Côté culture, durant ces semaines de confinement, je n’ai pas eu beaucoup d’opportunités de faire chauffer ma carte bleue. J’ai quand même décidé de m’offrir une BD aux Éditions Lapin qui continuent de faire vivre leur petit commerce – vaille que vaille, loin d’Amazon – malgré le temps à l’orage.
Si j’ai opté pour « Tronches de vies » de la dessinatrice Soph’ ce n’est pas par hasard. Il y a quelques semaines, ma route virtuelle a croisé la sienne sur les réseaux sociaux et on a un peu discutaillé. Alors, comme je suis gentille, j’ai acheté son ouvrage. Pour voir… Le risque, dans ce cas-là, étant que je me retrouve déçue de cet achat fait par sympathie. Et que je sois obligée de louvoyer en disant « si, si, c’est vachement bien » alors qu’en vérité je trouve le résultat moyen-moyen, voire pire.
Sauf que « Tronches de vies », si si, c’est vachement bien.
Ah ben franchement, c’est drôle ! J’ai même éclaté de rire à la lecture d’une ou deux planches ce qui, en bande dessinée, ne m’était pas arrivée depuis un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Alors attention, faut apprécier l’humour bête et méchant. Parce que ses personnages, Sonia, Robert ou Josiane, c’est pas le haut du panier ! Ils ont le cerveau en goguette, la matière grise en roue libre. Mais c’est pour ça qu’on les kiffe. Ils ont tendance à traîner un peu trop sur internet et dans les bars. Ils parlent beaucoup de cul, de leurs couples et de leurs gosses. Ils ont aussi une opinion concernant l’éducation, Vincent Lambert, la voyance avec des asperges, Houellebecq, la sodomie, les sondages, le maquillage vaginal, et l’écologie.
Une planche, une histoire, une vanne. C’est cash, c’est court, c’est percutant.
Cela s’explique parce que Soph’ fait aussi dans le dessin de presse. Elle sévit chez Mazette, magazine numérique, satirique et écologique. C’est cet esprit de concision et de tir au but qu’on retrouve dans « Tronches de vies ». La dessinatrice pousse loin le bouchon de notre connerie et de celle des autres. Les deux pieds bien ancrés dans l’actualité, elle n’hésite pas à mettre son nez partout même – et surtout – si ça ne sent pas bon.
Rire d’un humour grinçant est, pour moi, toujours un plaisir. Rire d’un humour qui ne s’embarrasse pas de pincettes et que certains trouvent de mauvais goût, aussi. Dans une époque où le masque est de rigueur, Soph’ ne se cache pas.
Elle y va frontalement et c’est ça qu’est bon !
Page FB Soph’ c’est là-bas —–> clic sur le nez
ou bien sur ce que vous voulez…
« Tronches de vies » Éditions Lapin 111 pages 14 euros
Fabienne Desseux
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