Thomas Fersen. C’est tout ce qu’il me reste…

5 Oct

C’est tout ce qu’il me reste (éditions Bucéphale)

Deuxième album auto-produit au compteur pour Thomas Fersen.
Deuxième album où il fait ce qui lui chante, à savoir des vertes et des bien mûres (Les vieilles).
Il y est tour à tour gigolo sporadiquement scrupuleux (Le vrai problème), harcelé par une qui n’en veut qu’à son slip (Tout ce qu’il me reste), tombeur juvénile plus ou moins crédible (Mes parents sont pas là). Mauvais sorts, rêveries de flemmard (Envie de rien faire), envoûtement ou plongée dans des mythologies anciennes et modernes, il croise des singes à l’appétit altruiste (Mange mes poux), un séduisant dragon du Jura (La mare), des Walking Dead accros à la Française des Jeux (Les zombies du cimetière) ou un alter-ego gorille (King-Kong). Dans leur baratin les personnages se dévoilent : ils ont, « comme la mare qui est double/ et qui a deux côtés/ comme tout ce qui cache/ sous sa lisse surface/ un monde tourmenté ». Comme Thomas Fersen aussi d’ailleurs qui, tel Peau d’âne et planqué sous une pelure de lagomorphe, est toujours le prince du conte loufoque ou fantastique, et glisse dans son gâteau un bijou de 10:30 mn.

L’écriture est précise, le choix des mots jubilatoire et la rime implacable (on fond pour les rimes en -ip de la chanson éponyme). La gouaille un brin paillarde se mêle à l’inspiration folklorique. Aux cordes, Pierre Sangra gratte là où ça démange, du banjo ou de la guitare tandis qu’Alejandro Barcelona joue sur la variation des humeurs à l’accordéon. Le synthé et sa touche électro-rock dans des ambiances comptines renforce le contraste entre le suranné et le contemporain.

Un mot enfin sur les illustrations de l’album, tout en contrastes également. Laurent Seroussi propose un  raffinement macabre, la mort en rose ou de petites mises en scène à échelle inversée. On referme le livret sur un portait en pied du chanteur en tenue de nuit vieux siècle, qui n’est autre que son habit de scène. Beaux rêves ou cauchemars coquins en perspective.

Justine Keiss

 

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