Je ne fais des chroniques que lorsque j’ai un coup de cœur.
Donc je ne parle que de celles ou ceux que j’aime. Mais quand il s’agit d’une pote, c’est un peu plus emmerdant, me direz-vous… Car ça fouette le copinage à plein nez!
Alors je vous réponds oui. On peut le voir de cette manière.
Sauf que non en fait.
Parce que l’auteure dont je veux causer aujourd’hui n’est pas qu’une amie. Elle a un talent d’écriture, une signature, une patte, un style au couteau, au cordeau. Ainsi fait-elle, par exemple, dans le haïku.
Personnellement, c’est un genre qui me passe en général au-dessus de la tête. Mais quand Isabelle balance ses quelques mots, ses deux-trois phrases, son rythme me parle. C’est incisif, moderne, engagé. Ces vers tapent, secouent. Ils sont limpides, puissants, justes.
Donc forcément, quand elle a décidé de sortir un roman, je ne pouvais qu’avoir l’eau à la bouche.
Pourtant le pari était risqué. Car Isabelle nous a concocté un polar… Genre littéraire éculé s’il en est, casse-gueule à souhait. Vu et revu. Lu et relu. Mais si ma Serve sait dépoussiérer les haïkus, elle sait aussi redonner un sang neuf et battant au roman policier. Heureusement pour moi ! Sinon j’aurais été bien en peine de lui dire – les yeux dans les yeux – que j’avais aimé son bouquin alors que bof.
Voici en deux mots, le point de départ « Des proies pour l’ombre » : une flic cassée, sur le fil, qui ne tient que par sa famille de cœur, ses collègues du commissariat de Pigalle. Une affaire résolue qui – comme le Diable – lui tire les pieds pour l’entraîner jusqu’au déséquilibre. Rouvrir la boîte de Pandore d’un dossier violent, sordide, qui avait laissé la commune de Plœmeur en Bretagne, KO debout. Isabelle a la plume acérée, viscérale. Le désespoir au bord des lèvres, la rage pour moteur, son héroïne Elisa Bercot n’a rien d’une caricature. Elle enquête avec cohérence, rigueur, sans tenir compte des conséquences ni pour elle, ni pour celles des habitants. Son seul objectif étant de faire jaillir la vérité, quelles qu’en soient les conséquences.
Ce roman noir, au souffle court, fait plaisir à lire pour les amateurs du genre. Le suspens est serré, l’intrigue bien dissimulée. Le sordide n’y est pas vulgaire. Il n’est que la part inhumaine des hommes qui habitent Plœmeur. Isabelle Serve, ma pote, ma copine, est bien une auteure. Même si elle a choisi un éditeur alternatif à un « officiel », que son choix ne vous fasse pas douter de ses qualités.
Simplement, comme d’autres, elle veut simplement vivre un peu mieux du fruit de son travail. Mais c’est un autre sujet.
Le cœur de celui-ci, c’est de vous convaincre de vous pencher sur les mots d’Isabelle Serve en numérique ou en format papier.
Si ça vous tente, sans copinage, c’est par ici.
Fabienne Desseux