A un moment, on a envie de virer les salades composées, les amuse-bouche, la dînette pour passer à table, « une vraie table en bois » pour profiter du Banquet.
Nul besoin d’une invitation formelle : venir comme on est, prêt à donner sa personne avec ses tripes et son appétit, prêt transpirer en cuisine.
Une rapide visite des lieux s’impose, de la piaule moite à la chambre froide : la vie, l’amour, la mort, on ne va pas « faire dans le détail ». Il n’y a pas le temps. Ou bien il est compté, décompté, omniprésent : le battement, la pulsation, et entre « l’horloge trop bien huilée » et la « pendule démontée », un silence, vite déchiré par la croche.
C’est pas joli-joli : c’est pire. Ambiance Bacon, la même boucherie crue et sublime.
Et pour trancher, ils sont cinq : « un orchestre à poils et à plumes [qui] s’installe derrières les micros.
Ils sont cinq : Simon Drappier (contrebasse), Clément Janinet (violon), Clément Petit (violoncelle), Johan Renard (violon), Nicolas Jules (voix et textes).
Ils sont cinq mais ne font qu’un. Ou parfois ils se dédoublent et se répondent, s’écoutent, scient, charcutent, déraillent, percutent, frottent, serinent, crient, mettent tout leur choeur à l’ouvrage.
Ça coupe le souffle, parfois, puis au milieu du Cirque, on s’abandonne à la grâce de ne pas tout saisir : il y aura des restes.
Je vous en mets un peu plus ?
Louise Ferris