Vendredi 31 janvier, le Théâtre Barbey à Bordeaux se remplissait complètement pour un concert, aux parfums de festival, qui devait marquer la sortie plus qu’attendue de « L’intégrale », la réédition des deux premiers album du groupe Strychnine, « Jeux cruels » et « Je veux », plus de quatre décennies après leur sortie originale. Le temps consacré à l’aboutissement de ce projet ancien, la qualité du travail accompli, l’investissement personnel de plusieurs proches et la mobilisation enthousiaste du public bordelais massivement présent ce soir là, témoignent incontestablement de l’importance de l’évènement et de l’affection fidèle que Strychnine a su fédérer autour de sa musique et de ses premiers pas, pionniers à leur façon, qui amorçaient, à la fin des années 70, l’éclosion de la scène Punk en France, et à sa suite l’aventure du Rock alternatif français. Rien d’étonnant donc à ce que le groupe ait aussi choisit de manifester son attachement à la défense du Rock en Français, en demandant aux groupes King Kong Blues et Johnny Montreuil (dont l’harmoniciste Kik joue souvent avec Kick, chanteur de Strychnine) d’assurer les premières parties du concert. Si Strychnine, qui se sépara en 1982, est toujours resté une référence pour nombre d’artistes, le groupe s’est donné une
seconde vie à partir de 2008, où le chanteur et guitariste Kick (Christian Lissarague) et le batteur Boubou (Jean Claude Bourchenin) l’ont reformé, avec le guitariste Luc Robène (Noir Désir, Kick and Ze6), qui par ailleurs a initié et pilote avec Solveig Serre le projet de recherche et d’archivage de l’histoire du Punk en France, PIND [lire ici]. La reformation avait alors donné naissance à un album de nouvelles compositions, « Tous les cris », dont certains morceaux ont aussi été joués vendredi soir, à travers les anciens titres du groupe. Des sourires irrésistibles, des mémoires qui se ravivent, le
bonheur de retrouver le sentiment d’urgence à vivre l’instant présent, la sincérité des interprétations, et un concert aux allures de retrouvailles entre copains, nombre d’autres artistes ayant répondu aux invitations du groupe à venir jouer ou chanter avec lui, donnèrent à la soirée une énergie authentique, tant sur le plan musical qu’humain. On retrouva sur scène aux côtés de Strychnine, Bebert (bassiste des groupes Stalag et Standards), qui avait mis en œuvre et conduit le projet de l’album collectif de reprises des chansons de Philippe Jolly auquel Strychnine avait participé, et dont la sortie fut célébrée dans ce même Théâtre Barbey [Lire ici], François (chanteur des Bérurier Noir), Stéphane Zena (bassiste de Parabellum), Arno Futur (chanteur des Sales Majestés),
Philippe Messina (du groupe OTH), Thierry Tuborg (chanteur de Stalag), et Denis Barthe (batteur de Noir Désir, The Hyènes, Moutain Men et The Very Big Small Orchestra), accompagné de son complice Olivier Mathios, bassiste des même groupes [ici]. Certains retrouvèrent leur quinze ans, et parfois des amis de leurs quinze ans ou presque perdus de vue depuis (spéciale dédicace pour toi Karine), d’autres le souvenir vivace de proches disparus -et nul doute que les artistes eux-mêmes en avaient présents dans leurs pensées, parmi lesquels Schultz et Sven, ami proche de Kick, du groupe Parabellum, ou Philippe Jolly des Standards, et d’autres compagnons de route-, les plus jeunes enfin, l’extraordinaire chance d’entendre sur scène des artistes et des chansons qu’ils n’avaient peut-être jusque là connus qu’en les écoutant sur des disques et sans avoir pu les applaudir à l’époque où leurs formations respectives existaient. Mais quelles que fut la condition privée de chacun, une évidence s’impose : le concert fut un de ces moments vrais, où des sentiments très honnêtes et profonds envahissent le cœur. Authentique.
Quelques heures avant le concert, nous retrouvions les trois membres du groupe pour parler de l’élaboration de cette double réédition, de l’histoire de Strychnine et de l’implication et du dévouement des personnes qui l’ont accompagnée.
– Bonjour et merci de nous accorder un peu de temps. Vous avez tous les trois reformé Strychnine, il y a plus de dix ans maintenant, avec la sortie d’un album de nouvelles compositions, et le groupe s’était remis à la création. Aujourd’hui l’évènement est la sortie de cette double réédition des deux premiers albums du groupe, qui restent pour beaucoup des disques cultes. Pouvez-vous raconter comment le projet a été mené à bien?
– Kick : Il fallait la faire ; ça faisait très longtemps qu’on devait faire ce disque. C’est un très vieux projet. Et on voulait que le jour où on allait le faire, on fasse vraiment quelque chose de bien : remasteriser, retrouver le son du studio, faire une belle pochette. Et puis je tenais à ce que les deux albums soient réédités ensemble, car c’est l’histoire du groupe. Ces deux disques avaient été faits en un an à l’époque, puisque le premier est sorti en hiver 1979 et le deuxième en hiver 1980. Donc tous ces titres qu’on joue ce soir ont été pondus en un an. Et on n’avait même pas vingt ans de moyenne d’âge, pour te remettre dans le contexte. Ils étaient vraiment dans un jet ; ça a été un flux à un moment donné, où on a jeté un truc en l’espace de deux ans alors qu’on était très jeunes. Pour moi c’est vraiment la même histoire, et presque le même album, même s’il y a des différences. Un double album me semblait donc nécessaire.
– Luc : En tous cas, c’est sûr que c’était un disque attendu. Je me souviens en avoir parlé avec Phiphi à Montpellier, et sa réaction, lorsque je lui ai dit qu’on rééditait les disques a été : « Ah! Enfin! ». C’était le cri du cœur et j’ai vraiment senti qu’il résumait à lui tout seul sans doute l’horizon d’attente des gens par rapport à ce disque. C’est un bel objet. Il y a plein de photos de grande qualité ; les tirages sont superbes. Le son est bien. On en est contents. Le tirage est de mille vinyles et mille Cd pour le moment. C’est quand même un investissement personnel. On a eu aussi une aide de Jean-Pierre Penaguin, qui a joué quasiment le rôle d’un producteur au sens économique du terme. Il a mis la main à la poche, et c’est quand même une chose importante dans l’histoire de Strychnine de souligner qu’il y a toujours eu des gens comme Jean-Pierre, qui ont été là pour apporter une aide. C’est lui qui avait les bandes du fameux
Live à Brest qui a ressurgit et dont ils ont fait un disque, car c’est un fan de bandes pirates et qui a toujours aimé Strychnine. C’est donc une aide de longue durée. Et là, il a carrément participé financièrement à la production du disque, ce qui est quand même une preuve de gout et d’amitié, et de fidélité. Ici à Barbey, la jauge contient six cent cinquante places, et devrait être complète. Bien sur on ne peut pas prévoir ce que les gens vont faire, mais on suppose qu’ils sont aussi là pour acheter un disque, au titre de souvenir, ou pour plein de raisons autres, pour participer à la vie du groupe, par plaisir personnel.
– Kick : L’objet est réédité en vinyle avec les deux albums qui datent de 1979 et 1980, et puis il y a un petit Cd de complément, mais sans pochette, pour les gens qui n’ont pas de platine. Il a été masterisé à Bordeaux, chez Globe Audio, pas la peine d’aller chercher plus loin. Et effectivement ça a pris du temps, car on voulait le faire bien, et aussi, parce qu’il nous fallait les masters d’origine pour ce faire.
– Boubou nous avait évoqué lors d’un entretien qu’il nous avait accordé [lire ici] les difficultés rencontrées dans les démarches pour récupérer les masters d’origine. Cela a-t-il beaucoup compliqué la tâche ?
– Boubou : Ça, ça a été un peu compliqué! Ça a été une longue galère pour récupérer le master original. Parce qu’Universal qui a racheté le label AZ, qui était le notre à l’époque, s’en foutait complètement de nous refiler les bandes. Ils s’occupaient de Johnny Hallyday et de conneries ; Strychnine, ils s’en foutaient. D’ailleurs ils ne savaient même pas qu’ils avaient ça dans leur catalogue.
– Luc : Ils sont vraiment très fixés sur le très contemporain. C’est un truc qui m’a frappé : ils n’ont même pas la mémoire de leur propre catalogue. Ils ne savent pas ce qu’ils ont, et d’autant moins maintenant que leurs archives sont délocalisées en Allemagne. Quand Strychnine a récupéré les bandes, c’était encore localisé en France, mais depuis peu ça a changé.
– Kick : En fait c’est Boubou et moi qui avions voulu récupérer les bandes, et Bernard qui était le pote plus ou moins manager du groupe a longtemps essayé, sans y arriver. Il tombait toujours sur des sous-fifres qui le faisaient chier, pendant plus d’un an et demi. Et puis un jour on en a parlé à Denis [Denis Barthe], et il a dit qu’il s’en occupait : il a appelé directement le PDG d’Universal et trois jours après, on avait les bandes, avec les excuses du sous-fifre qui était même prêt à nous les amener bandes à Bordeaux. Comme quoi il faut toujours passer par d’autres voies. C’est vrai que c’est Denis qui nous a arrangé le coup. Sinon, on serait peut-être encore à les attendre.
– Luc : C’était quand même la condition sine qua non pour qu’une réédition soit possible. Sans les masters, ça ne l’était pas.
– Kick : Les gravures de l’époque n’étaient pas du tout bonnes. Le son était vraiment défiguré à la gravure. On ne pouvait pas rééditer en recopiant les disques d’époque, ce qui se fait souvent. Mais moi, je ne voulais pas ça. Je voulais qu’on retourne à retrouver le vrai son du groupe, de la façon dont on jouait, les vrai son du studio, avec la vraie énergie. Et c’est très bien réussit ; Alexis de Globe Audio a fait un super boulot. On a récupéré les basses, la grosse caisse, le charleston : tout s’est vachement bien rééquilibré. On retrouve vraiment Strychnine.
– Luc, tu mentionnais à l’instant la jauge du Théâtre Barbey qui accueille le concert de sortie de l’album ce soir, avec beaucoup d’invités venus participer. L’idée d’un tel concert pour marquer le coup de la sortie s’est-elle imposée tout de suite comme une évidence ?
– Luc : On s’est posé la question de savoir si on ferait un évènement, et ça s’est assez rapidement décidé. La réédition de ce disque était quelque chose d’important et on avait envie de faire quelque chose ; on s’est demandé quoi et comment on avait envie de le faire. Moi j’avais l’idée qu’on pouvait le faire ici, car Eric Roux [directeur du Théâtre Barbey] est un grand fan de Strychnine, et qu’on avait déjà bossé avec lui sur plein d’autres projets, dont PIND. On lui a donc demandé s’il était d’accord pour organiser un concert ici pour la sortie du disque et il a dit « oui » tout de suite, et un « oui » super enthousiaste. On a décidé d’inviter des potes, et la liste des invités s’est enrichie au fil du temps de tous les gens que tu as vus aux balances.
– On imagine facilement que l’évènement est aussi un prétexte pour se retrouver entre copains et partager un beau moment, et que chacun aura une pensée aussi pour les copains absents, Schultz et Sven du groupe Parabellum, qui jouait souvent avec toi, Kick, Philippe Jolly également en hommage de qui s’est tenu ici même un concert auquel vous aviez participé, à l’initiative de Berbert, bassiste de Stalag et Standards, qui jouera d’ailleurs avec vous ce soir. Qui sera présent exactement ?
– Kick : C’est sûr que si Sven avait été là, ça aurait été génial. Et Schultz aussi. Philippe Jolly aussi serait bien venu en chanter une. Malheureusement on ne va pas refaire l’histoire.
– Luc : Ce soir seront là : Philippe Messina d’OTH, Arno Futur, le chanteur des Sales Majestés, comme Olivier Mathios et Nini [Denis Barthe de Noir Désir] des Hyènes, Bebert et Thierry Tuborg de Stalag, François des Bérurier Noir, Steph de Parabellum. Belle brochette. Et puis on se rend compte que les gens sont hyper contents de venir jouer, mais aussi déjà de se retrouver entre copains et d’échanger. C’est aussi un moment de vie. Tout le monde se retrouve avec l’envie d’échanger, de faire du mieux et de porter le projet et participer. Et quand même les gens ont la banane, et pour moi c’est une belle réussite. Je suis très content de ce côté humain.
– Luc, ce sont aussi des artistes qui ont pas mal participé aux colloques qui se tiennent dans le cadre du projet de recherche sur l’histoire du Punk en France, PIND, que tu diriges avec Solveig Serre. N’est-ce pas ?
– Luc : Ce sont effectivement des gens qui se sont inscrit dans le réseau du projet PIND, et tout se rejoint. Parce qu’on parle du Punk, mais le Punk c’est aussi la vie des gens. On parle de quelque chose qui est juste la vie des gens : quarante ans de musique, de scènes, de rencontres, de répétitions, de concerts. Ce sont effectivement des gens qui sont venus en témoigner et s’impliquer. Et ta question est bonne dans le sens où nous, le projet PIND, avons eu envie de nous investir dans le financement de l’évènement, parce que ça avait du sens pour nous de le faire, comme notre projet est un projet de recherche, participatif, et aussi un projet dans lequel on considère qu’il doit y avoir des évènements.
– Ce soir les artistes Johnny Montreuil et King Kong Blues, qui comme vous font du Rock en Français, et sont des copains vont assurer les premières partie. Le choix n’est surement pas anodin, Strychnine ayant été le premier groupe à initier cela. Quel regard portez-vous dans le rétroviseur à ce sujet ?
– Kick : C’est-à-dire que quand on a commencé à la fin des années soixante dix en France, il y avait pas mal de groupes. Et je pense que la direction qu’a donné Strychnine avec cette énergie et puis des textes, on ne va pas dire « à message », car ce serait prétentieux, mais qui se permettaient de dire un petit peu quelque chose aux gens, a fait qu’on a été un des premiers groupes là dedans. Après quand tous les autres sont arrivés, les Bérurier Noir, Parabellum, les Wampas, OTH, Les Sales Majestés, et d’autres. Et même si chacun a son style, il y avait quelque chose en commun, c’est-à-dire que c’était des groupes qui font du Rock avec l’énergie, mais aussi l’envie d’écrire des textes pour les gens, et pas de chanter en pseudo-anglais. Tous les gens qu’on a réunis ce soir on tous été dans cette direction. C’est pour cela aussi qu’on a voulu pour les premières parties des gens qui chantent aussi en Français, les King Kong Blues et Johnny Montreuil. Ce soir ça va chanter en Français, avec de l’énergie. C’est bien aussi les groupes qui chantent en Anglais ; moi-même je chante en Anglais quand je fais du Blues. Ce n’est pas gênant. Mais ce soir, on voulait ça.
– Avez-vous le sentiment d’avoir été un groupe précurseur e ce sens ?
– kick : Il faut être un peu modeste : dans le Rock, tu n’es jamais précurseur de rien. Avant toi, il y en a eu d’autres, avant eux encore d’autres, et après il y en aura. C’est une chaine. Mais je pense effectivement que lorsqu’il y a eu cette explosion du Punk en France à la fin des années soixante dix, Strychnine avait une couleur, Metal Urbain aussi, dont d’autres peuvent se revendiquer. C’est pour ça que ces gens là sont venus de suite pour participer à la soirée : ils y reconnaissent quelque chose à eux aussi.
– Luc : Je complèterais en disant que je m’en suis rendu compte par ailleurs en discutant avec plein de musiciens et de gens qui ont de la bouteille : le discours qui revient toujours au sujet de Strychnine et celui de gens qui ont écouté ce groupe lorsqu’ils avaient quinze ou seize ans et disent que ça a vachement compté pour eux. Et ce sont des gens comme Daniel Jamet de la Mano Negra ou Alice Botté [ici], Dominic Sonic. Tous m’ont tenu le même discours, en évoquant à un moment donné, un morceau, un souvenir, qui les a marqués. Et ça, c’est quelque chose d’assez incroyable lié à l’histoire de ce groupe, et je le dis d’autant plus facilement que je n’étais pas personnellement à la racine du groupe. Je suis arrivé après. Mais c’est quelque chose qui me frappe, cette espèce d’aura et de respect qu’il y a en France vis-à-vis de Strychnine, l’émotion avec laquelle ça a été reçu à l’époque. Je me souviens les avoir vus, les deux là, quand j’avais quinze ans en mai 1979 au Grand Parc, et c’est un des concerts qui m’ont le plus marqué.
– Kick : Si tu veux, quand on a commencé avec Strychnine, en France on n’avait pas de référence. Avant nous il y avait eu des groupes comme Magma, Ange, ou du pseudo-rock comme les Chaussettes Noires, ou des chanteurs français à texte. Mais on n’avait aucune influence en France. C’est pour ça que ma principale influence dans l’écriture, c’est Chuck Berry. C’est pour ça que je chante ainsi, très en rythme. On est allés chercher nos influences aux Etats Unis, les Stooges, les New York Dolls. Alors que pour les gens qui sont arrivés après nous, il y avait Strychnine, Metal Urbain, des trucs qui commençaient déjà. Il y avait plein de trucs bien en France ; j’adore la Chanson Française, Edith Piaf. Mais dans ce qu’on a fait avec Strychnine il n’y avait aucune référence dont on pouvait se réclamer. Aujourd’hui, des tas de groupes peuvent se réclamer d’OTH, de Parabellum ou d’autres. Mais quand on a commencé, en France, il n’y avait rien dans le vrai Rock, à part Little Bob, qu’on allait voir d’ailleurs, mais qui chantait en Anglais. C’était super bien ; le seul vrai groupe de Rock, c’était Little Bob Story. Mais il n’avait pas cette démarche d’écrire en Français. Nous avons amorcé un tournant.
– Luc : On s’en rend compte avec Solveig, quand on travaille sur PIND (le projet de recherche sur l’histoire du Punk en France): 77, 78, 79 ont été les années du tournant où les mecs se sont rendu compte qu’ils pouvaient monter sur scène et chanter, sans avoir besoin d’avoir nécessairement fait le conservatoire. Comme disait Kick, les références d’alors c’était Magma, Ange, des gens qui avaient quand même un rapport à la musique particulier. Et d’un coup on a vu débouler Strychnine, puis Stalag et tous les autres sur Bordeaux ; et Strychnine est quand même le groupe qui a joué avant The Clash au festival de Mont de Marsan, dans cette espèce de dynamique. T’as l’impression que c’est presque de la fiction. Mais ce moment là a beaucoup compté.
Miren Funke
Photos : Miren
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Johnny Montreuil : https://johnnymontreuil.com/
King Kong Blues : https://king-kong-blues.le-label-pas-sage.fr/