Samedi 14 avril l’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A.) [voir entretien] donnait un concert à la halle des Douves à Bordeaux, dans le cadre de l’initiative citoyenne Bienvenue. Bienvenue, qu’est-ce ? Un ensemble éclectique d’évènements culturels, artistiques et militants, qui, sous l’impulsion de plusieurs associations citoyennes et avec le soutien et la participation bénévole de nombreux artistes, a proposé, en divers lieux du 23 mars au 28 avril – et se poursuit à raison d’un rendez-vous artistique par mois-, évènements et spectacles dans l’objectif de sensibiliser au sort des migrants et d’inviter nos concitoyens à réfléchir ensemble au sens de la politique d’accueil des réfugiés. L’initiative s’inscrit dans la même démarche que tous les élans de solidarité qui partout en France témoignent d’un attachement à l’esprit d’accueil et d’une résistance au cynisme des politiques de répression menées contre les migrants et ceux qui leur portent assistance, ainsi qu’aux idéologies xénophobes. C’est aussi un moyen culturel et festif de médiatiser une cause humaine et d’y engager l’art, les fonds récoltés à l’occasion des évènements étant reversés à l’organisation SOS Méditerranée dont le navire Aquarius sillonne les eaux pour sauver de la noyade les migrants naufragés en mer.
Une caisse solidaire pour destiner d’autres dons à l’organisation est toujours en ligne ici : https://www.lepotcommun.fr/pot/swrkjrzf
Ce samedi donc, la géométrie variable de l’Orchestre Poétique d’Avant-guerre accueillait en son sein Laurent et Antoine à la basse, Alex à la batterie, le chanteur Xavier Barthaburu à la guitare et l’accordéoniste des Hurlements D’Léo, Jojo Gallardo au trombone pour créer, comme à chaque fois, une fusion inédite, née de l’improvisation totale dans la complicité de jeu de musiciens, dont certains n’avaient encore jamais joué ensemble. Car c’est le principe de cette formation qui fêtera cette année ses 20 ans d’existence autour de la poète m. qui libère, ravive, enrage et engage, toujours avec tendresse et sincérité, ses textes sur des musiques perpétuellement réimprovisées par les musiciens qui l’accompagnent. Magie de l’instant et souffle de persistance de l’éphémère qui mute sans cesse pour toujours rester vivant.
Après près d’une heure et demie d’un concert suspendu aux initiatives des musiciens et incrusté d’éclats de flamboyance, à l’image de son interprétation originalement digne de « Bidonville » de Claude Nougaro, la chanteuse m., également militante impliquée auprès de nombreuses luttes et membre du Droit Au Logement (D.A.L.) 33 et du Collectif Contre Les Abus Policiers (C.L.A.P.33) nous accordait un entretien pour parler plus précisément de la cause des réfugiés.
– Bonjour m. et merci de nous accorder un moment. En quoi vous engager pour cette cause particulière défendue par Bienvenue a-t-il été une évidence pour vous ?
– Nous n’avons pas participé à l’organisation de Bienvenue mais nous savions que cette initiative se mettait en place et avons proposé de la soutenir par un concert. La cause des réfugiés est une des multiples causes que défend O.P.A. Personnellement je fais parti du Droit Au Logement (D.A.L33), et donc avec d’autres associations nous nous préoccupons entre autres de la situation catastrophique des Sahraouis qui résident dans un bidonville près de Bordeaux. Donc par ce biais là, je m’intéresse depuis des années au quotidien des migrants et ça me semblait naturel et évident de jouer pour Bienvenue, grâce à quoi toutes ces associations et ces artistes essayent de faire, pendant un mois à Bordeaux, résonner cette cause. C’est tout à fait à leur honneur. C’est extrêmement varié au niveau de la programmation : il y a des débats, des projections, des concerts, des pièces de théâtre, et ça, c’est un point positif. Effectivement on subit une politique ultra-répressive envers les migrants et les soutiens des migrants : des gens passent en procès, comme Cédric Herrou qui était parrain du festival, ou sont régulièrement attaqués par la justice étatique. Même le défenseur des droits Jacques Toubon a dit que la politique menée contre les migrants était digne du Front National. Mais on constate aussi que face à cela, il y a beaucoup d’endroits en France où les citoyens affirment leur opposition à cette politique répressive. Bienvenue en est un exemple visible, car festif, artistique et assez médiatisé. Mais il y a aussi des associations comme la CIMADE, le D.A.L, l’A.S.T.I, R.E.S.F… ou des collectifs plus informels comme le SQUID… qui accueillent les migrants et les hébergent, en essayant de leur trouver des solutions de scolarisation pour les enfants. Ce que je trouve assez encourageant et positif, c’est qu’une partie de la France -évidemment ce n’est pas toute la France- s’engage, quitte à être sanctionnée, réprimée et poursuivie pour ça. Ce n’est donc pas une politique qui se fait dans l’indifférence ; il y a des envies que ça se passe autrement.
– Même si des organisations officielles soutiennent ces initiatives de résistance, on constate qu’elles sont souvent l’expression d’actes citoyens avant tout, parfois isolés, et de réactions simplement humaines face à la détresse d’autres humains. Et c’est le cas de Bienvenue pour quoi de nombreux artistes et acteurs des milieux culturel et associatif se sont mobilisés, sans attendre les directives ni l’appui d’organisations politiques. Comment perçois-tu cela ?
– Tout à fait. Après, ça demande quand même un peu d’organisation d’aller chercher des gens dans la montagne, même si ce n’est pas une organisation avec des statuts officiels déposés. Il faut un minimum de réseau et de connaissance du terrain. Mais c’est globalement un élan citoyen effectivement, et même les associations sont des associations de citoyens. Pour le coup on n’entend pas trop les partis politiques, même si certains doivent faire quelque chose. Mais c’est un élan qui part de la base. Bien sur ça ne suffit pas à contrebalancer la politique de la France, mais ça montre aussi aux migrants que la France n’est pas qu’un pays constitué de gens hostiles qui veulent qu’ils rentrent chez eux. Tout cela montre aussi une France coupée en deux : une France qui adhère à une politique libérale et puis une France plus solidaire qui pense qu’il n’y a pas moyen qu’on ne soit pas capables d’accueillir des gens qui fuient les guerres que notre pays provoque et alimente. On ne peut pas à la fois détruire le climat et se plaindre qu’il y ait des réfugiés climatiques. Et quand bien même on ne serait pas responsables de ces guerres ou de ces pillages économiques – parce que les pays d’Afrique sont pillés par les politiques françaises et européennes – on ne peut pas tolérer de traiter les réfugiés ainsi. Tant qu’on continue ces politiques impérialistes et colonialistes, on en paye les conséquences. On a là une France schizophrène qui à la fois se dit pays des droits de l’homme, fait la guerre, et refuse d’accueillir les conséquences de ces guerres. Les images de guerre en Syrie choquent ; les naufragés des bateaux choquent ; le désespoir des gens perdus en montagne choque, ainsi que le fait qu’un citoyen qui porte assistance à une femme enceinte dans la montagne soit poursuivi. Et que dire des centres de rétention à Mayotte ? Pour moi ce sont des camps de concentration : les gens y sont enfermés et privés de tous leurs droits, alors qu’ils n’ont commis aucun délit, à part fuir la misère et la guerre. On ne les tue pas, encore qu’il y a ait des morts régulièrement, mais on les prive de leurs droits.
– Le préjugé prolifère un peu partout aussi selon lequel les migrants seraient mieux traités que certains Français vivant dans la pauvreté, au sort desquels les finances du pays ne pourraient pas faire face. En tant que membre du D.A.L. 33, que peux-tu dire de la réalité du terrain ?
– Les politiques d’hébergement sont catastrophiques en France, et autant pour les Français que pour les étrangers. Là il n’y a pas de question de nationalité : c’est la guerre aux pauvres. Ça va de pair avec la répression des chômeurs. Donc de plus en plus de gens sont sensibles aux injustices en général, et à celles faites aux migrants en particulier. Nous sommes un des pays qui accueillent le moins. Ce n’est pas la France qui accueille le plus de migrants, ni dans le monde, ni même en Europe. On nous a encore ressorti récemment la phrase de Michel Rocard: « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde*… ». Oui, évidemment dit ainsi, qui ne peut pas être d’accord avec ça ? Il ne s’agit pas d’accueillir toute la misère du monde entier. Mais on a largement la capacité d’accueillir plus de réfugiés et dans de meilleures conditions. Ce n’est pas le manque d’argent qui nous empêche d’accueillir : on a suffisamment d’argent à dépenser pour les réprimer, pour déplacer des forces de police, pour construire des centres de rétention, pour renvoyer chez eux des gens dans des avions. Mais il n’y aurait pas d’argent pour construire des logements ? Ici les Sahraouis pataugent dans la boue sans eau ni électricité, et tous les pouvoirs publics se renvoient la balle ; aucun n’assume de responsabilité. Ce n’est pas un problème d’argent, mais bien de volonté politique. Evidemment lorsqu’on voit tous ces Français qui déjà dorment dehors, on se dit fatalement que s’il y a déjà tous ces gens à la rue, et qu’on ne fait rien pour eux, on ne peut pas faire pour les autres. Il suffirait d’arrêter d’acheter des bombes lacrymogènes pour construire
plus de centre d’hébergement. Si on n’a pas d’argent, on n’enlève pas l’impôt sur la grande fortune. Macron durant sa campagne nous l’avait refait à la Sarkozy en disant qu’il ferait en sorte qu’il n’y ait plus de SDF dans la rue. Il y en a toujours plus, et pour ces gens là on en fait toujours moins. Et lorsque la trêve hivernale est terminée, les centres d’hébergement d’urgence ferment et ces gens se retrouvent à la rue, sachant que même les centres d’hébergement ne sont que des « camps » de pauvres : il faut être levé pour les quitter à 7h du matin, et faire la queue à 18h pour y avoir une place. C’est pour ça qu’il est extrêmement important de mettre ces initiatives en avant et de montrer que malgré la situation, on s’organise pour palier aux carences de l’état. «Bienvenue est un évènement qui permet à des associations qui agissent au quotidien de se montrer, aux collectifs de se faire connaitre, et aussi aux caisses solidaires d’être remplies.
– Vouloir faire entendre cette cause en y ayant impliqué des artistes et ponctué Bienvenue de moments festifs ne témoigne-t-il pas aussi de l’urgence d’envoyer un message positif et une énergie optimiste dont manque cruellement l’horizon ?
– Oui. Il faut se nourrir des choses positives comme ça, sinon on va tomber dans la morosité. Il faut se nourrir de toutes les choses qui nous rattachent à l’humanité. Et là il y a un bel élan de solidarité par rapport aux migrants. C’est sans doute pas assez par rapport à la masse de choses qu’il y a à faire, mais ça a le mérite d’exister, avec le peu de moyens dont disposent les gens, sachant que la CIMADE, l’A.S.T.I, le D.A.L et les autres ne sont pas des associations surdimensionnées en terme de subventions ou n’en n’ont tout simplement pas et font le travail que devrait faire l’état. Personnellement, je ne suis pas non plus pour un interventionnisme de l’État à tout crin, je suis plutôt pour l’autogestion. C’est bien qu’on apprenne par nous-mêmes la solidarité. C’est bien qu’on s’émancipe de l’État pour faire les choses par nous-mêmes, parce que tout le monde a besoin de se valoriser, de se prouver qu’on peut être actifs, de mettre au profit de tous ses compétences, sa matière grise et pas seulement rester en attente de l’action d’État. Mais si l’État n’a pas envie de faire, qu’il laisse au moins faire ceux qui font, au lieu de réprimer les gens solidaires et de poursuivre ceux qui portent assistance à des réfugiés en situation de détresse. Ou alors on prend un marteau et un burin, et on efface le mot « fraternité » du fronton des mairies.
-A ce propos, comment la légalité s’explique-t-elle l’antagonisme entre le devoir d’assistance à personne en danger et la criminalisation des actes de secours porté aux migrants ?
– Cette contradiction, ce n’est pas nous qui la portons, mais l’état avec sa restriction du droit d’asile. Des tas de gens sont ici en France pour fuir la guerre et ne peuvent pas obtenir de statut de réfugiés politiques, ni de droit d’asile, tellement les conditions d’obtention ont été durcies. Et ceux qui fuient «juste» la misère ne peuvent même pas y prétendre, puisque le droit d’asile est censé protéger uniquement ceux qui sont en situation de danger de mort. Et pourtant la misère et la famine ne mettent-elles pas les gens en danger de mort ? Sur le plan juridique, je ne sais pas si les gens inculpés pour avoir aidé des migrants ont pu faire valoir le principe d’assistance à personne en danger de mort, mais ça m’étonnerait que cela suffise aux yeux de la justice. Evidemment que lorsqu’on va chercher quelqu’un qui tente de passer la montagne dans le froid, on n’est animé que par le réflexe de tenter de sauver quelqu’un qui va mourir. L’intervenante de SOS Méditerranée lors de notre concert a bien expliqué que leur mission était uniquement de sauver des gens de la noyade. Il ne reste plus que 1 ou 2 navires de cette association à y être autorisés, les autres ayant subi la répression et des interdictions de naviguer. Donc au final on constate que non seulement nos dirigeants ne font rien, mais qu’en plus ils empêchent les autres de faire. Et la conséquence, c’est des morts. Mais des vrais morts. Ce ne sont pas des chiffres : derrière chaque chiffre, il y a une personne, avec son histoire. On dit qu’il y a 3500 SDF à Bordeaux… Ce ne sont pas des acronymes ; ce sont 3500 personnes. Donc chaque mort en méditerranée est un être humain, un frère, une sœur : ça aurait pu être toi, ou moi. Qu’est-ce qui fait que j’ai eu la chance naitre dans ce pays au lieu de naitre en Érythrée ou en Somalie ? Les gens qui nous gouvernent sont d’un cynisme incroyable. Ils n’ont rien à foutre de l’humain ; ce qui compte, c’est le profit. Et tout ça enveloppé de discours humanistes. Et de l’autre côté, ils font Frontex, qui est un système de fermeture de l’Europe avec des frontières ultra-sécurisées, avec des drones, des militaires, l’implication de la Libye aux frontières du continent où on sait qu’il y a un esclavagisme en place, où les gens sont torturés, violés, tués… Et tout ça en notre nom, et avec notre pognon. Et ce sont les mêmes dirigeants qui nous font manger de la merde, qui donnent à nos gosses des perturbateurs endocriniens, qui nous donnent des cancers, bref qui n’ont rien à faire de la valeur humaine. C’est ça le problème : ce capitalisme mondialisé qu’on nous a vendu dans les années 80 comme ce qui amènerait la paix sur terre, et qu’on serait tous ensemble. Les dominants sont ensemble, certes, et très soudés. Nous moins, et au final ils nous tuent d’une façon ou d’une autre. Par le travail, l’alimentation malsaine, les poisons, la guerre… Le capital tue des millions de gens chaque année : c’est un assassin de masse. Et l’existence des migrants permet malgré tout à ce système capitaliste de faire travailler des gens au noir, de faire baisser le coup du travail, entre autres. On sait très bien que les lignes de tramway à Bordeaux ont été construites par des ouvriers bulgares, qui, pour la moitié, n’avaient pas de papiers. Il y a une hypocrisie et un cynisme pas possible là dedans. Ces dirigeants ne se lèvent sans doute pas le matin en se demandant combien de gens ils vont tuer, mais au final c’est ce que produit leur indifférence et leur cynisme. Macron est très fort, même si je pense que les gens s’en rendent de plus en plus compte, pour faire des discours où il n’y a rien dedans : il emploi des mots sophistiqués qui donnent une apparence d’érudition au discours, mais il n’y a pas de sens dans ce qu’il dit. Par contre il y a du sens dans ce qu’il fait.
– Terminons sur une note musicale, si tu veux bien : lors du concert, tu as interprété une nouvelle chanson sur Notre Dames des Landes. Que voulais-tu y exprimer ?
– J’ai écrit cette chanson en décembre, alors qu’on venait d’annoncer que l’aéroport ne se ferait pas. C’était plutôt une bonne nouvelle : après 30 ans de lutte, on ne peut être que content que l’aéroport ne se construise pas. Et puis tout de suite après, ça a été l’inquiétude pour les copains qui étaient sur place : que va-t-il advenir de la Z.A.D ? Le combat n’était pas uniquement contre l’aéroport, mais contre son monde. Donc lorsque j’ai écrit ce texte, je pensais aux copains qui ont souhaité vivre une utopie. C’était un peu nostalgique, car à la fois l’annonce clôturait une ère et à la fois c’était le début d’autre chose. Pour l’instant ce que devient la Z.A.D, c’est de la répression, des constructions détruites, des projets alternatifs foutus par terre, des blessés, de la violence, des zones saccagées. Mais pour y être allée ce weekend, j’y ai senti une belle énergie : les gens reconstruisent ce qui a été détruit la veille ; les barricades sont remontées. Au rassemblement du 15, il y avait des vieux, des jeunes, des enfants : c’était très varié en terme de gens qui étaient venus soutenir, et quand la violence a explosé, tout le monde prenait soin les uns des autres. J’encourage les gens à s’y rendre pour voir par eux-mêmes. O.P.A. a mis les pieds sur la Z.A.D pour la première fois en 2009 pour une série de concerts de soutien. Je ne connaissais alors pas du tout cette cause, et c’est un gars de là bas qui nous a contactés après nous avoir entendus lors d’un concert donnés pour les Faucheurs Volontaires. Donc on a joué pour la Z.A.D, et on sera toujours prêts à jouer pour eux tant qu’il le faudra. Le groupe va avoir 20 ans cette année et plus de 600 concerts de soutien. J’aimerais bien fêter ça de façon conséquente, en invitant quelques associations pour qui on a joué. En attendant un concert de soutien aux postiers en grève aura lieu le 25 mai avec O.P.A.
Miren Funke
Photos d’O.P.A : Miren
Liens: https://www.facebook.com/bienvenue.mobilisation.pour.les.refugies/
L’Orchestre Poétique d’Avant-guerre – O.P.A
https://www.youtube.com/user/33OPA/
http://opa-infos.over-blog.com/
https://www.facebook.com/LOrchestrePoetiqueDavantguerreopa/
Droit Au Logement de Gironde – D.A.L33
- https://www.facebook.com/dal33gironde/
- dal33gironde@gmail.com
06 95 43 53 23
Z.A.D Partout !
NDLR: la phrase complète de Michel Rocard: « l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle peut prendre sa part de cette misère. » Chaque mot doit être respecté scrupuleusement sinon, les malentendus permettent trop de dérives