Lundi soir … mi Juillet
Tiens, je vois Francofolies sur France 2, dans le réflexe de l’âne qui se gratte, je clique France 2, avec dix minutes de retard, j’ai raté le début, et là, je vois une créature qui répète djadja en boucle, et agite son fessier généreux vers la foule qui braille… Me serais-je fourvoyé sur une chaine putassière qui réduit la chanson à des paroles d’une indigence abyssale avec une « artiste » qui met son talent dans ses fesses ? De plus, si j’étais vraiment malengroin, je dirais que ce talent est loin d’être proportionnel au volume du popotin, ce qui est assez déplacé, j’en conviens, mais est-il bien placé de représenter le plus grand festival de chanson francophone par ce genre d’artiste dont l’argument se tient dans le décolleté ou dans le mini short ?
Je viens d’un temps largement révolu où une voix, une musique dans la TSF (la version quasi paléolitique du Iphone) me mettait en transe, sans rien savoir de l’artiste, et noter ensuite le nom en phonétique pour aller chez un disquaire, un de ces métiers de l’ancien monde, chez un homme de l’art à qui on n’avait pas besoin de préciser que Michèle Bernard est une fille, et que Sylvestre s’écrit avec un « Y » (expérience vécue personnellement) … Je me vois mal faire la même chose avec ce que j’ai vu et entendu de Aya Nakamura, la description pourrait laisser croire que je m’étais égaré sur une chaine qui fait de la chanson comme on fait de la prostitution soft ..
Et pour m’achever totalement, les plans de coupe sur le public montrent une foule de jeunes femmes avec les mains levées et un smartphone au bout … On s’est donc déplacé au concert, acheté un billet pour faire des vidéos pourries au son inaudible, à part les hurlements des voisines en épectase avancée… Est-ce bien raisonnable ?
Après ça, c’est dans les 70 mn d’extraits de concerts surboostés, comme un diner dans lequel tous les plats seraient surchargés de mayonnaise, avec en dessert un gros gâteau dégoulinant de crème au beurre… ça gave, ça écoeure, ça sature, c’est gros-gras-indigeste … On est très très loin des envolées poético-oniriques d’Higelin, et des fêtes à … qui étaient des vraies rencontres, des partages et des découvertes, ou des quasi vieillards chenus et des gisquettes de 25 ans chantaient en choeur Mon amant de St Jean, aujourd’hui pour l’essentiel du public St JA, quand on cite Jean-Louis, c’est pas à Foulquier qu’ils pensent mais à Aubert … Et ce, sur l’esplanade rebaptisée Jean-Louis Foulquier…
Pour ceux qui ont oublié les grandes heures, une Fête à … c’était inviter autour d’une tête d’affiche des artistes amis plus ou moins connus mais choisis sur des critères d’affinités, pas de marketing.
Exemple, je dis n’importe quoi, Anne Sylvestre on lui offre pour sa fête, Michèle Bernard, Agnès Bihl, Christian Camerlinck, Paule-Andrée Cassidy, Céline Faucher, Yves Jamait, Bernard Joyet, Gérard Morel, Marie-Thérèse Orain, Francesca Solleville … oui, je dis n’importe quoi, mais par ordre alphabétique… Quoi que … ça a existé ce genre de fête à Anne Sysvestre, la preuve, au Quesnoy en Chanteurs
J’ai laissé la télé en fond sonore, en bouquinant, j’avais l’impression d’entendre un genre de FuNrj radio, le seul moment où ça m’a attiré l’oreille, c’est quand Bruel est revenu, c’était la fin. Si ce montage d’extraits est censé représenter la chanson d’aujourd’hui, je ne suis plus du tout en phase avec ces Francofolies… Pour faire court, deux chansons par invité, et à chaque fois la transe du public plein régime, on peut survivre à ces 90 mn d’agitations survoltées ?
Alors qu’il y avait plein de spectacles novateurs, créatifs, à La Coursive, c’est là que les « anciens » celles et ceux qui ont connu les Francos dans les années 85-2004, s’y retrouvent, c’est consternant ce que la télé a montré.
Et cerise sur le gâteau gâté, la télé fait de la pub mensongère en annonçant Bertrand Belin et Aubert, qui ne sont présent pas dans cette émission.
En 2019, les têtes d’affiche des Francofolies de La Rochelle sont Zazie, Soprano, The Blaze, Chris, Angèle, Aya Nakamura, Bertrand Belin ainsi que Jean-Louis Aubert.
On disait naguère que les Directeurs Artistiques avaient été remplacés par des directeurs de marketing, experts dans la promo des yaourts, ça semble se confirmer avec ce genre d’émission qui fait le choix délibéré de promouvoir le produit de grande consommation, au détriment de l’artisanat haute couture, et le MacDo ketpchup à la place de l’épicerie fine… Pour les découvertes, vous êtes priés de vous égarer à La Coursive totalement ignorée dans ce best of du fats foods … j’ai bien dit « fat » autant dans le sens anglais que français … Ou bien aller dans tous les festivals ignorés par la presse généraliste, c’est là qu’on trouve des pépites.
* désastritude : sentiment mélangé de désespérance et de solitude face à un désastre plus ou moins annoncé et en cours de vérification.. Exemple vécu : un ours blanc sur un fragment de banquise qui dérive inexorablement vers l’Equateur. Je me sens ours blanc en perdition.
North Bear Gabriel
Et puisque tout devrait finir par des chansons, un peu de ces choses qui (me) font du bien …
Au bal des ombres et du mystère
Laissez la chanson vous guider
dans des vallées imaginaires
dont vous n’avez jamais rêvé.