Archive | août, 2018

Tendresse à quai, embarquement immédiat…

30 Août

Lecteur pressé, voici le pitch pour vous mettre en appétence et vous inciter à courir toutes affaires cessantes au Studio Hébertot,

Sur un quai de gare un monsieur âgé et portant beau s’intéresse à une jeune femme silencieuse qui va peut-être prendre le même train que lui. Le monsieur est peut-être le personnage d’un roman dont il est l’auteur, la jeune femme est peut-être un souvenir phantasmé, peut-être, peut-être pas.

Voilà. Je conçois que, vu comme ça, vous puissiez être dubitatif, voire carrément sceptique. Mais… mais si vous ajoutez au détail, comme on dit au Québec, le talent d’écriture du formidable Henri Courseaux, sa présence scénique exubérante, tonitruante, émouvante, une sorte de mix entre Sganarelle, Cyrano, Alceste, et Figaro, l’affaire prend une tout autre dimension. C’est un duo à plusieurs personnages : qui est vraiment Colette Clairon? Madeleine Godot ? Solange Brémont ?

Quand un personnage frappe à ma porte, il se passe en moi quelque chose d’indéfinissable… comme si je me remettais à exister. (Léon Brémont)

Qui est vraiment Léon Brémont (1942-2018) ? Une sorte d’Alceste gentiment narquois quand il brocarde de quelques chatouilles acidulées les bonnes gazettes de la culture ? Non, pas de nom, je ne dirais rien… Et Marie Frémont ? Dans l’entrelacs des personnages elle virevolte dans le kaléidoscope des sentiments mis en perspective par le subtil observateur des choses de la vie qu’est Courseaux-Brémont . Avec un regard affûté sur ce monde contemporain parfois réduit à l’oeil baissé sur l’écran d’un smartphone … Et le rêve, dans tout ça ? La vie la vraie vie ?? Et la tendresse ? La poésie et la littérature… Est-ce indiscret de vous dire qu’on y voit Mallarmé en filigrane (qui n’a pas commenté, mais qui doit quand même se poser des questions sur cet énergumène qui pourfend l’adjectif d’une plume acérée comme un fleuret…) D’ailleurs sur ce plan, l’ai-je bien compris ce réquisitoire?
L’adjectif c’est la mal bouffe de la littérature. * N’en ai-je point usé et abusé dans l’éloge enthousiaste ?? Peut-être, quoi qu’il en soit ce n’est pas du brouet insipide mais des crèmes qui sont servies,  dirait Roxane en sortant de la soirée. Des crèmes savoureuses, épicées, longues en bouche, succulentes, quoi que dise Brémont sur l’adjectif. Brémont ou … Vous le saurez au théâtre Hébertot. Quand une histoire commence – virgule – c’est après cette virgule que tout peut arriver. Et ça arrive.

La mise en scène est de Stéphane Cottin. Les costumes de … voyez l’affiche…

La salle était comble et comblée, et avec cette rentrée théâtrale, on se sent un peu plus vivant pour l’année à venir, malgré tout.

Pour les infos dates réservations , clic sur le rideau —->

 

NB 1 Sganarelle est un nom récurrent dans l’œuvre de Molière, dont l’origine viendrait du verbe italien sgannare, qui signifie « dessiller » ou, pour mieux définir, « amener à voir ce qu’on ignore ou ce qu’on veut ignorer. »

NB 2 Madame de Sévigné vient d’épistoler par mail en contestant formellement la position de Léon Brémond en matière d’adjectif, mais ceci est une autre histoire.

Et pour quelques images de plus…

 

Norbert Gabriel

Brassens leçon d’écriture…

27 Août

Ce sera la conclusion de cette trilogie, après La leçon de musique, et Brassens international, voici la leçon d’écriture, qui montre 40 ans plus tard que cette séquence était prophétique.

Et explique pourquoi Georges Brassens a été traduit avec bonheur plus de 200 langues, dans tous les pays du monde…

 

 

 

Par Robert Mallet, recteur de l’Université de Paris, sur les textes de Georges Brassens dans Le Grand Echiquier Brassens du 6 Mars 1974.

 

La leçon de musique, c’est là,

Clic sur la guitare —>

 

 

 

 

Norbert Gabriel

Brassens international

23 Août

Il était fréquent il y a quelques décennies de proclamer que Brassens était inexportable. Les choses ont bien changé. Eric Vincent qui bat tous les records de pays visités en chantant, je veux dire en faisant son métier de chanteur, avait témoigné qu’au contraire il était un de ceux les plus chantés, « parce que lorsqu’on est seul en scène avec sa guitare, il faut du solide pour faire passer sa chanson. » Même quand on chante en français en Indonésie.

Un bref (!) panorama et une sélection personnelle subjective et aléatoire montre des interprétations riches de diversité… C’est à vous, à fond les baffles !!

Commençons avec le grand Jacques Yvart* qui chante en esperanto,  Chanson pour l’auvergnat. Avec la guitare de Sylvain Brailly. **

 

Gare au gorille Gian Maria Testa

 

Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.. suivi de La mauvaise réputation Alberto Patrucco

 

Amori marinai (La marine di Georges Brassens) – Sotto il pavé la spiaggia

 

Pénélope  Fortunato Baslinsky

 

La mauvaise réputation Bïa

 

La mauvaise réputation en anglais Ninety Five Percent (avec Joël Favreau)

 

Les copains d’abord Mountain Men

Le mouton de Panurge  Mountain men

 

Le temps ne fait rien à l’affaire – Giants of Jazz Play Brassens : Cat Anderson

 

La Non-Demande En Mariage – Giants of Jazz Play Brassens Les Petits Français, Eddie « Lockjaw » Davis, Harry « Sweets » Edison, Dorothy Donegan, Joe Newman, Cat Anderson, Jo Daly, Zanini, Joel Favreau, Teddy Martin, Michel Attenoux, Irakli, François Guin, Charles Donadieu, Pierre Nicolas, Benny Vasseur.

 

Maxime Le Forestier et Danyel Waro chantent Brassens

 

Les amoureux des bancs publics  par Koshiji Fubuki

 

Умереть за идею » – « Mourir pour des idées   Vissotsky

 

Et en arabe,   « Une jolie fleur…’   (Merci à Floréal Melgar)

 

Various Artists – Brassens, Echos Du Monde

Avec 14 artistes du Japon de Cuba, de Russie d’Afrique, Espagne et même corses !

  • *Jacques Yvart l’autre grand globe-trotter de la chanson, qui a porté la poésie et la chanson francophone urbi et orbi, et pour finir « La marine.. » ça s’impose pour ce troubadour marin..

** Je ne résiste au plaisir de vous montrer la réponse de Jacques Yvart sur l’excellent guitariste en question Sylvain Brailly.

« Pour Kanto por la kampul, la seconde guitare (qui, de fait, devient la première…) est jouée par Sylvain Brailly.

Je cherchais un guitariste manouche pour cette chanson et étais même allé du côté des « puces ». Je l’ai finalement trouvé dans la banlieue lilloise, ce qui m’arrangeait. Je ne l’ai rencontré que deux fois, la première pour une répétition, la seconde, en studio. Je trouve qu’il est excellent. » (Jacques Yvart)

 

 

That’s all folks !

 

Norbert Gabriel

Leçon de musique avec Brassens

21 Août

A l’usage des indigents de l’oreille qui trouvent Brassens peu musical…

Car il s’en est trouvé, des «experts», pour juger Brassens monotone et répétitif… Voire guitaristiquement élémentaire … Les guitaristes plus ou moins débutants qui n’osaient pas Hécatombe ou le Gorille ont pu se rabattre sur l’Auvergnat, une mélodie parfois acrobatique, et un enchainement d’accords pas très compliqués, mais ce que fait Brassens est carré, alors que les tentatives de reprises sont souvent bancales.

Et ne parlons pas de « J’me suis fait tout p’tit » ou « Le vieux Léon »..

Les deux démonstrations ci dessous vous en diront plus:

Leçon A

 

Leçon B: Daniel Wayenberg et la musique de Brassens

 

Pour finir  salut au vieux Léon, extrait en direct, et regardez comment la main gauche emmène cette valse vive et tonique.

 

Le même en version disque avec la seconde guitare (Jean Bonal) et Pierre Nicolas

  • Et la chanson Je m’suis fait tout p’tit (Victor Apicella guitare ) dont  les premières notes sont le début d’improvisation n° 4 de Django (ici vers 1’05)

That’s all folks.

Norbert Gabriel

Qui a peur de Pauline Julien et des femmes auteures de chanson.

19 Août
Deuxième tour en attendant quelques entretiens autour de Pauline Julien, et le spectacle de Céline Faucher à l’automne

Après l’état des lieux fait par Carole Thibaut sur la femme dans la création artistique, revenons dans le monde de la chanson. Avant Nicole Louvier la première ACI entrée dans la carrière en 1954 avec un album complet, paroles et musiques, il y eut quelques femmes ACI qui ne chantaient pas que pour passer le temps. Célimène Gaudieux et Mary Rose Anna Travers plus connue voire mal connue sous les nom de La Bolduc et sa chanson qui turlutte. (On la surnommait «la turluteuse du peuple»…Rien de grivois à la base) Portrait de ces deux pionnières.

Célimène Gaudieux est une chanteuse française née à Saint-Paul de La Réunion le 20 avril 1807 et morte dans cette même commune le 13 juillet 1864. Elle exerça ses talents tout en œuvrant en tant qu’aubergiste au lieu-dit La Saline. Elle sert encore de symbole et de muse à la poésie et à la culture populaire de l’île de La Réunion.

La muse de la Saline.  20 avril 1807 Ici vécut un phénomène : Célimène, ancêtre de l’esprit rap

Sa peau fut jadis sa douleur, sa peau qui n’a pas connu que fleurs , chante Jim Fortuné au sujet de celle qui se disait « infortunée créole » et rimait à « tort et à travers ». 211 ans après sa naissance le 20 avril 1807, Célimène Gaudieux demeure aussi mystérieuse qu’indémodable… L’impertinence de certains de ses textes, volontiers moucateurs, est finalement l’ancêtre de l’esprit rap. Hommage à celle qui disparut le 13 juillet 1864.

 

Aux passants
Ici vécut un phénomène
Ici rima, ici chanta
La brune enfant des calcutas
Guitare en main(s), la Célimène
(18..-1864)

Célimène, née le 20 avril 1807

Le « Mémorial de La Réunion » d’Henri Maurin et Jacques Lentge (tome III, 1980) fait naître Célimène en 1806. Il en est de même dans le « Dictionnaire Illustré de La Réunion » de René Robert et Christian Barat (vol. 2, 1991), dans l’« Anthologie de la poésie française d’outre-mer » de Christian Poslaniec et Bruno Doucey (2011) ainsi que dans l’« Album de La Réunion » d’Antoine Roussin (1880).

Le premier témoignage sur Célimène nous vient de Louis Simonin, ingénieur des mines, géologue, voyageur et journaliste. Dans son « Voyage à l’Île de La Réunion », paru en 1861, Simonin s’en voudrait, dans sa nomenclature des poètes de l’île Bourbon (Parny, Bertin, Dayot, Lacaussade et Leconte de Lisle) d’oublier Célimène « la Muse des Trois Bassins, comme on l’a nommée à Saint-Paul ».
Louis Simonin était sous le charme : « Célimène improvise et chante à la fois ses vers en s’accompagnant à la guitare. Elle est, dit-elle, quelque peu descendante de Parny, mais c’est la satire et non l’élégie qu’elle cultive ».

« Elle déchire à belles dents celui qui s’attaque à elle et sa répartie est prompte en prose comme en vers ».

« Une grande partie des vers de Célimène sont en langue créole ; d’autres poésies, en français, sont d’un genre si léger qu’elles ne sauraient trouver place ici ».

Louis Simonin tirait une fierté particulière des 5 vers que Célimène lui adressa pour le remercier d’un échantillon de lave volcanique dont il lui avait fait cadeau :

Je te remercie mon cher voisin
De la roche que tu m’as envoyée
Je vais bien la conserver
On ne jette pas tous les matins
D’aussi jolies pierres dans mon jardin

Consécration de l’histoire, en février 2000, un cratère du Piton de la Fournaise fut baptisé du nom de « Cratère Célimène ».

Les travaux de Robert Merlo ont mis en lumière l’ascendance de Célimène. Le poète Evariste de Parny eut une liaison avec une jeune fille, Léda, esclave d’ascendance malgache née à Saint-Paul, qui travaillait chez son père, Paul de Forges-Parny.

De cette liaison naquit une fille, Valère, qui épousa, à l’âge de 14 ans, Auguste, esclave affranchi. Valère et Auguste eurent trois enfants, dont Marie-Thérèse Candide, mère de Célimène.

Marie-Thérèse Candide était employée chez Louis-Edmond Jean (variantes Jans, Jeance ou Gence) qui en fit sa concubine. De cette relation naquirent deux filles : Marie-Monique, dite « Célimène » et Marie-Céline (ou Marie Céliste).

Célimène, fille de Marie-Thérèse Candide, petite-fille de Valère, et arrière-petite-fille de Léda, était ainsi l’arrière-petite-fille du poète. En 1811, Louis-Edmond Jean affranchit Marie-Thérèse Candide, sa concubine, âgée de 21 ans, (ainsi que ses deux filles, dont Célimène qui avait 4 ans) qu’il épousera dix-neuf ans plus tard, en 1830. En 1839, à l’âge de 32 ans, Célimène épousa Pierre Gaudieux, ancien gendarme originaire de la Dordogne, venu à La Réunion avec son régiment, et qui faisait office de maréchal-ferrant au relais de poste de la Saline. Célimène se fit alors aubergiste.

Dotée d’une intelligence très vive, et bien que n’ayant pas été à l’école, Célimène avait fait elle-même son instruction, au contact des « blancs » et en tirant profit des leçons particulières données à leurs enfants. Elle apprit ainsi à lire et à écrire, puis à versifier en créole comme en français. Le poète Jean Albany (cité par Tristan Hoareau) la dépeint en ces termes :

« Elle n’était pas noire, elle avait un visage de mulâtresse, un teint safrané, de grands yeux en amande, une bouche sensuelle, un port de tête royal Quand la malle, la diligence, transportant les voyageurs de Saint-Paul dans les hauts du pays, s’arrêtait devant sa petite auberge, sa cantine, elle faisait asseoir les gens fatigués par les cahots et la poussière de la route. Elle leur offrait des liqueurs, l’coup de sec, le frangorin, le jus de canne, le lait de noix de coco. À celui qui avait faim, elle servait un carry, un rougail, du vin . Et c’est alors que pinçant sa guitare, elle chantait toutes les chansons qui lui passaient par la tête, en français ou en créole… Elle en inventait même… Elle n’avait jamais appris à jouer de la guitare, ni à composer des airs, mais elle chantait quand même… »

Il ne nous est pratiquement rien resté des textes ni des musiques de Célimène, à part cette chanson où elle se présente elle-même : « La vieille Célimène » (extrait) :

Je suis cette vieille Célimène
Très laide et non vilaine
Cette infortunée créole
Qui n’a pu aller à l’école
Légère en conversation
mais très posée en actions
J’ai la tête remplie de vers
Et je les fais à tort et à travers

Il nous reste le portrait de Célimène. Il en reste même deux, celui du dessinateur Charles-Joseph Mettais, réalisé en 1861 (d’après une photographie) et publié dans « Le voyage à l’Île de la Réunion (Île Bourbon) » de Louis Simonin, et l’autre figurant dans l’Album d’André Roussin de 1881. Les deux portraits son quasiment identiques, ils représentent Célimène jouant de la guitare. Sur le dessin de Mettais, Célimène apparaît plus jeune, sur celui de Roussin les traits sont plus marqués.

Il nous reste également la guitare attribuée à Célimène, qui se trouve au Musée de Villèle à Saint-Gilles-les-Hauts (elle n’est pas exposée, elle est rangée dans la réserve… )

Sa chanson la plus célèbre, dédiée à « Missié L. et blanc malhonnête » figure en bonne place dans l’anthologie de la poésie française d’outre-mer (déjà citée) et a été remise en musique et chantée par le groupe Ziskakan pour la Journée de la femme et du patrimoine du 30 mars 2001 (extrait) :

Missié L. et blanc malhonnête

Na na figure comme bébête
Na na le quer comme galet
Na na la langue comme zandouillette
Na na li dents comme foursettes
Na na tas de contes comme gazette
Toujours il est dans la guinguette
En goguette… et en goguette.

(Source : Jean-Claude Legros)

Mary Rose Anna Travers, dite La Bolduc, est une auteure-compositrice-interprète québécoise née le 4 juin 1894 à Newport et morte le 20 février 1941 à Montréal. Musicienne autodidacte, considérée comme la première chansonnière du Québec, elle a connu un succès phénoménal auprès du public québécois et la consécration par le biais du disque.

La Bolduc a donné à la chanson québécoise des années 1920-1930 un vent de fraîcheur : trouver les mots justes et l’humour nécessaire en plein cœur de la crise économique des années 1930, en racontant le quotidien des petites gens de la ville et des campagnes, et ce, dans la langue du peuple, tant avec optimisme (Ça va venir, découragez-vous pas, Nos braves. habitants) qu’avec ironie (Toujours l’R-100, Les Médecins).

« Un lien de profonde identification survient entre un artiste et son public, lien essentiel à la base de tout succès populaire. »

— Robert Léger, La Chanson québécoise en question, 2003, éditions Québec Amérique, p. 29-30

Les auteurs antérieurs ou contemporains à l’œuvre de la Bolduc (entre autres Roméo Beaudry, Ovila Légaré, Paul Gury) écrivaient des textes intéressants et de bonne facture pour l’époque, mais doivent leur style à la chansonnette française du moment, quand ce ne sont, purement et simplement, des adaptations de chansons américaines. Sa « signature » : les refrains de la plupart de ses chansons sont turlutés et les interludes musicaux sont ponctués à l’harmonica. La turlute, jeu de langue qui ponctue les mélodies et leur donne un rythme particulier, se retrouve dans plusieurs folklores (irlandais, écossais).

Les activités religieuses étaient très importantes pour Mary. Ces soirées lui permirent de rencontrer Edmond Bolduc, le frère d’Édouard, son futur époux, qui était ouvrier dans une usine et qui plus tard devint plombier. Ils s’épousèrent le 17 août 1914 et Mary prit le nom de Madame Édouard Bolduc. Ils s’installèrent à Montréal et Mary commença sa carrière de couturière. Mary eut de la difficulté avec ses grossesses, mais réussit à avoir deux premiers enfants, Denise et Lucienne.

Elle enregistra son premier disque en 1929 en accompagnant le chanteur Ovila Légaré. C’est à ce moment qu’elle écrivit de la musique pour le violon et l’harmonica. Mary inaugura aussi des soirées musicales en famille.

Les grandes vedettes de cette époque étaient fort impressionnées du talent de Mary. La nouvelle se transmit de bouche à oreille et se rendit jusqu’au responsable de la compagnie de disques Starr où Mary signa son premier contrat. Le 12 avril de cette même année, elle se rendit en studio pour enregistrer deux chansons accompagnée par Médor Levert à la guitare : Y’a longtemps que je couche par terre, une chanson traditionnelle qu’elle chantait souvent, et La Gaspésienne.

C’est le 6 décembre 1929 que débute sa grande période de succès. Sur ce troisième disque (ou quatrième, selon les sources – voir discographie,) on retrouvait une de ses compositions, La Cuisinière, qu’elle avait composée en faisant la cuisine ainsi que Johnny Monfarleau. Chez Archambault Musique sur la rue Sainte-Catherine à Montréal, on faisait la file pour obtenir un exemplaire du 78 tours. Ils en vendirent 10 000 lors du premier mois. C’est à partir de ce moment que Mary est devenue rapidement la chanteuse la plus populaire du Québec, devenant la première femme Québécoise à gagner sa vie en tant que chanteuse, auteure, compositrice et interprète de la chanson au Québec.

Mary Travers commença à lire divers articles de journaux comme source d’inspiration, ce qui lui donna encore plus le goût de composer. Afin de mieux rejoindre son public, Mary commença également à composer des paroles qui parlaient aux gens de la réalité de la société dans laquelle tous vivaient à cette époque. L’année 1930 est celle où elle enregistra le plus de disques ainsi qu’une année chargée de projets tels que des émissions de radio et des soirées dans Les Feux follets au Monument-National où elle joua pour la première fois un rôle de comédienne.

 Elle devient l’idole de tous les démunis, de toutes les victimes de la crise, de tous ceux qui triment dur dans les usines pour des salaires de famine, de toutes celles qui élèvent une trâlée d’enfants dans des conditions misérables.

À son retour, le cancer aggrava l’état de santé de Mary. À travers tout cela, elle continua à chanter au cours de quelques spectacles. Elle succomba à la maladie, le 20 février 1941, à 46 ans. Elle repose maintenant au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges de la ville de Montréal qui est un cimetière où plusieurs autres célébrités et personnalités connues du Québec sont enterrées.

Mary Travers fut sans doute la vedette la plus populaire vers la fin des années 1920 et 30 au Québec. Elle écrivit plus de 300 chansons (ce chiffre semble démesuré lorsqu’on compare les chansons enregistrées par Madame Bolduc qui furent simplement des reprises de chansons folkloriques, ses propres créations les inédits manuscrits repris par l’interprète Danielle Martineau et recensés dans le livre Lina Remon et Jean-Pierre Joyal, op. cit.) inspirées par les traditions folkloriques irlandaises et québécoises. On la surnommait «la turluteuse du peuple». Elle sut plaire à son public pendant la crise économique. Malgré toute l’évolution de la musique populaire de cette époque, tout au long de sa carrière de musicienne, La Bolduc garda le même style de musique dans ses chansons, la musique folklorique. Il ne faut pas oublier qu’«en l’espace de deux ans, Mary est passée de femme au foyer à artiste célèbre».

Suite prochaine, des entretiens témoignages autour de Pauline Julien, et fin septembre l’arrivée en scène de Céline Faucher.

Norbert Gabriel

Histoire d’une chanson : Amazing grace…

16 Août

C’est sans doute la chanson la plus populaire aux USA, du baptême aux funérailles en passant par tous les évènements de la vie privée ou publique, du temple au saloon en passant par l’église et les bordels de la New Orleans, tout le monde a une bonne raison de pleurer sa nostalgie de quelque chose avec la mélodie Amazing grace… Mais, comment ça a commencé tout ça ? Pour faire court, un capitaine de bateau négrier a été pris dans une sorte de typhon dont on ne réchappe pratiquement pas. Mais lui et son bateau, si ! Pour une raison connue de lui seul, Dieu aurait sauvé ce sinistre trafiquant de bois d’ébène, Dieu est bizarre parfois… Et du coup, le capitaine repenti* a écrit un poème d’action de grâce, qu’il a posé sur une musique assez ancienne d’inspiration élisabéthaine, mélancolique à souhait. Mais au charme irrésistible… Et au fil du temps, avec les églises de tout poil qui fleurissent aux USA, c’est devenu l’incontournable song de tous les saltimbanques de New York à Los Angeles en passant par Memphis Tennessee, Dallas et Kansas City. Et même Tombstone.

Si on déroule la liste exhaustive de toutes les versions, on y passerait quelques jours, mais on peut faire une écoute de plusieurs versions, en partant de celle qui me semble la plus authentique, Judy Collins, dépouillée de toutes les grandiloquences dont le gospel a parfois usé et abusé…

Dans une sélection totalement subjective, voici quelques propositions dans lesquelles les artistes sont intimement dans la chanson, sans s’écouter chanter avec des vibes, ça vient du cœur ou des tripes mais pas des vocoders ou d’effets de voix surjoués comme il est fréquent dans les gospels.

 

* John Newton (1725–1807) était le capitaine d’un navire négrier et connu pour sa débauche morale. Le 10 mai 1748, au cours d’une tempête dans l’Atlantique où son bateau faillit couler, il se convertit au christianisme. Après avoir survécu à cette tempête, il devint prêtre anglican et renonça au trafic d’esclaves, au point de devenir militant de la cause abolitionniste.

 

Judy Collins

 

Autre version chargée de sens Cherokee – Prayer

 

Et bien sûr Joan Baez

 

Anne Murray

 

Alan Jackson

 

Chris Tomlin (version augmentée)

 

Arlo Guthrie

Presley (qui en fait un peu trop mais c’est the voice, l’autre… )

 

Native American – Amazing Grace (en cherokee)

 

Et pour finir the old timer Pete Seeger

That’s all folks !

Norbert Gabriel

Entretien avec l’artiste Faïza Kaddour pour « MAI 68, c’est quoi ? J’en sais rien, viens, donne-moi la main » : un spectacle qui fait revivre Colette Magny avec poésie, humour et tendresse

15 Août

Cinquantième anniversaire de Mai 68, le printemps dernier nous fit la surprise de voir naître sur les planches bordelaises, le spectacle « MAI 68, c’est quoi ? J’en sais rien, viens, donne-moi la main », créé et joué par la comédienne Faïza Kaddour, sur Colette Magny. Décédée en 1997, la chanteuse a laissé au patrimoine de la Chanson Française une œuvre capitale, pionnière artistiquement à bien des égards, utile et nécessaire par son engagement, et exemplaire d’humilité humaine, d’honnêteté intellectuelle, dont pourtant à ce jour l’envergure n’est que rarement évaluée à sa juste mesure. C’est par le biais narratif d’une pièce où s’entrelacent récit historique et considérations militantes, interprétations de chansons et dialogues imaginaires entre la comédienne et la chanteuse, que Faïza Kaddour, prêtant sa voix à la gouaille de Colette Magny, raconte et fait revivre avec poésie une époque, une artiste, le sens d’une vie, la pertinence d’un propos aux résonances terriblement actuelles, dans un spectacle vif, drôle et attachant qui interpelle, bouscule et attendrit chaque spectateur. Rien d’étonnant donc à ce que le public prenne la liberté d’interactions spontanées, comme lors de la représentation qui eut lieux au Théâtre Le Levain de Bègles le 23 juin dernier. On comprend mieux comment la comédienne, accoutumée à toujours partager la scène et son métier avec d’autres artistes, tels Agnès Doherty ou Ziad Ben Youssef, ne semble éprouver aucune peine à, pour la première fois, porter et tenir un spectacle seule. Seule ? Précisément pas ! Faïza Kaddour joue Colette Magny, joue avec Colette Magny, et les deux jouent avec le public. A l’amorce d’un parcours que nous lui souhaitons long, populaire et fertile, le spectacle, qui contribuera sans nul doute à rendre justice à une artiste dont l’importance de l’héritage ne fut que trop négligée et vigueur à la mémoire de la Chanson en lutte, se jouera prochainement le 18 août lors du Festival d’Uzeste (Gironde). Dans l’attente de dates ultérieures, Faïza Kaddour acceptait de nous accorder un entretien pour parler de « sa » Colette Magny.

– Faïza bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Colette Magny est certainement, à ce jour, des artistes de référence, une de celles et ceux que la postérité a le plus négligés. En même temps cette année voit après la sortie d’une édition compilant ses chansons, la création de ton spectacle. Ces événements coïncident-ils d’un même élan d’envie de faire enfin connaître mieux cette artiste ?

– En fait les sources sont assez limitées. On peut rapidement regrouper ceux qui parlent de Colette Magny. Nous sommes quelques uns -et moi à mon petit niveau, car ce qui m’intéresse, c’est son œuvre artistique- à vouloir absolument qu’on se souvienne de cette femme et qu’on découvre ou redécouvre ses œuvres. Sa nièce Périne Magny-Lecoy est dans ce travail là. Une anthologie de ses œuvres a été éditée, en dix compact disques, très mignons, car ils présentent l’aspect de microsillons, qui regroupent trois albums chacun, à l’exception de quelques chansons. Ce sont de très beaux objets, avec des livrets. Sylvie Vadureau a édité il y a quelques années le livre « Colette Magny, Citoyenne-Blues », qui donne un petit aperçu de son enfance, dont on ne sait pas grand-chose, avec quelques photos, et raconte ses débuts aussi.

– Comment as-tu personnellement découvert cette artiste et eu envie de créer un spectacle lui rendant hommage ?

– C’était en 2014, lorsqu’on a mené des actions avec la Coordination des Intermittents et Précaires de Gironde (CIPG). Nous avions terminé une journée d’action en fêtant l’anniversaire de la militante Juliette Lasserre Mistaudy , chez le comédien Vincent Nadal, où j’ai entendu la chanson « Rock me More and More » et découvert la voix de Colette Magny, grâce à lui. Je n’en revenais pas que ce soit une chanteuse française. D’autant plus en voyant la photo de cette femme qui ne ressemble pas vraiment au stéréotype de la rockeuse. J’ai écouté quelques blues, mais pas vraiment toutes les chansons, qui pour certaines me semblaient compliquées, au sens où elles ne ressemblaient un peu à rien de ce qui se fait. Et puis je ne comprenais pas trop l’époque. Puis cet hiver, Guy Lenoir, m’entendant chanter, me dit qu’il faudrait que je chante Colette Magny, et me parle du producteur Jean Claude Robissout qui l’avait faite venir en 1992 et la connaît très bien, avec qui il pourrait m’aider à monter un spectacle. J’ai d’abord voulu écouter mieux, mais ça me semblait compliqué. Alors j’ai trouvé de la documentation pour m’aider à comprendre ses chansons, savoir pourquoi elle les avait écrites comme ça. Et en fait en lisant des choses qui racontaient cette femme, j’en suis tombée littéralement amoureuse, car ses chansons ne sont que le haut de l’iceberg, le témoignage de toute une vie engagée. Et en connaissant sa vie, j’ai eu vraiment accès à ses textes et chansons, et ça me les a révélés comme étant carrément géniaux, d’abord par rapport à l’époque, par rapport aux sujets qu’elle exprimait, ensuite par rapport à sa démarche d’artiste : c’est une femme qui a vraiment une démarche professionnelle d’artiste, et moi, en tant que comédienne, cela m’interpelle. En plus elle était décédée, et quand un artiste est décédé, cela aide.

– En quel sens ?

– Car ce que les artistes sont s’est arrêté le jour où ils sont morts ; donc on a une histoire qui a un début et une fin, et ne bougera plus. C’est-à-dire que je ne peux pas m’attendre à ce que demain Colette Magny rejoigne le Front National ou se renie. Ce n’est pas qu’elle est canonisée ; mais au moins son histoire s’inscrit dans un espace-temps, et l’artiste n’a pas dérogé à son engagement. Elle n’a pas changé de voie, et est restée intègre à ce pourquoi elle est devenue chanteuse. Ça m’a bouleversée par rapport à un questionnement intime, car étant encore en vie, mon engagement personnel n’est pas coulé dans du béton et se remet en question perpétuellement. Parfois ce que je fais n’a plus aucun sens pour moi, me demande une énergie folle pour accomplir quelque chose d’anodin, et ne m’aide même plus à vivre, alors qu’à d’autres moments j’avale des montagnes, car je suis persuadée que c’est hyper important. Donc tomber sur une artiste comme Colette Magny m’a beaucoup stimulée et nourrie, face à une peur que j’ai vis-à-vis de moi-même. Je vois une cohérence dans son engagement et c’est quelque chose qui me fait du bien. Peut-être que c’était compliqué aussi pour elle et qu’elle ne se levait pas tous les matins en voulant manger le monde et en se disant que ce qu’elle faisait avait besoin d’exister. Mais je ne vois que ce qui reste. Et de ce qui reste, je me créé une histoire qui m’aide, et qui me donne envie de chanter : quand je chante du Colette Magny, ça me fait délirer. Donc je suis extrêmement reconnaissante à cette femme d’avoir laissé ces œuvres.

 

– Est-ce à dire que tu as trouvé en Colette Magny une personnalité qui artistiquement et humainement peut te servir de modèle ou de repère ?

– Après il y a plein de petites choses que je découvre et qui m’émerveillent, au fur et à mesure. C’est comme quand on tombe amoureux et qu’au fur et à mesure, on découvre des choses qui nous émeuvent de plus en plus et nous font aimer une personne. Ce n’est même pas de l’admiration. Pour moi quand on aime, ça dépasse l’admiration. Je pense qu’elle-même sans doute ne se rendait même pas compte à quel point ce qu’elle faisait pouvait avoir un impact sur des gens.

– Et d’autant plus sur les gens de sexe féminin, étant une femme qui affirmé son indépendance à travers son vécu, à une époque de balbutiements des revendications féministes. Est-ce un aspect de sa personne et de sa démarche qui te touche particulièrement, en tant que femme artiste ?

– La mère de Colette Magny, Fernande, a joué un grand rôle dans sa vie ; c’était une femme particulièrement joyeuse, avec une légèreté, une coquetterie, et une joie de vivre, lui ressemblant beaucoup physiquement. Colette disait d’elle-même : « plus le temps passe, plus je sens le visage de ma mère se poser sur le mien ». A la mort du père de Colette, Fernande a débuté sur le tard une carrière de comédienne de théâtre et d’actrice de cinéma. A l’époque, qu’une femme se lance à la cinquantaine passée dans une carrière n’était pas si commun. C’était une personnalité qui suscitait des passions ; sa fille l’admirait beaucoup. Elle apportait un vent de légèreté et de folie dans la maison, alors que le père de Colette était plutôt austère. C’est peut-être ce qui explique la vie de femme indépendante qu’a menée Colette, puisqu’elle n’a jamais été mariée, s’est engagée dans le secrétariat à l’O.C.D.E, puis dans la chanson, sans impliquer personne d’autre qu’elle-même dans ses choix, n’ayant ni mari, ni enfant. L’histoire dit que les femmes se sont émancipées de leur mari en 1962 légalement. Mais en réalité il y avait déjà beaucoup de femmes qui travaillaient, ma mère la première.

– Colette Magny a amené la chanson vers de nombreuses thématiques de société, y compris l’écologie, à une époque où ce n’était pas encore devenu une préoccupation primordiale politiquement. Comment se situait-elle, elle qui dénonçait les oppressions, mais n’était pas du genre à se laisser ranger dans une case ?

– « Congrès mondial pour la santé mentale… » : c’est une chanson qui dégomme tout le monde et expose tout. Toute l’actualité intéressait Colette Magny : la politique, l’écologie, les discriminations, la question des opprimés, des espèces en voie de disparition. C’était ses thèmes de prédilection. Elle disait ne posséder aucune vérité et se revendiquait comme une « apprentie marxiste » à vie. Elle a adhéré au P.C.F, puis l’a quitté ; elle a été chanter un peu partout où on la réclamait : à la Fête de l’Huma, pour les étudiants communistes de Montpellier, même chez quelques libéraux de droite. Elle était de gauche, de toute manière, mais assumait pleinement la contradiction interne de ne pas supporter le mensonge et d’en même temps ne pas détenir de vérité. J’axerais d’ailleurs peut-être l’année prochaine le spectacle sur la question écologiste. Mais c’était une travailleuse, et elle a collaboré avec beaucoup de gens : des peintres, de scientifiques, des conteurs. Elle faisait le lien avec pleins d’univers.

– L’importance de son œuvre et de sa trajectoire est elle-même encore immensément sous-estimé et méconnue. Selon toi le fait qu’elle exprimait des contestations dérangeantes est-il à l’origine de ce déni?

– Je me demande même si ce n’était pas une provocation volontaire de sa part de se mettre à ce point là tricarde. Elle aurait pu revenir sur le devant de la scène, sous le gouvernement de Mitterrand. On a presque l’impression qu’elle faisait exprès de truffer quelque chose dans ses chansons pour faire en sorte que ça ne passe pas. Ça en devenait presque sa marque de fabrique. Si elle n’avait pas fait ça, peut-être aurait-elle été récupérée, peut-être sa personnalité aurait-elle été plus souple ? Elle-même disait « résister, ne pas céder, c’est facile ». Elle ne jouait pas les héros et ne se vivait pas comme ça. On découvre à travers son œuvre, cette solitude profonde qu’on a lorsqu’on ne porte que son propre flambeau : on ne prétend pas parler au nom des autres, ni posséder de vérité, ni convertir personne, mais juste exposer des choses qui heurtent et avec lesquelles on n’est pas d’accord. C’est une position difficile à tenir, car finalement on se retrouve seule sur son petit îlot de résistance.

– Mais n’y a-t-il pas justement immensément de choses encore à puiser chez cet artiste, qui a aussi été à sa manière une pionnière dans l’expérimentation musicale ?

– Je trouve. Et puis c’était une inspiratrice des humains. Donc ce sur quoi je suis en train de travailler, c’est d’arriver à ce que les gens s’intéressent à elle. Comment continuer à diffuser du Colette Magny ? Cette année était le cinquantième anniversaire de Mai 68, et j’ai trouvé ce biais là.

– Ton spectacle crée un moment intensément vivant où on se sent en proximité avec Colette Magny, particulièrement lors des dialogues que tu tiens avec elle. Est-ce fidèle à ce que tu voulais faire ressentir ?

– J’essaye de travailler ces dialogues, de rendre sa parole vivante, parce qu’elle parlait très bien. C’est pour cela qu’elle a fait de la chanson : s’exprimer. Elle disait même que si elle n’avait pas eu cet organe vocal pour devenir chanteuse, elle aurait été conteuse.

– Ton spectacle se jouera prochainement lors du Festival d’Uzeste, Eté d’Uzeste Musical. Comment est-ce que ça s’est décidé ?

– Je suis allée voir Bernard Lubat [http://www.cie-lubat.org/] au mois de Juin, à l’Estaminet. J’ai un peu craint que ce soit du jazz un peu trop intello. Mais j’ai en fait compris que le jazz est une musique vivante qu’il faut voir en direct. Ce que partagent ces musiciens avec les auditeurs est délirant. C’est complètement en écho avec Colette Magny, car c’était une résistante et le festival d’Uzeste est un lieu de résistance. Comme le dit Bernard Lubat, il fait de la musique à vivre, pas de la musique à vendre. Il a accueilli Colette Magny très souvent lors de son festival. Mais il ne me connaissait pas . Heureusement Dalila Boitaud de la Cie Us et coutumes , metteuse en scène qui effectue un colossal et important travail sur la mémoire du génocide des Tutsis du Rwanda a intercédé en ma faveur car elle connaissait ma démarche. Et je fais partie du 41ème Festival d’Uzeste, et j’en suis très fière. Je serai accompagnée pour l’occasion par l’excellent batteur Jean-Luc Bernard. Il a gentiment accepté l’invitation car même si je joue ce spectacle seule la plupart du temps, j’aime coopérer avec les musiciens à la manière de Colette Magny. Elle m’apprend ça. La coopération. Et je vais continuer de faire vivre sur scène Colette Magny dans d’autres lieux comme au Petit Grain à Bordeaux le 28 septembre ou Le Lieu Dit rue Sorbier à Paris le 9 septembre… C’est mon job. Celui que je choisis de faire de bon cœur… Et là est ma vérité car comme le chantait Colette Magny «  Frappe ton cœur, c’est là qu’est le génie ».


Miren Funke

Liens : Faïza Kaddour : https://www.facebook.com/faiza.kaddour.9
Théâtres Le Levain : https://www.facebook.com/theatre.le.levain/
Festival d’Uzeste http://www.cie-lubat.org/
http://www.uzeste.org/

Femme et création…

13 Août

En préambule à une petite série annonçant un spectacle qui saluera Pauline Julien, femme de combat et de révoltes contre les petits pouvoirs de tous ordres qui oppriment les humains, ce texte de Carole Thibaut, d’une précision et d’une lucidité exemplaires…  (NGabriel)

Sceneweb

Publié dans Scèneweb

 

Les femmes se font baiser” : le texte coup de poing de Carole Thibaut au Festival d’Avignon .

Pendant tout le festival d’Avignon 2018, à midi, dans les jardins de la médiathèque Ceccano, David Bobée a donné rendez-vous aux festivaliers pour son feuilleton théâtral Mesdames, Messieurs et le reste du monde, en treize épisodes. David Bobée a proposé d’y mettre à plat les contresens, les tabous et les idées reçues sur un concept désormais utile pour repenser le droit à la non-discrimination, à la non-assignation, celui du genre. Parmi les moments forts de ce rendez-vous qui va marquer l’histoire du Festival d’Avignon, il y a ce texte de Carole Thibaut, directrice du centre dramatique national de Montluçon, le Théâtre des Îlets lu lors de la fausse cérémonie des Molières, c’était le 13 juillet. Un texte dont voici l’intégralité. 

 

Photo © Cécile Dureux

A la demande de quelques un.e.s, voici le texte que j’ai lu au jardin Ceccano le 13 juillet, à l’invitation de David Bobée pour le feuilleton « Madame, Monsieur et le reste du monde. » (…)

La  suite ici —->  Clic sur la photo.

 

 

Lire, faites lire, c’est de première nécessité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Autrice, metteuse en scène, comédienne, Carole Thibaut dirige depuis janvier 2016 le théâtre des Îlets – centre dramatique national de Montluçon

Variations autour d’une chanson … Les oiseaux de passage….

7 Août

 

Dans les hommages-dommages à Brassens, on a vu de beaux assassinats, la liste est assez longue et pas la peine de se mettre la rate au court bouillon et de d’aller à la déprime avec ces attentats consternants…

Plutôt que chouiner sur les avanies des reprises-méprises, allons vers un vrai régal, avec 6 versions des « Oiseaux de passage » les 3 premières dans la ligne Brassens, les 3 dernières plus novatrices.

Pour rappel Brassens a mis en musique une partie d’un poème de Jean Richepin, dont la version intégrale est proposée par Rémo Gary.

Georges Brassens

Maxime Le Forestier

Renaud

Les Ogres de Barback en concert et en partie tronquée

 

Les deux dernières, tout en respectant texte et musique, apportent un plus indéniable. Car il est très fréquent que les « repriseurs » s’ils n’osent pas trop modifier le texte, prennent  souvent des libertés avec la musique originelle  pour ajouter leur touche musicale, laquelle est toujours moins bien que l’original.

Nicolas Bacchus

 

Et avec Rémo Gary (et Nathalie Fortin) l’intégrale du texte dans une interprétation magistrale, ici dans une soirée hommage à Jean-Michel Boris, captée par David Desreumaux (Hexagone)

 

C’est grâce à Rémo Gary (au Festival TaParole Montreuil en 2014)  que j’ai découvert la version intégrale, avec ces vers merveilleux,

Là-bas, c’est le pays de l’étrange et du rêve,
C’est l’horizon perdu par delà les sommets,
C’est le bleu paradis, c’est la lointaine grève
Où votre espoir banal n’abordera jamais.

 

Norbert  Gabriel

À la rencontre de Pauline Julien…

2 Août

Parmi les grandes interprètes Céline Faucher est celle qui a le plus exploré et mis en avant les chansons de Pauline Julien, la passionaria du Québec, femme flamme battante jamais résolue à abdiquer quoi que ce soit de la dignité des femmes et des humains en général .  Un spectacle consacré à Pauline Julien est annoncé pour l’automne, et dans ce cadre, voici un projet qu’il faut concrétiser, toutes les infos sont dans la lettre que Céline Faucher nous adresse.

NB Interprète, c’est être capable de passer de Dr Jekyll à Mr Hyde, passer de « L’âme à la tendresse » à la folie du « Parc Belmont » comme dans la photo ci-dessous.   (NGabriel)

 

Céline F photos

* Photo : © N Gabriel

 

Chers amis,
Il y a 10 ans, je vous offrais le CD « À la rencontre de Pauline Julien ». Au fil du temps, mes copies de CD se sont écoulées, j’ai créé d’autres spectacles…  et, vous êtes toujours très nombreux, tant au Québec qu’en France,  à me demander un nouveau CD. Mais voilà, produire un CD; c’est un projet qui demande beaucoup d’investissement de temps et d’argent. J’attendais donc le bon moment !

 Ce moment est arrivé !
 En octobre 2016, après mon passage au Forum Léo Ferré (Ivry sur Seine, France), où j’ai présenté mon tour de chant « Gens du Québec » accompagnée pour la première fois par l’excellent pianiste Patrick Vasori, Léo, le sonorisateur de la salle, m’a fait parvenir l’enregistrement de ce concert. Pour Patrick, il y avait là tout ce qu’il fallait pour produire un CD. Malgré son enthousiasme, j’ai mis du temps à l’écouter… J’avais besoin de recul pour être objective. Ce n’est qu’au printemps dernier, profitant d’un séjour à Paris, que j’ai ouvert le fichier. Patrick avait raison ! Nous avons donc sélectionné les chansons qui, selon nous, possédaient toutes les qualités pour vous faire vivre ou revivre cette soirée magique.
 

Une rencontre
Un unique concert
Une seule prise pour un « CD Live » 

 Quelques titres qui feront partie du projet :
 

  •     Sors-moi donc, Albert (Félix Leclerc)
  •     L’homme de ma vie (Clémence DesRochers / Pierre F. Brault)
  •     Le Parc Belmont (Luc Plamondon / Christian St-Roch)
  •     Moman est là (Sylvain Lelièvre)
  •     Etc.
  •     En bonus, deux enregistrements avec mon complice de scène depuis plusieurs années;  Marc-André Cuierrier !

 
Maintenant, il me reste à obtenir les licences, procéder au matriçage (mastering) en studio sans oublier  l’impression de la pochette comprenant le graphisme et la duplication du CD.
 
En souscrivant dès aujourd’hui, vous m’aiderez à atteindre mon but: celui de vous offrir enfin un nouveau CD !
 
Tarifs incluant les frais de poste

  •     1 CD  = 15 €
  •     5 CD = 60 €
  •     10 CD = 120 € + 1 CD gratuit
  •     Plus de 10 CD = 120 € + 1 CD gratuit par tranche de 10 et remerciements sur la pochette du  CD                        

 
Vous êtes super enthousiastes et voulez contribuer sans tarder ?
 
Vous n’avez qu’à m’écrire à l’adresse suivante : celinefaucher@videotron.ca
Je vous donnerai la marche à suivre pour la suite.
 
Je vous remercie d’avance de votre générosité et vous souhaites un bel été !
 

Céline Faucher
 
 

 

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