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Tournée de présentation d’Amours Sorcières, quatrième album de Julie Lagarrigue (Julie et le Vélo qui pleure) : entretien avec l’artiste

26 Oct

C’est par une tournée de concerts, au cours desquels ses nouvelles chansons viendront à la rencontre du public dès la fin octobre, que Julie Lagarrigue (Julie et le Vélo qui Pleure, voir ICI et  ICI) annonce d’ores et déjà la création d’un nouveau répertoire, dont l’enregistrement s’exécutera dans quelques mois. Quatrième album de l’artiste, « Amours Sorcières », qui sera disponible début 2019, a donc décidé de se dévoiler au préalable sur scène, d’y promener sa poésie, d’y confier son intimité, d’y faire danser ses lueurs, et d’y esquisser les sens rêveurs qui fourmillent toujours dans l’âme de l’auteure-interprète, dont le goût pour la recherche du différent et le talent pour exprimer autrement nous inclinent à osciller d’émotions familières en sentiments étrangers, au jour d’un regard original, tendre et clair-sentient, parfois inattendu et insolite. A l’orée de ce nouveau voyage auquel Julie Lagarrigue nous invite, et pour lequel un appel aux contributions du public -avec possibilité de pré-commande de l’album- a été lancé (lien en bas d’article), Julie Lagarrigue acceptait de nous accorder un moment.

– Julie bonjour et merci de nous accorder quelques instants pour parler de ce nouvel album « Amours Sorcières » en création et pour lequel un appel au financement public a été lancé. Des dates de concerts sont déjà fixées pour les 4 prochains mois, préalablement à l’enregistrement du disque. Cette tournée va-t-elle consister à permettre aux chansons d’exister et d’évoluer peut-être ou de se métamorphoser ?

– Effectivement au préalable, on part en tournée avec « Les P’tites scènes » de l’IDDAC, et quelques autres dates, une vingtaine en tout. J’ai choisi de garder la même équipe de musiciens que ceux qui ont joué sur l’album « Fragiles, Debout » : Ziad Ben Youssef au oud et Anthony Martin à la guitare. En revanche je ne jouerai pas d’accordéon sur ce nouveau répertoire. J’ai acquis un très beau tambour de la Réunion, et puis en cherchant les arrangements des nouvelles chansons, nous avons travaillé avec. Il fallait un tambour avec lequel tout le monde puisse jouer, donc un instrument de taille raisonnable, et dont on puisse jouer à la main, à la baguette, sans cerclage. Quand à l’évolution des titres, on a une belle marge d’évolution devant nous. Il y a déjà une chanson « Le beau de la forêt », pour laquelle Anthony a créé un arrangement très beau avec une guitare portugaise à cordes doublées -moi jouant du tambour et Ziad du oud-. Peut-être la jouerais-je au piano en rappel ? Honnêtement ce qui me passionne le plus, c’est la période de recherche et de création, plus que le résultat. La résultat sera forcément différent chaque soir de toutes façons. On ne sait pas vraiment où cela va mener les chansons. Mais comme dans ce milieu, on nous demande toujours de tout prévoir trois ans à l’avance, j’ai décidé de faire de la résistance, et d’y vivre au jour le jour. De même j’ai préféré un appel aux dons, via la site « helloasso » plutôt qu’une souscription classique. Bien sur il y a des contre-parties et c’est une forme de précommande de l’album.

– Souhaites-tu que tes musiciens expriment leur polyvalence sur ce nouveau répertoire ?

– Ziad et Anthony jouent des percussions. Mais Anthony joue plein de guitares quand même; on n’a pas le cavaquinho pour l’instant sur ce répertoire. Mais tout va peut-être changer, puisqu’on rentre une semaine en résidence et on ne sait pas trop ce qui va en sortir. Pour ma part je vais jouer essentiellement du piano et du tambour.

– Tu évoquais récemment des thématiques plus intimes que sur les précédents albums au sujet de ces nouvelles chansons. Qu’en est-il ?

– Est-ce que j’ai tenu ma promesse ? Je ne sais pas si c’est intime. « Le jardin manque d’eau » est à mon sens une des plus belles chansons qui parle de la terre, mais aussi, comme les autres chansons, des relations hommes-femmes. Je souhaitais mettre les femmes à l’honneur : la femme-amante, la femme-aimante, la femme-mère etc. 

– Et ces femmes, sont-elles toi ou des femmes que tu as croisées et qui ont pu t’inspirer ?

– Il y a des chansons où je parle de moi, mais du moi qui ressemble aux autres; et d’autres où je parle de femmes, d’une femme en particulier, que j’ai rencontrée. La chanson « Si tu la voyais » raconte une femme qui, à la cinquantaine, change de vie et reconstruit. Mais de toutes façons, lorsque j’écris, qu’il s’agisse de moi ou d’autres personnages, je m’exprime toujours à la première personne. « Mon mec est un scientifique » relate l’histoire d’un couple moderne. « Doucement je me décristallise » est une chanson que j’aime beaucoup, et dont cependant je ne sais pas trop ce qu’elle va donner. Je souhaitais y parler du moment où on revit, où après avoir passé une période, qui peut être n’importe quoi, de maladie, de parenthèse, de repli ou de transformation -dans mon cas je me sentais invisible-, on revient à la vie. La chanson « Le beau de la foret » décrit l’aventure d’un homme, toujours à la première personne -j’aime bien me mettre dans la peau d’un mec- qui quand il était jeune avait reçu pendant très longtemps des lettres d’une fille auxquelles il n’a jamais pu répondre, par timidité, et se rend compte vingt ans plus tard qu’en fait il l’aimait. Cette chanson aborde le thème de l’inhibition, de l’introversion qui parfois tétanise. « Amour Sorcières » est un titre court qui a donné son nom au spectacle et probablement à l’album, et qui parle d’aller faire un tour sur la terre

 Voir si les hommes
encore s’étonnent
de voir des coquelicots pousser
au bord des chemins goudronnés .

Il faudrait qu’on arrive quand même à profiter et s’enjouer de ce qui est beau et positif. C’est un spectacle plutôt lumineux en fait.

– En quoi d’autre va-t-il différer des précédents ?

– Normalement je devrais moins parler que sur les précédents spectacles. C’est Cécile Delacherie qui vient jouer le rôle de regard extérieur [voir ICI]  : elle m’aide à ce que ce soit globalement construit, que l’ordre des chansons ait du sens; elle me/ nous fait travailler et nous aide à garder une certaine rigueur dans le travail. Patrick Lafrance s’occupera du son et de la lumière. Le vélo n’est plus là. Mais il y aura de belles surprises. Pour le moment les principales dates annoncées sont en Gironde et dans des départements limitrophes (Landes, Tarn, Dordogne, Creuse), mais nous espérons voyager un peu plus loin avec cette tournée, et pouvoir participer aux festivals de Chanson.

– L’affiche de la tournée te présente en robe rouge au milieu d’un champ de fougères. Lagarrigue dans les fougères, un joli clin d’œil ?

– J’adore le symbole des fougères ; on dit qu’elles ont l’ADN le plus vieux existant sur la terre. Ce sont des espèces de vie pionnières. Et il y a un lien avec les sorcières. Pour moi les sorcières sont des femmes soignantes, qui sont en fait juste des femmes qui suivent leur intuition, qui connaissent les plantes, qui accompagnent l’autre. Je ne pourrais jamais retirer ça de moi : il y a cette part de moi qui est dans le soin, de par mon activité d’art-thérapeute.

Miren Funke

photos : Mathieu Ferguson

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