Archive | septembre, 2018

Saravah 2018 aux Abbesses..

20 Sep

Il y avait pas mal de raisons pour ce rendez-vous… Réunion des amis présents depuis les origines et réunion des enfants de Saravah qui ont tous eu un jour ou l’autre, une pincée de ce pollen dans leur vie.

Le prétexte était la présentation in situ du livre de Benjamin Barouh, dont l’enfance se mélange intimement à la naissance de Saravah, le plus ancien label de chanson francophone en activité.

Bien évidemment l’ombre de Pierre Barouh a traversé cette soirée comme une présence presque palpable. Avec en filigrane, sa profession de foi essentielle  sur l’art des rencontres et la vertu des impondérables… Avec ces deux axes fondateurs, la vie est une aventure souvent miraculeuse..

Aujourd’hui, l’entrée de l’impasse des Abbesses qui mène au fond la cour vers le numéro 8 où était le studio est toujours une sorte de mur dazibao qui perpétue l’esprit de Saravah, consciemment ou pas.

Dominique Barouh est venue faire un passage dans la cour de tous les miracles, là où Brigitte Fontaine Jacques Higelin et Areski Belkacem ont eu les micros ouverts sans limite pour graver leurs rêves de chansons et de musiques.. Avec David Mac Neil, Aram Sédéfian, Jack Treese et quelques autres invités à concrétiser leurs albums.

Peut-on raconter une soirée Saravah ?  C’est une sorte de mix entre Hellzapoppin et les Marx Brother’s à l’opéra… Ou bien un happening où tout peut arriver.  Dans le café brasserie St Jean, qui a connu les années de naissance de Saravah, l’idée d’un spectacle est comme qui dirait aussi utopique qu’un concert de Mozart au PMU de Champigneules le jour du Grand Prix de l’Arc de Triomphe..  Un pari don quichottesque.

Néanmoins, c’est un moment privilégié de rencontres amicales, même avec des amis qu’on ne connait pas encore…  Et qu’on aimera pour la vie.

Voici en quelques images des moments de cette soirée. Le 8, où était le studio, la photo des « anciens », Benjamin Barouh et David Mac Neil aux signatures… En cliquant sur l’image, elle s’agrandit, c’est magique !

Des scènes prises au vol, avec plat du jour, et photos de « famille » ou presque ..

Trois instants volés des moments chanson, et pardon aux autres invités chanteurs, mais les conditions étaient assez acrobatiques et carrément impossibles, sauf à déranger 40 personnes…

Saravah Pierre, c’était très chouette de faire ce voyage aux origines de Saravah.  Pour le livre de Benjamin Barouh, c’est là: –>  clic sur le livre..

 

Et demain ou après demain, un moment avec David Mac Neil pour un de ses livres..

 

 

Norbert Gabriel

Rémo Gary et Debronckart…

16 Sep

Photo©NGabriel 2014

Auteur compositeur, Rémo Gary est aussi interprète… Et après quelques années de bruissements sur son talent c’est dans un Festival de Printemps à Montreuil que nous avons été quelques uns à être éblouis par une formidable interprétation des «  Oiseaux de passage » sitôt la dernière note, course vers le stand des albums, je n’étais pas le seul, et il en restait un…  C’est un signe qui ne trompe pas.

 

Dans son parcours riche d’auteur, Rémo Gary a fait une étape dans le répertoire inédit de Jacques Debronckart. Un album est disponible, et

un spectacle est annoncé  au Café de la Danse le 1 er  Octobre à 20 h. .

 

 

Si vous ne connaissez pas Rémo Gary interprète, voici sa version des « Oiseaux de passage »

Pour avoir un aperçu de l’auteur, le choix est difficile mais vous n’aurez pas de mal à trouver d’autres chansons..

Le maréchal des sans logis… (Musique Romain Didier)

 

Des coups de pied au cœur (Musique Clélia Bressat-Blum)

 

La mémoire qui planche

 

Autant vous prévenir, quand on commence, on est vite addict …

Le site de Rémo Gary,  clic sur la photo–>

Quelques échos de presse ci-dessous:

http://www.remogary.com/cms/index/displayPage?pageId=14&title=presse

 

Et aussi, allez voir sur Nos Enchanteurs, il  y a de quoi s’instruire sur Rémo Gary.. 

Norbert Gabriel

Faby Perier, LA RENVERSE…

14 Sep

Photo Izabela Sawicka.

Je voudrais tout d’abord rappeler que c’est par Le blog du Doigt dans l’oeil que j’ai fait vraiment connaissance avec Faby Perier, le 9 novembre 2017, par un article de Norbert Gabriel.  Et j’ai suivi, durant toute cette année, ses partages sur facebook, les messages d’une coureuse de fond de la vie, ses propres combats, et son mal aux autres.

J’avais répondu à l’appel, et souscrit pour un EP, mais c’est un album que j’ai reçu ce matin, un bel album de 7 chansons bouleversantes d’humanité. C’est le 5ème album de Faby, et incontestablement le meilleur.

Dès la réception du courrier, on est accroché par la pochette de l’album, Faby, une femme, nue dans l’eau, ce moment de latence… Quand la mer retient son souffle, avant de repartir. Magnifique photo de Izabela Sawicka.

C’est avec Mademoiselle qu’on entame ces moments de vie, de souvenirs, à petits pas :

Tes petits pas de deux se font encore un peu,
Je les revis enjouée juste pour ne pas
oublier, ta main
Ne jamais oublier
Ton amour silencieux.

 

L’amour, elle en a à revendre Faby, l’amour de la vie, et des gens, comme pour cet Européen qui rêvait d’une autre terre, d’un idéal sans frontière :

Il ne connaît qu’un seul pays
Sur le bitume il fait son lit
Il ne connaît qu’une seule terre
Le vague à l’âme et la misère.  

 

L’amour, et la lucidité, avec Les mots qui frappent :

Sur cet amour qui tue
Il s’adoucit parfois
Puis se jette sur toi
Ton amour lui survie
Encore combien de cris

Les portent claquent…

Encore combien de coups
Pour briser les tabous.

L’amour, quand on se sent si près d’un Chien perdu sans collier :

Chien perdu sans collier
Me blottir contre toi
Croire en l’humanité.

L’amour de la vie, il faut aimer la vie par dessus tout quand on se réveille un matin, avec la sentence, et que la terre se met à trembler :

Ce matin là, je me souviens
La terre s’est mise à trembler
Ce matin là, je me souviens
Toute mon enfance a défilé
Ce matin là, je me souviens
Le pire m’a soudain réveillé
L’envie d’être à demain
Je ne l’ai pas oubliée.

 

Faby Perier, c’est la voix des sans voix, c’est elle, c’est toi, c’est moi, c’est tous ceux qui ne font pas semblant :

Les enfants d’une parole
Ce qu’on dit, on le fait…
On est toi et puis moi
A faire entendre nos voix.

Alors, est-ce que tout est écrit ?

Je ne te connais pas
Et pourtant tu es là
Nos deux vies se rencontrent
Nos histoires se racontent
Est-ce que tout est écrit
Est-ce que c’est par hasard
Est-ce que tout est écrit
Est-ce qu’on ira quelque part ?

On ira, Faby, on ira avec toi, pour ton talent de chanteuse, ta voix claire et mélodieuse, pour les musiques qui portent si bien tes mots, on ira, parce qu’on en veut encore, comme autant de raisons de vivre et de se battre, vivre encore, malgré tout, tu fais passer tellement de force à travers tes chansons, que les petits détails de notre quotidien s’estompent à ton écoute. On ira, parce que tu donnes tant d’amour qu’on a envie  de t’en donner autant.

Alors, à suivre… A l’amour, à la vie, à la tendresse, A la Renverse… Résiste !

Danièle Sala

On trouve l’album ici –>  https://www.facebook.com/commerce/products/1995857473769112/

Le 5 Décembre,

c’était ça, clic sur la photo —>

 

 

 

Mobilisation populaire en musique pour sauver les marronniers de la place Gambetta à Bordeaux

13 Sep

D’ancêtres gaulois ou pas -la précision ethnique a-t-elle sérieusement la moindre importance?- aux six coins de notre république, des petits villages d’irréductibles citoyens font entendre la voix de causes qui leur semblent justes et nobles. Causes bien souvent vaines et dérisoires, perdues d’avance, pense-t-on. C’est faire un peu vite le deuil de la démocratie réelle qui ne vit -l’aurait-on oublié ?- que par l’existence de contre-pouvoirs, quand les dirigeants politiques se plaisent à sculpter, parfois à coup de masse ou de hache, le visage d’une ville, d’un pays, sans tenir le moindre compte de l’avis de ses habitants.

Hier à Bordeaux, c’est en musique que des citoyens, multipliant les actions pacifiques depuis plusieurs mois pour alerter les gens, décidaient de résister, lors d’un rassemblement auquel participaient plusieurs artistes, parmi lesquels Agnès et Joseph Doherty et le chanteur David Carroll, pour sauver 17 marronniers de la place Gambetta, de l’abattage décidé par le maire. Pour raison sanitaire ? Non. Pour raison de sécurité publique ? Non plus. C’est simplement pour donner plus de visibilité à la place, et, semble-t-il, aux vitrines des boutiques que la présence des marronniers cache à l’œil du consommateur, que ces arbres en parfaite santé et ne représentant aucun danger vont disparaître. Soutenu par le timbre de la contrebasse d’Agnès Doherty, un chant s’élevait contre le non-sens, hier à 17h, entre les branches du gigantesque magnolia de la place : la chorale de quartier Yakachanter entonnait « Le Petit Jardin » de Jacques Dutronc, avant d’interpréter plusieurs autres chansons, dont « Comme un arbre dans la ville » de Maxime Le Forestier et « Auprès de mon arbre » de Georges Brassens. Un répertoire de circonstance pour exprimer l’attachement des Bordelais à l’existence et la protection d’un des derniers espaces verts publics, au cœur d’une ville de plus en plus minérale et à l’urbanisation galopante, dont les loyers grimpent vertigineusement hors d’atteinte des budgets modestes des classes populaires. A la suite de la représentation de la chorale, Agnès et Joseph Doherty étaient venus interpréter des extraits de leur spectacle musical « Au pied de l’arbre », qui se consacre précisément à faire découvrir aux jeunes et aux moins jeunes, en chansons, récits mythiques et connaissances scientifiques, la vie, l’histoire et le fonctionnement des espèces sylvestres, et à partager le merveilleux du monde des arbres. Devaient s’en suivre pique-nique et concert improvisés et inter-actifs.

Alors qu’est-ce donc que la vie de 17 marronniers? Une anecdote, un symbole tout au plus ? Certes, mais pas que. La mobilisation qui perdure autour de cette cause témoigne avant tout du croissant degré de conscience citoyenne, et de la sensibilisation des gens à l’impératif de préservation du monde végétal, dont on commence à peine à découvrir, explorer et comprendre l’intelligence et la nécessité, ce monde que nos civilisations modernes n’ont que trop longtemps considéré comme un vulgaire objet n’ayant de valeur que par le profit matériel que son exploitation pouvait apporter à l’humain.
Et lorsque c’est à travers l’expression artistique que s’impliquent les citoyens, c’est toujours l’occasion de partager un moment convivial et festif. Si l’événement eu le mérite de regonfler le moral les troupes, il sût aussi attirer l’attention des passants et les informer sur le triste sort qui attend les marronniers de la place Gambetta. L’humain étant ainsi fait qu’il se renforce moralement de moments chaleureux, de beauté et d’espoir, la mobilisation persiste et enfle, attirant l’attention des médias. Et tant que les arbres sont debout, les rêveurs continuent d’espérer…
Une pétition est en ligne ici pour soutenir leur résistance :

https://www.change.org/p/fdd-ne-laissez-pas-couper-les-marronniers-de-la-place-gambetta

Miren Funke

Liens : facebook LesMarronniers de Gambetta :

https://www.facebook.com/LesMarronniersDeGambetta/?hc_ref=ARRyj04eol4un75McE-A1ce4SvVZrajoT-uIeyxU9SFp3IxUZKyNhMIVqtXTzuR0lcg&__xts__[0]=68.ARDDFWRuWfVOZv_4LxJJJVmgYSJkNZrGqWxTtG3XJ1SPSqHu71h2WuwJhoC3BU_VG6plW9Ae_JkE1VoL7eys52hCtoVULBsI3R3tS8QPNzjYf6egGkzn-MQ3G9kso9RcGJ0F6UgerUJ0rUSQpF8eP1T-em01HWilYlgPFpz3GfZ3uEXshnDO&__tn__=kCH-R

Au pied de l’arbre d’Agnès et Joseph Doherty :

https://www.facebook.com/pg/Au-pied-de-larbre-586197235050243/posts/

Festival Musicalarue 2018 : rencontre avec La Green Box

11 Sep

Décidément quelque chose de magique persiste et signe autour de la scène du Théâtre de Verdure à Luxey devant laquelle j’ai chaque année l’énorme coup de cœur du festival. Pierre Lapointe, Rue de la Muette, Melissmell, Salvatore Adamo, La Maison Tellier : c’est toujours ici qu’un moment extatique accroche la sensibilité, foudroie le palpitant, et happe l’âme, sur cette estrade à dimension idéalement humaine où on respire dans une proximité envoûtante et se laisse aspirer par l’univers d’artistes inspirés et généreux. Si Musicalarue fait vivre bien des moments merveilleux durant trois jours, le miracle aussi intense qu’inattendu m’ensorcela en ces lieux cette année encore, avec le concert de La Green Box, dont l’album est sorti en mai dernier, et, qui depuis, lui fait rencontrer le public, de date en date. Emmenée par Florent Vintrigner, accordéoniste et chanteur de La Rue Ketanou, la formation au sein de laquelle il délaisse son instrument de prédilection pour se consacrer aux instruments à cordes, concrétise la lubie, semblant a priori un peu délirante et qui s’avère redoutablement savoureuse et magnétique, d’enchâsser des poèmes de Victor Hugo dans un écrin de compositions musicales nées d’un métissage follement harmonieux de folk acoustique, de transe et de musique indie utilisant des sons synthétiques. Alchimistes de la Chanson, Florent (chant, banjo, guitare, harmonica), Benoît (batteries/percussions, basses, claviers, clarinette), Arnaud (réalisation sonore, enregistrement, mixage) et Paolo (guitare slide) relèvent le défi insensé de faire chevaucher aux poèmes d’Hugo l’originalité d’une musique inédite qui s’expérimente, se cherche, s’enfante et croît avec grâce et subtilité.

Le genre de truc dont on ne sait pas trop ce que ça va donner et qui en fait donne énormément ? vous demanderez-vous. C’est exactement ça ! L’hypnose chamanique en plus. Du farfelu qui fait vibrer. Quelques heures avant son concert, le groupe qui allait jouer pour la première fois en quatuor et semble y avoir trouvé sa formule impeccable, acceptait de nous recevoir, en compagnie de Loïc Lantoine, auto-proclamé manager du groupe pour l’occasion, et qui, ayant fait irruption dans l’entretien, nous fit le plaisir de s’y inviter avec humour et (très) bonne humeur pour un moment délicieux.

– Bonjour La Green Box et merci de nous accorder cet entretien. Créer des compositions musicales autour des textes de Victor Hugo est une initiative plutôt originale. Comment est née cette aventure et quand a été fondé votre groupe?

– Benoît: En 1885, déjà avec Loïc comme manager. Il est arrivé en 1880, et cinq ans plus tard Victor Hugo est mort.

– Arnaud : Plaisanterie à part, l’idée de ce projet a démarrée en 2014. Florent jouait dans La Rue Ketanou, et à l’époque j’étais sonorisateur. Sur une balance, il s’est mis à jouer des morceaux de Victor Hugo, parce qu’il travaillait en parallèle sur un autre spectacle. C’était une improvisation, comme ça… j’ai commencé à bidouiller des trucs sur son improvisation, et à la sortie de cette balance, on s’est dit que c’était pas mal. Je lui ai dit que s’il voulait faire quelque chose avec ça, je voulais bien le suivre et essayer de bidouiller des sons. C’est resté ainsi en suspens, jusqu’en 2015 où on a commencé à se mettre au travail, avec une première partie d’Eskelina qui nous a un peu mis le pied à l’étrier et boostés. On était contents, mais on savait qu’il y avait énormément de travail à faire encore. Donc on a pris le temps nécessaire pour faire aboutir ce projet. On a d’abord cherché la formule idéale à deux avec Florent, et puis comme on s’est trouvés assez rapidement limités, on a demandé à Benoît de nous rejoindre fin 2015.

– L’alliance d’instruments acoustiques et de programmations sonores synthétiques enfante un fruit original et étonnant. Quels instruments utilisez-vous respectivement chacun ?

– Florent : Très peu l’accordéon. Il est sur l’album, mais de manière très discrète ; on pourrait presque ne pas s’en apercevoir. Je joue plutôt de la guitare et du banjo.

– Arnaud : Donc je m’occupe du son. Benoît est venu pour tout ce qui est rythmique, parce qu’on avait besoin d’un soutien rythmique. Et Paolo est venu assez récemment.

– Florent : Et ce soir, on va faire notre premier concert à quatre On est toujours en train de travailler quelque chose ; on ne fait jamais marche arrière. On est toujours en quête d’avancer.

– Arnaud : Ça évolue toujours, mais on considère que là, on a trouver une bonne formule pour démarrer. Jusque là, le projet était encore un peu en chantier. On se cherchait en profondeur, mais désormais on a une bonne base, qu’on va enrober de date en date. Ça nous a pris deux ans pour trouver la bonne formule.

– Florent : Rien que pour la musique ! Heureusement on n’avait pas les textes à écrire.

– Les textes, parlons en justement. La raison d’être du projet est-elle de faire vivre les textes de Victor Hugo autrement ou vous servent-ils en quelque sorte de beau prétexte pour vous amusez dans l’expérimentation musicale ?

– Arnaud : L’idée c’était de ne travailler que des textes de Victor Hugo. Florent a lâché l’accordéon pour apprendre le banjo. Benoît et moi avons tâtonné et cherché les arrangements. Donc ça a pris le temps nécessaire pour que le projet naisse.

– Benoît : Au début on avait des restrictions forcément. Maintenant on a envie de plus s’amuser sur scène. L’arrivée d’un guitariste comme Paolo, qui en plus joue de la guitare slide, avec un son bien particulier, rajoute à une esthétique sonore originale. C’est ce qu’on cherchait. Être hors des sentiers battus, c’est ce qui nous plaît.

– Florent : Nous avons déjà fait pas mal de dates. C’est soir, c’est la première avec Paolo. Mais sinon, nous avons pas mal tourné avant son intégration. Chaque fois, ça a été des moments de création où on découvrait des choses. Et petit à petit, on s’est stabilisés autour de cette formule là qui nous fait sentir que c’est vivant et on commence vraiment à s’amuser beaucoup : prendre plaisir à jouer et ne plus être uniquement dans l’exécution d’un truc qu’on a appris.

– Comment naît en vous la composition sonore à partir d’un poème classique : sentez-vous ou entendez-vous un air découler naturellement de la musique des mots d’Hugo ou est-ce purement de la recherche ?

– Florent : Chez Victor Hugo, il y a une vraie musicalité. Son écriture est très fluide. Il y a un vrai rythme et une saveur des mots, qui sont très plaisants à dire et à chanter. Après, comment ça se fait ? Je ne sais pas ! Il se produit toujours une espèce de rencontre un peu étonnante. Souvent je lisais avec une guitare, un banjo ou même l’accordéon avec moi pour fredonner. Quelque fois la mélodie est venue très rapidement ; parfois ça a été plus long. Le squelette apparaissait comme ça, très brut, mais avec déjà des accords et une mélodie et surtout une envie de chanter. Je m’accaparais la chose. Et ensuite, c’était tout le travail de Benoît et Arnaud de réaliser les arrangements, l’habillage. A ma grande surprise parfois, car je ne m’attendais pas toujours au genre de costume qu’ils avaient taillé. C’est une heureuse surprise, où on s’est beaucoup surpris les uns les autres. Je ne sais jamais à l’avance quelle va être la musique qui porte le poème : c’est toujours un espèce d’accident à chaque fois.

– Peut-être est-il un peu tôt pour envisager l’avenir, mais pensez-vous consacrer le projet à d’autres textes de Victor Hugo ou le pérenniser en l’élargissant à l’univers d’autres auteurs ?

– Florent : Le démarrage, c’était pour Victor Hugo. Il reste encore quelques chansons qu’on joue sur scène et qui ne sont pas enregistrées sur album. Il y aura donc certainement un deuxième album avec des poèmes de lui, mais aussi, pourquoi pas, d’autres auteurs ou même des textes que j’écrirai. Il y a un poème d’Aragon qui me donne envie d’aller creuser plus loin.

– Quel est votre lien avec Loïc ?

– Florent : C’est un copain depuis au moins 20 ans ! Notre lien date de très longtemps. On a fait plein de choses ensemble ; on est même partis jouer à New York ensemble. Il était également venu jouer en théâtre de rue avec La Rue Ketanou. On a joué sur ses disques ; il a joué sur les nôtres…

– Loïc Lantoine : Moi, je voulais vous demander : quel est la rapport entre Victor Hugo et la tectonique des plaques ?

-Florent : C’est juste un rapport musical. C’est une vibration rythmique intemporelle qui traverse le temps, et quelle que que soit la situation dans laquelle on se trouve, on peut y trouver son compte. C’est joué en Fa dièse la plupart du temps.

– Arnaud : En modulation de fréquence méga Hertz.

– Loïc Lantoine : Autre question : Victor Hugo, qui a dit « jamais une note le long de mes vers », l’avez-vous trahi ? Brassens s’était permis cette audace.

– Florent : En fait il n’a jamais dit ça. Il a dit qu’il accepterait de la musique, mais qu’il voulait que ses droits d’auteur soient reversés à des associations en faveur des pauvres. J’ai oublié la phrase précise, mais le « jamais une note le long de mes vers » est un mythe. En plus il aimait la musique. Ce qu’il voulait, c’était que si ses textes devaient être utilisés pour être mis en musique, les compositeurs prennent leurs droits de compositeurs, mais que ses droits d’auteurs reviennent aux démunis.

– Loïc Lantoine : C’est votre millième concert à Musicalarue. Que pensez-vous du festival, de l’humeur des bénévoles et des techniciens ?

– Florent : Je trouve qu’ils ne vieillissent pas. Je ne comprends pas : chaque fois qu’on vient, ce sont toujours des jeunes.

– Loïc Lantoine : J’ai demandé à mon tourneur d’organiser des concerts avec La Green Box. Mais on ne peut pas siffler à la fois l’apéro et l’opéra et payer content quand on n’est pas content. On peut peut-être poser une question sur le style vestimentaire du groupe qui est un peu disparate…

– Paolo : On a des capes.

– Arnaud : Paolo va commencer avec un poncho mexicain.

– Loïc Lantoine : N’oublions pas que monsieur Arnaud fait de la musique caché derrière la scène. C’est pas des métiers facile, mais ça lui permet à la fois de faire de la musique et de ne pas être obligé de baiser après les concerts.

– Benoît : Amis de la poésie, bonsoir…

Nous remercions Marjolaine de Musicalarue qui nous a permis cette belle découverte et Loïc Lantoine pour sa présence et ses interventions.

Miren Funke

Photos : Carolyn C (1, 3,4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13), Océane Agoutborde (2, 12)

Pour visiter la GreenBox, caressez le bélier —>

Et ci-dessous, the facebook

 

 

 

That’s all folks !

Brel, aux Marquises… Le voyage au bout de la vie…

10 Sep

Photo DR

Où le temps s’immobilise ? Pas vraiment… Dans sa quête d’une île au large des tristesses, c’est presque par hasard que Brel le marin arrive dans l’archipel des Marquises. Etape dans son tour du monde…

Son premier contact avec l’administration le ravit : il va à la Poste où l’attend son courrier,

  • J’ai beaucoup de courrier pour vous monsieur Brel.. . Avez-vous une pièce d’identité ?

Miracle, Jacques Brel vient d’accoster dans une île,  marin voyageur, que personne ne connait comme chanteur. Pas de télé, pas de radio autre que la radio des îles. Une parenthèse, presque un monde parallèle préservé des agitations du monde. Lequel monde ne se manifeste qu’avec l’arrivée de la goélette de livraison « épicière » et de quelques navigateurs plus ou moins solitaires.

Ici, Jacques Brel n’est plus le chanteur vedette, il est citoyen impliqué à fond dans la vie et le quotidien.

Pour bien comprendre le contexte, quand il décide de renoncer au voilier pour l’avion, ça implique qu’il faut construire une piste, et assurer l’intendance, se faire livrer le carburant, et quand on décolle, calculer combien de litres,  après avoir fait marcher la pompe à la main. Et ne pas se tromper dans les calculs de consommation pour ke retour , et souvent se poser sur une piste malaisée, un exploit chaque fois.

Dans ses missions, c’est toute l’aventure de St Ex et l’aéropostale que Jacques  et Madly vivent au jour le jour.

Tout le monde – ou presque- sait ce qu’il apporté dans ces îles, de l’utilitaire et du culturel; tous les détails sont dans le livre de Fred Hidalgo, nouvelle édition très augmentée de tous les témoignages qu’il est allé chercher sur le terrain. Exigeant et attentif à bien resituer les faits, il nous fait partager intimement cette fin du voyage, cette invitation au possible rêve et à une quête don quichottesque où les ailes des moulins vous envoient dans les étoiles.

Voyageurs immobiles et aventuriers de salon, offrez-vous quelques moments aux Marquises, ce livre est aussi fait pour vous.

Comment est la vie là-bas ? Voici une anecdote qui résume assez bien : Brel avait invité Henri Salvador, qui était très déprimé, Henri avait passé une journée à pêcher en mer avec un jeune homme qu’il a voulu dédommager, le jeune homme a refusé : «C’est pas pour l’argent, c’est pour l’amour. » On ne peut mieux résumer ce qui a été aussi la quête de Jacques Brel.

NB: Vous y trouverez aussi quelques mises au point très précises sur diverses vilénies que des bons « amis » ont véhiculées,  par exemple celle dont a été victime Antoine (Marc Robine avait fait le point) et qu’une biographie best-seller avait reprise sans vérification, rectifiée dans les rééditions, mais le mal était fait. Et il est assez déplorable que l’ami Perret s’en fasse le relais 35 ans après. Dommage.

 

Norbert Gabriel

Le Voyage au bout de la vie (en librairie le 12 septembre)

A l’occasion des 40 ans, le 9 octobre, de la disparition de Jacques Brel, l’Archipel publie l’enquête de Fred Hidalgo sur sa vie méconnue aux Marquises, qui éclaire son oeuvre… et la crédibilise encore plus. Parti sur ses traces jusqu’à Hiva Oa dès 2011, l’auteur a reconstitué ses dernières années en Polynésie grâce aux confidences et témoignages (recueillis jusqu’au printemps 2018) des anciens amis du Grand Jacques, devenus entre-temps les siens. Si son premier livre sur lui, L’aventure commence à l’aurore (2013), constituait déjà “le volet qui manquait” pour compléter son parcours fulgurant (Brel est mort à 49 ans), Le Voyage au bout de la vie pourrait bien être le livre définitif sur l’homme redevenu anonyme et incarnant pour de bon dans les îles ce Don Quichotte qu’il avait admirablement joué à la scène…

Petite histoire de chanson, « La chanson de Tessa »…

6 Sep

Certaines chansons naissent pour être interprétées en duo.  La chanson de Tessa  est adaptée du roman de Margaret Kennedy  « La Nymphe au Cœur Fidèle » par Jean Giraudoux en 1935 et son illustration musicale avait été composée par le musicien Maurice Jaubert. Vers les années 50 Mouloudji et Jacques Douai l’enregistrent, mais il est possible que ce soit Douai qui ait été le premier en scène.

En 1966, Valérie Lagrange et Jean-Pierre Kalfon en font une interprétation magistrale, avec l’intro parlée, et l’idée de Kalfon du dernier couplet en voix superposées. Une réussite, due au talent du comédien qui sait trouver les subtilités de ce poème intime.

En voici quelques versions qui permettent de mettre en perspective les divers talents d’interprètes selon l’air du temps ou la sensibilité de chacun.

Chanson de Tessa Valérie Lagrange et Jean-Pierre Kalfon

à écouter ici, si la vidéo ne démarre pas ..

https://memoirechante.wordpress.com/2011/06/17/valerie-lagrange-la-chanson-de-tessa/

 

Valérie Lagrange avec Biolay années 2000 en version allégée

 Elly Paspala, une excellente version, épurée

Jacques Bertin en version intégrale (un peu trop de violonnades..)

Mouloudji sans l’intro parlée

Jacques Douai guitare voix

avec accompagnement

et avec la version intégrale (avec piano Jacques Liébrard)

Curiosité · Linda Felder, Serge Kenneth et son orchestre

Michèle Arnaud (avec choeurs très -trop- présents)

Jany Sylvaire · Serge Baudo et son ensemble

Marc Chevalier, André Schlesser, Georges Delerue et son orchestre

Nicole Louvier très attachante et sensible version..

(avec Pierre Spiers et son orchestre) ·

That’s all folks.

Norbert Gabriel

Festival Musicalarue 2018 : entretien avec Tiken Jah Fakoly et rencontre avec Mohamed Lamine Traoré et Naby

3 Sep

Cette année encore le festival Musicalarue de Luxey a su combler le public, les publics, avec une programmation éclectique permettant l’expression d’artistes de rue, aussi bien que d’artistes alternatifs, de notoriété diversement importante, et de vedettes internationales tels Tiken Jah Fakoly, Shantel ou Goran Brevovic, sans oublier de proposer comme toujours des spectacles de chanteurs dont l’oeuvre appartient désormais au patrimoine de la Chanson et touche toutes les générations, venues partager un moment musical en famille. Cette année, c’était à Pierre Perret et Julien Clerc de ravir les cœurs des enfants et des grands-parents. Avec quarante huit mille festivaliers recensés cette année, la manifestation qui se veut le théâtre et l’occasion de rencontres et d’échanges fertiles a sans nul doute permis à beaucoup de musiques de croiser, de séduire et d’emporter un public parfois inattendu. Et d’ailleurs Big Flo et Oli, à qui l’édition 2015 de Musicalarue avait donné une chance sur la petite scène St Roch et qui se produisaient cette année sur la plus grande scène du festival, eu égard à la notoriété qu’ils ont acquis depuis, ont été de ceux qui s’en sont souvenus avec humilité et reconnaissance.

Bien que programmé à 2h du matin le premier des trois soirs du festival, le concert de Tiken Jah Fakoly sut recueillir l’attention d’une assemblée énorme de gens restés tard pour vivre ce moment exceptionnel de musique qui nous parle de fraternité, de paix et de changements, et trouver un écho répondant. C’est à la suite de ce concert que le chanteur, porte-voix nécessaire d’une cause cruciale, acceptait de nous accorder un entretien, en compagnie de Mohamed Lamine Traoré, président de l’association Amitié Barsac Sénégal, et du chanteur Naby qui se produira en concert pour le festival de l’association (29 et 30 septembre à Barsac en Gironde), tous deux venus à la rencontre de Tiken Jah Fakoly pour parler du festival organisé par l’association qui œuvre en faveur de la scolarisation en Afrique. L’occasion de nous entretenir avec eux aussi et leur donner la parole pour mettre un peu en lumière le festival de Barsac, dont les bénéfices contribuent à améliorer les conditions de vie et d’éducation des enfants au Sénégal.

– Tiken bonsoir, et merci de nous accorder un moment après ce concert. Quel est votre sentiment concernant l’accueil du public de Luxey ce soir ?

– On a eu un accueil chaleureux, surtout à deux heures du matin. Il fait froid. Et ça fait plaisir ; nous sommes très contents. Merci au public !

– Après l’album de reprises, « Racines » que vous avez sorti en 2015, vous préparez à présent un disque de compositions personnelles. Pouvez-vous en parler ?

– Je suis en train de préparer un album qui va sortir en 2019. On va parler de l’actualité, des maux qui minent l’Afrique, du monde aussi qui va mal. Car finalement c’est le monde qui va mal. On va faire un peu le tour.

– Il y a en France, à Bordeaux avec l’initiative « Bienvenue » comme dans d’autres villes, des mobilisations citoyennes pour dénoncer les conditions d’accueil des réfugiés et le cynisme des politiques migratoires européennes. Quel est votre regard d’africain sur cette question ?

– Je pense que ces gens là ont le droit de venir ici et le droit de rester. Il faut que les européens comprennent que depuis la création du monde, l’homme est toujours allé vers des lieux où il espère trouver de meilleures conditions de vie. Le monde est devenu un village : tôt ou tard il va se métisser et les gens vont se rapprocher ; personne ne pourra faire quelque chose contre ça. Mais nous disons aussi que si la jeunesse africaine a le droit de venir, elle a aussi une responsabilité en Afrique. Il ne faut pas partir pour fuir les problèmes : il faut affronter les problèmes et trouver des solutions ensemble. L’Afrique a besoin de ses enfants. Le monde entier peut venir en Afrique où il veut, quand il veut, faire ce qu’il veut, prendre ce qu’il veut, s’installer s’il veut. Mais on refuse ce droit là aux Africains ; ce n’est pas normal. C’est une injustice tellement flagrante : quand vous avez un ami, vous pouvez aller en Afrique le voir, décider de partir en une semaine, alors que pour un africain avoir un visa pour venir voir un ami en France, c’est toute une tracasserie. C’est une injustice qui mérite d’être dénoncée. Et puis cette migration est aussi une conséquence des politiques. Il y a une responsabilité de l’Europe : quand on soutient des dictateurs pendant trente ans pour profiter des richesses, il y a des retombées. Si dès les indépendances, les colonisateurs qui étaient partis avaient été stricts envers les dirigeants sur les questions de démocratie et de bonne gestion et gouvernance, aujourd’hui peut-être que l’Afrique serait stabilisée.

– Depuis que vous avez commencé à chanter et dénoncer ce qui ne va pas, avez-vous le sentiment de voir évoluer ou changer les choses ?

– Bien sûr ! Il y a beaucoup de changements, renforcés par les réseaux sociaux. Aujourd’hui la jeunesse est en train de se réveiller un peu. Ce qu’il faut savoir, c’est que l’Afrique est un continent où la plupart des pays n’a que 57 ans d’indépendance. Donc ce sont des pays très jeunes. Quand vous comparez l’âge de ces pays avec l’âge des pays dits stables ou développés en fonction de leur date d’indépendance, vous comprenez qu’il faut donner le temps aux peuples africains de se réveiller. Alors peut-être qu’on n’a pas encore obtenu les résultats de ce réveil tout de suite, mais en tous cas je constate un grand changement.

– A ce propos, pouvez-vous nous parler de votre engagement en faveur de l’éducation ?

– Oui. L’école et l’éducation, c’est très important. L’école, c’est la lumière. C’est l’école qui va réveiller. C’est pour ça qu’on a créé une association qui s’appelle « un concert, une école », pour essayer de construire une école dans chaque pays africains. Aujourd’hui, nous en sommes à six écoles en Afrique de l’Ouest. Le but est de montrer l’importance de l’éducation dans les pays en voie de développement, montrer aux parents que l’éducation de leurs enfants est importante. Si on a les moyens, à l’avenir, on va continuer à construire des écoles dans d’autres pays africains pour faire passer ce message là. Si aujourd’hui les politiques arrivent à manipuler les populations africaines, c’est parce qu’ils savent qu’on peut manipuler des gens qui ne savent ni lire ni écrire ; on peut les faire voter pour un t-shirt, pour dix euros ou même cinq euros. Nous votons encore pour un monsieur parce qu’il vient du même village que nous, de la même région, ou parce qu’il parle la même langue, ou parce qu’il est de la même religion quelque fois, même s’il n’a pas un programme politique en notre faveur. Je pense que l’intérêt général doit être mis devant. Et le peuple n’a pas encore compris ça. Le peuple qui n’est pas alphabétisé ne met pas l’accent sur l’intérêt général. Mais je pense que les choses sont en train de se faire doucement : avec le temps, il n’y a pas de raisons qu’on n’y arrive pas. Si vous y êtes arrivés, pourquoi pas nous ?

– Votre précédent album rendait hommage à vos prédécesseurs avec des reprises de classiques du Reggae. Est-ce que dans cette musique là, peut-être plus que dans d’autres qui n’ont pas été autant intrinsèquement porteuses de revendications politiques et d’engagement, il est important de se ressourcer auprès d’artistes fondateurs et référents ?

– Je voulais faire cet album pour rendre hommage aux classiques du Reggae, à ceux qui ont fait connaître cette musique dans le monde : Bob Marley, Peter Tosh, Burning Spear, Alpha Blondy. Pour moi c’est important, parce que c’est grâce à eux que le Reggae a fait le tour du monde. J’avais aussi un objectif avec cet album qui était de prouver que même si le Reggae a été créé en Jamaïque, il a une source en Afrique, les jamaïcains eux-mêmes se réclamant de l’Afrique. Et quand on a utilisé des instruments traditionnels tels la kora ou le balafon sur « Get up stand up » ou des morceaux de Burning Spear, ça a fonctionné tout de suite. Je voulais vraiment montrer ce pont là entre le Reggae et l’Afrique à travers cet album qui s’appelle « Racines ».

Sur ces mots, nous croisions l’opportunité de donner la parole au président de l’association d’entraide Amitié Barsac Sénégal, Mohamed Lamine Traoré, venu avec le chanteur sénégalais Naby à la rencontre de Tiken Jah Fakoly pour parler du festival de l’association qui aura lieu les 29 et 30 septembre à Barsac en Gironde.

– Mohamed Lamine bonjour et merci d’accepter de nous accorder un moment. Pouvez-vous nous parler de votre festival ?

– Mohamed Lamine : L’association Amitié Barsac Sénégal prépare la huitième édition de son festival à Barsac, qui se tiendra sur deux jours, les 29 et 30 septembre prochain. Les journées sont composées de danses africaines et d’ateliers culturels, d’un marché artisanal aussi, avant le grand concert du soir avec le chanteur sénégalais Naby qui nous fait le plaisir de venir jouer à notre festival et de Jérémy Malodj’ et Salime B. Le festival offre la possibilité de camper sur place et de se restaurer ; on peut y venir en famille. On vous attend tous !

– Votre association défend plusieurs causes, au premier rang desquelles la scolarisation des enfants en Afrique. Quels sont plus concrètement les projets auxquels vous désirez oeuvrer cette année ?

– Mohamed Lamine : Le but de ce festival est de pérenniser un projet de lutte contre le paludisme, de scolarisation des enfants et d’accès à l’eau dans le village de Sekhela Diarga au Sénégal. Tous les bénéfices du festival iront à ce projet. Fin 2017 nous avons pu équiper l’école de panneaux solaires. J’en profite pour remercier nos amis qui ont participé à la réalisation du projet et l’installation des panneaux solaires. Grâce à eux, les enfants ont l’eau courante à l’école, une salle informatique. Le projet d’avenir concerne la mise en place de blocs sanitaires, pour que les enfants puissent travailler dans des conditions meilleures. Nous sommes au XIXème siècle, et nous voulons que les enfants puissent aller à l’école, se soigner et vivre tous ensemble.

– Naby : Je suis un adepte de ce festival, car ce que j’y vois, c’est une association qui œuvre pour le bien de tous. Donc cette année, je vais y jouer en concert : on va amener les paroles et chanter. Et comme j’ai déjà joué avec Tiken Jah, nous souhaitions lui parler de notre festival.

– Le festival Musicalarue reste malgré l’importance logistique de l’essor qu’il a pris un moment porteur de valeurs humanistes et soucieux de permettre des rencontres et des échanges, et de nouer des contacts solidaires aussi. Est-ce ce que vous espérez en venant ici à Luxey ?

– Mohamed Lamine : On est venus à Luxey effectivement pour nouer des contacts et faire des rencontres, en vue de pérenniser et faire connaître notre festival, et de créer des ponts. Comme on dit il faut aussi aller chercher conseil là où les gens ont de l’expérience, pour apprendre et améliorer notre propre travail. Nous tenions aussi à rencontrer notre frère Tiken Jah qui est dans la même lignée que nous avec son discours. C’est une voix qui porte et pour nous, c’est un modèle. Quoi qu’on dise, il a galéré. Actuellement nous vivons dans un monde hypocrite où les gens ne veulent pas la vérité. Et pourtant il faut dire les choses, quand ça ne va pas. L’Afrique va mal, parce que nous, les africains, on ne fait rien. Il faut que ça cesse. Il faut que les africains se lèvent. On veut la même chose : la paix dans le monde, que les gens puissent aller à l’école, se soigner et être heureux et avoir un avenir meilleur. Les enfants sont l’avenir de demain ; si on ne les forme pas maintenant et qu’on ne leur apprend pas les bonnes choses, on ne fera pas un monde meilleur. On ne sait pas ce que les enfants que nous formons seront demain : peut-être écrivains, peut-être docteurs ou ingénieurs ? Qui sait si un de ces enfants ne sauvera pas demain un de vos enfants grâce à ce qu’il aura appris et au métier qu’il exercera ? Tiken Jah prêche la même chose que nous. Que dit-il ? Que l’Afrique, c’est nous, et seuls les africains peuvent redorer le blason de l’Afrique. On ne peut pas toujours attendre l’aide extérieure, l’aide des autres. Un dicton africain dit : « Arrêtez de nous donner du poisson, parce que le poisson, on le mange et demain on revient tendre la main. Apprenez nous à pêcher le poisson ». Il faut qu’on arrête de tendre la main, parce que quand tu tends la main, tu n’es plus libre. Celui qui donne te dicte comment tu dois faire les choses. Quand tu as de la matière grise dans la tête, que tu as appris, que tu sais comment faire, tu peux décider. Et quand on sait comment faire, on fait et on devient indépendant. Et ça, il faudrait que nos dirigeants africains aussi le comprennent : la richesse du monde, c’est l’Afrique, le berceau de l’humanité. Il faut cesser d’être complexé : beaucoup de Noirs sont capables d’êtres des savants, des chercheurs, des intellectuels. Cheikh Anta Diop a inventé le carbone 14, et ça, personne n’en parle, car nous sommes complexés. Mais de la même manière qu’il y a des savants blancs, il y a des savants noirs. Nous sommes tout aussi capables. C’est le but de notre projet. On essaye de mettre notre grain de sel dans l’assiette pour que ça donne beaucoup plus de goût, tout simplement. Et on veut que nos enfants puissent continuer ce qu’on a entamé, car la terre appartient à tout le monde. C’est pour cela que nous lançons un appel à toute personne qui veut nous aider et soutenir ce projet : qu’elle soit bienvenue !

Miren Funke

Photos : Carolyn C (4,8,9,11), Océane Agoutborde (1,2,3,5,6,10), Miren Funke (7,12)

https://www.facebook.com/Amitié-Barsac-Sénégal-979936812067187/

http://www.barsac.fr/amitie-barsac-senegal/

Tiken Jah Fakoly :
http://tikenjah.net/
https://www.facebook.com/tikenjahfakolyofficiel

Musicalarue : http://www.musicalarue.com/fr/accueil/bienvenue.html

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