Archive | septembre, 2020

Jérémie Bossone Le Décembre italien…

27 Sep

Photo ©NGabriel

Voyez-vous, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont une plume chargée des encres les plus colorées, et ceux qui creusent le même sillon, en artisans appliqués, et il y a Bossone, il trace sa route dans l’art de la scène et de la chanson, et ne se confine jamais dans l’ornière des habitudes vaguement sclérosantes.

Jérémie Bossone est un voltigeur des sentiments exacerbés ou romantiques, épiques ou tragiques, il ne fait pas de concessions à une image préconçue, prédéfinie sur le critère « mon public »…

Son public, c’est celui qui cherche la surprise, le choc passionnel, le bouleversement des émotions , et puis le pirate a bien le droit d’être amoureux, l’amoureux d’être triste, et l’artiste d’en faire une symphonie sentimentale polychromatique. Qui se réalise avec « Le Décembre italien » .

Décembre à l’orée de l’automne, avec un voyage en Italie sous des soleils et des ciels encore bleus, et des lunes de fiel… Amour qui trébuche à Florence, sombre à Venise ou dans la fontaine de Trévi, ou qui meurt à Naples, selon la légende, en arc-en-ciel de chants désespérés qui sont les plus beaux et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots*. Nuit d’hiver quand l’amour lui-même hurle à l’envers*, dans le silence de Pompéï et ses ombres millénaires ses statues de cendres et le feu des amours mortes*

Et allez donc savoir pourquoi, dans ce panorama qui pourrait être déprimant, on remet volontiers l’album sur la platine, quand la musique est bonne, et elle est très bonne,  tournez manèges, ad libitum,

Ne pas se taire
Rêver toujours
Pleurer parfois
Chanter encore
A la folie
Aux rêves
A la vie
Dément Songe ?

Norbert Gabriel

C’est en vente libre, ici :

Chèque 15  €  à l’ordre de LA PERSEPHONE, à envoyer à l’adresse suivante : WOLF WALK UNIT
61 avenue Paul Vaillant Couturier
93120 LA COURNEUVE

  • * Citations: Musset,  Bossone.

L’Albertmondialiste délocalise ..

26 Sep

Photo ©NGabriel

Les jeunes se foutent du passé et les vieux n’ont pas confiance en l’avenir, (surtout le leur) et entre les deux, les anciens enfants et futurs vioques achètent des trucs et des machins étonnants, comme des djeans avec des trous neufs. Selon Yvan Dautin, un fin observateur de la vie qui va, une des maximes selon la mode qui court est: « Je dépense donc je suis. » Mais qui faut-il suivre pour être ? Et être quoi ?

J’ai trouvé une réponse à ces questions qui me chatouillent, avec Albert. Le Grand Albert, l’immense Meslay, celui qui délocalise les absurdités du monde qui boite dans un wonderland d’humour picaresque fondé sur un bon sens que personne ne peut contester, ces quelques extraits vont le démontrer avec brio.

Ces lignes sont tirées d’un ouvrage qui vient de paraître, en vente libre, chez des vrais libraires de préférence. Morceaux choisis :

  • La retraite c’est très dangereux, les chiffres sont là : Selon un chiffre vrai, chiffre vrai, le taux de mortalité est beaucoup plus élevé chez les retraités que chez les actifs !
  • D’après les statistiques, l’on meurt de moins en moins chez soi et de plus en plus à l’hôpital ; donc, d’après les statistiques, si on supprime les hôpitaux, on augmente l’espérance de vie !

  • Je constate aussi que la mort est une chose importante, car, quand on réfléchit un peu, lon s’aperçoit qu’on est beaucoup plus longtemps mort que vivant. Si, bien sûr, mes calculs sont exacts…
  • Le réchauffement de la planète étant essentiellement dû à l’activité humaine, c’est-à-dire au travail, ce fléau, il faut encourager la paresse en étant conscient que notre magnifique planète ne sera sauvée que par les fainéants !
  • Et, s’il existe des Experts Internationaux extraterrestres, qui nous regardent – et qui peut-être se moquent – ils doivent penser que l’homme est un pyromane qui met le feu à la forêt, et qui, gros malin, pour ne pas se faire prendre, se cache dedans !
  • Humour du Bostwana : « Pour en finir une bonne fois avecle trafic d’ivoire, il suffirait simplement d’exterminer les éléphants ! » Personnellement, j’aime beaucoup l’humour noir.
  • Brève achetée pas cher à un comique aborigène, humour aborigène :
    « Il y a des végétariens qui trichent, ils mangent des plantes carnivores ! »
  • Vue par les vaincus, les Anglais, la Guerre de Cent Ans ne fut qu’une guerre éclair ratée.
  • Si, avec le réchauffement planétaire, la Terre se retrouve sous la mer, les poissons domineront un monde sans plage..
    Mais restons positifs !
    La Terre deviendra enfin une Mer de paix car le poisson est un animal pacifique !
    En effet, si, sur terre beaucoup d’animaux chassent, en mer, aucun, aucun aucun poisson ne pêche !

Les particularités typographiques ont été définies avec Jean-Paul Liégeois, les caractères gras indiquent les passages où le public s’esclaffe, car Albert Meslay est un homme de spectacle, qui poussait la conscience professionnelle à se grimer en cours de sketch à la radio, au temps où elle était radio sans images. Mais vous pouvez vous esclaffer où vous voulez, en lecteur libre refusant les ordres et autorités, avec l’humour de Meslay Albert, jongleur du syllogisme et de l’absurde irréfutable, tout est possible.
C’est paru récemment au Cherche Midi, 130 pages, préface de Guillaume Meurice, postface d’Albert Algoud, un recueil pour comprendre l’essentiel, du big bang à la fin du monde, dont on n’a jamais été si près.

Norbert Gabriel

Histoire d’une chanson, dans les plaines du Far West.

24 Sep
ou comment Montand était aussi en partie « auteur » dans la construction de son répertoire chanson.

Version initiale (Trouvée by internet, je ne garantis pas la totale authenticité..)

Tout le long du jour sur leurs beaux chevaux Ya oh !
Bingue bongue ! bingue bongue ! ils lancent des lassos
Ils font le tour dans le soleil chaud Ya oh !
Ils s’en vont toujours sans trêve ni repos
mais quand sont parqués les grands boeufs noirs
Ah comme il est bon de se revoir

Refrain :
Dans les plaines du Far-West quand viendra la nuit
Les cow-boys dans le bivouac sont réunis
Près du feu, sous le ciel de l’Arizona
C’est la fête aux accords d’un harmonica
Et leur chant, plein d’amour et de désir
Dans le vent porte au loin des souvenirs
Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit
Les cow-boy dans le bivouac sont réunis
Ils sont de New-York ou de Chicago Ya oh !

Bingue bongue ! bingue bongue ! ou du Colorado
Ils faut les voir le jour du rodéo Ya oh !
Par les cornes saisir le plus fort taureau
Mais quand le jour tombe à l’horizon
Loin de la douceur d’une maison

Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit
Les cow-boys dans le bivouac sont réunis
Près du feu, sous le ciel de l’Arizona
C’est la fête aux accords d’un harmonica
Et leur chant, plein d’amour et de désir
Dans le vent porte au loin des souvenirs
Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit
Les cow-boys dans le bivouac sont réunis

Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit
Les cow-boys dans le bivouac sont réunis
Près du feu, sous le ciel de l’Arizona
C’est la fête aux accords d’un harmonica
Mais bientôt sous la lune aux rayons blancs
Dos à dos et fermant les yeux d’enfants

Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit
Les cow-boys dans le bivouac sont endormis

Et maintenant voici comment Montand l’a chantée, dans ses derniers shows essayez de suivre avec la version première..

 

et la version sobre 1959,

Et voici le premier enregistrement vers les années 46-47, très sensiblement différent de la version initiale c’est le moins qu’on puisse  dire..

Dans une petite discussion récente sur FaceBook, le sujet des interprètes dans la chanson a amené Montand au centre du débat, indirectement avec une vidéo dans laquelle une intro parlée intriguait les participants. Montand avait gardé cette chanson emblématique dans ses spectacles, en faisant une sorte de sketch en presqu’autodérision dans les années 80.

Mais il est peut-être bon de revenir sur la genèse de cette chanson qui montre le formidable instinct de Montand dans son approche et ses choix.

1940-41. Il est un débutant marseillais qui se cherche entre Trenet Chevalier et Fernandel, son premier nom de scène Trechenel est un condensé de son premier répertoire puisé dans celui de ces trois vedettes. Ça démarre très vite , mais il comprend immédiatement qu’il lui faut des chansons à lui. Dans ces années 40, et depuis son adolescence il est fasciné par le cinéma américain et les westerns, et il veut une chanson western. Son premier manager l’envoie rencontrer un auteur et un compositeur marseillais, qui n’ont pas grand chose à lui offrir, mais Montand sait leur raconter son univers western, l’un des deux Charles Humel est aveugle, et n’a jamais vu de western, et pourtant ils lui font cette chanson cartoon qui sera son premier succès. (Prix du disque 47)

YVES_Montand 1.jpgC’est aussi dans ce contexte que Montand casse tous les codes vestimentaires en vigueur, il avait au début une sorte de tenue très fantaisie, en rapport avec son répertoire, mais à cause d’une interpellation moqueuse d’un titi marseillais il change tout, plus de veste à carreaux,  ni cravate, il garde la chemise et le pantalon sombre, marron, en quelque sorte l’équivalent de la petite robe noire de Piaf, qu’il ne connait pas encore. En quelques mois, le débutant a compris comment il va se faire un répertoire, et trouvé la tenue de scène qu’il gardera pour les grandes années music-hall 45-60. Décisions personnelles sans aucun conseiller.

Edith Piaf lui fera passer quelques étapes avec la suggestion d’oublier le répertoire américain, et en facilitant le contact avec d’autres auteurs. Dont Prévert. Et la rencontre avec Prévert est aussi symptomatique de la vista de Montand en matière de chanson. Prévert va lui présenter une chanson qu’il pense faite pour lui « la chanson des cireurs de souliers » il avait demandé à Henri Crolla de faire une musique sur ce texte assez acrobatique, et Crolla a composé une musique jazzy tout aussi acrobatique, Montand découvre cette chanson avec enthousiasme, et bien que très impressionné par Prévert, il n’hésite pas à suggérer une modification de la fin de la chanson*, que Prévert accepte volontiers. Montand fera souvent des propositions, que les auteurs acceptent, car il a un sens inné de la chanson, et de son impact. Comme avec « Du soleil plein la tête » en modifiant l’ordre des strophes. Ou « Les feuilles mortes » .. Et parfois en suggérant quelque chose de totalement inattendu, Barbara dit sans musique, ou en demandant de faire une chanson du texte de Gébé  (Casse-tête…) Parfois, il a eu besoin de s’appuyer sur les conseils de Simone, de Bobby  Castella, ou de Crolla (qui a insisté avec succès pour « Mon pote le gitan ») mais globalement ses choix étaient justes.

 

Montand jongle.jpgMontand a poussé très loin le soin de mettre en scène ses chansons, certaines demandaient un travail de mise au point d’une exigence extrême, des heures de travail pour le coup de cymbale dans « Battling Joe » des heures de travail pour les mouvements de danse, ou une jonglerie….

Le débat avait été initié par une observation sur Johnny Hallyday, interprète, pour arriver à Montand, et en conclusion, une réflexion récente de Johnny qui resitue très bien ce qu’ils ont été l’un et l’autre, comprend qui peut,

 Une chanson est une bonne chanson quand on ne se force pas à la chanter. Je me suis beaucoup forcé. 

 

Norbert Gabriel

 

 * La chanson des cireurs des souliers  devient « Les cireurs de souliers de Broadway » et  la fin suggérée par Montand est très différente de l’originale. Cette chanson ayant été déposée dans la version Montand, on ne connait donc pas la fin avec la musique qui l’accompagnait, les archives de Crolla ayant disparu… C’est aussi une suggestion de Montand à Pierre Barouh qui a donné la version connue de « à bicyclette » ,  enregistrée sous le titre « La bicyclette »  en raison de l’antériorité de la chanson de Bourvil. Mais ceci est une autre histoire..

 

 

La lune ou J’m’appelle la lune…

23 Sep

Photo ©NGabriel

C’était en 2011 ou 2012, la découverte d’ une chanson de Léo Ferré que je ne connaissais pas. Annick Cisaruk interprétait « J’m’ appelle la lune » lors des Jours Ferré. La surprise passée, un peu vexé, je consulte mon intégrale Ferré, et rien. Léo Ferré ne l’a jamais enregistrée.
Deuxième étape : en 2014, Valérie Mischler est invitée aux Jours Ferré avec cette chanson un peu mystérieuse, les enregistrements sont rares, le premier semble être une version début des années 60 par Los Machucambos, une version que nous dirons exotique, trouvée en faisant un tour dans les archives Ferré.
Ensuite,  voici la québécoise Renée Claude en 1994. Vient alors l’idée de chercher l’histoire de cette chanson. Comment est-elle née, qui l’a chantée la première fois… Le point de départ de cette recherche étant le fait qu’elle est interprétée par des chanteuses-comédiennes, Renée Claude, Annick Cisaruk,
Valérie Mischler, qui ont l’exigence de connaître l’histoire des textes qu’elles vont chanter. *
Et autre surprise, lors des Jours Ferré, personne ne sait rien, ni les spécialistes confirmés, ni Marie Ferré. Rien dans les livres non plus. Un faisceau d’intuitions et quelques indices flous, des souvenirs de livres sur les années cabaret 50-60 esquissent Pauline Julien comme première interprète probable. Et aussi l’hypothèse que Renée Claude a été précédée par une « collègue »,  et la seule chanteuse possible est Pauline Julien qui était en France dans les années 54-57, et qui a commencé à chanter dans les cabarets, les mêmes où passait Ferré. **

De ricochet en ricochet, Anne Sylvestre renvoie à Jean-Paul Liégeois, qui admet l’hypothèse sous réserve de vérification. Arrive ensuite Céline Faucher dans la quête des sources. Et dans le second semestre 2015, Jean-Paul Liégeois trouve la preuve à l’INA, comme Céline Faucher la trouve aussi dans les archives de Pauline Julien, au Québec, c’est bien Pauline Julien qui a été la créatrice, au sens première interprète.
Reste la question, pour qui Ferré a-t-il écrit cette chanson très féminine ? Etait-ce pour Pauline Julien, plus comédienne que chanteuse à cette époque ? Ou bien est-elle arrivée à point pour s’approprier cette nouveauté ? La quête continue, mais Pauline reste l’hypothèse plausible, quand elle a commencé à chanter, les artistes se croisaient dans les cabarets, en constituant des familles d’idées, rive gauche/ rive droite.
Elle y interprète alors Léo Ferré, Boris Vian et Bertolt Brecht, mais J’m’appelle la lune
semble être la seule oeuvre originale de son tour de chant.
Pauline Julien revient au Québec comme chanteuse, et lorsque Léo Ferré a fait sa première tournée québécoise, en 1963, ses chansons étaient déjà familières, la porte était entr’ouverte, grâce à une chanson qu’il n’a jamais enregistrée. Il y a d’autres chansons de femmes que Ferré n’a pas enregistrées : « La fille des bois » sur un texte de Mac Orlan est difficilement chantable par un homme, interprétée par Pauline Julien et Catherine Sauvage en 61, c’est le seul texte de Mac Orlan mis en musique par Ferré. Idem pour  Les p’tits hôtels  texte de Dimey créé par Zizi Jeanmaire.
En 1940, Ferré a composé des chansons dont il n’y a pas de traces à ce jour, sur des poèmes attribués à Germaine Neumann , son pseudo lors d’un premier spectacle était Forlane si vous voyez quelque part ces titres : Jouez-moi du Bach, Un Chant d’amour, Près de toi, Prétexte, Souvenir, Le Vieux Cahier, Le Temps des valses, Je fais parfois un rêve fou , vous aurez découvert un petit trésor.

Dans le CD « La mauvaise graine » on trouve quelques chansons jamais enregistrées par Ferré, et dans le CD Maudits soient-ils, des chansons maquettes de studio, dont 5 poèmes de Verlaine et 5 de Rimbaud.
L’oeuvre de Léo Ferré est la plus importante, et de loin, de toute la chanson francophone, et les archives explorées par Mathieu Ferré promettent d’autres découvertes sur le plan enregistrements, pour les textes, tout est dans « Les chants de la fureur » 1622 pages, Edition La Mémoire et la Mer/Gallimard 2013.

• * (La lune a été chantée aussi par Nicolas Reggiani en 2004, par Les Faux Bijoux et par le groupe italien Têtes de bois …) et Josette Kalifa – avec David Venittucci à l’accordéon – sur son album de reprises de Ferré en 2002 ou 2003 .
https://greatsong.net/PAROLES-JOSETTE-KALIFA,LA-LUNE,102374878.html

• ** Dans les années 52-60, une autre chanteuse Aglaé a fait un bout de chemin en France, mais dans un registre différent, plus opérette, plus proche de Ricet-Barrier que de Ferré.

En 2018  Pascale Ferland a fait un film sur Pauline Julien, on y trouve un morceau de cette chanson, c’est là:

https://vimeo.com/398535592?fbclid=IwAR3mqohvGW7_z2NVTzbn…

 Norbert Gabriel

Ferré, un archipel, par Jacques Layani…

22 Sep

Edition Le Bord de l’Eau Septembre 2020

C’est bien un archipel de l’oeuvre de Ferré qui est proposé dans ce livre de 390 pages, dans lequel chaque île développe des plans séquences-documentaires fouillés, par thèmes, ou par périodes. Ses rencontres avec Dimey, Breton, Aragon, Luc Bérimont, Mac Orlan… Comment les œuvres communes se sont organisées, tout est précis, daté, raconté avec brio. L’auteur revendique un désordre foisonnant, en effet, c’est le genre de livre qu’on peut lire dans l’ordre, ou dans le désordre, et quand on connait son Ferré, c’est un complément indispensable qui répond à beaucoup de questions qu’on a pu se poser au fil du temps, des albums, de sa vie, comme un puzzle sur lequel on éclaircit quelques pièces restées dans des ombres floues.

Si on consulte la discographie, les rééditions diverses, et les circonstances liées à certaines compilations, vous aurez de quoi vous guider pour réorganiser votre discothèque, ou mieux comprendre ce qui sépare des rééditions opportunistes faites pas les labels, de rééditions mieux maîtrisées et plus cohérentes.

Dans une autre île, les critiques, articles, chroniques parues dans les journaux d’époque montrent que c’est le plus souvent le style original, novateur, qui dérangeait les journalistes plus ou moins spécialisés. Et finalement, Ferré a confirmé ce que dit Cocteau : «  Ce qu’on te reproche cultive-le, c’est toi. »

La genèse du parcours prolifique de Ferré commence dans les années 30, avec une page d’histoire de la chanson quand le môme Léo se nourrissait des émissions de musiques à la TSF, Gilles et Julien, Mistinguett, Jean Tranchant, Mireille, un vieux banjo de 1925, Cole Porter ou Peanut Vendor de Moises Simon, et aussi le piano du pauvre à côté d’une valse à Schubert

On voit aussi dans l’exploration des procédés d’écriture les interférences et références de ses auteurs favoris, quand Ferré adapte, triture, refond les textes pour en faire ses chansons… Et vient alors l’envie, ou le besoin, de réécouter tel album pour mieux s’en imprégner.

Dans une œuvre aussi importante que celle de Ferré, il reste toujours des archives inexplorées qui sont publiées régulièrement. Parmi celles-ci des « nouveautés » des concerts captés qui n’avaient jamais été publiés. Ferré en général n’aimait pas les albums-concerts « live » pour une raison majeure, il n’était plus le maître d’oeuvre, les arrangements pouvaient varier (un de ses soucis avec Castanier) il pouvait y avoir des variations improvisées dont il n’était pas l’auteur. Néanmoins ce sont des compléments utiles dont  il est fait inventaire exhaustif.

On notera aussi que Jacques Layani fait le point sur le monumental « Les chants de la fureur » en indiquant les textes qui manquent dans ce qui a été présenté comme une intégrale des écrits de Ferré.

Cet Archipel Ferré – plus de 30 îles ou îlots à visiter – est le complément indispensable à tout amateur de chanson en général, avec ses multiples informations sur les ressorts de la création de cet art populaire qui a ses lettres de noblesse.

Edition Le Bord de l’Eau Septembre 2020, Collection Le miroir aux chansons,  dirigée par Jean-Paul Liégeois et Salvador Juan.  22 €

NB L’ouvrage contient de nombreuses indications sur les prix des concerts ou des dépenses diverses, il faut signaler une erreur dans la conversion entre les francs de 1954 et l’euro. Le concert à l’Opéra Garnier de Monte Carlo avec 80 musiciens est indiqué avec un prix de places à 500 frs. La conversion indique 500 frs anciens = 5 frs soit moins d’un euro… En 1954 le SMIC horaire est de 126 frs, donc 500 frs = 4 h de SMIC, et en 2020, ce serait dans les 40 € ce qui est raisonnable pour un concert de cette importance.
Pour rappel , un concert de Ferré en 1990 au Dejazet était à 140 Frs, et avec un SMIC horaire à 30 Frs, on retrouve la même équivalence, dans les 40 €. Dans ces recherches d’équivalence des coûts le seul calcul fiable est de se référer au SMIC horaire.

Norbert Gabriel

HK , Petite terre …

17 Sep

En survolant le paysage humain français, on voit que depuis la Gaule la mosaïque s’est enrichie et diversifiée, et il n’est pas inutile de rappeler que le nom de la France, vient des « barbares francs » convertis à la religion locale… Ensuite l’Histoire cite à la barre, les Ostrogoths, les Wisigoths, les Vandales, les Sarrasins, les Vikings, et, entre la Gaule et la France, quatre siècles de civilisation gallo-romaine.. Et tout ça fait d’excellents français selon Maurice Chevalier, étranges étrangers* et selon Eluard :

C’est que ces étrangers, comme on les nomme encore,
Croyaient à la justice, ici-bas, et concrète.
Ils avaient dans leur sang le sang de leurs semblables.
Ces étrangers savaient quelle était leur patrie.

On peut trouver une synthèse musicale de cette histoire bigarrée avec le nouvel album d’HK, sortie annoncée pour le 18 Septembre, c’est vivant, tonique, une sorte de cri du cœur qui fait un bras d’honneur aux malheurs petits ou grands qui font l’ordinaire des actualités.

HK et ses ami.es nous reviennent avec un nouvel album :  Petite Terre . Toujours le même amour des mots qui s’envolent, des mélodies nomades et des rythmes dansants.
Un album world à la française aux accents chtis, occitans, créoles, bretons ou encore berbères. Un voyage musical qui commence au cœur de nos terroirs pour nous inviter aussitôt à nous ouvrir sur le monde et à le parcourir en chansons. Un album nous parlant de Nous aujourd’hui, et de ces lendemains joyeusement solidaires auxquels on rêve encore, obstinément. Un album comme une valse contagieuse, qui nous donnera envie de danser avec HK et sa bande de joyeux saltimbanques, pour de nouveaux beaux moments à vivre… ensemble.

On peut le dédier à Marie Curie, Henri Bergson, Emile Zola, Jankélévitch, Joseph Kessel, Ariane Mnouchkine, Romain Gary, Michel Platini, Moustaki , Charles Aznavour, Coluche, Henri Verneuil, Raymond Kopa, Isabelle Adjani, Serge Gainsbourg, Zidane, Jacques Offenbach, Serge Reggiani, Yves Montand, Pierre Barouh, Manouchian, Edith Piaf, Brassens, Mouloudji, Alexandre Trauner, Cavanna, Harry Baur (mort car supposé juif) , Juliette Noureddine, Guy Béart, Étienne Roda-Gil, Olivia Ruiz, Michel Piccoli, Kosma, Géminiani, Wolinski, Pierre Tchernia(ski) , Stablinski, Daniel Pennac, Django Reinhardt, Grappelli, Azzola, Modigliani, Michel Polac, Ariane Ascaride, Costa-Gavras, Cédric Klapisch , Michel Hazanavicius , Mathieu Kassovitz, Noémie Lvovsky , Céline Sciamma, Leos Carax , Robert Guédiguian , Jean Becker , Jean-Pierre Mocky , Anna Marly, Guy Béart, Marjane Satrapi…

Liste non limitative de français venus d’ailleurs pour différentes raisons, et j’ajoute quelqu’un de beaucoup moins connu (!) moitié rital par la mère moitié espingouin par le père (avec aux dernières nouvelles quelques traces de juifs vénitiens du 15 ème siècle) Norbert-Gilles Gabriel.

  • Etranges étrangers, Prévert, ( … déportés de France et de Navarre, Pour avoir défendu en souvenir de la vôtre, La liberté des autres.)

 

Le site c’est là–> 

Norbert Gabriel

Toudoux Lapinou…

15 Sep

Toudoux Lapinou raconte l’histoire de 2 doudous qui partent à l’aventure avec l’espoir de rencontrer des familles pour les adopter. A travers leurs péripéties, pleines d’humour et de poésie, il est question de courage, d’optimisme et d’amitié !

Grâce à vous, Toudoux Lapinou est un rêve qui deviendra bientôt réalité. Ce personnage attachant prendra vie dans un livre audio jeunesse et sur scène.

Né de la rencontre entre 2 auteures et 1 compositeur/comédien, le spectacle a déjà été joué dans les maternelles où enseignants, enfants et parents nous réclament un souvenir ou un support pour poursuivre l’aventure avec cette histoire.

Ce livre audio en police DYS sera destiné aux maternelles, premières lectures et enfants souffrant de troubles de l’apprentissage.

Pour le financement c’est  là,

Clic sur la bourse –>

 

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