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Gilbert Laffaille, Kaléidoscope …

29 Mai

Le kaléidoscope est un instrument optique réfléchissant à l’infini et en couleurs la lumière extérieure. Le nom vient du grec, kalos signifie « beau », eidos « image », et skopein « regarder ..

Cette image représente bien le Kaléidoscope de Gilbert Laffaille, un livre qui raconte sa vie, d’homme et d’artiste, où tout s’entrelace, où de multiples ricochets invitent à la balade dans  le temps des belles ritournelles quand elles jouaient avec des vrais musiciens, avec des instruments fragiles et sensibles, une guitare a une âme, un ordinateur, c’est moins sûr… Le parcours de vie est ponctué des chansons qui ont construit un répertoire riche, nourri de toutes les musiques, chroniques de l’air du temps, gentiment ironiques, subtilement piquantes, de cet humour mouillé d’acide quand les travers du monde génèrent des coups de rage – impuissante- et cyranesquement déterminée quand même… même si c’est bien plus beau lorsque c’est inutile. Mais à la fin de l’envoi, l’escrimeur du verbe touche en plein coeur.

On pourrait aussi sous titrer ce Kaléidoscope, « les drôlatiques tribulations d’un rêveur lucide ».   Osons l’oxymore. Au cours de ce voyage de 40 ans avec Gilbert Laffaille, on suit un funambule bien résolu à suivre cette prescription: « Il faudrait être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple. » Et envers et contre tout, c’est un bel exemple …

Il y aurait tant à dire sur ce Kaléidoscope, la somme des chansons et des sketches de l’auteur, panorama de la chanson française entre 1968 et 2018, biographie, les aléas du métier, les fantaisies de la vie d’artiste… et plutôt que d’en discourir plus ou moins pertinemment, voici quelques lignes qui expriment très exactement ce qui me pousse à lire et relire ce livre sans modération, et avec jubilation.

  • On ne lit pas un kaléidoscope. On le tient entre deux doigts et l’on plonge, fasciné par une image, et cependant déjà soumis au plaisir de bouger imperceptiblement la main, de faire disloquer les journaux de couleur. Tout est si fluide et doucement changeant. Philippe Delerm
  • Gilbert Laffaille devrait être le dramaturge vengeur de notre temps. Il en a la puissance ricanante, les tripes, la lucidité, la souffrance, le talent authentique de l’écrivain pétri de la langue, inspiré par la langue. Claude Duneton.

J’ajoute volontiers, en invitant Camus : «… l’artiste, qu’il le veuille ou non, est embarqué. Embarqué me paraît ici plus juste qu’engagé. Il ne s’agit pas en effet pour l’artiste d’un engagement volontaire, mais plutôt d’un service militaire obligatoire. Tout artiste aujourd’hui est embarqué dans la galère de son temps. (…) L’artiste, comme les autres, doit ramer à son tour, sans mourir, s’il le peut, c’est-à-dire en continuant de vivre et de créer. »

Il me semble qu’il y a assez de pistes et de témoins pour justifier que Kaléidoscope de Gilbert Laffaille a sa place dans les livres qui aident à comprendre notre époque.

Editions Christian Pirot 2019

Camus « Discours de Suède »
Avec quelques mots empruntés à Aznavour, Cyrano, Prévert…

 

Norbert Gabriel

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