Le Blog « Le doigt dans l’œil » cause musique, chanson, théâtre, livre… Du coup, je vais vous parler d’un film. Un film sur un chanteur. Attention, pas un vrai interprète. Un faux. Mais qui est bien réel quand même. Du moins dans ce long-métrage.
Guy Jamet, tel est le nom de cet artiste sur le retour. C’est presque le titre du film qui s’intitule tout simplement : Guy. Icône des années 70’ qui continue inlassablement de chanter. Il est incarné à l’écran par Alex Lutz qui porte une double casquette (avec celle de réalisateur).
L’histoire démarre avec Gauthier qui veut tourner un documentaire sur Jamet. Mais pas que. Gauthier veut surtout approcher celui que sa mère – récemment décédée – lui a désigné comme son paternel. Alors caméra en main, du point de vue du fils illégitime, on apprend à découvrir l’artiste et le bonhomme vieillissant. On le suit dans ses tournées, toujours pleines. Dans les studios de Drucker, à Europe 1 où il présente son album de reprises sous l’œil un peu moqueur des journalistes qui l’invitent. Lors de l’enregistrement d’un titre, on croise Dani, son ex-femme, qui accepte un duo avec Guy. La reprise d’un tube d’autrefois. Dani qui n’est pas vraiment Dani mais un peu quand même. Et surtout on écoute ses chansons. Des ritournelles qui parlent d’amour et qui – incroyable ! – nous semblent familières.
Guy collectionne ses disques d’or, monte à cheval paumé dans sa cambrousse et picole pas mal. Il entretient des rapports compliqués avec son fils, le seul officiellement existant. Guy râle souvent, et sous le vernis de la gloire passée, la lucidité de ce qu’il est aux yeux du monde nous le rend terriblement attachant.
Alex Lutz est sidérant de vérité. Pas une seule fois, ce vrai-faux chanteur ne semble en toc. Au contraire.
Il est vivant, vibrant, chiant, intelligent et plein d’autres rimes en « an », sûrement.
Et si comme nous – au début du film – Gauthier se fout un peu de sa gueule, le regarde de haut, le juge, il n’en sera plus rien après avoir mangé, bu, partagé la table de Guy et les trajets dans son tour-bus.
Une fois le film terminé, on se dit même qu’on écouterait bien un de ses albums ! Avant de se souvenir, dépité, que Guy Jamet n’a jamais existé. Qu’il n’est qu’une chimère.
C’est la seule et unique fois… où le film nous déçoit.
PS : Guy est nommé six fois aux César 2019. Preuve que je ne dis pas que des conneries.
Fabienne Desseux