Archive | 10 h 19 min

Festival Musicalarue 2018 : rencontre avec Pogo Car Crash Control

7 Juil

Le furieux groupe Pogo Car Crash Control venait également déchainer le son féroce et nerveux de ses compositions sur les scènes du festival Musicalarue lors de la dernière édition, dont la date s’inscrivait dans le parcours d’une tournée éructant à la rencontre des publics les morceaux de l’album « Déprime Hostile » sorti l’année précédente, qui impose un jeu peut-être plus lourd et ployant vers le Metal que l’EP dans la quasi-foulée duquel il fut enregistré, et qui affirmait déjà une identité musicale revendiquée à la croisée de fondements du Rock, du Grunge et du Metal, et incisée de teintes (Garage) Punk et Noise. Originalité de la formation -néanmoins partagée avec quelques autres de la scène rock française-, le groupe qui s’est paradoxalement choisi un nom anglais, exprime, développe et intensifie des compositions portant des textes en Français, osant aborder des thématiques graves et glauques parfois, mais en s’écartant toutefois du sillon brelien tracé par les artistes « à texte » ayant façonné un Rock littéraire, pour condenser une expression plus simple, sauvage et épurée à la fois, plus directe, ou comme il le revendique « accessible ». De Hellfest en Musicalarue, de concerts en concerts, Pogo Car Crash Control a l’art d’incendier les scènes et la folie de rappeler à ceux qui l’auraient oublié dans un coin de leur mémoire que le rock est une affaire de feu au ventre et de nerfs à vif. Quelques heures avant son concert, les quatre membres du groupe nous accordaient un court entretien.

– Bonjour et merci de nous accorder un peu de temps. Eric se présentait avec humour comme technicien du son, mentor et éducateur spécialisé du groupe : le groupe est-il né à son initiative ?

– Eric : Pas loin !

– Olivier : Menteur ! On l’a recruté.

– Lola : Tu as été sur les dernières photos, maintenant tu viens sur les interviews : tu prends beaucoup de place dis, donc.

– Olivier : Cette aventure est née juste après le lycée ; on se connait tous du lycée. Et Louis et Simon sont frères ; Lola est arrivée dans le groupe quand notre premier bassiste a quitté la formation. Nous avons tous pris des chemins différents après le lycée et c’était pour nous un moyen de continuer à faire de la musique ensemble, sans trop s’éparpiller, de continuer à faire la fête, picoler gratuitement, et on s’est dit qu’on allait faire cela plus sérieusement pour pouvoir avoir un maximum de fêtes.

– Ce n’est pas anodin d’être un groupe de rock francophone, mais avec un nom anglais. Quelles sont les sources qui vont ont inspirées ?

– Olivier : Comme No one is Innocent en fait ?

– Simon : Sauf que nous, littéralement ça ne se traduit pas. Pogo Car Crash Control sonne bien, mais si on le traduit, ça ne veut rien dire.

– Lola : On va dire que ça veut dire « saucisse au bout d’un bâton ». Le « pogo » en américain, c’est la saucisse qu’on mange au bout d’un bâton.

– Olivier : En fait le nom du groupe existait avant la formation. La genèse réelle du groupe est que je jouais de la guitare accompagné de Louis à la batterie ; l’idée était de faire un truc bruyant. Je l’ai tout de suite dit à mon frère, qui réalise les clips du groupe, et lui a pensé à un nom, et on l’a tout de suite adopté. Le choix du français comme langue d’expression s’est fait au tout début du groupe. On n’avait même pas l’intention lors de la formation de nécessairement chanter, et petit à petit, lorsque ça a pris forme, on s’est dit « autant chanter en Français », car on voulait s’adresser aux personnes proches de nous. On n’a jamais tellement fantasmé de former un groupe de rock pour partir tourner à l’étranger. On voulait vraiment parler de ce qu’on connait le mieux, de ce qui se passe à côté de chez nous et que ce soit les personnes concernées qui profitent directement de notre musique.

– Sur quel sujet ?

– Olivier : On est plusieurs à écrire dans le groupe ; on a tous envie d’exprimer des choses. Globalement il s’agit quand même de ce que l’on vit, de nos expériences. Récemment j’ai acheté un livre audio sur i-tune et je l’écoute de temps en temps : il y a du Rimbaud, du Baudelaire, des choses étudiées pendant que je dormais en cours de Français, donc je me rattrape. La poésie s’écoute plus qu’elle ne se lit, comme la musique. Mais je ne pense que ce soit une influence majeure sur mon écriture.

– Simon : Personnellement Houellebecq m’a bien influencé pour les paroles. C’est vrai que ça peut être influencé par ce qu’on vit, mais ce sont aussi souvent des sujets déprimants.

– Olivier : C’est vrai que si on aime bien lire, je pense en revanche que quelque chose s’est débloqué dans la manière d’écrire aussi en lisant les paroles de Nick Cave ou Birthday Party et aussi de Nirvana.

– En quel sens ?

– Olivier : Quand tu lis les textes de Nirvana, tu réalises en traduisant qu’il se permet de dire des choses très très imagées, qui –sans vouloir dire que ça ne veut rien dire- n’ont pas forcément un sens direct comme les paroles de Noir Désir par exemple.

– Simon : Ce sont des sujets très concrets, alors que chez nous ça peut être un peu floue et assez métaphorique.

– Olivier : Et assez répétitif aussi. En chanson française, c’est quelque chose qui se voit rarement que de répéter plusieurs fois le même couplet ou le même refrain : en chanson il y a beaucoup de texte, alors que nous essayons de faire peu et simple, un peu comme à la manière américaine, mais en français.

– Simon : Nos influences sont plutôt chez les groupes américains ou internationaux et pas vraiment dans le rock français.

– Vous arrive-t-il d’exprimer des désaccords sur la teneur d’un texte ?

– Simon : Très souvent. Mais quand quelqu’un compose une musique, on va dire que c’est lui le leader pour décider des paroles ; ça ne nous arrive pas vraiment de mélanger nos écritures.

– Olivier : Ça nous arrive quand même pas mal de faire des mix. On n’a pas vraiment de recette très définie ; chacun écrit de son côté. Quand quelqu’un a une idée de texte pour une chanson, en général on le laisse mener jusqu’au bout le processus d’écriture. Ensuite après coup s’il y a des paroles avec lesquelles on n’est pas d’accord, on en discute, mais à condition de proposer autre chose.

– Simon : Si on a des doutes, on soumet aux autres.

– Olivier : C’est ça qui est délicat en français, parce que c’est très facile d’être mauvais.

– Louis : Dire des choses en français sans être trop terre à terre, surtout quand tu fais une musique comme la notre, assez simple et directe, c’est compliqué. Si on faisait une musique expérimentale, on pourrait prendre le dictionnaire et déblatérer tous les mots bizarres qu’on y trouve.

– Un peu à la Feu Chatterton ?

– Louis : C’est facile de faire un truc complètement barré avec ça. Mais ce n’est pas la musique qu’on fait : on fait une musique accessible, peut-être violente, mais directe, et c’est un peu délicat de ne pas être « kitch » en français sur ce genre de musique. Donc il y a beaucoup de débats autour des paroles.

– Et comment se passe le travail de composition, puisqu’on n’y reconnait pas forcément une patte individuelle, mais plutôt celle du groupe ?

– Olivier : C’est ainsi qu’on procède : on maquette des chansons chez nous sur notre ordinateur, et après on met les choses en place tous ensemble avec le groupe, et le morceau change de gueule. Il prend une identité beaucoup plus « Pogo », qui ressemble au groupe. Souvent quand on maquette seul, on peut trouver que ça ressemble à tel ou tel artiste, et ce n’est que lorsqu’on arrange ensemble qu’on trouve l’originalité de notre son et notre façon de jouer.

– Cette date de Musicalarue s’inscrit-elle dans le cadre de la tournée de l’album ?

-Olivier : Oui. La tournée du EP était en 2017, et la tournée 2018 est vraiment consacrée à cet album qui est sorti.

– Tu nous disais que ton frère réalise les clips du groupe. Est-ce lui qui a paré le groupe de cette dimension humoristique particulière qui s’exprime dans votre esthétique?

– Olivier : Oui, il nous a apporté cet esthétisme un peu série Z, un peu gore avec une certaine légèreté. Il a réalisé trois clips comme ça, et le dernier a été fait par une boite de prod, lui n’étant pas disponible, mais qui a su respecter quand même cet univers que Romain avait su instaurer. Et on refera certainement des clips avec lui.

Miren Funke

photos : Carolyn C, Océane Agoutborde

Liens : http://pogocarcrashcontrol.com/

https://www.facebook.com/pogocarcrashcontrol

   Rencontres Marc Robine vendredi 5 juillet 2019

7 Juil

 La biodiversité de l’échelle planétaire à la région Auvergne, par Christian Amblard, directeur de recherche honoraire au CNRS, c’est avec cette conférence que débute ce troisième jour des Rencontres, à la salle de conférences d’Arcadia, à Riom.

 La biodiversité concerne l’ensemble des êtres vivants, et l’interaction entre eux et dans leur milieu, c’est la vie dans ce qu’elle a de divers, la seule assurance vie de l’humanité, et il est important de protéger cette biodiversité par l’écosystème, définissant un complexe d’organismes et de facteurs physiques ( définition du CNRS ),  écosystème gravement mis en danger, notamment dans la forêt tropicale, dans quelques décennies, les forêts tropicales auront été en grande partie détruites. Par contre, ça se passe plutôt bien en Auvergne, avec une très grande richesse des espèces et des milieux, on a 80% des espèces de libellules française par exemple. Une forte responsabilité envers les espèces en déclin, beaucoup d’espèces qui disparaissent au niveau national sont encore présentes ici, comme le milan royal, le grand murin, le campagnol amphibie, etc… Le déclin de la biodiversité est beaucoup plus modéré en Auvergne que dans de nombreuses autres régions, continuons à nous battre pour la vie, et celle de nos enfants. 

 

Photos DR

On revient à l’espace Couriat à 18 h, pour une lecture musicale, avec Cécile Coulon,  d’abord romancière, et poétesse, prix Apollinaire, qui est le Goncourt de la poésie, pour son recueil Les ronces. Elle a toujours écrit des poèmes, mais n’osait pas les publier, en fait, ses poèmes sont des histoires, des portraits, des scènes de vie, qui parlent d’enfance, du quotidien, des gens, des paysans, des 

  Tout en les connaissant très bien, j’ai complètement ignoré les questions de métriques. Mes poèmes sont des histoires griffonnées. 

C’est un air accordéon qui arrive sur scène, avec Yannick Chambre, puis la fine silhouette noire de la comédienne Marie Bunel : De quoi va t-on parler ce soir… Des frites, des enfants, des volcans, des naissances à venir, vous penserez que ça parle des autres, mais en fait, ça parle de vous. C’est étrange : Si quelqu’un qui n’est pas du voyage voyait ce que je vois maintenant, dans le wagon maigre d’un train sans première classe, cette personne se demanderait sûrement est-ce qu’ils sont morts ? ……………. C’est étrange : J’ai la sensation de veiller sur un troupeau d’inconnus, nous allons tous descendre à la même station, et nous ne saurons rien des uns des autres, mais nous aurons partagé le même sommeil dans le même wagon. 

Là, ce n’est pas du sommeil que nous avons partagé, Je ne veux pas faire une poésie qui va bien sonner, mais qui va bien te sonner 

Nous sonner, nous interpeller, nous surprendre, nous émouvoir, nous raconter les gens, nous, les scènes du quotidien, nous égratigner, comme les ronces, nous enchanter.  Elle arrive, quitte ses chaussures, ses chaussettes, et tiens, justement, il est question de chaussettes, savez-vous que les chaussettes sont une histoire d’amour ? Elle questionne aussi : Qu’est-ce qu’un baiser ? Une braise chaude qui tombe sur le tapis, et par chance, nous avons marché dessus , ou nous fait sourire : Poème publicitaire : Je nage dans le bonheur, mais parfois j’ai pied, parle d’amour : Je suis couchée dans tes bras, comme un chat sur un rayon de soleil, et a une belle philosophie : Si tu veux t’en sortir, non de Dieu, fais ce que tu veux de ta vie, et cesse de poser des questions. J’adhère ! Un moment fort qui fait sortir  la poésie de ses poussiéreuses chapelles, et la partage avec bonheur.  Merci à Cécile Coulon, en toute harmonie et complicité avec Marie Bunel, et Yannick Chambre qui a flâné en musique entre les mots.  Et il est réjouissant de voir une salle pleine venir applaudir la poésie. Je veux écrire pour toi, ne pas apprendre à vivre, mais vivre, le temps ne se rattrape pas, il se protège, bonsoir. 

Photo Martine Fargeix

Et enfin, à 20 h 45, c’est Erwan Pinard qui arrive avec sa guitare,  un grand gaillard à la barbe hirsute, et il attaque en douceur, caressant sa guitare durant un long moment : J’ai entendu sur France Info que quand il y avait trop de chaleur, il fallait limiter les mouvements... Puis : Je suis Erwan Pinard, c’est mon vrai nom, sinon, on pourrait me prendre pour un autre, et si je fais des concerts, c’est pour me venger !  

Provocateur, mais provocateur d’émotions, on le dit punk, rock’n’roll ou crooner, il est surtout atypique, insolite, il caricature la société avec humour, lui y compris, professeur de musique à Villeurbanne, mais l’inspiration a du mal à venir dans la salle des profs. 

Il fouille dans les bas-fonds de la nature humaine,  il parle surtout d’amour, du manque d’amour, dans les supermarchés où tout se vend, mais pas l’amour : Est-ce l’enfance qui s’en va / Quand les marchands s’en viennent ?  les ruptures amoureuses, J’élabore : T’en fais pas / je reviendrai encore  / Prendre de tes nouvelles / Afin de m’assurer que tu ne vas pas bien / Je t’écrirai encore / Des  je t’aime, en vers et en vain / Mais comment écrit-on je t’aime déjà ? 

Photo Martine Fargeix

Il fait le pitre, gesticule, se donne à fond, hurle sa colère, sa détresse, à presque en avaler son micro, mais l’on peut déceler derrière cette provocation une immense tendresse, c’est un sentimental qui brouille les pistes, un poète et un excellent guitariste. 

Erwan Pinard sera à Chailley, dans le Var, le 9 juillet prochain, à Gramby, au Québec, les 22 et 23 août, il prépare un nouvel album, et il peut être programmé dans le Puy-de-Dôme, de préférence pendant les vacances scolaires, il a désormais son gîte assuré ! Vous l’aurez compris, j’espère, Pinard, c’est un bon cru ! 

Danièle Sala

%d blogueurs aiment cette page :