graver ça pour qu’ils se souviennent que je les aime. Nous sommes dans une communauté où on a beaucoup de pudeur. Et dire à ses enfants qu’on les aime est souvent dit de façon indirecte, ou montré. Après c’est vrai que j’ai écrit pour eux, mais je ne suis pas le seul parent à vouloir dire à ses enfants qu’il les aime. Donc si des parents peuvent s’approprier la chanson et la faire leur, ça ne me pose aucun problème.
– Tu as une longue carrière artistique dans l’ombre d’artistes très populaires, et c’est la première fois que passe dans la lumière. Depuis quand l’idée te travaillait-elle?
– Ça fait quarante ans que je suis musicien professionnel, mais peut-être quatre ans que je travaille sur cet album. Je l’ai fait de façon assez décousue, puisque j’ai un emploi du temps assez chargé entre les tournées avec Tiken Jah Fakoly et mon travail en studio pour d’autres artistes. Je me consacrais donc à cet album de façon assez périodique, et ça a fini par aboutir. Pour te donner la trame, c’est pour cela qu’il y a sur l’album un titre qui s’appelle « Janmé tro ta » qui veut dire « il n’est jamais trop tard ». C’est valable pour moi, mais c’est valable pour tout le monde. Souvent on met ses rêves en stand by, parce qu’on a une famille, une carrière à gérer. Mais si on veut il y a toujours moyen d’essayer de réaliser ses rêves, parce qu’après, c’est con de n’avoir que des regrets, des « j’aurais du » et « si j’avais su ». Pour ne pas rester sur ce type de réflexions, on fait les choses, même si ça prend du temps. Et sur ce titre, j’ai mis juste un refrain qui dit « Janmé tro ta » : pour moi, il n’y avait pas besoin de mettre un texte explicatif, parce que chaque personne sait comment et pourquoi il ne sera jamais trop tard. Je n’ai pas de recette miracle.
– Comment a débuté ton parcours dans la musique?
– Mon aventure a commencée en Guadeloupe. Comme plein d’enfants, j’étais attiré par la musique, en écoutant des groupes locaux. Ma mère m’a mis au piano. Et au collège, j’ai eu un professeur de musique qui était fantastique, Daniel Forestal, et qui a décelé que j’avais un petit truc en plus dans ma manière de jouer au piano et a vu que j’aimais accompagner. Tout de suite il m’a pris sous son aile, car c’était un chanteur, compositeur, poète, écrivain et parolier, chorégraphe et danseur aussi local, qui était donc par ailleurs professeur de Français et Musique. Il avait à l’époque une compagnie de danse et musique qui s’appelait Soleil Show, et avait fait un groupe musical qui accompagnait des chanteuses, dont Dominique Zorobabel, qui est devenue une des chanteuses de Zouk Machine, et Tanya St Val qui a fait une très belle carrière. Et je suis donc devenu pianiste de cette compagnie comme semi-professionnel. On faisait des concerts dans des communes, au Centre National des Arts et de la Culture. Nous avons même été le premier groupe guadeloupéen à y jouer, alors que c’était fait pour accueillir les groupes américains, français, et d’ailleurs qui venaient. J’avais à peine quatorze ans ; c’était complètement fou! C’est par là qu’étaient mes premières armes. Et d’ailleurs il y a deux des musiciens de cette époque, Silvio Marie et Serge Alidor qui étaient au Soleil Show, et qu’on retrouve sur l’album. Ce sont donc des anciens compagnons qui jouent sur mon disque ; il y a aussi Franck Nicolas, le trompettiste de Jazz, qui était un camarade de lycée. Donc en fait cet album est vraiment un hommage à mes origines, mes origines musicales, mais aussi amicales, puisqu’il s’est fait avec des amis de longue date.
– Les textes ont été co-écrits avec Anne-Sophie Bavant. Je connais sa plume et lui ai demandé d’écrire les textes, y compris pour « Braqueurs de cœur ». Brahim et le chanteur Merlot ont écrit le texte de « Avant après ». La chanson « There you go » a été elle écrite par un ami d’enfance, Daniel Peccatus, et est chantée par son neveu, Tyler Lion, alors qu’elle raconte l’histoire du coup de foudre entre sa sœur et son beau-frère, donc les parents du neveu, sachant que la sœur en question était aussi membre du Soleil Show. Encore une illustration que cet album est une histoire de longue amitié et de famille! J’aurais pu appeler l’album « Racines ».
– Peux-tu nous dire un mot sur le studio Akaz qui l’a produit et où tu travailles?
– Akaz existe depuis quelques années déjà ; c’est un studio d’enregistrement avec lequel je travaille beaucoup, avec Anne-Sophie Bavant et qui m’a donc donné la possibilité de produire mon album. Il y a beaucoup d’artistes qui passent par Akaz, par exemple Rosa Shanty, Djamatik, ancien Neg’Marrons, l’artiste canadien Pomerlo, ou le chanteur folk-pop rock Arthedone. Certains EP de Tiken Jah ont été produits là aussi et il y a pas mal de travail de pré-prod pour Tiken Jah qui y est fait.
– Comment as-tu joué avec le groupe mythique The Wailers?
– C’était un concours de circonstances qui s’est passé à Marseille : Tyrone, le clavier des Wailers, m’a appelé, car l’organiste avait un empêchement et n’était pas là, pour le remplacer au pied levé sur le concert des Wailers. J’ai travaillé avec des artistes africains, ivoiriens, sud-africains, congolais, camerounais, béninois, maliens, sénégalais. J’ai même commencé avec des Sénégalais.
– As-tu vécu en Afrique?
– Je n’ai pas vécu en Afrique, mais j’ai la chance d’y aller assez souvent. C’est assez étrange, parce que quand tu vas en Afrique la première fois, tu retrouves des choses, et l’impression que ces gens sont comme toi. En même temps c’est normal, puisque notre ADN est en Afrique, mais on a un peu tendance à l’oublier. Aux Antilles, dans les Caraïbes, c’est un autre lieu avec une culture qu’on pense être sortie de la terre comme ça. Mais quand on va en Afrique on se rend compte que tout ce qu’on a chez nous a sa source, son origine là. Et ça, j’ai vraiment adoré, ce sentiment de se dire « ok, je sais d’où je viens ». Pour moi c’est le continent de référence où je me retrouve, me ressource ; j’y ai beaucoup d’attaches. C’est la terre-mère.
– J’imagine que la politique répressive envers les réfugiés que la France mène actuellement te touche. Quel regard portes-tu là-dessus?
– Je ne sais pas si c’est la France qui est en régression ; je ne pense pas. Si on regarde bien, le peuple est ouvert. Les Français sont des gens hypra ouverts, qui vont vers l’autre. Mais le problème vient de l’élite, des gens à qui on a confié les clés : parmi ces gens il y en a qui sèment la zizanie et surfent sur le populisme, et qui cherchent à nous engrainer dedans. Il faut qu’on résiste, car la France est un foyer où tout le monde peut se retrouver. Mais il y a ce réseau de populisme en Europe qui à travers ces gens de pouvoir sème des graines dans nos têtes. Je ne pense pas que les Français soient racistes, même s’il doit y en avoir. Dans son ADN le Français n’est pas raciste. Si tu regardes dans l’arbre généalogique d’un Français, tu verras qu’il a des origines autrichiennes, italiennes, espagnoles, portugaises, algériennes, peu importe. Les gens sont très métissés. Et le monde s’est construit comme ça. Mais il y a une certaine catégorie de personnes qui cherche la pureté de la race, du peuple, de la pensée. Et on a déjà vu ce que ça a donné : on sait que ce sont des gens dangereux qui nous mènent à des extrémités qu’on va regretter. L’histoire est un éternel recommencement et il faut que ces gens arrêtent, car ce n’est pas ça l’avenir. Le concept Créole, c’est un peu ça, et c’est ce que je revendique : le mélange, la mixité. La langue créole, c’est de l’Africain, du Français, de l’Espagnol, de l’Anglais. On retrouve le Créole à la Martinique, mais aussi aux Etats Unis, à la Réunion, sur toute la terre. Je ne dis pas aux gens de forcément se mélanger. Cela se fait naturellement. Mais c’est une belle chose. Même pour le Français : ce qui fait que le Français est une langue vivante, c’est que c’est une langue qui s’enrichie de toutes influences. Sinon ce serait une langue morte depuis longtemps. Certains se plaignent qu’il y a trop de mots anglais dans le Français ; mais il y a tellement de mots français dans l’Anglais! L’enrichissement, c’est le mélange. Et je suis français, au même titre qu’un Breton. Ce que je fais aussi fait partie de la culture française, au même titre que ce que fait le Breton ou le Corse. Mais on n’y pense pas souvent. C’est pour cela que souvent en Guadeloupe ou en Martinique on dit que nous ne sommes pas des Français « à part entière », mais des Français « entièrement à part ». Souvent nous ne sommes pas considérés comme de vrais Français, je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pas normal. Il ne faut pas avoir peur des autres. Quand on a peur, on a tendance à détruire. Enfin c’est ce que je pense, mais je ne suis pas un gourou ; ce n’est pas mon rôle sur terre. Je partage ce que j’aime, mon expérience, mais je ne veux pas imposer un modèle. Je suis un optimiste et j’aime les gens. Et c’est un retour que j’ai souvent sur ma musique : beaucoup de personnes qui écoutent cet album me disent que c’est très joyeux et optimiste. Dans cette époque que nous vivons, je trouve que c’est précieux d’arriver à apporter un peu de joie ou de sourire ne serait-ce qu’à une personne. Alors ça me réchauffe le cœur qu’on me dise ça, car ça veut dire que cet album a réussit. C’est un pari gagné.
Miren Funke
Nous remercions spécialement Véronique et Nathalie
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