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Leonard Cohen la bio …

28 Mai

Un géant fragile toujours en quête d’un insaisissable rêve… Comme Lorca, qui avait  l’âme tatouée d’un chemin à n’arriver jamais. 

And then taking from his wallet
Et puis prenant de son portefeuille
An old schedule of trains, he’ll say
Un vieil horaire des trains, il te dira
I told you when I came I was a stranger
Je t’avais prévenu dès mon arrivée que j’étais étranger.

Cette biographie est une somme unique en son genre, étayée des témoignages de tous les acteurs et partenaires qui ont accompagné  Leonard Cohen dans son parcours mystique et musical, toujours intimement liés. Comme il n’est pas question de faire une dissection de ces 500 pages, proposons deux ou trois extraits, en leçon de musique, qui montrent ce qui fait de Leonard Cohen un artiste très particulier…

Charlie Daniels, compositeur, musicien multi instrumentiste, une référence à Nashville.

Leonard est unique, les paroles, la mélodie, la manière dont il accorde sa guitare… Je n ‘ai jamais rencontré quelqu’un qui possède une telle douceur de toucher. qui peut jouer avec une guitare acoustique accordée aussi bas. Sa musique est si spéciale qu’elle pourrait facilement être amochée sous des doigts moins délicats. (…)

L’important est d’être présent sans être envahissant. Rester transparent, ne rien faire qui puisse détourner l’attention des paroles et de la mélodie. Il aurait été facile de tout gâcher en faisant des ajouts. C’est en travaillant avec Leonard que j’ai appris que « moins c’est mieux ». Et c’est quelque chose que je n’aurais jamais pu apprendre de quelqu’un d’autre...

La plupart de temps, Leonard Cohen enregistrait avec les musiciens, en travaillant de multiples versions, mais parfois, il y avait une recherche du détail bien comprise par ses partenaires, comme les voix dans « The partisan »

Ron Cornelius: Leonard avait des doutes sur The Partisan.. Il me l’a chantée c’était très bien, mais il n’était pas content,

  • Il faudrait des voix françaises…

  • Bon on se voit dans quelques jours…

  • On n’enregistre pas ?

  • Pas tout de suite.

Le lendemain, je suis allé à Paris, j’ai trouvé un accordéoniste et 3 chanteuses, j’ai,mixé les voix avec l’enregistrement de Leonard.. Quand je suis revenu, je lui ai passé la bande,

  • Mais c’est excellent, on dirait vraiment des voix françaises …

J’ai dit « C’est normal, elle sont françaises… » Johnston (le producteur) se met à rire.. Il était vraiment fâché que je ne l’aie pas emmené à Paris. 

Ces deux anecdotes montrent assez bien qu’en plus des exigences légitimes de l’artiste pour mener à bien son travail, il faut aussi des partenaires à l’écoute et non dans la démonstration.

Toujours sur le plan musical, on voit aussi comment Leonard Cohen a développé ce parlé-chanté, ce récitatif de conteur qui fait voyager même si on ne comprend pas l’anglais, et qui laisse entendre la musique.  Et au fur et à mesure de la lecture, vient l’envie de réécouter les chansons dont on apprend la genèse.

Chansons dont une grande partie a été inspirée par son mysticisme, sa quête de spirituel et son amour des femmes jamais démenti.

Son histoire familiale commence en 1864 quand ces émigrés juifs lithuaniens arrivent en Ontario, et s’insèrent très vite par une réussite conforme aux légendes: Lazarus, le petit magasinier en bois de sciage qui monte sa propre compagnie et devient entrepreneur prospère en quelques années. Le roman de la famille Cohen traverse le siècle, et Leonard à la fois poète chanteur, protégé par sa situation au Canada, n’a jamais été déconnecté de son état de juif errant concerné par toutes les tragédies du monde.. Ses chansons en sont nourries

Cinq cent pages d’une biographie exemplaire dont la lecture entrecoupée de réécoutes diverses peut bien occuper quelques semaines…

Comme bande son, avec des instruments qui ont toujours été présents, le oud, le violon, la guitare basse, «  The guests »..

Paru en Mai 2018 .

Norbert Gabriel

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