Archive | août, 2019

Brésil – Bossa-nova – Barouh

31 Août

Musique en 3B

Brésil – Bossa-nova – Barouh

Communiqué

La musique Brésilienne participe souvent de ce qui rassemble dans la diversité alors que l’actualité se charge allégrement du contraire. Pour illustrer ce que cet art musical a de plus noble, riche, authentique, poétique et universel… Alain Rançon nous convie aujourd’hui à vivre une expérience interactive unique, avec l’aimable autorisation des éditions : Saravah http://www.saravah.fr/

 

Dimanche 29 septembre 2019 de 14 h 00 à 18 h 00

« Chez Georges » : 11 rue des Canettes, Paris VI

https://www.facebook.com/barchezgeorges

Avec la participation de : Véronique Le Berre (chanteuse) et Luiz de Aquino (guitariste, chanteur, compositeur), Gad Kabla offre également la possibilité exceptionnelle de découvrir et d’écouter à Paris une sélection parmi sa collection unique et incroyable de plus de 3000 disques. Ces trésors, acquis au fil des années avec passion et patience, comportent certains titres qui demeurent introuvables. Les pochettes sont déjà, à elles seules, tout un univers … aujourd’hui ouvert à tous !

C’est une occasion conviviale de découvrir ou redécouvrir des œuvres du patrimoine musical Brésilien et Français, des interprétations, des artistes et des chansons qui continuent à faire le tour du monde, en passant par les rythmes de source Africaine, le choro, la bossa, le jazz, etc., mais aussi d’évoquer (parfois photos à l’appui), avec des passionnés et spécialistes présents, des noms tels que : Vinicius de Moraes, Tom Jobim, Joao Gilberto, Elis Régina, Baden Powell , Chico Buarque, Flora Purim, Marcia Maria, Moustaki, pour ne citer qu’eux. Benjamin Barouh, fils aîné de Pierre Barouh (qui fût sans doute un des plus grands passeurs sans la trahir de cette musique en France) nous apportera un témoignage, notamment littéraire et forcément bien avisé, autour de ce voyage.

Photos©NGabriel 2015

A la demande et sur place : certains titres, dont de très belles adaptations de chansons comme : « A Bicyclette », « Des ronds dans l’eau », « Água de Beber », etc. seront interprétées « en Live » par Luiz de Aquino, accompagné par Véronique Le Berre. D’autres seront diffusées par enregistrement dans ce bar au long zinc, lieu mythique chargé d’Histoire. En effet : se sont produits dans cette cave certains des plus grands noms de la chanson à Saint Germain des Prés depuis 1952, artistes dont les photographies habillent les murs de cet établissement qui a conservé toute son âme et son authenticité. Le public sera l’hôte de Nicolette (Rare et chaleureuse témoin de ce que fût Saint Germain des Prés depuis cette époque) et de ses deux enfants : Jeff et Hugo dont le sens de l’accueil ajoute à la sympathie qui les caractérise.

Livres ainsi que CD et DVD seront disponibles sur place, avec la possibilité, pour certains, de les faire dédicacer par leurs auteurs.

Alors, Dimanche 29 septembre : ne vous levez pas de bonne heure mais de bonheur : venez nous retrouver « chez Georges » entre 14 h 00 et 18 h 00 ! Code couleur et vestimentaire : Brésil !

Entrée : 8 €, consommations à régler sur place.

Concert de soutien au Collectif des Migrants de Bordeaux mercredi 28 : entretien avec Le Cri Du Peuple

26 Août

 

Mercredi 28, la chorale anarchiste Le Cri Du Peuple, qui nous avait précédemment accordé un entretien lors du Festival contre le racisme et les stéréotypes, participera à un concert programmé au centre Darwin à Bordeaux, en soutien au Collectif des Migrants de Bordeaux (C.M.B), qui  organise l’accueil des personnes privées de logement par la récente vague d’expulsions successives de squats, leur propose des repas, des aides juridiques et médicales, et coalise les initiatives des différentes associations ou organisations, propageant la chaleur humaine d’un mouvement de solidarité qui s’est spontanément et dans l’urgence exprimé dès les premières expulsions, et engagé dans l’action concrète autour de militants anarchistes et sympathisants de gauche, de membres du milieu associatif (notamment le club de rugby solidaire Ovale Citoyen qui compose la mixité de son équipe en recrutant des joueurs issus de populations exclues et en exil), ou de gens simplement citoyens et humanistes, horrifiés et révulsés par la brutalité et le cynisme avec lesquels la république « des droits de l’homme » a subitement privé des être humains de leur abri, pour les jeter à la rue en pleine canicule, et à la déchetterie leurs affaires. Nombreux furent les girondins, politisés ou non, à s’insurger devant le sort de ces hommes, femmes et enfants, contraints d’errer et dormir dehors, parfois juste devant la porte condamnée de leur squat, et à s’abasourdir face à la stupidité et au non-sens de l’intervention préfectorale ordonnant l’application froide des décisions juridiques d’expulsion, sans plus d’empathie que de cas de conscience. Rapidement les dons de denrées alimentaires et produits de nécessité ont convergé vers le local de la Confédération Nationale du Travail (C.N.T Gironde), puis l’Athénée Libertaire, ou des militants et sympathisants se relayent pour assurer une distribution de repas, et un accueil de jour pour les expulsés, qui eux-mêmes s’impliquent dans l’accomplissement des tâches et dans la mise en œuvre de l’entre-aide -loin, très loin d’un esprit d’assistanat tel qu’il est souvent fantasmé par certains discours ignorants-, tandis que et la Bourse du Travail -local de la Confédération Générale du Travail (C.G.T)- prenait le relais pour un accueil de nuit. C’est peu dire que la solidarité localement a fonctionné avec la dignité, la conviction et l’intelligence des âmes de bonne volonté, pour qu’un havre existe permettant la distribution des repas et offrant un lieu de répit aux personnes, exilées ou non, s’étant retrouvées à la rue. Et comme les cœurs fertiles sont parfois à cours de moyens financiers, mais jamais à cours d’inventivité ni de poésie, l’idée d’évènements artistiques et musicaux s’est évidemment imposée comme un moyen de donner plus de lisibilité à cette cause et de récolter aussi des moyens. C’est naturellement vers certains des membres du Cri Du Peuple, très impliqués dans l’action, et qui lors de l’entretien qu’ils nous avaient déjà accordé, nous avaient expliqué l’importance pour eux de participer au soutien de justes causes et donner du sens aux paroles militantes qu’ils chantent, que nous sommes revenus pour leur permettre de parler de cette cause, en compagnie de Jean-François du club Ovale Citoyen et du Collectif des Migrants de Bordeaux.

 

– Bonjour et merci de nous accorder ce moment. Pouvez-vous nous parler de ce concert à venir et du Collectif des Migrants de Bordeaux en soutien duquel il aura lieu ?

– Marina : Le concert du 28 est organisé pour le Collectif des Migrants de Bordeaux (C.M.B) au centre Darwin, avec plusieurs autres artistes participants. Nous sommes plusieurs membres de la chorale effectivement engagés dans le mouvement solidaire. C’est la C.N.T qui a la première ouvert ses portes aux migrants expulsés, dans les tout premiers jours après l’expulsion du squat la « Zone du dehors » à St Médard en Jalles, afin qu’ils puissent trouver un refuge, des repas et prendre une douche. Puis le local du syndicat a du affronter des plaintes du voisinage et s’est retrouvé menacé d’expulsion lui-même. La logistique de préparation et distribution des repas s’est donc déplacée ici, à l’Athénée libertaire, où les militants et sympathisants poursuivent l’action. L’élan de solidarité s’est affirmé de partout : seule preuve en est que des gens de l’église catholique cohabitent ici avec des anarchistes pour aider. Le diacre a lancé un appel à ses fidèles, à travers le journal La Croix, sa page facebook et une interview sur France Inter, à apporter des dons et leur aide aux permanences qui sont assurées ici pour l’accueil des personnes, tous les jours sauf le lundi et le vendredi ; il a aussi trouvé quelques appartements pour loger provisoirement des familles.

– Boris : L’idée de créer un collectif, le C.M.B a été lancée quand l’action menée au local de la C.N.T, puis ici pour garantir des repas et des douches, et du soutien a commencé à se pérenniser. Il s’agissait de rendre la cause visible avec un collectif unitaire centralisateur, qui réunisse en son sein les militants des divers horizons politiques, syndicaux ou associatifs et les citoyens non-affiliés, mais aussi les expulsés eux-mêmes, et relaye les informations de chacun aux autres, en impliquant autant les migrants eux-mêmes que les bénévoles. La page facebook a donc été créée, et est gérée par des migrants autant que par nous, le principe étant de mettre en avant la parole des concernés, soit par des communiqués qu’ils rédigent eux-mêmes, soit par l’aval qu’ils doivent donner aux publications. Tu peux constater de toute façon que les migrants accueillis ici s’impliquent pleinement dans la préparation des repas, les activités, la prise en charge de nouveaux arrivants. Certains sont parfois trop épuisés quand ils arrivent, mais d’autres participent énormément et se montrent très volontaires.   

– Marina : Donc notre chorale s’est engagée, avec ses moyens. Nous sommes plusieurs membres impliqués dans le fonctionnement des permanences et de l’aide. Et puis nous avons déjà poussé la chansonnette dans des bars ou dans la rue pour récolter de l’argent pour financer la caisse commune et en parler. Il y a déjà eu quelques petits concerts spontanément organisés par des membres du milieu associatif et alternatif qui ont également permis de récolter du soutien financier.

-Samia : Le concert aura lieu le mercredi 28 au centre Darwin, avec une entrée payante à faible prix ou prix libre, à partir de 18h. Deux grands axes sont mis en avant : la question de tous ceux qui sont privés de logement, dont les sans-papiers et demandeurs d’asile, et la question de la régularisation des gens en situation d’attente ou irrégulière.

 

– L’engagement en général tient à coeur à votre chorale. Est-ce pour vous une évidence de ne pouvoir dissocier l’action militante et de l’esprit du chant de révolte ?

– Sandrine : Le Cri Du Peuple existe depuis plusieurs années, mais ça fait vraiment un an et demi qu’on est très inquiets et mobilisés sur ces questions et qu’on récolte des sous pour ces causes, parce qu’on sent le vent tourner, et ça pue vraiment. La réglementation légale est en train d’évoluer à vitesse grand V, avec la remise en cause des droits des étrangers, les attaques du droit au logement aussi via plein de biais, notamment les diminutions ou suppressions des aides sociales. Dernièrement on nous dit que pour financer les mesures demandées par les Gilets Jaunes, on va devoir puiser dans le fond de réserve d’Action Logement, ce qui est encore une façon d’opposer les gens des classes populaires entre eux.

– Boris : C’est médiatisé à Bordeaux, car l’élan de solidarité a été intense et relayé par les médias. Mais plusieurs villes en France connaissent des situations similaires. Alors on dit que c’est dû à la préfète actuelle de Gironde, anciennement préfète de Calais, ce qui est vrai quelque part ; mais c’est surtout l’état qui mène cette politique. Ceux qui sont pris en charge par l’O.F.I.I sont dispersés dans des logements un peu n’importe où, dans la région Nouvelle Aquitaine, dans de petites villes un peu perdues, sans transport en commun, où ils se retrouvent isolés, sans pouvoir établir ou garder de rapports avec des associations ou des humains qu’ils connaissent. C’est donc très compliqué à vivre humainement et psychologiquement pour eux comme pour nous. Je pense qu’une chose utile à faire serait de construire un réseau solidaire avec les autres villes, comparer la façon dont on gère les choses, les idées qui sont mises en avant et s’en inspirer si nécessaire, et permettre aux gens de créer des contacts plus facilement.

– Marina : Il faut aussi que les gens qui acceptent d’obéir à ce type d’ordre inique comprennent qu’ils sont responsables de ce qu’ils font. C’est pourquoi on cite les gens qui appliquent les ordres et acceptent d’être grassement payés pour ça, même si bien évidemment nous savons que c’est la politique du gouvernement qui est mise en œuvre, parce que si ses fonctionnaires refusaient d’appliquer les ordres, le gouvernement ne pourrait rien faire. C’est la responsabilité de chacun. Depuis un an nous reversons l’argent récolté à un collectif qui s’appelle Espace Solidaire et qui travaille à accueillir, aider et soutenir les gens qui se retrouvent à la rue.

– Sandrine : C’est un collectif d’individus qui s’est créé y a un peu plus d’un an, dans le quartier St Michel où on voyait des gens errer en quête d’un refuge, pour agir et ne pas rester indifférent face à ces situations, et indiquer aux gens les lieux solidaires auprès desquels trouver de l’aide.

– Marina : Par exemple des cours de Français sont proposés aux migrants qui en ont besoin pour pouvoir faire leurs démarches administratives. Il faut savoir que certains arrivent ici en ayant vécu et traversé des choses terribles, connu l’esclavage, le viol, effectué des années de prison dans les pays où ils sont passés, vu leurs compagnons de voyage mourir, les membres de leur famille massacrés, mis parfois plus de trois ans de périple. Ils arrivent ici avec une histoire très lourde, et on ne peut pas mettre une aide psychologique en place, parce que ce n’est pas notre métier. Alors eux ont envie de parler français, mais il y a tellement de choses dans leur tête, que c’est très compliqué. On démarre les cours avec une cinquantaine d’ « élèves » pour en avoir peut-être trois qui vont s’accrocher, et qui sont des personnes ayant déjà un bagage scolaire ou universitaire.

– Boris : On a des enseignants en congés ou en retraite, ou des professeurs de Français-langues étrangères de l’Association de Solidarité des Travailleurs Immigrés (A.S.T.I) qui viennent donner des cours au local de la C.N.T, car enseigner le Français à des non-francophones ne demande pas les mêmes compétences que l’enseigner aux francophones. Pour l’instant nous sommes huit enseignants, donc on arrive à faire des suivis un peu personnalisés et c’est bien.

 

– Sur la situation, quelles solutions ont été proposées à ce jour par les autorités ?

– Jean-François [pour le C.M.B et Ovale Citoyen]: Tous les demandeurs d’asile qui avaient trouvé refuge de nuit à la Bourse du Travail, c’est-à-dire 70% des expulsés des squats, ont été finalement pris en charge jusqu’à la fin de leur procédure, même si ce sont des relogements provisoires. Au début la préfecture répondait par la négative à nos démarches en nous disant que toutes ces personnes étaient illégales, sans-papiers. Ce qui est faux. Il y a des travailleurs pauvres de citoyenneté française, des sans-papiers, des gens disposant de visas touristiques, de visas d’affaires, beaucoup de demandeurs d’asile. Cela concerne en tout 120 personnes pour le premier squat expulsé, l’Ascenseur, 70 pour le Garage, et encore 120 pour la « Zone du dehors ». Il semble que concrètement ça a embêté la préfecture d’avoir cette situation sous les yeux, avec des organisations syndicales et des citoyens gérant bénévolement une prise en charge d’urgence à la place de l’état, et elle a donc finalement dû se résigner à prendre notre parole en considération. On a finit par obtenir que la préfecture accepte de réaliser un diagnostic des situations avec le Samu Social, qui a révélé que la majorité des personnes étaient en situation de demande d’asile et en attente que leur cas soit étudié. Après leur relogement, la Bourse du Travail s’est à nouveau remplie, et nous avons réalisé un second diagnostic, dont nous avons obtenu qu’il soit pris en compte comme s’il avait été réalisé par une autorité officielle, qui a encore trouvé près de 70% de demandeurs d’asile. L’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (O.F.I.I) a donc du prendre en charge ces gens. Les autres ont obtenu un hébergement en foyer pour un mois, sauf certains qui ont refusé l’hébergement ou préféré quitter Bordeaux. Ce n’est que provisoire bien sûr, mais déjà ces gens ne sont plus à la rue, et contraints de s’entasser à la Bourse du Travail, qui n’a pas vocation à l’accueil de nuit comme elle l’a assuré pendant un mois, ne disposant que d’une douche et de quatre wc, et n’ayant plus de militant disponible pour rester sur place pour tenir les permanences. La préfète de Gironde se défend en disant qu’elle ne fait qu’appliquer une décision de tribunal avec ordonnance d’expulsion, et qu’en tant que « bras armé » de l’état, si elle ne fait pas appliquer l’expulsion, c’est elle qui est en tort. C’est exact. Mais ce en quoi nous contestions le bienfondé des expulsions, c’est qu’il n’y avait pas eu de diagnostic social préalable. Normalement quand on expulse un squat le C.C.A.S passe avant et relève la situation particulière de chacun pour qu’à la sortie du squat une offre de relogement soit faite. Cela a été en partie réalisé sur la « zone du dehors » ; pas du tout sur le Garage.

– Marina : Mais de toute façon les solutions proposées ont été des issus à très court terme, c’est-à-dire qu’on vire des gens d’un squat, on les place deux-trois jours dans un hôtel, et ensuite on ne se soucie plus de ce qu’il advient d’eux quand l’hôtel le met dehors. Le problème qui a choqué les gens est aussi que les évacuations se sont opérées dans la violence. La préfète s’est cru à la jungle de Calais, où elle avait sévi auparavant.

– Samia : Ils ont tout jeté, les affaires des gens parfois avec leurs papiers, cassé les meubles.

– Jean-François : Il faut savoir que certains des demandeurs d’asiles ont l’habitude de cacher leurs documents dans les matelas ou les affaires. Donc tous ceux qui n’avaient pas leurs papiers sur eux les ont vus partir à la benne avec les meubles. La volonté est de les priver de leur mobilier pour rendre impossible la reconstitution d’un autre squat, donc on jette tout à la benne. Nous nous sommes battus pour obtenir qu’on puisse rentrer dans les lieux pour récupérer des médicaments! Et puis il ne faut pas se faire d’illusion : tous les gens relogés en foyer occupent une place qui est une place en moins pour d’autres. C’est un système de vase communiquant. Actuellement le taux d’occupation des foyers dépasse les 120%.

 

– La tendance médiatique est souvent de décrire la France comme un pays de transit pour les flux migratoires, les migrants étant censés vouloir chercher fortune en Angleterre. Qu’en est-il de la réalité des aspirations ceux que vous rencontrez ici ?

– Marina : Il y a beaucoup de migrants qui viennent des ex-colonies françaises, donc qui ont déjà la pratique de notre langue en main. Ils viennent ici simplement, parce qu’ils ne peuvent pas vivre dans leur pays, qu’ils y sont menacés, quand ils n’ont pas déjà vécu l’emprisonnement, la torture ou la persécution, ou parce qu’ils fuient la misère et la famine. On recense quatre cent treize millions d’Africains qui vivent avec un euro quatre vingt dix par jour, pendant qu’une entreprise comme Total fait quatre milliards et demi de résultats nets en 2018 : l’Afrique est le continent le plus riche en ressource minière d’or, de platine, de diamants… Et tout cela n’est exploité que par des grandes puissances occidentales. Tant que les gens vivront dans la misère, ils continueront d’émigrer. Si on veut qu’ils cessent de venir, il est temps de rétablir de la justice.

– Sandrine : L’intellectuel sénégalais Felwine Sarr dit que si toutes les entreprises comme Total payaient les taxes qu’elles doivent aux pays d’Afrique dans lesquels elles sont implantées, il y aurait zéro dette et les états africains seraient même excédentaires.

– Samia : Ceci dit rappelons quand même que par principe nous sommes en tant qu’anarchistes contre les frontières, et que donc même si tout allait bien des ces pays, chaque humains devrait avoir le droit de circuler librement sur la planète.

– Marina : Exactement! La terre n’appartient à personne ; chaque humain a le droit d’aller et de s’installer là où il le veut.

 

Miren

Lien de l’évènement : clic ici –> 

 

Lien de la cagnotte solidaire : https://www.leetchi.com/c/collectif-des-migrants-de-bordeaux-soutenez-nous

Lien du Collectif des Migrants de Bordeaux :  https://www.facebook.com/collectifmigrantsbordeaux/

 

Le Cri du Peuple : https://www.facebook.com/lecridupeuplebordeaux/

Aufray a chanté Dylan…

25 Août

Comment naissent les légendes ?

Et comment naissent les dénigrements …

Photo ©Tony Frank 1964

Depuis quelques temps je lis sur ma page FB des communications ou des partages dont le fond et la forme risquent fort de provoquer un coup de balai salutaire… Parmi ces dénigrements c’est Hugues Aufray qui est souvent la cible avec son album Aufray chante Dylan. J’ai lu que c’était une légende et qu’avant lui Dylan était chanté en France, souvenirs « précis » à l’appui. N’ayant pas la mémoire qui flanche sauf parfois pour ce qui s’est passé hier matin, les années 60 et suivantes sont y gravées fidèlement surtout en matière de chanson. Ces années-là, c’est la déferlante des néo rockeurs aux noms anglicisés et légendes bidonnées qui adaptent la plupart du temps des succès américains parolés en français avec plus ou moins de talent. Parmi eux Richard Anthony qui, dans ces années, a constamment adapté les succès de variétés US. Et parmi ceux-ci, il interprète dans la foulée Blowing in the wind (traduit par Pierre Dorsey) que Peter Paul and Mary ont vulgarisé en en faisant un tube. Anthony s’y colle en 63/64 sans jamais faire une quelconque référence à Dylan.

Dans ces mêmes années 61/64  Hugues Aufray qui a passé du temps aux USA (un an en 1961) où il a connu Peter Paul and Mary, a aussi entendu Dylan. Et de retour en France il envisage de lui consacrer un album. Avant 1960,  Aufray a commencé à chanter en interprète , Gainsbourg,  il est un des premiers a graver Le poinçonneur des lilas, Vian, Michel Vaucaire, Moustaki, (Le jugement dernier)  Michèle Senlis, Kurt Weil, Trenet , Carmichael (Georgia...) et d’autres américains.

Pour ce projet Dylan, il demande à Pierre Delanoë de traduire, mais Delanoë n’est pas sûr de son anglais scolaire, et il travaille avec Aufray, qui a passé un an à New York et connait mieux  le langage populaire. Dans ce projet soumis à Dylan, ils s’engagent à envoyer chaque traduction pour validation, ce que feront Dylan et ses avocats. Ces faits ont été rapportés par Delanoë qui avait en général la modestie enthousiaste sur ses travaux. Il remet bien les choses en place sur qui a fait quoi.

Une seule chanson a un sens différent de l’original, Tambourine man, mais Dylan a laissé faire, l’essentiel des autres traductions le satisfaisait. C’est donc en 65 que sort l’album Aufray chante Dylan… et si Blowing in the wind était connu avant, c’est quand on a entendu  La ballade de Hollis Brown  ou   La mort solitaire de Hattie Carroll  que les français, en général, ont compris la réelle dimension de Dylan. A qui Hugues Aufray rendait hommage dans les concerts ou les émissions radio-télé… Je ne me souviens pas que Richard Anthony ait parlé de Dylan et de son importance dans la chanson qui raconte la vie rugueuse, et les zones sombres de l’american way of life.

Pour mémoire, la mienne, la première fois que j’ai entendu Aufray c’était avec San Miguel, une chanson de Jane Bowers adaptée par Michel Vaucaire sur une musique de D (Dave?) Bowers, une chanson assez dylanienne… C’était en 1960 ou 61.

Lorsqu’Hugues Aufray prépare ce projet, il est suffisamment connu pour mener à bien cette affaire ambitieuse et imposer un album entier avec quelques chansons pas très propices à faire danser les teen agers dans les surboums. Comme les deux ci-dessous .

Ajoutons que dans les sons néo french rock hallydesques, les couleurs musicales du skiffle group apportaient un souffle vraiment nouveau …

 

et la chanson qui m’a bouleversé autant que Nuit et brouillard,

 

Et pour compléter quelques minutes d’entretien récent pour bien comprendre qu’une adaptation de chansons américaines sont mieux traduites quand le traducteur est aussi un musicien, c’est pas Sarclo qui dirait le contraire … Et Dylan non plus quand ils évoquent la traduction de « Like a rolling stone » et le sens du texte, quand Aufray traduit  « How does it feel / How does it feel » par « Où vont ces files / Ces sans-domicile » ce n’est pas une assonance douteuse, mais comme le dit Dylan, c’est l’esprit de la chanson.

 

 

Et pour mes souvenirs San Miguel version originale intégrale avec intro parlée

 

 

 

PS : à lire aussi René Troin  Dylan, comment ça se dit en français ?

clic ici –> 

Thats all folks.

Norbert Gabriel

26/8/2019 NB:  le commentaire ajouté ci-dessous précise sans équivoque ce qu’il  en est .

Femmes, sexisme et musique…

24 Août

Lectrices/lecteurs qui passez par ici, vous avez sans doute remarqué que ce blog COLLECTIF est à large dominante féminine, ce qui est assez cohérent sa créatrice étant une femme, mais la parité a souvent été de mise. C’est une question de circonstances pas de choix délibéré.

A la suite de quelques conversations sur Facebook, il revient en filigrane la place de la femme dans le spectacle. Ces discussions sont souvent parties en réaction à des déclarations de Françoise Hardy dont les propos résumés fort mal à propos déclenchent des polémiques enflammées. Mais, en croisant ces punchlines avec des biographies, des autobiographies ou des entretiens fouillés, on peut noter que tout n’est pas insane dans ces extraits à buzz scandaleux. Dans plusieurs livres, on trouve les mêmes faits, dans le cas de Françoise Hardy, il y a ces incidents de studio, quand un technicien de base impose des diktats qui s’avèreront non adaptés, et bien que Françoise Hardy ait été à cette période une méga star, timide, elle n’osait pas imposer son point de vue. Le même incident est arrivé à une chanteuse pianiste connue et reconnue ayant bien 15 ans de carrière, lorsqu’un technicien vient au piano lors des balances pour régler les retours, lui, à son idée, sans lui demander…

Un article dans Télérama a mis le sujet à la une..

 Maintenant voici un florilège, non exhaustif, des propos entendus ça et là… A vous de voir s’il faut rire ou pleurer… Dans les images du bandeau*, il y a quelques symboles sans lien particulier autre que des femmes dans le monde de la musique, parfois atypiques… Un homme qui est exigeant est un perfectionniste, une femme exigeante est une chieuse, ça résume bien l’état des lieux.

Je ne savais pas qu’il fallait avoir un chromosome Y pour entendre la musique..

  • Un musicien s’adressant à une ingénieure du son : C’est bien que des femmes fassent ce métier. Mais bon, c’est quand même pas trop DUR pour toi ?
  • Ton mix manque de couilles… (Un homme s’adressant à une ingénieur du son)
  • Et ton mec est d’accord avec ton train de vie? Je veux dire il accepte? Une femme musicienne comme toi …et dj.  (Un chauffeur de taxi s’adressant à une musicienne)

–  Les filles ne devraient pas avoir de résidences, il faut qu’elles créent l’évènement car on s’en lasse plus vite .

Quand la surcharge familiale vient s’ajouter à la charge professionnelle, ça devient compliqué. (un directeur de conservatoire répondant à une accompagnatrice venue se plaindre d’être en surcharge de travail, mère de 3 enfants)

Tu joues fort pour une gonzesse. (un prof de trompette de conservatoire à son accompagnatrice)

  • Ah, dommage.  (Le directeur parlant à la cantonade au moment ou quelqu’un dépose un manteau sur les épaules de la danseuse en sous vêtements)
  •  J’aime bien quand tu fais des trémolos … (un musicien s’adressant à une musicienne en regardant ostensiblement sa poitrine)
  •  Alors, tu l’as baisée ?  (2 régisseurs parlant d’une régisseuse. Cette dernière est en train de déjeuner avec eux, ils font comme si elle n’existait pas)
  • Oh mais je sais qu’avec vous ça va bien se passer (Le tourneur s’adressant aux musiciens du groupe en même temps qu’il caresse le bas du dos et la fesse d’une des musiciennes)

Ah tu es enceinte ? tu oses me faire ça ? tu vas foutre en l’air ma tournée c’est vraiment un sale coup que tu me fais (Un musicien s’adressant à une musicienne)

  •  Je vous mets en congé sans solde afin que votre grossesse n’impacte pas les cours de batterie: vous allez être fatiguée… je ne le sens pas (Le directeur d’une structure musicale s’adressant à une des enseignantes qu’il emploie)

–  C’est mieux si vous avez un jolie voix pour charmer les programmateurs  (Dans le cadre de deux entretiens pour un poste de chargé de diffusion)

–  Oh elle a un cul triste celle là, son jogging la met pas du tout en valeur.  (Un technicien en voyant passer une danseuse.)

Si tu veux récupérer ta frontale va falloir baisser ta culotte.  (Un régisseur à l’apprentie, chargé de commander des nouvelles lampes frontales pour toute la technique.)

Non mais toi si tu as tous ces contrats c’est juste parce que tu es une fille, et jolie. Moi si j’étais une fille c’est sûr que j’aurais beaucoup plus de dates”

–  Vu que j’ai signé ce disque en étant sûr que c’était un mec à la batterie, je reste dans les loges pour voir la batteuse se déshabiller et vérifier, j’ai quand même pas pu me tromper à ce point !  (Un directeur de label s’adressant à une musicienne)

  • C’est vraiment bien pour une fille (Un homme s’adressant à une musicienne qui vient de remporter un concours d’entrée dans un conservatoire supérieur)

T’arrêtes oui ? c’est pas comme ça qu’on va revenir jouer ici…  (Une musicienne criant sur sa collègue qui vient de refuser ouvertement de se faire tripoter par leur manageur.)

On va s’arrêter là, c’est juste un extrait du palmarès dans le genre, nous sommes dans les années 2000, si vous en voulez encore, ad nauseam, c’est là

Clic sur le bandeau ci dessous,

 

Nina Simone, cliché symbole guitare sexy et Sylvie Cobo, La Baronne

 

 

Norbert Gabriel

La Nueve, ou Paris libéré le 24 Août par des républicains et anars espagnols..

22 Août

Paris libéré le 24 Août 1944 à 21 heures…

Avec un chant républicain
L’Espagne enfuie des catacombes
Un peu de terre dans les mains
Une espérance vagabonde
Avec son casque américain
On l’a pris pour le Nouveau Monde
Portant l’espoir du monde ancien
Quand dormaient toutes les colombes…

Un nuage espagnol oublié quand l’histoire à la mémoire qui flanche.

la nueve AAA.jpg1944 : Des anarchistes pacifistes ont libéré Paris … La nueve était une unité de la division Leclerc, composée de républicains espagnols en majorité anarchistes, unité commandée par le capitaine Dronne, dont la jeep avait été baptisée « Mort aux cons » Lorsque le Général de Gaulle arrivé à Paris se trouvera face à la jeep du capitaine Dronne, il aurait déclaré dans un soupir: « Lourde tâche, vaste programme ».

La compagnie enrôla quelques 150 républicains espagnols souvent libertaires, mais aussi des soldats français, sous commandement français.

Ces républicains s’étaient engagés dans l’armée américaine, et c’est en uniforme US sur des véhicules US qu’ils sont entrés dans Paris, en avant garde, précédant les chars de Leclerc trop lents. Cette avant garde a été ensuite la garde rapprochée de de Gaulle défilant sur les Champs, puis elle a continué sa marche en avant jusqu’à Berchtesgaden, laissant l’essentiel de ses hommes morts entre la France et l’Allemagne. Ce qui explique en partie le rapide oubli de tous, y compris du général de Gaulle, mais un livre et une chanson font revivre cette mémoire occultée

Il faudra bien, un jour, crier dans le silence
Qu’un nuage espagnol a libéré Paris
Avec un chant républicain
L’Espagne enfuie des catacombes
Un drapeau noir un peu carmin
Une espérance vagabonde

Dans cette reconquista de la liberté, les Espagnols donnèrent à leur véhicules des noms rappelant pour la plupart des événements de la guerre d’Espagne. La 1ère section de combat baptisa ses véhicules « Don Quichotte », « Cap Serrat », « Les Pingouins » (d’après le surnom donné par les soldats français aux Espagnols ou « Espingouins » (le nom de « Buenaventura Durruti », proposé par des anarchistes, fut refusé par les supérieurs français), « Madrid » et Guernica. La 2e section de combat donna à ses haltracks les noms de « Résistance », « Teruel », « España Cañi » « Libération »), « Nous Voilà »et « Ebro ». Et la 3e section de combat baptisa les siens « Tunisie », « Brunete », « Amiral Buiza », « Guadalajara », « El Canguro » et « Santander » ; les noms de « Catapulte », « Belchite », Rescousse pour le halftrack de dépannage.

half track.jpg<— Le half-track “Guadalajara”, premier véhicule a être entré sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris, le 24 août 1944.à 21h 22.

Alors que l’histoire donne le 25 Août pour la libération de Paris.

Il y eût quelques survivants. Luis Royo est le seul membre de la Nueve à avoir reçu un hommage officiel de la mairie de Paris et du gouvernement espagnol en 2004 à l’occasion de la pause d’une plaque sur le quai Henri-IV près de l’Hôtel-de-Ville. En 2011, surveillés de près par la police, une poignée d’ami-e-s de la République espagnole, dont Evelyn Mesquida, s’est regroupée dans l’indifférence quasi générale lors de la commémoration de la libération de Paris.

Une plaque similaire a été posée square Gustave-Mesureur, place Pinel (Paris 13e), une autre au centre de la Colonne_Dronne,_Place_Nationale,_Paris_13.jpgplace Nationale, (Paris 13e).

L’essentiel des données de cet article vient du Forum Anarchiste,

http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php…

(la chanson de début est de Serge Utgé-Royo, album « L’Espoir têtu » 2013.)

Il y a quelques années un des derniers de ces républicains réfugiés en France, qui les a très mal traités, c’est le moins qu’on puisse dire, témoignait et avait terminé sur une note douce amère, «  nous avons perdu toutes les batailles (de la guerre d’Espagne) mais c’est nous qui avions les plus belles chansons. » La Nueve a gagné sa bataille de France, et comme dit la chanson-drapeau,

drapeau pin's.jpg

Pour l´anarchiste à qui tu donnes,
Les deux couleurs de ton pays,
Le rouge pour naître à Barcelone,
Le noir pour mourir à Paris

Thank you Satan, mais pour Paris et la France, gracias compañeros !

Une version femmes,  « El paso del Ebro »
https://www.youtube.com/watch?v=VQgSyUK08Rs

autre version:

et aussi Canciones de la Guerra Civil Española « Si me quieres escribir »  « si tu veux m’écrire.. »

Dans son fameux discours « Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière : c’est-à-dire de la France qui se bat. C’est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. » le général incluait donc dans le peuple de la France éternelle, la Nueve, que l’histoire, et lui-même oublieront très vite. Cette armée des ombres qu’il rejettera dans l’ombre.

N’empêche, Paris libéré par des anars espagnols libertaires, ça montre que Don Quichotte n’avait pas tort en s’attaquant aux moulins à vent, ils peuvent vous envoyer dans les étoiles.

Et pour finir, un film,

Norbert Gabriel

EPM, En Période Mystique ? Ou Georges Yvan et moi …

21 Août

Est-ce une évolution vers la quête du sacré, ou un message subliminal ourdi par un lutin facétieux, la question peut se poser quand un courrier sympathique me livre deux albums, que je découvre dans cet ordre d’ouverture de la lettre : Georges Chelon « Essayez Dieu » puis Yvan Dautin… Que faut-il comprendre ? Les évangiles selon Dautin, c’est prometteur. Cette invitation à chanter à choeur joie* en groupe en ligue en procession les psaumes dudit révérend semble a priori assez saugrenue au vu du passif de l’individu surtout qu’il nous la baille belle , le bougre,

Je m’invente des boniments
Je me mens surtout à moi même
Je suis amoureux comme un gland
Un gland amoureux de ses chaînes.

Pour les deux premiers vers, si ce n’est dieu, c’est bien imité. Surtout en des temps où les diables et les dieux font open bar en catastrophes en tous genres. Yvan Dautin nous emmène dans une ballade douce amère, le cœur à l’encan, c’est la chronique de la vie rugueuse, le temps des espoirs vaguement fanés, le cantique des gens de peu, et pourtant, envers et contre tout, il donne envie de regarder le monde qui nous entoure avec un peu plus de tendresse, ça peut pas faire de mal par les temps qui courent. Au final, la proposition de Chelon « Essayez Dieu » dans ce contexte est une idée à suivre.

Tout comme suivre Georges Chelon dans ses promenades ironico mystiques, on est au bord du tombeau des Danaïdes, comme des shadocks obstinés qui pompent à l’infini sur l’air des lendemains qui chantent, c’est toujours demain, un pied dans le tombeau, et l’autre en équilibre et ça vous fait rire ? Un peu jaune peut-être ?

Je conçois que ce ne soit
Pas aussi facile que ça
Mais essayez Dieu
Au pire ça ne changera rien

Au mieux ça ne peut que vous faire du bien..

Vous qui ne croyez plus en l’homme, ni en vous, aux lois, en personne, Essayez Dieu..

Bon l’essai est sans garantie de bonne fin, mais quand même..

Si la vie n’est qu’un vide
tonneau des Danaïdes
sans fond
On va remuer ciel et terre
On va braver le vent la mer
On va se battre contre des moulins.

Lesquels comme chacun sait, peuvent vous jeter dans la boue ou vous lancer vers les étoiles.

Georges et Yvan, Chelon et Dautin et EPM, c’est deux beaux albums, avec paroles et musique, avec de vrais musiciens et de vrais instruments, vous savez, ces trucs en bois, en cuivre, que du naturel . C’est écrit avec des encres bleues ou noires avec des eaux fortes ou des sirops de vie, ni guimauve ni chialages, entre Doisneau et Daumier, c’est la cantilène des lanceurs d’alerte, des amoureux éternels, parfois fatigués, jamais résignés. Jazzy selon Angélo, élégant comme Yvan, baladin comme Dautin.

Pour essayer Dieu, avec Georges Chelon, une cérémonie est annoncée à l’Olympia, mais pas que …

Sortie le 23 Août.   Toutes infos chez EPM MUSIQUE… et plus si affinités.

Norbert Gabriel

* à choeur joie, les choristes de diverses obédiences comprendront …

Francos Télé, les chants de la désastritude*…

1 Août

Lundi soir … mi Juillet

Tiens, je vois Francofolies sur France 2, dans le réflexe de l’âne qui se gratte, je clique France 2, avec dix minutes de retard, j’ai raté le début, et là, je vois une créature qui répète djadja en boucle, et agite son fessier généreux vers la foule qui braille… Me serais-je fourvoyé sur une chaine putassière qui réduit la chanson à des paroles d’une indigence abyssale avec une « artiste » qui met son talent dans ses fesses ? De plus, si j’étais vraiment malengroin, je dirais que ce talent est loin d’être proportionnel au volume du popotin, ce qui est assez déplacé, j’en conviens, mais est-il bien placé de représenter le plus grand festival de chanson francophone par ce genre d’artiste dont l’argument se tient dans le décolleté ou dans le mini short ?

Je viens d’un temps largement révolu où une voix, une musique dans la TSF (la version quasi paléolitique du Iphone) me mettait en transe, sans rien savoir de l’artiste, et noter ensuite le nom en phonétique pour aller chez un disquaire, un de ces métiers de l’ancien monde, chez un homme de l’art à qui on n’avait pas besoin de préciser que Michèle Bernard est une fille, et que Sylvestre s’écrit avec un « Y » (expérience vécue personnellement) … Je me vois mal faire la même chose avec ce que j’ai vu et entendu de Aya Nakamura, la description pourrait laisser croire que je m’étais égaré sur une chaine qui fait de la chanson comme on fait de la prostitution soft ..

Et pour m’achever totalement, les plans de coupe sur le public montrent une foule de jeunes femmes avec les mains levées et un smartphone au bout … On s’est donc déplacé au concert, acheté un billet pour faire des vidéos pourries au son inaudible, à part les hurlements des voisines en épectase avancée… Est-ce bien raisonnable ?

Après ça, c’est dans les 70 mn d’extraits de concerts surboostés, comme un diner dans lequel tous les plats seraient surchargés de mayonnaise, avec en dessert un gros gâteau dégoulinant de crème au beurre… ça gave, ça écoeure, ça sature, c’est gros-gras-indigeste … On est très très loin des envolées poético-oniriques d’Higelin, et des fêtes à … qui étaient des vraies rencontres, des partages et des découvertes, ou des quasi vieillards chenus et des gisquettes de 25 ans chantaient en choeur Mon amant de St Jean, aujourd’hui pour l’essentiel du public St JA, quand on cite Jean-Louis, c’est pas à Foulquier qu’ils pensent mais à Aubert … Et ce, sur l’esplanade rebaptisée Jean-Louis Foulquier…

Pour ceux qui ont oublié les grandes heures, une Fête à … c’était inviter autour d’une tête d’affiche des artistes amis plus ou moins connus mais choisis sur des critères d’affinités, pas de marketing.

Exemple, je dis n’importe quoi, Anne Sylvestre on lui offre pour sa fête, Michèle Bernard, Agnès Bihl, Christian Camerlinck, Paule-Andrée Cassidy, Céline Faucher, Yves Jamait, Bernard Joyet, Gérard Morel, Marie-Thérèse Orain, Francesca Solleville … oui, je dis n’importe quoi, mais par ordre alphabétique… Quoi que … ça a existé ce genre de fête à Anne Sysvestre, la preuve, au Quesnoy en Chanteurs

 

J’ai laissé la télé en fond sonore, en bouquinant, j’avais l’impression d’entendre un genre de FuNrj radio, le seul moment où ça m’a attiré l’oreille, c’est quand Bruel est revenu, c’était la fin. Si ce montage d’extraits est censé représenter la chanson d’aujourd’hui, je ne suis plus du tout en phase avec ces Francofolies… Pour faire court, deux  chansons par invité, et à chaque fois la transe du public plein régime, on peut survivre à ces 90 mn d’agitations survoltées ?

Alors qu’il y avait plein de spectacles novateurs, créatifs, à La Coursive, c’est là que les « anciens » celles et ceux qui ont connu les Francos dans les années 85-2004, s’y retrouvent, c’est consternant ce que la télé a montré.

Et cerise sur le gâteau gâté, la télé fait de la pub mensongère en annonçant Bertrand Belin et Aubert, qui ne sont présent pas dans cette émission.

En 2019, les têtes d’affiche des Francofolies de La Rochelle sont Zazie, Soprano, The Blaze, Chris, Angèle, Aya Nakamura, Bertrand Belin ainsi que Jean-Louis Aubert.

On disait naguère que les Directeurs Artistiques avaient été remplacés par des directeurs de marketing, experts dans la promo des yaourts, ça semble se confirmer avec ce genre d’émission qui fait le choix délibéré de promouvoir le produit de grande consommation, au détriment de l’artisanat haute couture, et le MacDo ketpchup à la place de l’épicerie fine… Pour les découvertes, vous êtes priés de vous égarer à La Coursive totalement ignorée dans ce best of du fats foods … j’ai bien dit « fat » autant dans le sens anglais que français … Ou bien aller dans tous les festivals ignorés par la presse généraliste, c’est là qu’on trouve des pépites.

* désastritude : sentiment mélangé de désespérance et de solitude face à un désastre plus ou moins annoncé et en cours de vérification.. Exemple vécu : un ours blanc sur un fragment de banquise qui dérive inexorablement vers l’Equateur. Je me sens ours blanc en perdition.

North Bear Gabriel

 

Et puisque tout devrait finir par des chansons, un peu de ces choses qui (me) font du bien …

Au bal des ombres et du mystère
Laissez la chanson vous guider
dans des vallées imaginaires
dont vous n’avez jamais rêvé.

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