Révolutions en chanson…

13 Déc

Aujourd’hui, je refais ainsi la définition de la révolution. Une grande lumière mise au service d’une grande justice.  Victor Hugo

De tous temps et partout, des esclaves dans les champs de coton aux peuples opprimés, les hommes ont chanté les injustices, leurs engagements militants, leurs révoltes, leur envie de changer de vie, de monde.

Et le monde entier a été ébranlé par la révolution française de 1789. La déclaration des droits de l’homme fut le coup de clairon de la pensée des lumières, a dit François Furet, historien spécialiste de cette révolution qui a marqué une ère nouvelle dans toute l’Europe et jusqu’en Amérique latine. En précisant que bien sûr, il y a des abus, quand l’idéologie et la violence prennent le pas sur la raison, quand Les Dieux ont soif, rappelons que c’est un homme de gauche, écrivain, académicien qui a dénoncé ces abus, Anatole France.

Révolutions, chants de résistance, chansons contestataires, voici un choix subjectif de ces chansons, pour illustrer ces révoltes, depuis 1789 à nos jours.

Et pour commencer, la chanson emblématique de la Révolution de 1789, Ah ! ça ira, qui fut chantée pour la première fois en mai 1790, son auteur est un chanteur des rues, Ladré, il a adapté les paroles sur un air connu à l’époque, Le carillon national. Une des versions du Ah ! Ça ira, par Edith Piaf :

 

Et c’est toujours le peuple qui paye Les pots cassés, chanson révolutionnaire de 1795 :

 

Inévitablement, il y a La Marseillaise, qui fut d’abord un chant de guerre pour l’armée du Rhin, mais qui est devenu le symbole de la révolution française, un hymne universel de la liberté, un appel à la lutte contre les monarques et l’esclavage, un chant qui a accompagné de nombreuses révolutions dans le monde, et qui est devenu définitivement notre hymne national le 14 février 1879 :

 

Et le premier arbre de la liberté fut planté en 1782 par le comte Camille d’Albon, dans son jardin de Franconville, en hommage à Guillaume Tell. Légende ou vérité ? L’histoire officielle dit que c’est à Saint-Gaudent qu’a été planté le premier arbre de la liberté, en 1790, par le prêtre révolutionnaire Norbert Pressac. Et c’est à ce même endroit, que François Mitterrand ouvre les cérémonies du Bicentenaire de la Révolution en plantant un arbre de la liberté, en 1989. Ces plantations se multiplient sous la révolution, dans toute la France, dans les colonies, et dans tous les pays que traversaient les soldats. Cette coutume revient avec la révolution de 1848, abolie sous Louis XVIII, elle revient avec le retour de la république, en 1870, et pour chaque commémoration de la révolution, pour l’armistice de 1918, pour la libération de 1945.

 

Nous avons ensuite les chansons du mouvement ouvrier de 1830 à 1914, comme Le chant des ouvriers de Pierre Dupont, plus connu pour la chanson J’ai deux grands bœufs dans mon étable :

Ou Le chant des canuts, écrit en 1894 par Aristide Bruant :

Puis, il y eut la commune, troisième révolution après 1789 et 1830, appelée aussi Révolution de Février, Louis Philippe n’a pas pris conscience de la gravité des événements qui se préparaient, il se contenta de sourire et de dire : Mon prince, je ne crains rien… Je suis nécessaire.

Il y eu donc L’internationale, chanson écrite par Eugène Pottier, d’abord poème à la gloire de L’internationale ouvrière, en juin 1871, en pleine répression de la commune de Paris, et dont la musique est de Pierre Degeyter. Chanson qui est devenue le symbole des luttes sociales dans le monde :

 

Et le temps des cerises, écrite par Jean-Baptiste Clément en 1866, sur une musique d’Antoine Renard en 1868, chantée ici par Cora Vaucaire :

 

Pour les chansons de la guerre Franco-prussienne, Le Violon brisé est un chant nationaliste revanchard. Il date de 1876, sur des paroles de René de Saint-Prest et une musique de Victor Herpin. Comme La Fiancée alsacienne, le chant exalte le sentiment patriotique après la perte de l’Alsace-Lorraine :

 

Parmi les chants anarchistes de fin XIX ème siècle, La Ravachole, chanson attribuée à Sébastien Faure, publiée en 1894 dans l’almanach du père Peinard. chantée ici par Les quatre barbus  :

 

Pour les chansons de mutinerie et de révolte de la guerre de 14 / 18, La chanson de Craonne, une chanson dont on ne connaît pas l’auteur, chantée par les soldats français de la première guerre mondiale, censurée par le gouvernement militaire de l’époque, jugée subversive et antimilitariste, la version de Marc Ogeret :

 

Et La butte rouge, chantée là par Zebda :

 

On arrive aux chants de la résistance de la deuxième guerre mondiale, comme Le chant des marais, ou Chant des déportés, au départ un chant allemand, chant de Börgermoor, composé en 1933 par les prisonniers du camp de concentration de  Börgermoor,  le mineur Johann Esser et le  metteur en scène Wolfgang Langhoff,  sur une musique de Rudi Goguel, et j’ai choisi cette version des élèves de CM2 de l’école Jean Zay de Nantes  :

 

Le chant des partisans, hymne de la résistance française sous l’occupation de l’Allemagne nazie, dont la musique, inspirée par un chant populaire russe, a été composée par Anna Marly, une française, émigrée russe qui avait quitté la France pour Londres en 1940, et les paroles ont été écrites par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon, en 1943, alors qu’ils venaient de rejoindre Les forces françaises libres :

Là, un détour par l’Italie s’impose avec cette chanson qui au départ fut une chanson de révolte des mondines, esclaves dans les rizières du nord de l’Italie, cette chanson devient un succès international, de par ses paroles universelles :

Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes, Nous travaillerons en liberté. et elle est encore chantée de nos jours dans les manifs.

La vraie histoire de cette chanson est là : Ô bella ciao : https://leblogdudoigtdansloeil.wordpress.com/tag/o-bella-ciao/

Plus près de nous, les chansons anarchistes de la fin du XXème siècle, comme Ni Dieu ni maître, ou Les anarchistes de Léo Ferré,

Et là, un détour par l’Espagne s’impose, avec cette chanson de Serge Utgé Royo : Pardon si vous avez mal à l’Espagne :

Chanson trotskiste des années 70 : Sans la nommer de Georges Moustaki :

 

Et parmi les chansons autour de mai 68, nous avons, entre autres, Les nouveaux partisans, Dominique Grange :

Paris Mai, Nougaro :

La révolution, par Evariste :

Société, tu m’auras pas, Renaud  :

Puis on a évolué vers l’écologie, et l’on se révolte contre les espèces en voie de disparition, la banquise arctique qui ne cesse de diminuer, le réchauffement climatique, contre la destruction de la planète Terre. Et avec la pollution, il est de plus en plus difficile de respirer :

Le monde change :

Les petits jardins disparaissent :

La terre meurt :

 

Et l’on chante Les éoliennes :

 

Il y a eu aussi le printemps des révolutions arabes, où l’on chantait la liberté espérée  :

Et les attentats de l’Etat islamiste qui ont fait de nombreuses victimes en France, et dans le monde : En 2015 le monde a perdu toute l’humanité… Et là, ce sont des révoltes contre la barbarie et pour défendre la liberté d’expression, et toutes les libertés.

Et l’attentat le plus meurtrier en France depuis la seconde guerre mondiale, au Bataclan, le 13 novembre 2015 :

Ils étaient cœur français ou international
Ils étaient la rosée qui pleure de sous le châle
Ils étaient des promesses, ils étaient des bourgeons
Qui font monter tristesse, ils étaient des chansons
Ils étaient des familles, ils étaient des amis
Ils étaient ce qui brille dans le ciel de la nuit
Ils étaient amoureux ceux qui se sont blottis
L’un contre l’autre à deux, contre la tyrannie.

 

Il y a aussi le problème des migrants, qui arrivent, pour les plus chanceux, combien périssent en mer ? en bateau, fuyant les guerres, la misère, les dictatures, et qui sont refoulés, traités comme du bétail :

et le racisme qui persiste : Lily de Pierre Perret :

Les sans papiers :

 

Et toutes les infractions gouvernementales à la devise de notre pays : Liberté Egalité Fraternité, et à Loi constitutionnelle n°95-880 du 4 août 1995 – art. 8 et dont le principe est, enfin devrait être si il était appliqué : Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Phrase qui vient d’Abraham Lincoln : La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple.

Le peuple, de plus en plus accablé de taxes, le peuple à qui on rogne peu à peu tous les droits et progrès sociaux acquis de haute lutte par nos parents, aujourd’hui, le fossé se creuse entre les toujours plus riches et le peuple, et oui, Y’en a marre !

 

On voit de plus en plus de SDF, le nombre de morts dans les rues augmente d’années en année, 7000 SDF sont morts en France en deux ans :

 

Alors Que reste t-il ? De l’homme qui tenait une rose / Reste t-il encore quelque chose ? Des drapeaux rouges, des drapeaux noirs / Que reste t-il en nos mémoires ? / Des bribes de luttes perdues / Des rêves, des fruits défendus… ( Chanson du jour sur Nos Enchanteurs, merci Catherine Laugier).

 

Mais 50 ans après 68, le peuple bouge encore et demande justice, Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique disait Platon, mais nos gouvernants sont bien loin d’écouter cette musique, étrangers au quotidien de la grande majorité des français.

Gilets jaunes ou chiffon rouge, même combat ?

 

Quel avenir pour les générations futures ? Restera t-il un chant d’oiseau ?

Enfants, enfants, la terre est ronde
Criez plus fort
Pour que se réveille le monde
S’il n’est pas mort…

Rêver…Un impossible rêve ? Un peu d’espoir ? Le Rouge après le noir ?

 

 

Danièle Sala

 

NB:  On peut ajouter aussi Ni Marx ni Jésus d’Herbert Pagani pour les forces de la rue… C’est assez actuel … mais c’était en 1972.. pour une histoire qui devait commencer vers les années 2000..

Prophétique ??

 

2 Réponses to “Révolutions en chanson…”

  1. Danièle Sala décembre 13, 2018 à 12 h 04 min #

    Ni Marx ni Jésus, oui, c’est en plein dans le sujet, mais si l’un et l’autre n’avaient pas été récupérés par l’histoire et les religions, on pourrait encore y croire.

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    • leblogdudoigtdansloeil décembre 13, 2018 à 13 h 49 min #

      « Marx et Jésus sont les représentants d’une idéologie qui a été trahie par ses administrateurs..  » (Herbert Pagani chez Michel Lancelot « à bout portant)

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